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Politique Publié le samedi 29 juin 2013 | Le Patriote

Hamed Bakayoko sur la RTI1 hier : “Le temps des coups d’Etat est fini”

© Le Patriote Par DR
Cérémonie de lancement de la campagne d`affichage de la charte d`accueil et le code de déontologie de la police
Samedi 29 juin 2013. Abidjan. Le ministre de l’intérieur, Hamed Bakayoko procède au lancement de la campagne d’affichage de la charte d’accueil et lde code de déontologie de la police nationale. Ph: Hamed Bakayoko, ministre de l`intérieur.
Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur était sur le plateau de la RTI1 dans le cadre de l’émission “Parlons franchement”. Le ministre Hamed Bakoyoko a abordé au cours de cette émission tous les sujets sur la sécurité en Côte d’Ivoire et d’autres questions d’actualité. Nous vous proposons ici l’intégralité de son intervention.
RTI : Monsieur le ministre merci d’avoir accepté notre invitation. Nous allons parler ce soir de sécurité en Côte d’Ivoire, sécurité des biens et des personnes. Nous parlerons aussi de la réconciliation sur le plan national, qui est un chantier important dans le programme du chef de l’Etat. Il l’a dit lui-même, la réconciliation n’est pas une nécessité, c’est une obligation. Enfin, nous parlerons de politique avec les élections couplées qui ont lieu pour la première fois en Côte d’Ivoire et nous parlerons de l’état du RHDP.
Depuis la fin de la crise, la côte d’Ivoire a connu plusieurs attaques. Il y a eu une accalmie. Est-ce que le gouvernement a trouvé la solution aux tentatives de déstabilisation de notre pays.

Hamed Bakayoko : Je vous remercie. Je voudrais également saluer la présence de mon collègue et ami, le ministre Paul Koffi Koffi, qui est venu m’apporter son soutien. Je voudrais également vous féliciter pour cette opportunité qui donne plus d’espace d’échanges avec les responsables politiques et les populations. Comme on le constate depuis le mois de mars 2012, on avait enregistré des attaques à caractères subversives. On se rappelle de l’attaque du camp d’Akouédo, du camp de gendarmerie et de police à Yopougon. A Bonoua, à l’ouest. Maintenant, il y a eu certaine accalmie, et je dois dire mes félicitations à nos services et à nos forces qui ont travaillé sérieusement et discrètement pour démanteler la plupart des réseaux. Certain réseaux qui existaient, qui existent et qui sont commandités par des personnes en exil, qui recrutent à l’intérieur des groupements des ex-forces d’autodéfense ou même parmi des FRCI, gendarmes ou policiers. Nos services ont réussi à présenter devant la justice plus de 340 personnes, qui avaient un lien avec ces événements. Je pense qu’en partie, cette situation a permis de faire favoriser cette accalmie. Mais nous restons vigilants. La stabilité de l’Etat est essentielle pour le développement. C’est la porte de toutes les questions économiques, financières, des investissements, de la confiance. Donc, ce sont des questions sur lesquelles nous devrons très concentrés, très sérieux et surtout ne jamais baisser la garde.

RTI : Est-ce qu’aujourd’hui, il y a encore des menaces ?

HB : Ce que je peux dire, c’est qu’une catégorie de personnes continue de rêver que c’est possible de déstabiliser l’Etat. Que le temps des coups d’Etat, c’est encore possible. Nous nous évertuons tous les jours à leur dire que ça ne peut pas prospérer. Nous leur montrons que ça ne peut pas marcher. Parce que l’exploitation des personnes qui sont arrêtées, des éléments trouvés sur eux comme leurs portables, leurs ordinateurs ou même des écrits, nous permettent de remonter les filières. Malheureusement, on a toujours le même tableau. Quand on arrête les gens, ils demandent pardon, ils regrettent. Leurs familles sont malheureuses. C’est l’occasion pour moi de leur lancer un appel. Ce n’est plus possible. Le temps des coups d’Etat est révolu. Ce n’est pas seulement en Côte d’Ivoire. Regardez la marche du monde, ce qui s’est passé au Mali. Ce qui se passe dans bien des pays. Ce n’est pas possible. En Côte d’Ivoire, le Président nous a donnés des moyens. Nous avons une coordination qui est opéré à travers une réunion hebdomadaire du CNS où nous passons au peigne fin tous les maux. Je peux dire aux Ivoiriens d’être rassurés. C’est vrai, ça et là, des gens peuvent agir. Récemment, ils ont nourri l’idée d’une opération qu’ils ont dénommé «opération moustique ». C’est-à-dire, on sort, on pique et on rentre. Ils sont conscients qu’ils ne peuvent pas altérer la situation profondément. Mais c’est juste pour montrer qu’il y a une instabilité chronique. Honnêtement, j’ai bonne espoir que ces choses se consolident. Nous suivons de très près ces questions avec beaucoup de sérieux. Je pense qu’aujourd’hui, nos forces sont en place.

RTI : le commandant Abehi a été arrêté au Ghana, extradé en Côte d’Ivoire. Quelques mois avant son arrestation. Comme le Colonel Gnatoa, lui aussi a dit qu’il projetait de prendre le pouvoir en Côte d’Ivoire. C’est un document du ministère de l’Intérieur.

Déclaration du Cdt Abehi depuis accra avant son arrestation (février 2012)


« face à ces deux résultats différents, M. Alassane Dramane Ouattara a décidé de faire usage des armes pour contraindre M. Laurent Gbagbo, d’abord à une prison au nord du pays, ensuite à la Cour pénale internationale. Je rappelle que cette confusion de ces résultats a entrainé une guerre dans notre pays faisant un peu plus de 4000 victimes. Face à cette situation, les Forces armées de Côte d’Ivoire, responsables de la défense opérationnelle du territoire, ont décidé, par ma voix, de prendre toute la mesure de leur responsabilité. C’est pourquoi, à partir de cet instant, ( il tape du poing sur la table, ndlr) le chef de l’Exécutif de Côte d’Ivoire est votre modeste serviteur, colonel Abehi Jean-Noël. Dès cet instant, je dissous la Constitution de Côte d’Ivoire et toutes les institutions républicaines. Les organisations syndicales et politiques sont à l’heure actuelle dissoutes. Je tiens à rappeler que les frontières maritimes, aériennes, à partir de cet instant, sont fermées. Les forces de libération de la terre d’Eburnie s’emploient à l’heure actuelle à rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire. Dans quelques jours, dans pratiquement six jours, nous vous donnerons la composition du gouvernement du Front national pour la libération de la terre d’Eburnie. L’heure du jeu est passée. L’heure des récriminations est terminée. L’heure de l’injustice est finie. L’heure où on blesse gratuitement, où on tue gratuitement est terminée. Ivoiriens, Ivoiriennes, il faut que tu sois responsable à l’instant même. Il n’y a pas une autre personne qui viendra libérer ton peuple. Lève-toi si tu as un caillou, lève toi si tu as une machette, lève-toi si tu as un bâton et défend la souveraineté de ton pays. (A nouveau, il tape du poing sur la table, ndlr). C’est un problème ivoiro-ivoirien. L’heure est venue pour que tu te lèves. Dieu te donnera les moyens. Que Dieu nous bénisse. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire et que Dieu ressuscite ce pays qu’il a tant aimé. Je vous remercie. Merci».

RTI : Je rappelle que ce sont les propos du Cdt Abéhi peu avant son arrestation au Ghana. Monsieur le ministre d’Etat, il a été arrêté. Pour parvenir à un tel résultat, il faut la coopération des autres pays frères. Est-ce que cette coopération aujourd’hui est excellente ?

HB : Bien sûr, elle marche très bien. Voilà les résultats ! C’est l’occasion de saluer la Force de la politique diplomatique du Président Ouattara, qui permet aujourd’hui à tous ces services de travailler en bonne intelligence. C’est un travail minutieux de nos services. Nous avons cet élément depuis quelque temps. Avec les services amis, nous avons remonté la filière. Je ne donnerai pas plus d’informations pour mettre fin à ce projet. Ce que je veux faire noter, c’est que voilà encore des gens qui, après tout ce que ce pays a vécu, sont au stade d’inviter des gens à prendre des cailloux, des machettes pour se dépecer, pour se tuer là où on parle de développement. J’ai accepté de montrer ces images pour parler à tous ces jeunes qui sont dans les quartiers, à Yopougon, à l’ouest, à Abobo qu’on incite, qu’on recrute et à qui on fait croire qu’il y aura le « maracana de nuits », qu’on va faire changer les choses. C’est une cause perdue. Ces jeunes sont arrêtés après et sont passibles d’une lourde peine, 20 ans de prison. Parce que, souvent, ils tuent gratuitement. Ça ne sert absolument à rien ! Il faut absolument arrêter cela. Le Président a tendu la main. Il a parlé de réconciliation. Moi, je pense qu’aujourd’hui, il est temps que les Ivoiriens, ces jeunes-là dont je n’arrive pas à comprendre les motivations, retrouvent la raison. Il m’arrive de les recevoir à la maison ou au bureau. Je réalise qu’ils sont embrigadés. On leur fait croire les choses qui sont fausses. On leur fait croire qu’il y a de faux héros qui arrivent. Malheureusement, à chaque fois, ils sont arrêtés. Je vous assure sur ces questions de sureté de l’Etat, c’est-à-dire de la stabilité du pays, nous serons intraitables. Nous ne nous laisserons influencés par personne, par aucune organisation internationale. Si vous êtes un citoyen, vous respectez les lois, vous respectez les institutions, on vous respectera. Vous serez libres de vaquer à vos occupations. Mais qui que vous soyez, si vous êtes en lien avec des questions de déstabilisation, nous allons faire face avec la plus grande énergie, avec la plus grande fermeté. On ne peut pas accepter que dans un pays comme le nôtre, ayant connu le péril : 3000 morts, avec des gens qui ont vécu cachés dans leur maison durant des mois, qui ont tout perdu, on permette à des gens de faire retomber le pays dans ce péril. On ne peut pas accepter cela. C’est notre responsabilité. Souvent, il y a de la fermeté. J’attends les gens parler de harcèlement. Par rapport à notre propre parcours, dans l’opposition, nous sommes respectueux des libertés des uns et des autres. Ceux qui n’ont rien à avoir avec ces questions, nous les connaissons, nous les voyons et ils vaquent à leurs occupations. Nous suivrons tous ceux qui ont un lien, qu’ils soient membres d’un parti politique, quelle que soit leur responsabilité, toutes les organisations pourront venir faire des déclarations, nous protégerons la stabilité de ce pays, parce que c’est de là que va découler le développement du pays.

RTI : Pour revenir au Commandant Abéhi, il a été arrêté, il a été extradé. Comment l’avez-vous trouvé quand il a été remis à vos services ?

HB : C’est la même chose. Pendant tout le parcours, il pleurait. « Ils vont me tuer, ils vont me tuer. Ne me tuez pas ! Pardonnez. Je vais demander pardon au Président. Je ne vais plus recommencer ». Nous, on ne veut humilier personne. On veut que les gens comprennent que cette page-là, elle est tournée. Nous serons toujours très fermes envers ceux qui ne l’ont pas compris. J’insiste parce que je sais qu’il y a des gens encore qui, sous les couvertures d’organisations syndicales ou politiques, ont des connexions, ont des liens. J’essaie de venir rarement sur votre plateau pour privilégier le travail sur le terrain. Mais de temps en temps, il est bon de venir rendre compte, de faire le point aux Ivoiriens.

RTI : Depuis, il a changé d’avis, il s’est repenti, il a fait des déclarations qui vont dans le sens de la réconciliation. Nous allons l’écouter.

Le repentir du Cdt Abehi le 19 mai 2013:
«Nous avons cherché à trouver les solutions pour notre pays. Certains proposent une solution diplomatique, une solution politique et une solution militaire. C’est comme ça que nous avons commencé à faire un certain nombre de réunion où il était question de planification de renversement du pouvoir, qui était la seule voie pour nous de retourner dans notre pays. J’ai pu prendre de l’argent avec Stéphane Kipré et un certain M. Ramane et puis un blanc qui s’appelle Philippe. Parce que je leur ai dit que pour arriver d’abord à une solution militaire, il faudrait avoir du matériel de renseignement, qui nous permette de voir quelle est la situation véritable sur le terrain et après ça, on peut mettre en place un schéma d’attaque. Je le dis franchement, de tout mon c?ur. J’ai tenu à faire ce point pour revenir demander aux Ivoiriens qu’il est vraiment temps que nous arrêtions tout : menace de guerre, menace de déstabilisation. J’ai pu par mes propos ici en Côte d’Ivoire offenser des gens. J’ai pu en exil par mes propos offenser des gens. Par mon attitude, j’ai offensé des gens. Par les décisions que je voulais prendre, qui pour moi étaient des décisions justes, je voudrais en toute sincérité demander pardon. Je voudrais inviter mes frères d’armes, gendarmes, policiers, militaires : « on s’est trop battu, il est temps que nous puissions nous mettre ensemble pour que la Côte d’Ivoire évolue. »

RTI : C’est une déclaration qui va dans le sens de l’apaisement, de la réconciliation nationale, monsieur le Ministre ?

HB : Mais c’est toujours après coup. Je l’avais dit à beaucoup d’entre eux. Je l’avais dit à Blé Goudé. Parce qu’après, il y a la justice. Vous voyez les deux tableaux, d’un côté, il invitait les Ivoiriens à prendre un caillou, les machettes pour se découper et du jour au lendemain, il demande pardon. C’est trop facile. On ne peut pas bâtir solidement un Etat dans un esprit d’impunité. C’est vrai, ces déclarations sont belles, mais la justice fera son travail.

RTI : Pour des questions de sécurité, on ne peut pas dire où ces personnes sont gardées. Pouvez-vous nous dire si elles sont en sécurité, étant entendu qu’on lit des choses sur leur situation dans la presse. Leur sécurité est-elle vraiment garantie ?

HB : Ecoutez, vous venez de voir le Cdt Abéhi. Il ne ressemble pas à quelqu’un qui est maltraité. Je pense qu’il a même pris un peu de poids. C’est pareil pour l’ensemble de ces détenus qui, quand même par leur statut et la spécificité de leur cas, ont un traitement un peu spécial. Dans tous les pays, ça se voit, mêmes dans les grands pays comme les Etats Unis, il y a des détenus qui sont dans des conditions qu’on ne révèle pas parce que leur cas n’est pas simple.

RTI : Le gouvernement est interpellé à plusieurs reprises par des organisations humanitaires, par l’ONU aussi. Elles parlent de maltraitance, de justices des vainqueurs. Que répondez-vous?

HB : La justice des vainqueurs, qu’est-ce que ça veut dire ? J’ai essayé de me cultiver, de comprendre un peu. Apparemment, c’est une notion qui est apparu à la fin de la seconde guerre mondiale. Au moment du procès de Nuremberg. On essaie de l’extrapoler pour pouvoir faire mode et on s’accroche à ça. Nous, nous sommes pour une justice équitable, pour une justice qui respecte les droits des autres. En même temps, cette justice-là, elle a son agenda, elle a son calendrier. Les gens sont pressés. Tout le monde sait dans quelles conditions la justice était. Elle a donc un agenda.

RTI : Ceux qui parlent de justice des vainqueurs disent que depuis la crise aucun ex-combattant proche du pouvoir Ouattara n’a été mis aux arrêts.

HB : tous ceux qui ont été mis aux arrêts jusqu’à présent l’ont été dans le cadre des flagrants délits de la crise. Ensuite, sur les événements, il y a une commission d’enquête qui a fait des conclusions qui ont été livrées au procureur, à un juge, qui certainement est en train de faire son travail. En temps et en heure, on saura la suite.

RTI : Est-ce qu’on peut dire que demain, un ex-combattant proche du régime peut être arrêté ?

HB : Même aujourd’hui. Dans le cadre de la lutte contre le racket, nous avons déféré devant le tribunal militaire plus de 221 personnes. Des policiers, des gendarmes, des FRCI. Je veux vous dire pour parler franchement, que moi, je préfère cette justice des vainqueurs aux cimetières des vaincus. Parce que si c’est Gbagbo qui avait eu le dessus militairement, je crois que nous tous nous ne serions pas devant un tribunal. Nous serions enterrés dans un cimetière. Doudou Rose Guéi n’a pas eu droit à un tribunal des vainqueurs, Guéi Robert n’a pas eu droit à une justice des vainqueurs, le Docteur Benoît Dacoury n’a pas eu droit à une justice des vainqueurs, le Colonel Dosso Adama n’a pas eu droit à une justice des vainqueurs. On veut bien faire la réconciliation, mais que les gens respectent les douleurs des Ivoiriens.

RTI : Parlons maintenant de la sécurité des biens et des personnes. Aujourd’hui, les Ivoiriens et leurs biens sont-ils en sécurité ?

HB : La sécurité en Côte d’Ivoire est revenue. Il ne faut pas que les Ivoiriens se fassent des complexes. L’année dernière sur ce plateau ou dans un autre contexte, je vous disais que nous avons évolué d’un indicateur, qui est pour moi l’indicateur maître : le vol des véhicules. Parce que toutes les autres infractions partent du vol des véhicules. nous étions à une dizaine à l’époque par jour. Nous sommes descendus à 4 l’année dernière, aujourd’hui, nous sommes à moins de 2. C’est clair, c’est net. Tous les soirs, tous les commissariats et toutes les brigades font remonter à une centrale le niveau de plaintes et on compile ces résultats qui donnent l’indice de sécurité générale ivoirienne. Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que nous sommes à moins de 2, mais cela correspond à délinquance moyenne qu’on trouve dans une ville de 500 milles habitants en France. J’ai demandé qu’on me donne des chiffres. C’est important. Parce que, comme on a connu la crise avec la circulation des armes et malgré nos efforts, on veut nous coller l’image d’un pays d’insécurité. Ce n’est pas vrai. Vous prenez une ville comme Marseille, elle a un 1.585.000 habitants. Elle enregistre aujourd’hui 234 infractions par jour. Par an, elle enregistre 4209 vols de véhicule, soient 12 par jour. Vous prenez Lyon, elle a 790.000 habitants. Elle enregistre 185 infractions par jour, 2685 vols de véhicules par an, soient 7,5 par jour. Vous prenez Bordeaux qui est une ville de 235.000 habitants, elle enregistre 108 infractions par jour, 1358 vols de véhicule par an, soient 4 par jour. Nous, nous sommes à moins de 2. Nous allons aller loin. Le Président de la République nous a demandé avec le CCDO de réduire davantage cet indice. Avec la montée en puissance de l’ADDR, qui a commancé à insérer tous ces jeunes qui se sont familiarisés au maniement des armes et qui sont un peu à la base de cette délinquance urbaine, nous allons atteindre un niveau qui sera l’un des meilleurs. Il n’ y a pas de sécurité à 100 %. Vous me direz le chiffre, ça veut dire quoi ? ça ne veut rien dire. Moi, je veux aller au-delà des chiffres. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, il n’ y a aucun barrage. Nous avons pris ce défi. Nous étions opposés à certains sécurocrates, qui nous disaient pour qu’il y ait la sécurité, il faut des barrages. Nous avons osé. Et pendant que nous avons réussi à lever tous les barrages à Abidjan, nous avons baissé de moitié les braquages. Le but est d’assurer la sécurité des Ivoiriens en préservant leur liberté. Moi, je vois et les Ivoiriens qui me disent que sur l’axe Abidjan – Bingerville, il y avait 5 à 6 barrages. Aujourd’hui, il n’y en a aucun, pendant des jours, des semaines, des mois. Pareil sur l’axe Anyama et sur d’autres axes. Aujourd’hui, le président de la République nous a demandé de continuer ce travail au niveau des grands axes. Le ministre de la Défense a commis des personnes qui ont commencé un travail et bientôt nous allons arriver à faire changer les choses. Nous voulons faire changer les choses dans le bon sens, au bénéfice de nos compatriotes.

RTI : Dans le domaine de la criminalité, les coupeurs de routes continuent de sévir à l’intérieur du pays…

HB : C’est une réalité, mais vous nous voyez à leurs trousses. Récemment, vous avez vu comment ils ont été freinés dans la région du Hambol par la gendarmerie. Nous allons monter en puissance. Il fallait s’occuper d’Abidjan où il y avait une grande criminalité. Aujourd’hui, on voit que ces bandits se sont déplacés sur les grands axes. Ces axes sont en train d’être occupés. Au fur et à mesure qu’on aura des moyens, nous offrirons aux Ivoiriens un cadre de vie paisible.

RTI : Où en êtes-vous avec la vidéosurveillance sur la ville d’Abidjan ?

HB : Ecoutez, aujourd’hui, il y a le CCDO qui est un centre qui permet de voir les grands artères d’Abidjan, de les surveiller. Cela nous a permis, dans le cadre des enquêtes, de retrouver des véhicules, des braqueurs, parce qu’on a une base de données qui stocke tout cela. Le Président a donné les moyens pour que nous puissions monter en puissance en nombre de caméras. Je ne donnerai pas le nombre ici. Mais sachez que c’est un processus qui va aller en puissance. Tous les pays qui ont opté pour l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la sécurité ont eu des résultats. Ils ont baissé la criminalité. Ils ont augmenté leur capacité à obtenir des résultats dans les enquêtes policières.

RTI : L’opération de libération des bâtiments publics a démarré. Ça va durer combien de temps ?

HB : Cette opération a démarré depuis longtemps. Tout le monde sait qu’au départ, tous les commissariats étaient occupés. Ils ont été libérés. Il reste encore quelques sites et le ministre de la Défense vient d’engager un processus. Aujourd’hui (avant-hier, ndlr), c’était la CRS1 et les cités universitaires de Williamsville. Nous saluons ces opérations, qui permettront d’occuper ces bâtiments par qui de droit.

RTI : Est-ce que les choses se passent ainsi à l’intérieur du pays ?

HB : Tout à fait. On a connu une crise, il y a de cela deux ans. Il fallait aller méthodiquement avec les moyens de bord et monter en puissance. Toutes ces questions ont pour objet d’arriver à une normalité.

RTI : On libère les bâtiments, y a-t-il quelque chose de prévu pour les propriétaires, qui ont tout perdu ?

HB : C’est un dossier global qui est traité en partie par la Commission dialogue, vérité et réconciliation, également par les services du gouvernement. Certainement à un moment donné, cette question de savoir comment on dédommage ceux qui ont tout perdu dans cette crise se fasse. Sur la sécurité, je voulais ajouter un autre point important. Il s’agit de la sensibilisation que nous faisons sur notre code d’éthique et de déontologie. Les policiers le savent, j’y tiens. Quand on choisit ces métiers, c’est comme un sacerdoce. Il s’agit d’apporter secours aux populations. Je ne peux pas accepter que des Ivoiriens soient traumatisés par un braquage et être mal reçus dans un commissariat. Nous avons commencé une enquête de terrain avec les cameras cachées. L’enquête a donné des résultats satisfaisants.

RTI : Le racket continue

HB : Oui, mais ça a forcement baissé. Bientôt, la Banque mondiale va sortir une étude faite par l’ENSA, vous allez voir que globalement dans toutes les catégories, le racket a baissé en moyenne de 40 %. Il n’ y a personne pour racketter. Je sais que dans les commissariats, ça continue. Mais nous allons faire mieux. Les barrages, voilà un problème qui dure depuis 20 ans. J’étais au gouvernement, on a posé ce problème. On nous a répondu qu’il n’y avait pas de solutions. Pour eux, si on supprimait les barrages, les forces de l’ordre allaient se révolter. On nous disait que l’argent racketté au barrage allait chez le commissaire, qui versait au directeur, qui à son tour donnait quelque chose au ministre. Nous avons mis fin à tout cela. C’est vrai que beaucoup reste à faire, mais reconnaissons ce qui a été fait et notons-le. Je veux qu’on le note. C’est la marque de notre engagement à aller plus loin. Parce qu’un grand pays est un pays qui donne le meilleur aux populations. Bientôt, nous allons sanctionner des commissaires de district, d’arrondissement où nous avons noté beaucoup de plainte de la population. Nous avons les preuves que les populations y sont mal accueillies. Tout cela va donner des résultats d’ensemble. En même temps, nous félicitons ceux qui font bien leur travail.


Réconciliation

RTI : La réconciliation est un aspect important de la politique du Président Ouattara qui a même mis en place la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation. A mi-parcours du mandat du Président, quel regard ?

HB : C’est un grand chantier, c’est un préalable pour repartir, apprendre à nous aimer comme avant. Toutes les religions l’enseignent : « Aimez- vous les uns les autres. Moi j’y crois. C’est une priorité. C’est une urgence. En même temps, c’est un processus. Vous n’allez pas pouvoir sauter certaines étapes. Pour se réconcilier, il faut se parler. Pour se parler, il faut être deux. Il faut avoir la volonté. Il y en a qui n’ont pas cette volonté. Ils sont revanchards.

RTI : Le problème est qu’on ne voit pas un début à cette réconciliation.

HB : Si.

RTI : Le Président dit justice d’abord. Les opposants disent amnistie d’abord. On est dans un bras de fer.

HB : Ce n’est pas un bras de fer. C’est simple. La justice est importante. Vous savez, ce qu’on a vécu est très grave. Ce pays a failli partir en lambeaux. Tout le monde avec. On aurait pu avoir une crise interminable. Aujourd’hui, on ne peut pas passer, par pertes et profits tout ce qui s’est passé au nom de la réconciliation. Ce n’est pas bon pour l’éducation des masses. Les choses perdurent, parce qu’il y a des gens qui considèrent qu’on peut tout faire. Qu’on peut tuer en tout impunité. On leur a appris cela. Il faut montrer à tout le monde que ce n’est pas possible. Même moi, le ministre, je dois réaliser que je ne peux pas faire n’importe quoi. Parce que je peux avoir à rendre compte. C’est ainsi qu’on éduque la société sur des valeurs qui portent les grands pays. Si on veut être un grand pays, il faut qu’on soit un pays de grandes valeurs. Cette réconciliation se fera. Des contacts sont établis, le Premier ministre n’arrête pas de dialoguer avec les uns et les autres. Il y a des désaccords, mais nous continuons de discuter. Je pense aussi que la croissance est une meilleure répartition des biens vont consolider plus qu’on ne le croit la réconciliation. Quand des gens vont réaliser qu’au-delà des partis politiques, le pays se porte mieux et qu’ils en tirent aussi progressivement des dividendes, ils vont changer de position. J’ai noté quelques cas d’évolution de mentalité. Il y a des exilés et des militaires qui rentrent. Nous ne faisons pas de publicité pour ne pas les gêner. Cela s’inscrit dans l’esprit de réconciliation.

RTI : Vous dites que des militaires rentrent, pourtant l’opposition continue de poser des préalables. A deux ans de la fin du mandat du Président, avez-vous espoir que la réconciliation aboutisse?

HB : Ce pays a un fort potentiel. Les Ivoiriens sont optimistes. Ce pays est riche de sa diversité. Tout cela combiné avec l’esprit de travail et le mérite vont donner opportunité de changer le destin de tout le monde. A un moment donné, les gens vont se rendre compte que s’ils ne s’impliquent pas, ils risquent de reste au quai pendant que le pays avance. Je dis aux gens que les leaders politiques qui ne viennent pas à la réconciliation à cause de leurs préalables n’ont pas une attitude juste. Pour moi, c’est une fuite en avant. Parce que leurs militants, qu’est-ce qu’ils en font? Ils prennent en otage l’ex-Président Laurent Gbagbo qui a un agenda. Au-delà d’une personne, le pays doit vivre. Que font-ils de leurs militants ? Les militants sont perdus. Il faut les encadrer, il faut les faire participer à la vie. Nous constatons que ces militants ont commencé à se démarquer de ces directions qui n’assument pas. Il y a des militants du FPI qui voyagent chaque jour. Certains passent au salon d’honneur. Nous ne sommes pas dans un esprit de réduire l’opposition au silence. Mais il faut faire la part des choses. Si vous nous demandez comme préalable de libérer tel ou tel autre, cela voudrait dire qu’on aura un problème pour progresser.

Economie

RTI : Si un domaine où la communauté internationale adresse son satisfecit, c’est bien dans le domaine économique. On voit des chantiers partout. Est-ce que pour vous, le pays émerge?

HB : Le pays progresse. Je pense qu’il faut être de mauvaise foi pour dire que ce pays-là ne bouge pas. Ce pays a une croissance. Tous les grands experts du monde de l’économie le disent. Ce pays est en train de devenir un modèle, une école. Un pays qui, deux ans après une crise, se projette dans un avenir radieux. Aujourd’hui, on parle de la Côte d’Ivoire, tout le monde vient ici. Les avions à destination d’Abidjan affichent complet. Hier, c’était le palmier à huile. Quelques mois avant, c’était le cacao. La BAD revient. Les Américains qui avaient décidé que leurs diplomates ne résident pas en Côte d’Ivoire avec leurs familles ont changé de position. Les Italiens viennent de nous sortir de leur bande-liste. L’ONUCI a ses propres indicateurs. Le consulat de France qui enregistre des agressions dont sont victimes les ressortissants de leur pays, dit que ça va mieux. Je pense que le pays va mieux, le pays a changé.

RTI : Cette embellie contraste avec le quotidien des Ivoiriens qui grognent, qui disent que l’argent ne circule pas. Alors que le Président dit que l’argent travaille. Comment expliquez-vous cette position de certains Ivoiriens ?

HB : Deux choses pour expliquer cela. C’est vrai que entre tout ce qui se fait et le ressenti, il y a un gap. Pourquoi ? Parce que pendant dix ans, on était en décroissance.

RTI : Est-ce que le gouvernement entend cette grogne ?

HB : On entend. On entend comme la sage femme qui entend les cris de la femme qui veut enfanter. Vous ne pouvez pas transformer la vie sans souffrance. Vous ne pouvez pas guérir de maladie sans souffrance. Quand vous prenez des médicaments, quand on vous fait une injection, Cela a un prix. Nous sommes à cette phase. Nous avons eu de 2000 à 2010, 0,25 % de croissance. En même temps, on avait une démographie de plus de 3 %. Je veux prendre un exemple simple pour exprimer ma pensée. Vous êtes une famille composée de monsieur, madame et votre enfant. Vous avez un sac de riz pour vivre. Un an après, vous n’améliorez pas votre richesse. C’est-à-dire votre PIB. En même temps, vous avez un enfant supplémentaire et un cousin qui vient. Trois ans après, vous êtes 5 pour le même sac de riz. Dix ans après, vous êtes dix pour le même sac de riz. Vous sentez donc la souffrance. Vous sentez cette pauvreté. Quand vous inversez la tendance, ce qui est le cas aujourd’hui. C’est-à-dire quand vous faites la croissance à 10 %. Dans le concret, à votre sac, s’ajouter le dixième du sac de riz. Il y a une amélioration, mais cela n’est pas suffisant pour qu’il ait le confort qu’il avait, il y a dix ans. C’est pour cela qu’on parle de croissance soutenue et durable. Tous les pays qui ont changé la vie de leur population, l’ont fait sous une croissance durable. C’est pour cela qu’il faut la stabilité, la sécurité. Il faut que l’engagement, la bonne gouvernance se fasse sur une période assez longue. Des pays comme la Chine ont connu dix ans de croissance portée par l’investissement pour basculer dans un moteur de consommation pour devenir ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. On ne doit pas échapper à ces grandes règles économiques. Emerger, c’est sortir la tête de l’eau. Ça on va le voir en 2020. Les gens veulent manipuler les Ivoiriens. L’argent ne circule pas, disent-ils. Le Président a dit que l’argent travaille. Parce qu’au rendez-vous de l’argent, il faut du travail. L’argent rencontre le travail. Deuxièmement, il aurait pu être un président démagogue. Il pouvait prendre les richesses du pays, aller dans les villages faire des dons, rendre tout le monde heureux pour une journée et hypothéquer l’avenir de nos enfants. Il dit non. Il a préféré investir dans ce qui aura des retombées durablement : dans l’économie, dans les infrastructures, dans l’énergie, dans l’agriculture, dans l’éducation. Quand vous investissez dans l’éducation de votre enfant, vous n’en tirez pas les bénéfices dans l’immédiat. Vous ne ressentez ces investissements qu’après l’obtention de ses diplômes. Les gens disent que l’argent ne circule pas, alors que les salaires ont été toujours payés. En 2009, la masse salariale était de 800 milliards. En 2011, on est passé à 900 milliards. Bientôt, on va passer à 1000 milliards. Cet argent, il est remis à chacun. En plus, grâce à la politique du Président, les producteurs du café et du cacao ont reçu l’an dernier 450 milliards. Le problème est que l’argent facile n’existe plus. Les gens voulaient des commissions et malheureusement pour eux, ce n’est plus possible. L’argent est redistribué à ceux qui produisent. En réalité, l’argent travaille, l’argent circule en Côte d’Ivoire. L’argent circule mieux en Côte d’Ivoire qu’il n’a jamais circulé. Et le pays se porte mieux qu’il ne s’est jamais porté. A preuve, nous sommes à 9,8 % de croissance. Même pendant la période glorieuse, dite période du miracle ivoirien, on était entre 5 et 6 %.

RTI : Pour fait concret, il y a des Ivoiriens qui ont un seul repas par jour. On appelle cela la « mort subite ». Qu’est-ce que vous pouvez leur dire et pendant combien de temps doivent-ils encore serrer la ceinture ?

HB : Je peux leur dire que le Président a une vision. C’est changer le système d’accaparement des richesses. Nous sommes dans un pays où les gens doivent changer de mentalité. Les gens doivent arrêter de penser que c’est par la corruption qu’on avance. Les gens doivent être au rendez-vous de l’investissement de sorte que la croissance soit inclusive. C’est-à-dire, permettre aux grands groupes qui viennent de pour le même sac de riz. Dix ans après, vous êtes dix pour le même sac de riz. Vous sentez donc la souffrance. Vous sentez cette pauvreté. Quand vous inversez la tendance, ce qui est le cas aujourd’hui. C’est-à-dire quand vous faites la croissance à 10 %. Dans le concret, à votre sac, s’ajouter le dixième du sac de riz. Il y a une amélioration, mais cela n’est pas suffisant pour qu’il ait le confort qu’il avait, il y a dix ans. C’est pour cela qu’on parle de croissance soutenue et durable. Tous les pays qui ont changé la vie de leur population, l’ont fait sous une croissance durable. C’est pour cela qu’il faut la stabilité, la sécurité. Il faut que l’engagement, la bonne gouvernance se fasse sur une période assez longue. Des pays comme la Chine ont connu dix ans de croissance portée par l’investissement pour basculer dans un moteur de consommation pour devenir ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. On ne doit pas échapper à ces grandes règles économiques. Emerger, c’est sortir la tête de l’eau. Ça on va le voir en 2020. Les gens veulent manipuler les Ivoiriens. L’argent ne circule pas, disent-ils. Le Président a dit que l’argent travaille. Parce qu’au rendez-vous de l’argent, il faut du travail. L’argent rencontre le travail. Deuxièmement, il aurait pu être un président démagogue. Il pouvait prendre les richesses du pays, aller dans les villages faire des dons, rendre tout le monde heureux pour une journée et hypothéquer l’avenir de nos enfants. Il dit non. Il a préféré investir dans ce qui aura des retombées durablement : dans l’économie, dans les infrastructures, dans l’énergie, dans l’agriculture, dans l’éducation. Quand vous investissez dans l’éducation de votre enfant, vous n’en tirez pas les bénéfices dans l’immédiat. Vous ne ressentez ces investissements qu’après l’obtention de ses diplômes. Les gens disent que l’argent ne circule pas, alors que les salaires ont été toujours payés. En 2009, la masse salariale était de 800 milliards. En 2011, on est passé à 900 milliards. Bientôt, on va passer à 1000 milliards. Cet argent, il est remis à chacun. En plus, grâce à la politique du Président, les producteurs du café et du cacao ont reçu l’an dernier 450 milliards. Le problème est que l’argent facile n’existe plus. Les gens voulaient des commissions et malheureusement pour eux, ce n’est plus possible. L’argent est redistribué à ceux qui produisent. En réalité, l’argent travaille, l’argent circule en Côte d’Ivoire. L’argent circule mieux en Côte d’Ivoire qu’il n’a jamais circulé. Et le pays se porte mieux qu’il ne s’est jamais porté. A preuve, nous sommes à 9,8 % de croissance. Même pendant la période glorieuse, dite période du miracle ivoirien, on était entre 5 et 6 %.

RTI : Pour fait concret, il y a des Ivoiriens qui ont un seul repas par jour. On appelle cela la « mort subite ». Qu’est-ce que vous pouvez leur dire et pendant combien de temps doivent-ils encore serrer la ceinture ?

HB : Je peux leur dire que le Président a une vision. C’est changer le système d’accaparement des richesses. Nous sommes dans un pays où les gens doivent changer de mentalité. Les gens doivent arrêter de penser que c’est par la corruption qu’on avance. Les gens doivent être au rendez-vous de l’investissement de sorte que la croissance soit inclusive. C’est-à-dire, permettre aux grands groupes qui viennent de trouver sur place des personnes avec qui ils peuvent faire leur affaire. Il faut qu’ils produisent pour permettre aux investisseurs de se lier à eux. Les investisseurs se lient à ceux qui ont un bilan, une comptabilité saine, à ceux qui sont sérieux dans leur gestion. A preuve, depuis des années, il y a des gens qui ont des concessions et qui sont tombés en faillite deux ou trois ans après. Je connais des gens qui étaient de notre sérail politique et qui sont venus me voir pour que je leur accorde des privilèges. Le Président m’a dit de leur dire de travailler. C’est tout ce qu’ils peuvent avoir durablement. Même si on leur donne des faveurs, s’ils ne travaillent pas, ils ne vont pas prospérer.

RTI : Vous parlez de lutte contre la corruption. Monsieur le Président en a fait son cheval de bataille. Que pensez-vous du coup de gueule du ministre Jean-Louis Billon ?

HB : Vous me posez-là une belle colle (Rires, ndlr). L’émission, c’est « Parlons franchement » et moi, je n’aime pas avoir la langue de bois. Mais, c’est une question difficile quand même. Premier principe, sur cette affaire, la position du gouvernement a été exprimée par monsieur le Premier ministre. Je suis solidaire de cette position. Je veux profiter au passage pour rendre hommage à ce monsieur que je ne connaissais pas. J’ai découvert en lui un grand travailleur qui ne dort pas, qui est passionné par son travail. Il est le premier au bureau le matin, il est le dernier à repartir. Il a donné la position du gouvernement. Dans tous les pays organisés, tous les pays avec les gens civilisés, au gouvernement, on discute, on débat. Quand on prend une position, c’est une position d’équipe. On est solidaire de cette position. Sur le dossier en question, même sur le premier terminal, le gouvernement a renégocié les conditions du premier contrat. C’est-à-dire le gouvernement a demandé à Bolloré de payer 20 milliards de droits d’entrée qu’il aurait dû payer, il y a dix ans. Il a payé les 20 milliards. Cet argent est rentré dans les caisses du Trésor et est allé sur le terrain en investissements. On lui a demandé de réduire de 20 % toutes ces prestations. Il a fait. Sur le deuxième terminal, je ne suis pas membre de la commission, mais je crois savoir que dans la conjugaison de l’appréciation de l’offre technique et de l’offre financière, ils étaient à 80 milliards quand le suivant était à 52 milliards. Ça fait 25 milliards cash en plus pour le pays. Troisièmement, je vais lui dire et je pense que mon collègue, ami est mal placé. Il est mal placé, d’abord, parce qu’il est membre du gouvernement, il est ministre du commerce. Ensuite, parce que sa famille est impliquée dans l’appel d’offre à travers MOVIS. Parce que tout le monde sait que MOVIS, c’est le groupe SIVOM. Ils ont inversé le nom. Si vous inversé le mot SIVOM, ça fait MOVIS. C’est son frère qui en est le DG et je trouve que de son point de vue, ça me gêne. Ça me gêne d’autant plus qu’il a la responsabilité de nous aider à régler ces questions de cherté de vie. Puisque le groupe familial de M. Billon a des positions dominantes dans bien de secteurs et de filiales de l’économie. Vous prenez le sucre, vous prenez l’huile, qu’il fasse quelque chose.

RTI : Est-ce que vous irez à dire comme certains qu’un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ?

HB : Je ne dirais pas ça. Mais ce que je dis, c’est un peu de cohérence. Vous ne pouvez pas être ministre du gouvernement et être opposant du gouvernement. Vous ne pouvez pas être membre de l’équipe et jouer contre l’équipe. Ce n’est pas bien. Dans son cas, il porte beaucoup de contradictions, militant du PDCI, candidat du RDR aux Régionales, après il dit qu’il revient au PDCI. Je pense qu’il devrait lui-même tirer les conséquences de toutes ces contradictions. On aura plus de visibilité à ce qu’il veut faire à son action, à son agenda. Cela simplifierait les choses et ça donnerait plus de cohérence. Aujourd’hui, c’est quoi le piège ? On voit bien sur les forums. Moi je parle franchement et lui-même nous a montrés que la liberté de parole, ce n’est pas mal. Si on le démet, on va dire comme il s’est plaint, on l’a démis. Et s’il ne réussit pas à baisser les prix, il va dire qu’il n’avait pas le port. Je trouve qu’il nous met dans une situation embarrassante et moi je l’invite à revenir dans l’esprit d’équipe. Nous sommes une équipe autour du Premier ministre. Nous pouvons gérer ces contradictions et faire avancer le pays.

Elections Couplées

RTI : Parlons des dernières élections qui se sont déroulées en Côte d’Ivoire. Pour la première fois, on a eu des élections couplées. Monsieur le ministre, quel bilan tirez-vous de cette première expérience ?

HB : Cela encore est la vision du Président de la République. Nous lui disions qu’on n’était pas prêt, il a dit qu’il faut y aller, il faut économiser l’argent des Ivoiriens. Il y a eu quelques difficultés qui ont été rattrapées. Je veux féliciter la CEI et son président pour son travail. Je veux féliciter tout le corps préfectoral qui s’est battu pour accompagner et encadrer les populations. Je suis assez satisfait et je pense que nous devrons aller plus loin. Les prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire avec tous les outils électroniques, on doit pouvoir à 20 h, 21 h donner les chiffres et dire voilà le Président de la Côte d’Ivoire.

Avenir du RHDP

RTI : Au cours de ces élections, on a constaté une division au sein du RHDP. Ce qui fait dire à certains que l’avenir de cette alliance est menacé.

HB : Je pense qu’il y a eu des contradictions, mais l’avenir n’est pas menacé. Et moi je suis un fervent militant du RHDP. Le RHDP est le premier facteur de stabilisation du pays. C’est également le premier facteur de sécurité. Quand le bloc du RHDP va, tout va. Après la crise que nous avons vécue, il faut politiquement un minimum de consensus d’une large base pour porter le programme économique, pour porter la croissance durable. Si vous faites une croissance de 10 % à deux reprises et qu’après il y a des crises, vous n’arrivez pas à capitaliser les gains de cette croissance. Donc c’est essentiel et moi je milite pour que le RHDP se consolide. On a fait beaucoup de choses ensemble et c’est même un retour à l’esprit d’Houphouët. Au RHDP, nous sommes une famille houphouétiste. Regardez ce qui s’est passé en France avec les Gaullistes. Si on fait un parallèle. Quand les Gaullistes se sont divisés, ils ont perdu le pouvoir pendant 14 ans. Quand ils sont revenus ensemble, ils ont fait une union de la majorité, ils ont pris les centristes, l’UMP, l’UDF, ils ont repris le pouvoir. C’est important donc que le RHDP se consolide.

RTI : Le Président Ouattara a déjà annoncé sa candidature pour 2015. Vous suivez le débat au PDCI avant son congrès. Pour vous, le Président Ouattara doit être le candidat unique du RHDP ou chacun doit aller sur sa bannière, se retrouver au 2ème tour comme en 2010 ?

HB : A ce sujet, j’ai une question de cohérence de notre programme commun. Puisqu’aujourd’hui, on gouverne ensemble. Je ne veux pas décider pour les partis, mais je pense que c’est plus simple et plus fort pour le pays si on garde cette cohésion. Le Président sait que l’émergence, ce n’est pas en un an, ce n’est pas en deux ans. Surtout qu’on lui a bouffé un an de mandat et on n’en parle pas assez. S’il doit avoir un autre candidat d’autre parti de l’alliance, les ministres de l’alliance sont dans le gouvernement et en même temps, ils font campagne contre leur président. Je pense qu’on prendra encore des risques sur notre avenir avec cette cacophonie. Aujourd’hui on revient de loin. Comme le dit le Président Bédié, cette alliance nous a permis de nous débarrasser d’un tyran. Consolidons-la pour les générations à venir, pour nos enfants, pour nos petits. Ne regardons pas nos personnes, nos partis. Ayons un consensus sur ce qu’on veut faire pour notre pays. Et aujourd’hui, notre pays est là et notre pays se positionne.

RTI : Vous faites partie du premier cercle du Président de la République, vous l’avez rallié en 1990. Qu’est-ce qui vous a attiré en lui ?

HB : C’est un homme d’Etat sérieux. Il devrait prendre une décision. Parfois j’observais. Je n’étais pas d’accord. Je regarde bien les paramètres qu’il met en place. Même quand c’est difficile, il prend un peu plus de temps. Mais quand il décide. Il décide juste. C’est important pour un pays. C’est un leadership qui est au dessus des considérations partisanes. Et moi je vois des gens très proches de lui souvent, qui en souffrent. Qui m’appellent et qui me disent : « mais c’est trop dur. C’est trop difficile ». Et je me dis au-delà de sa personne, c’est une chance pour nous et pour nos enfants. C’est quelqu’un qui aujourd’hui, son hobby, c’est de travailler, sa passion, c’est la Côte d’Ivoire. Et dans bien de pays, quand les chefs ont de bonne volonté, ils peuvent tomber par envie de plaire, par l’envie de l’argent, «des affaires » comme on le dit. Mais voilà un président qui est sain et qui veut qu’on respecte la Côte d’Ivoire, les Africains, dans ce qu’ils sont capables de produire comme ressource et comme résultat. Et moi je trouve que c’est magnifique.

RTI : Après tant de combats politiques, il est venu à conquérir le pouvoir et à l’exercer. Comment vous le trouvez, est-ce qu’il a changé ou il demeure le même ?

HB : Non. Il a changé. Il a vraiment beaucoup changé. Vous allez me faire taper de sur (rires, ndlr). Ce n’est plus le président du parti politique, ce n’est plus l’ancien Premier ministre. C’est le Président de la République. Et vraiment, je vous assure que moi qui suis très proche de lui, quand je suis avec lui, je sens que c’est une institution. C’est pourquoi Obama disait : « Il ne faut pas des hommes forts, mais il faut les institutions fortes ». C’est une institution. J’ai vu ce changement et comment aujourd’hui, il a envie de changer les choses. Voilà un Président qui se lève à 5 heures, 5 heures et demie, qui fait sa revue de presse, qui envoie des mails à ces ministres pour les interpeller sur telle ou telle question qu’il a entendu sur une radio ou a lu dans un journal. A 9 heures au plus tard, il est au bureau. Moi, j’étais dans un gouvernement où on commençait les Conseils de ministre à 14 h ou parfois à 15 h. Il règle des problèmes et il part du bureau pas avant 20 h. Moi-même parfois je l’interpelle et je dis : « Mais, Monsieur le Président votre santé, on a encore besoin de vous ! ». Je veux dire que tout cela m’a enseigné. Et m’a donné l’idée qu’on n’a pas le droit de ne pas être à la hauteur de tout ce qu’il donne, de tout ce qu’il sacrifie pour le pays.

RTI : Vous êtes ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Vous-même, avez-vous changé aussi?

HB : Forcement. J’ai beaucoup changé. Tous mes amis vous le diront. J’ai changé surtout parce que le président de la République me fait confiance. Une confiance importante, pas à ma personne, mais à un jeune dont tout le monde pensait qu’il va se casser la tête. Je me dis, si je ne réussi pas, je bouche la perspective pour tous les jeunes qui, comme moi à Adjamé, à Cocody, à Koumassi, ont envie d’avoir un avenir. Et quand je me bats sérieusement pour avoir des résultats, c’est pour porter aussi l’espérance de ces jeunes. Je veux dire que c’est un grand privilège que dans votre vie, vous ayez à participer à un travail aussi exaltant.

RTI : Il y a eu une image qui a été largement commentée. Au concert de Koffi Olomidé au palais de la culture, il vous a invité à le rejoindre sur la piste de danse comme avant, et vous n’êtes pas partis.

HB : Ça n’à rien à avoir. Moi, de toute façon, sur ce plan, je n’ai pas de complexe. Je trouve qu’on peut bien faire son travail et vivre ses passions. Ce n’est un secret pour personne, j’adore la musique et mieux, j’aime danser. Donc, quand je fais une bonne semaine de travail et que j’ai le sentiment que j’ai apporté quelque chose aux Ivoiriens, je me retrouve avec quelques amis, on écoute la musique et on décompresse. Mais ce n’est pas de ce point de vue que je vois le changement. Le changement, c’est en profondeur. J’ai changé parce que avant, il y avait des signes extérieurs qui pouvaient m’attirer. Aujourd’hui, je suis porté par ce nouveau combat, qui est de changer et j’y crois. Je sais que dans quelques années, on va parler de la Côte d’Ivoire comme d’un modèle et les Ivoiriens seront fiers et diront qu’après les pères fondateurs, une autre génération a su porter l’émergence dans ce pays. C’est- à dire, quand chacun à la moyenne du PIB, et qu’on a accru notre richesse pour que, au prorata de la population, chacun a à peu près deux-mille dollars, c’est-à-dire un million de FCFA, on pourra dire on a sorti la tête de l’eau et après tout devient possible.

RTI : Beaucoup de personne disent de vous que vous êtes un homme généreux. Vous aimez aider les gens. D’où cela vient-il, monsieur le ministre ?

HB : Honnêtement, au fond de moi, c’est le plus grand bonheur que je ressens dans ma vie quand je peux soulager les autres. Des fois, le gens se disent que je ne connais pas l’argent. Non. Je trouve que dans la vie, il faut avoir des valeurs. Je trouve que le partage, la générosité, aider l’autre, sont de grandes valeurs. Aujourd’hui, Dieu merci, la fête ne m’impressionne plus. Je me dis que si je travaille, c’est pour ma famille, mais au-delà, c’est pour apporter aux autres. Ça me fait du bien de donner et de partager.

RTI: Le président de la République entame une visite d’Etat dans le district des Savanes. A quoi les populations doivent s’attendre au cours de cette visite ?

HB : C’est un grand rendez-vous. C’est le contact direct avec les populations. C’est de toucher les réalités des populations. Quand les gens à Abidjan disent que l’argent ne circule pas, vous allez demander au gens de Doropo, ils savent ce que l’argent apporte dans une visite d’Etat. C’est la première fois qu’ils ont vu de l’eau dans les robinets. C’est l’occasion de voir de près les préoccupations des populations. Parce que je pense que dans ce pays, bien longtemps, on a abandonné les populations qui sont dans les zones rurales. On avait une sorte de développement séparée. On a Abidjan, les grandes villes, et puis il ya un écart terrible entre la vie que nous avons dans ces grandes villes et la vie que d’autres Ivoiriens, qui ont les mêmes droits que ceux des villes, ont dans nos villages. Je crois qu’à la faveur des visites d’Etat, le président de la République essaie d’adresser des problématiques urgentes et majeures de vie. Maintenant dans la croissance, les gens parlent d’indice de développement humain. Est-ce qu’il y a une meilleure qualité de vie ? Est-ce qu’il y a la longévité? Est-ce que le pays est assaini? Pour la première fois, l’Etat a investi dans toutes les communes du pays. Voilà des choses. Je pense que le président adore ces rendez-vous. Ça va être encore un grand moment de contact, d’échanges qui va permettre de régler beaucoup de problèmes dans cette région que j’aime beaucoup, et j’ai le plaisir à retrouver un ainé avec qui on passé de bons moments à rêver à ce jour, le ministre d’Etat, Amadou Gon. Je pense que lui aussi, il attend cette visite avec beaucoup d’émotions.

Conclusion

Ce que je peux dire pour conclure, nous avons de la diversité. Notre pays est un grand carrefour de rencontres et d’échanges. Les peuples se sont mêlés en Côte d’Ivoire. Nous avons un pays qui est riche de son optimiste. Les Ivoiriens sont optimistes. Les Ivoiriens ont un génie-créateur et innovant. Ces deux richesses conjuguées avec des valeurs de travail, peuvent donner une forte opportunité de croissance pour chacun. Nous avons une fenêtre. Nous avons aujourd’hui un pays qui est en place, qui est un grand pays, nous avons un grand peuple, nous avons un chef qui a un leadership éclairé, nous avons un chef sérieux, honnête. Tout est aujourd’hui réuni pour transformer notre pays. Il y a une fenêtre d’opportunité pour chacun. Que chacun se batte, que chacun travaille. Personne n’aura de l’argent s’il est assis dans un salon, dans un bar à attendre. Personne ne peut réussir durablement sans travailler. C’est cette Côte d’Ivoire de valeurs nouvelles que le président de la République porte et je suis fier de l’accompagner dans cette mission.

Retranscrits par Jean-Claude Coulibaly, Thiery Latt, Lacina Ouattara

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