Une chape de plomb s’est abattue aux premières heures de la journée du mercredi 14 août 2013 sur les partisans du président déchu Mohamed Morsi. Le bilan est lourd et les chiffres avancés sont contradictoires. Les sources gouvernementales tablaient dans la mi-journée d’hier sur plus de 500 morts et ce décompte pourrait être revu à la hausse vu que tous les corps ne sont pas dénombrés. Les blessés se comptent par milliers. De leur côté les frères musulmans, soutiens infatigables du président déchu, annoncent près de deux mille morts. Entre les deux bilans, une chose est sure : la répression anti-révolution pour laquelle Hosni Moubarak attend son sort derrière les barreaux avec son fils et des caciques de son régime n’avait pas atteint une telle boulimie de tuer. Comme cela arrive dans une telle situation, les deux camps se rejettent encore la responsabilité. Pour les forces de police, ce sont les pro-Morsi armés qui ont tiré sur les policiers. Ce que les seconds ne reconnaissent pas vraiment. “Les forces de sécurité ont uniquement utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, mais ont été visés par des tirs venus d’éléments armés à l’intérieur des deux camps”, a déclaré le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Cependant le massacre suscite déjà une vague d’indignation au sein de la communauté internationale. Pour la première fois depuis le début de l’escalade, le gouvernement américain par la voix de John Kerry a condamné la tuerie en appelant les militaires qui sont les vrais maîtres du pouvoir à organiser des élections au plus vite. Les Etats-Unis, faut-il le rappeler n’avaient pas qualifié de coup d’Etat la situation qui prévaut en Egypte depuis la destitution du président élu Mohamed Morsi. Les monarchies du Golf sont quant à elles partagées dans leur soutien. Le Qatar par exemple a condamné les événements de mercredi quand des pays comme le Bahreïn soutiennent les autorités égyptiennes. En Europe, l’Union européenne a invité toutes les parties à faire preuve d’une grande retenue. Hier un calme précaire régnait au Caire, la capitale. Hier, le Président Obama a lui-même annoncé la suspension de manœuvres militaires conjointes entre les USA et l’Egypte, ajoutant que le peuple égyptien méritait pas ce bain de sang.
S.Debailly
S.Debailly