“Sous le ciel, il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose », dit l’Ecclésiaste dans la Bible. Et en Côte d’Ivoire, le temps de la justice est arrivé. Hier, dans la décision qu’elle a rendue, la Chambre d’Accusation a confirmé les charges retenues contre les détenus pro-Gbagbo et renvoyé l’affaire devant la Cour d’Assises. Cette décision marque le début de la phase judiciaire de la crise postélectorale. Du moins au niveau des civils. On se le rappelle, à l’issue de la grave crise après l’élection présidentielle, Laurent Gbagbo et ses proches avaient été arrêtés à la résidence présidentielle de Cocody, le 11 avril 2011. Ceux qui avaient été arrêtés ce jour-là ont été conduits au Golf hôtel. Si pour la plupart, l’aventure s’est arrêtée dans ce réceptif hôtelier, pour l’ex-président de la République et son épouse, Simone Gbagbo, elle a continué au Nord du pays. Laurent Gbagbo a été envoyé à Korhogo où il a été assigné à résidence à la maison officielle des présidents de Côte d’Ivoire. L’ex-Première dame, quant à elle, a été conduite à Odienné où elle se trouve encore. Le reste des détenus, pour leur part, ont été dispersés à Boundiali, Katiola et Bouna. Certains y sont encore. Tandis que d’autres ont bénéficié d’une liberté provisoire depuis le 20 décembre 2012. Il faut souligner qu’au départ, la procédure était hésitante et marquait le pas. Les avocats des différents détenus, en son temps, avaient dénoncé l’absence de contact avec leurs clients et la lenteur avec laquelle se faisait l’instruction. Mais depuis le début de l’année, les autorités judiciaires ont décidé d’accélérer la procédure pour faire taire toutes les récriminations. Le président de la République a, à plusieurs occasions, manifesté son agacement quant au rythme avec lequel était mené les enquêtes et autres auditions. Avec la nomination du ministre Mamadou Gnénéma Coulibaly, en juin 2012, à la tête du ministère de la Justice, les choses ont commencé à bouger un peu plus vite. Les changements faits au sein du système judiciaire par le nouveau Garde des Sceaux ont permis aux différents dossiers d’être traités avec célérité. Depuis le 19 juin dernier, la Chambre d’accusation a convoqué les avocats des inculpés à une audience pour statuer sur les charges retenues contre leurs clients. Un premier report avait été accordé pour permettre la défense de mieux se préparer. Le 3 juillet dernier, la Chambre devait donner son verdict. Mais le délibéré a été ajourné au mercredi 10 juillet. Depuis mercredi dernier, c’est chose faite. 84 des détenus proches de l’ancien chef d’Etat doivent s’apprêter à comparaitre devant les juges de la Cour d’Assises. Pendant que six d’entre eux retourneront chez eux pour avoir bénéficié d’une nullité des charges. La décision du 10 juillet donne ouverture à des procès et permettre à la justice de s’épancher dans le fond-comme ce sera le cas dans la forme évidemment-sur tout ce qui s’est passé au cours de la crise postélectorale. Après donc le temps de la guerre et du crime, le temps de la justice est enfin arrivé. Mais il faut encore attendre quelques mois pour voir les premiers procès commencés.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly