Emouvant était hier, l’ultime hommage du Patriote à son Rédacteur en chef adjoint. Dans une pathétique adresse, le Rédacteur en chef, Koré Emmanuel, ami inséparable du défunt, a rendu à travers une oraison poignante un dernier témoignage à celui qu’on appelait affectueusement le “Fama de la plume”.
Oraison funèbre
Bakary, mon cher ami,
Bakary, mon cher frère,
Bakary, mon jumeau,
Bakary, mon confident,
Ce soir, devant tout ce parterre d’hommes et de femmes, devant tous ces journalistes, devant tous ces confrères, devant tous ces membres d’une même et grande famille – celle des médias et de la presse –, en prenant la parole, mon souhait est de parvenir, un tant soit peu, à une chose : restituer dans la mesure du possible, aux yeux de tout ce beau monde, ta si profonde, si attachante, si charmante et finalement si grande personnalité.
Car si physiquement tu étais grand, avec cette imposante silhouette de plus d’un mètre 80, ta véritable grandeur venait surtout de ton intérieur. De ce que tu avais de si riche, de si fort, de si généreux en toi et que tu savais offrir, parfois sans réserve, à ton entourage, à tes amis, à tes collègues, mais aussi et peut-être surtout à tes lecteurs.
Parce que, avant tout, en tout cas pour les vingt dernières années de ta vie consacrées au journalisme, tu auras tout donné à ceux qui te lisaient au quotidien. Tu leur auras procuré du bonheur, par la pertinence, la justesse, la sincérité, mais aussi par ce grand talent que tout le monde reconnaissait en ta plume. Cette plume qui savait si bellement manipuler les lettres. Mais cette plume qui savait aussi dire haut et fort ce que beaucoup pensaient bas. Cette plume dont parfois les aspérités – toi qui abhorrait les faux-fuyants, la langue de bois – rencontraient l’adhésion de tes très nombreux lecteurs, voire tes fans, puisque, au-delà de ta célèbre rubrique ‘’Motus’’, véritable régal pour les puristes de la langue de Molière, mais aussi pour ceux qui aimaient l’audace dont tu faisais preuve dans tes prises de position, tu avais presque acquis, ces derniers mois, le statut de star sur les réseaux sociaux, où tu avais tissé des liens très forts avec la longue chaîne d’amis qui ont choisi d’échanger avec toi à travers le monde. L’émoi collectif, le grand désarroi constaté ces derniers jours sur la toile est bien à la mesure de la douleur, de l’affliction que la brutalité et la cruauté de ta disparition ont causé chez les uns et les autres.
Oui, Bakary, mon cher frère, cruelle fut ta mort. Pour ta famille, pour tes amis, pour tes collègues, pour la corporation entière à laquelle tu as voué une passion si grande.
Cruelle fut ta disparition, Fama de la plume, comme nous t’appelions affectueusement, parce que ce mardi 11 juin, rien ne présageait ce véritable coup de massue du destin sur nos pauvres têtes. Rien ne nous a alertés sur ce brusque coup d’arrêt à une vie que, discrètement certes, tu menais à ton rythme, c’est-à-dire, avec humilité, sobriété, bonne humeur et surtout avec cet humour délicieux dont tu aspergeais le quotidien de ton entourage.
Oui, Bakary, mon cher frère, terrible fut ta mort, d’autant que, et j’emprunte les mots de l’essayiste français Roland Barthès qui disait que « tout refus du langage est une mort », tu refusais justement de mourir en t’exprimant, par le truchement de ta plume, chaque jour que Dieu faisait. Tu ne t’es pas tu et tu es mort, puisse ta mort nous parler ? Puisse-t-elle nous dire que nous devons continuer à ne pas nous taire, à mettre le doigt sur les plaies de notre société, sur les inconséquences de la vie ici bas?
Oui, Bakary, mon cher frère, ta mort est insoutenable pour tout le monde. Mais sans doute l’est-elle d’une certaine façon davantage pour moi, ton cher « Gourou », ton jumeau avec qui tu as quasiment tout partagé ces dix dernières années. Presque jour après jour. Puisque nous nous voyions tous les jours de la semaine. Même les samedis, que ce métier si exaltant, mais si prenant nous laissait comme seul moment de répit, nous ne parvenions pas à résister à la tentation de nous retrouver au Café de Paname, à Biétry ou à la terrasse de ‘’Cap Sud’’ pour parler de nous, de notre métier, de notre avenir, de nos espoirs et désespoirs.
Oui, Bakary, mon cher frère, j’ai mal de te savoir parti à jamais, même si la condition humaine nous confine dans un tunnel dont le bout reste inévitablement la mort et que, immanquablement, je vais te rejoindre un jour là où tu repose certainement en paix après avoir accompli ta mission sur la terre des hommes.
Parce que, face aux vicissitudes de la vie, devant les inextricables équations qui se posaient à nous, et qui avaient tendance à nous faire basculer dans le désespoir, chacun de nous était devenu le remontant de l’autre. Le médicament de l’autre.
Maintenant que tu es parti, mon cher frère, qui va me remonter le moral dans mes moments de spleen ? Qui va guérir mes stress ? Qui va être mon médicament ?
Oui, Bakary, mon cher frère, au moment où je te parle, ils sont très nombreux les journalistes qui sont venus te rendre un ultime hommage. Depuis ce mardi de terrible mémoire, où tu nous as quittés sans crier gare, ils sont inconsolables. Mais en même temps, ils savent que c’est la volonté de Dieu qui s’est accomplie. Par ma voix, ils te disent de partir en paix et que la terre te soit légère.
KORE EMMANUEL
Oraison funèbre
Bakary, mon cher ami,
Bakary, mon cher frère,
Bakary, mon jumeau,
Bakary, mon confident,
Ce soir, devant tout ce parterre d’hommes et de femmes, devant tous ces journalistes, devant tous ces confrères, devant tous ces membres d’une même et grande famille – celle des médias et de la presse –, en prenant la parole, mon souhait est de parvenir, un tant soit peu, à une chose : restituer dans la mesure du possible, aux yeux de tout ce beau monde, ta si profonde, si attachante, si charmante et finalement si grande personnalité.
Car si physiquement tu étais grand, avec cette imposante silhouette de plus d’un mètre 80, ta véritable grandeur venait surtout de ton intérieur. De ce que tu avais de si riche, de si fort, de si généreux en toi et que tu savais offrir, parfois sans réserve, à ton entourage, à tes amis, à tes collègues, mais aussi et peut-être surtout à tes lecteurs.
Parce que, avant tout, en tout cas pour les vingt dernières années de ta vie consacrées au journalisme, tu auras tout donné à ceux qui te lisaient au quotidien. Tu leur auras procuré du bonheur, par la pertinence, la justesse, la sincérité, mais aussi par ce grand talent que tout le monde reconnaissait en ta plume. Cette plume qui savait si bellement manipuler les lettres. Mais cette plume qui savait aussi dire haut et fort ce que beaucoup pensaient bas. Cette plume dont parfois les aspérités – toi qui abhorrait les faux-fuyants, la langue de bois – rencontraient l’adhésion de tes très nombreux lecteurs, voire tes fans, puisque, au-delà de ta célèbre rubrique ‘’Motus’’, véritable régal pour les puristes de la langue de Molière, mais aussi pour ceux qui aimaient l’audace dont tu faisais preuve dans tes prises de position, tu avais presque acquis, ces derniers mois, le statut de star sur les réseaux sociaux, où tu avais tissé des liens très forts avec la longue chaîne d’amis qui ont choisi d’échanger avec toi à travers le monde. L’émoi collectif, le grand désarroi constaté ces derniers jours sur la toile est bien à la mesure de la douleur, de l’affliction que la brutalité et la cruauté de ta disparition ont causé chez les uns et les autres.
Oui, Bakary, mon cher frère, cruelle fut ta mort. Pour ta famille, pour tes amis, pour tes collègues, pour la corporation entière à laquelle tu as voué une passion si grande.
Cruelle fut ta disparition, Fama de la plume, comme nous t’appelions affectueusement, parce que ce mardi 11 juin, rien ne présageait ce véritable coup de massue du destin sur nos pauvres têtes. Rien ne nous a alertés sur ce brusque coup d’arrêt à une vie que, discrètement certes, tu menais à ton rythme, c’est-à-dire, avec humilité, sobriété, bonne humeur et surtout avec cet humour délicieux dont tu aspergeais le quotidien de ton entourage.
Oui, Bakary, mon cher frère, terrible fut ta mort, d’autant que, et j’emprunte les mots de l’essayiste français Roland Barthès qui disait que « tout refus du langage est une mort », tu refusais justement de mourir en t’exprimant, par le truchement de ta plume, chaque jour que Dieu faisait. Tu ne t’es pas tu et tu es mort, puisse ta mort nous parler ? Puisse-t-elle nous dire que nous devons continuer à ne pas nous taire, à mettre le doigt sur les plaies de notre société, sur les inconséquences de la vie ici bas?
Oui, Bakary, mon cher frère, ta mort est insoutenable pour tout le monde. Mais sans doute l’est-elle d’une certaine façon davantage pour moi, ton cher « Gourou », ton jumeau avec qui tu as quasiment tout partagé ces dix dernières années. Presque jour après jour. Puisque nous nous voyions tous les jours de la semaine. Même les samedis, que ce métier si exaltant, mais si prenant nous laissait comme seul moment de répit, nous ne parvenions pas à résister à la tentation de nous retrouver au Café de Paname, à Biétry ou à la terrasse de ‘’Cap Sud’’ pour parler de nous, de notre métier, de notre avenir, de nos espoirs et désespoirs.
Oui, Bakary, mon cher frère, j’ai mal de te savoir parti à jamais, même si la condition humaine nous confine dans un tunnel dont le bout reste inévitablement la mort et que, immanquablement, je vais te rejoindre un jour là où tu repose certainement en paix après avoir accompli ta mission sur la terre des hommes.
Parce que, face aux vicissitudes de la vie, devant les inextricables équations qui se posaient à nous, et qui avaient tendance à nous faire basculer dans le désespoir, chacun de nous était devenu le remontant de l’autre. Le médicament de l’autre.
Maintenant que tu es parti, mon cher frère, qui va me remonter le moral dans mes moments de spleen ? Qui va guérir mes stress ? Qui va être mon médicament ?
Oui, Bakary, mon cher frère, au moment où je te parle, ils sont très nombreux les journalistes qui sont venus te rendre un ultime hommage. Depuis ce mardi de terrible mémoire, où tu nous as quittés sans crier gare, ils sont inconsolables. Mais en même temps, ils savent que c’est la volonté de Dieu qui s’est accomplie. Par ma voix, ils te disent de partir en paix et que la terre te soit légère.
KORE EMMANUEL