Dr Raymonde Goudou Coffie, ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida, a dit ses quatre vérités, hier, aux directeurs des formations sanitaires au cours d’une grande réunion qu’elle a convoquée à l’amphithéâtre du ministère des Affaires étrangères au Plateau. Mme le ministre a, une fois de plus, tiré la sonnette d’alarme quant aux mauvais comportements des hommes et des femmes en blouse blanche, dénoncés dans la presse par les populations à maintes reprises ces derniers temps. «Nous sommes conscients qu’il y a du travail à faire. Mais en même temps que nous sommes en train de travailler, vous me demandez d’admettre la fraude. Oui, parce que quand je vous entends, j’ai comme l’impression que comme on n’a pas ce qu’il faut, donc, on comprend le racket», s’est-elle indignée après avoir écouté plusieurs interventions. Et Mme le ministre de s’offusquer : «Je dis non. Je ne peux pas, moi, me débattre jour et nuit, demander au Gouvernement, mettre la pression en permanence sur le Premier ministre, et je peux le dire, mettre également la pression sur le président de la République régulièrement et m’entendre dire aujourd’hui : comme ils sont sous payés, comme le matériel manque, donc à la limite, on peut tolérer le racket». Pour Dr Raymonde Goudou-Coffie, il n’est pas question que les choses continuent dans ce sens. «Mais non ! On ne tolère plus. Non, non et non, je ne suis pas d’accord», a-t-elle tapé du poing sur la table. Avant d’ajouter que même dans les structures où tous les services ont été remis à niveau, l’on constate quand même le racket. «Ce n’est donc plus un problème d’équipements ou de ne pas avoir ce qu’il faut; ça se passe dans la tête. Ça veut dire qu’on se donne le droit en permanence, même si on a ce qu’il faut, de racketter quand même, de prendre l’argent du malheureux patient qui est là», a dénoncé Mme le ministre. Rappelant que la Côte d’Ivoire sort d’une grave crise et qu’elle n’a pas été «un pays normal» depuis 10 ans, elle a demandé aux uns et aux autres de prendre leurs responsabilités. «Les brebis galeuses, vous les enlevez, vous les mettez de côté, je m’en charge. Vous les connaissez ces brebis galeuses. Vous ne devez pas vous en accommoder. Vous savez qui plombe votre service. Prenez vos responsabilités», a-t-elle martelé. Poursuivant, Goudou-Coffie a relevé pourtant des structures sanitaires comme le Chr de Gagnoa, l’hôpital de Bingerville, de Marcory, l’Institut Pasteur qui n’ont pas des moyens plus que les autres mais qui sont quand même des exemples. «La facilité s’est installée, ça y est dans notre tête», a-t-elle constaté pour les autres. Elle a, par ailleurs, déploré le cas «des compétences ivoiriennes, des gens doués, de grands chirurgiens et spécialistes rares qui, en dehors de l’enseignement, décident de ne faire que de la gestion administrative des formations sanitaires où ils sont responsables. Ils n’opèrent plus, ils ne viennent plus en aide aux malades…». Par ailleurs, la première responsable de la Santé n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les absences, le vol du plateau technique pour en faire usage dans les cliniques privées, la mise en panne volontaire des machines pour ensuite orienter les patients vers les cliniques privées où l’on a des intérêts. Bref, Mme le ministre a mis le pied dans le plat et a annoncé qu’avant la fin du mois d’octobre, de nouvelles orientations seront connues pour plus de responsabilité et d’efficacité dans le travail.
Diarrassouba Sory
Diarrassouba Sory