Après avoir obtenu, en 2004, la gestion du premier terminal à conteneurs du Port d’Abidjan, le groupe Bolloré vient de décrocher la gestion du deuxième terminal. Le groupe français va donc jouir d’un monopole, alors que l’appel d’offres visait à «accroître la compétitivité du Port d’Abidjan par le jeu de la concurrence». Dans une interview exclusive au «Nouvel Observateur», Jean-Louis Billon, ministre ivoirien du Commerce, dénonce les conditions de passation de ce marché, stratégique pour son pays et le reste de l’Afrique de l’Ouest. Face à cet état de fait, le président de la Fédération des associations des consommateurs actifs de Côte d’ivoire (Facaci), Marius Komoé, le mardi 11 juin 2013, a apporté son «soutien au ministre Jean-Louis Billon» qui selon lui, «ne veut pas cautionner la violation des textes en vigueur». Pour le président de la Facaci, la loi de 1991, relative à la concurrence est précise en matière commerciale. «La Facaci élève une vive protestation contre l’attribution du marché au groupe Bolloré. La loi n°91-999 du 27 décembre 1991 relative à la concurrence interdit formellement de telles pratiques visant à mettre fin à la concurrence», a-t-il dénoncé. Il ajoute que cette loi est toujours en vigueur et ne saurait être remise en cause. Selon Marius Komoé, l’attribution du 2e terminal à conteneurs au groupe Bolloré a fait fi de ces dispositions. «Le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, garant de cette loi est dans ses droits s’il dénonce les conditions d’attribution. Etant entendu que le sujet n’a jamais été abordé ni en Conseil de gouvernement, encore moins en Conseil des ministres», fait savoir Komoé. Il pointe un doigt accusateur sur le ministre des Transports et l’Autorité de régulation des marchés publics(Armp). «Le Chef de l’Etat, M. Ouattara, a été induit en erreur par le ministre des Transports, Gaoussou Touré, et l’Armp», soutient-il. «M. Billon joue le rôle de protecteur de la loi de 1991, vu les conséquences que la violation peut causer», affirme le conférencier, en référence au relèvement des prix des denrées de forte consommation depuis l’attribution du 2e terminal au Groupe Bolloré. «Les prix des denrées telles que le riz, le lait, le poisson connaissent une hausse vertigineuse. Même les grands armateurs, notamment du Singapour, de Dubaï et autres opérateurs économiques de la sous-région fuient la destination Côte d’Ivoire, parce que le port coûte cher», révèle M. Komoé. Qui lance un appel à l’ensemble des consommateurs pour des «actions aux fins de dénoncer cet état de fait».
Odette Latey
Odette Latey