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International Publié le samedi 17 août 2013 | Notre Voie

Vergès, ami des peuples opprimés et des faibles

Jacques Vergès est mort. Pour tous ceux qui luttent, partout dans le monde, pour la justice et l’égalité des peuples, c’est une grosse perte. Même si le célèbre avocat, avait pris de l’âge et n’était pas apparu en public depuis longtemps par la faute d’une méchante bronchite, la nouvelle de sa disparition n’a laissé personne indifférent. En France, le quotidien « Le Monde » lui a consacré sa grande une et est largement revenu sur la vie cet homme atypique. Fils d’un diplomate français (réunionnais) et d’une vietnamienne, le jeune Jacques rejoint les rangs du parti communiste français en 1945. C’est de là que viennent ses convictions anticoloniales. Sa renommée commence en Algérie quand il prend le parti du Front de libération nationale (FLN) qui a pris les armes contre la France coloniale. Il défend avec succès une jeune militante, Djamila Bouhired, accusée d’avoir posé des bombes. Il l’épousera par la suite. « Vergès invente sa fameuse défense de rupture" : il n'y a rien à attendre de la connivence des avocats avec des magistrats qui ne représentent que l'ordre colonial. Le verdict étant certain, il faut faire du procès une tribune : Vergès crache son mépris pour une justice qu'il récuse, et finalement, accuse ses accusateurs. Son courage et son insolence lui valent un an de suspension du barreau, en 1961, mais pour le FLN, c'est un héros, il est rebaptisé "Mansour" – le victorieux.
Le FLN l'envoie au Maroc, où il devient conseiller du ministre chargé des affaires africaines, et quand l'Algérie accède à l'indépendance, le voilà converti à l'islam et citoyen d'honneur de la jeune République. Mais Jacques Vergès s'éloigne de Moscou et se rapproche de Pékin, il quitte Alger, est reçu par Mao, on le croise un temps à Beyrouth aux côtés de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) » écrit de lui, le journal Le Monde.
La carrière de l’avocat sera par la suite une succession de procès explosifs. Il est ainsi l’avocat du terroriste vénézuélien Carlos et de ses compagnons, mais aussi et surtout Klaus Barbie, l’un des chefs de la GESTAPO de Lyon. Pour beaucoup, Vergès est l’avocat du diable. D’autant plus que personne n’ignore ses relations anciennes avec Pol Pot qui dirigera d’une main de fer le Cambodge. Mais lui met en avant l’humanité de ses clients et surtout la présomption d’innocence.
En Côte d’Ivoire, les patriotes gardent en mémoire son soutien à la cause ivoirienne. Il a notamment écrit un livre pour dénoncer les massacres de Guitrozon, Petit-Duékoué, avant de s’engaer pour la défense de l’Etat de Côte d’Ivoire pendant la crise postélectorale. Au terme d’une audience que lui avait accordé le président Laurent Gbagbo en compagnie de son collègue Roland Dumas, il avait promis une défaite à la France coloniale qui agressait la Côte d’Ivoire. Quelques années auparavant, il avait pris la défense d’Alassane Dramane Ouattara quand ce dernier était persécuté par Bédié et son régime. C’est donc un homme profondément engagé pour l’indépendance des peuples qui vient ainsi de tirer sa révérence. Le peuple souverain de Côte d’Ivoire en lutte pour recouvrer sa dignité et son honneur bafoués depuis le 11 avril 2011 de sinistre mémoire ne peut que prier pour que son âme repose en paix.

Guillaume T. Gbato
gtgbato@yahoo.fr
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