Il faut le dire tout net. Le Nord de la Côte d’Ivoire est devenu une zone dangereuse où les coupeurs de route sévissent quotidiennement à travers des attaques parfois meurtrières perpétrées sur les grands axes. En effet, emprunter les routes de la partie septentrionale du pays, c’est quasi certain de prendre rendez-vous avec les attaques criminelles qui, malheureusement, débouchent bien souvent sur des pertes en vie humaine. Plus un jour ne passe sans que des individus, puissamment armés, ne s’en prennent à des cars, des camions… Que se passe-t-il donc au juste au Nord? Qui sont les auteurs de ces attaques sanglantes et meurtrières ? Que cachent ces attaques ? En tous cas, la recrudescence de l’insécurité au Nord inquiète plus d’un observateur en Côte d’Ivoire. Dans un passé récent, c’est la région du Hambol qui était en proie aux assauts des grands bandits qui semaient misère, désolation et mort sur les routes. Les autorités qui ont pris à bras le corps le problème ont vite déployé des unités spéciales de la gendarmerie pour circonscrire le mal. La traque au ‘’commando’’ du Nord a porté ses fruits avec la mise hors d’état de nuire de plusieurs malfrats. Alors que l’on pensait que le phénomène des coupeurs de route a pris du plomb dans l’aile au grand bonheur des populations, voilà que ces bandits de grands chemins ont repris du service, cette fois, de manière plus sanglante. Ces gangsters ne trient plus leurs cibles. Pire, ils ont opté de s’attaquer aux convois officiels qui circulent dans la zone afin d’accomplir des missions de paix et de réconciliation nationale. Ainsi à la veille de la visite d’Etat du président de la République, Alassane Ouattara, dans le District des Savanes du 2 au 8 juillet dernier, le cortège du directeur général de l’Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion (ADDR), Fidèle Sarassoro, a été mitraillé le lundi 1er juillet à 10 kms de la ville de Kong sur l’axe Ferkessédougou-Kong. Bilan de l’attaque : 1 gendarme tué et deux autres grièvement blessés. Une semaine après cette attaque, un car a été pris pour cible entre Bouaké et Djébonoua. Deux personnes ont été tuées sur coup. Et avant-hier, c’était au tour du préfet de Samatiguila, Gueu Patrice et du maire Adjoint de la commune, Mamadou Diaby de tomber dans des embuscades. Face à la multiplication des attaques, les voix s’élèvent pour accuser les ex-combattants qui se sont familiarisés avec le maniement des armes lors de la crise qu’a vécue la Côte d’Ivoire. D’où l’appel du président de la République, Alassane Ouattara, au cours de du meeting de clôture de sa visite d’Etat dans les Savanes lancé depuis le stade de Korhogo. «Chers jeunes, surtout les ex-combattants, je vous demande d’être patients. Vous êtes l’une de mes priorités. Nous avons l’obligation de vous trouver du travail et nous allons le faire. Certains d’être vous se sont transformés en coupeurs de route. De grâce abandonnez cette voie. Ça peut marcher une ou deux fois. Mais vous risquez d’être tués. Je vous demande de ne pas exposer vos vies. Nous allons trouver du travail pour chacun d’entre vous. Soyez seulement patients», a invité le premier citoyen ivoirien. Cependant, au-delà de cet appel, il urge de prendre le taureau par les cornes. En effet, devant ce qui apparait nettement comme un moyen de chantage des démobilisés, les autorités doivent prendre des mesures draconiennes pour barrer la route à l’insécurité au Nord. Selon plusieurs observateurs, pendant que l’ADDR est au travail, les équipements des forces de l’ordre au plan local doivent être renforcés dans l’optique de les rendre plus mobiles et plus efficaces dans lutte contre le grand banditisme. En plus, faut-il le rappeler, accélérer le déploiement du Centre de Coordination des Décisions opérationnelles (CCDO) dans cette partie du pays. Puisque cette unité a déjà fait ses preuves. En faisant baisser de façon significative le taux d’insécurité dans la ville d’Abidjan. Au point que, à en croire le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, les bandits se sont repliés à l’intérieur du pays. Il est clair que les efforts conjugués du CCDO et des unités spéciales, qui doivent être également déployées, peuvent considérablement jouer un rôle important dans le combat contre l’insécurité sur nos routes au Nord. Il est temps de tout mettre en œuvre pour mettre un terme aux activités criminelles des gangs dans le Nord du pays. Au risque de voir, pourquoi pas, ces attaques se transformer des occasions que certains politiciens mal intentionnés pourraient utiliser pour replonger la Côte d’Ivoire dans la violence.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara