C’est par des pleurs que femmes, hommes et enfants ont accueilli, hier mercredi aux environs de 14h15mn, le ministre Paul Koffi Koffi, ministre délégué à la Défense, envoyé du Chef de l’Etat et du gouvernement. Pour s’enquérir des nouvelles des populations du village d’Angovia, localité située à une cinquantaine de kilomètres du chef-lieu de sous préfecture Bouaflé. Ce, après les récents évènements malheureux qui sont survenus, entraînant trois morts. C’est dans une ambiance de tristesse que la rencontre entre l’envoyé du Président de la République, Alassane Ouattara, et les populations allogènes et autochtones qui se sont affrontées a eu lieu. Sur la place du marché où tous étaient réunis, l’on pouvait lire encore sur les visages des uns et des autres, la douleur et les souffrances endurées depuis la nuit du 11 au 12 juillet dernier. En présence de la chefferie traditionnelle des trente et trois (33) villages Yowlê, ce fut nanan Dibi Kouassi Fidèle, chef de terre, de conjurer le mauvais sort par une libation. Le faisant, celui-ci a appelé «les ancêtres à les soutenir afin que les cœurs soient habités d’un esprit de pardon». Cette disposition d’esprit de pardon ayant été demandée aux aïeux, la parole sera donnée au chef du village dudit village, nanan Dibi N’Goran Daniel, de relater les faits qui ont entraîné cette bagarre ayant conduit à la mort d’hommes. Après lui, le camp adverse sera entendu par le biais de Diarrassouba Soumaïla, président des jeunes malinké. Accompagné du corps préfectoral, conduit par le préfet de région, Gbamélé Adrien, le ministre délégué, ayant entendu les deux parties, a déploré ce qui est arrivé. «Dès qu’il y a eu mort d’homme, il faut qu’on calme les passions. Car ce qui est arrivé est déplorable. Le diable s’est introduit quelque part, il faut le stopper tout de suite. C’est pour cela que le Président de la République qui est à Abuja, au Nigéria pour une réunion de la Cedeao, m’envoie pour comprendre ce qui s’est passé afin que des décisions soient prises pour que plus jamais cela ne se reproduise…» A-t-il d’abord fait savoir. Poursuivant son adresse aux populations, le patron de la Défense ivoirienne a prodigué des conseils d’usage aux uns et aux autres «Ici à Angovia, il y a des terres pour cultiver toutes sortes de cultures. Mais aujourd’hui, tous vous avez abandonné les cultures pour chercher l’or. Mais, sachez que pour faire cette activité, il faut avoir une autorisation, un permis. Aussi pour les taxes que vous prélevez (les 200F), il n’y a aucun texte qui autorise ces taxes que vous prélevez ici. Donc je suis là pour affirmer l’autorité de l’Etat. L’autorité de l’Etat ne se négocie pas. On ne se substitue pas à l’Etat. Revenez à l’agriculture et mettez vos enfants à l’école. Je suis là pour vous rassurer, il faut laisser tomber les cailloux, les fusils, les machettes…Ce que je vous recommande, c’est de verser l’eau sur vos cœurs. Réapprenez à vivre ensemble». A-t-il demandé avant de faire connaître les mesures conservatoires suivantes: «La première mesure que nous allons prendre, c’est la justice. Il faut qu’il y ait une enquête pour situer les responsabilités. Il y a eu mort d’hommes, on ne peut pas laisser les choses comme ça. La deuxième mesure, c’est de fermer immédiatement la mine d’or. L’exploitation doit être interdite sur les 33 villages. Celui qui sera pris sera arrêté et enfermé. Il faut arrêter immédiatement la taxe de 200 F. Comme autres mesures, nous allons maintenir le dispositif sécuritaire en l’état jusqu’à ce que la situation redevienne complètement normale. Il faut aussi organiser des séances de réconciliation…» Quant aux maisons brûlées, l’envoyé du Gouvernement a promis de soumettre le dossier au ministère de la Solidarité et des Affaires sociales afin qu’un soutien du gouvernement soit apporté aux victimes de cette barbarie. Soulagées par les propos du ministre Paul Koffi Koffi, les populations l’ont rassuré d’avoir tout pardonné. Présent à cette cérémonie, le président du Conseil régional de la Marahoué, Koffi Aby Richmond, a dit sa satisfaction: «on va continuer d’œuvrer pour la paix dans ce village en collaboration avec l’ensemble des cadres, des filles et fils dudit village». Aussi a-t-il souhaité qu’un poste de gendarmerie soit installé dans cette zone minière.
JEAN PAUL LOUKOU
Envoyé spécial à Angovia
JEAN PAUL LOUKOU
Envoyé spécial à Angovia