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Économie Publié le lundi 2 septembre 2013 | Fraternité Matin

Patronat ivoirien/Alain Kouadio, président de la commission Économie et Finances: “ Pourquoi nous appelons au consensus ”

© Fraternité Matin Par DR
Alain Kouadio, Administrateur du patronat ivoirien et président de la commission Économie et Finances
Administrateur du patronat ivoirien et président de la commission Économie et Finances, Alain Kouadio lève le voile sur les enjeux de l’assemble générale du 5 septembre qui cristallise les passions.
Rarement Assemblée générale aura suscité autant de remous. Que se passe-t-il au patronat ?
Selon les textes qui régissent notre organisation, l’Assemblée générale nomme les membres du Conseil d’administration et ce sont ces derniers qui désignent l’un d’entre eux comme président.
De tout temps, le Conseil d’administration a privilégié la voie du consensus dans le choix du président du patronat ivoirien ...
C’est dans ce contexte qu’a été mis en place un comité en charge de la préparation de l’Assemblée générale 2013. Composé de huit administrateurs il a, entre autres missions, d’identifier un candidat de consensus. Après plusieurs échanges, le comité a conclu qu’il lui serait difficile d’en trouver dans des délais raisonnables.
Comme alternative, il propose au président Jean
Kacou Diagou la prorogation de son mandat d’une année, le temps de s’accorder sur un candidat. Après refus puis une longue hésitation, ce dernier finit par accepter la proposition du comité, tout en insistant pour que cette proposition soit validée par l’ensemble du Conseil d’administration d’une part et que, d’autre part, elle ne soit pas en porte-à-faux avec les textes qui régissent notre organisation. Il tenait à sa crédibilité et à son souci de bonne gouvernance. Le président du Comité de préparation des
élections a présenté, au Conseil d’administration, le 04 juillet
2013, la recommandation de proroger le mandat du président Diagou d’une année. Le
Conseil l’a approuvée à la quasi-unanimité (18 voixcontre 1).

Cette décision du Conseil sera-t-elle soumise au vote à l’Assemblée générale
du 05 septembre ?
Oui! Je ne pense pas que ce soit la prorogation du mandat du président Diagou qui est remise en cause. Comme je l’ai dit plus haut, c’est à la quasiunanimité que le Conseil a approuvé cette recommandation du comité de préparation de l’assemblée générale 2013.
Il ne devrait pas y avoir de suspicion puisque la décision du Conseil d’administration devra être soumise au vote à l’Ag du 05 septembre. Tous les membres, présents, ce jour, pourront faire valoir leur droit de vote. Il ne s’agit pas d’aller voter pour un nouveau mandat du président Diagou. Il s’agit de se prononcer sur l’opportunité
de proroger le mandat des administrateurs et celui du président Diagou d’un an. Le vote est transparent. Il n’y a donc pas à avoir de la suspicion.

Pourquoi ne pas aller directement à des élections avec des candidatures ?
La voie du consensus pour le choix du président du patronat est une bonne chose en soi.
C’est elle qui a forgé la cohésion de notre organisation et c’est cette cohésion que les administrateurs dont je suis membre ont cherché à préserver. Du président Aka Angui au président Diagou en passant par Zadi Kessy Marcel et feu Diack Diawara, tous ont été désignés par cette voie du consensus. L’expérience, dans les pays voisins, a démontré qu’à chaque fois qu’un patronat organise des élections, cela conduit immédiatement
à une scission de l’organisation. Tant que cette voie du consensus permettra de maintenir la cohésion au sein de notre organisation, nous ne devons pas nous en
écarter. D’ailleurs, le mandat du président Diagou n’a été prorogé qu’une seule fois. Cette prorogation a été votée à l’unanimité par l’Assemblée générale du 02 mai 2012. C’est la seule Ag qui s’est tenue après l’expiration du mandat de ce dernier en décembre 2011.
Pourquoi avoir attendu mai 2012 avant d’organiser une Assemblée générale, alors que le mandat du président Diagou était arrivé à expiration, depuis décembre 2010?
Conformément à nos textes, l’Assemblée générale de renouvellement des instances dirigeantes se tient, au plus tard, à la fin du premier semestre qui suit la fin du mandat du Conseil d’administration. Une Assemblée générale aurait dû se tenir donc, au plus tard, en juin 2011. Je me garderai de revenir sur les évènements douloureux que notre pays a vécus durant cette période. En juin 2011, très peu de chefs d’entreprise se souciaient du renouvellement des instances dirigeantes du patronat ivoirien.
Bon nombre d’entre eux étaient encore à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. Ceux qui
étaient présents au pays avaient à coeur de redresser leurs entreprises plutôt que de
se préoccuper de l’organisation d’une Assemblé générale de renouvellement
des instances dirigeantes. C’est d’ailleurs sous la pression de M. Diagou, qui se souciait de la situation de vide juridique dans laquelle le patronat se trouvait, que l’Ag de mai 2012 s’est tenue. Et lorsqu’il accepte la proposition du Conseil de proroger son mandat, c’est l’ensemble de l’Assemblée générale qui est soulagée, parce que personne n’était candidat à cette fonction.

Face à cette proposition, il y a eu la réticence du président Diagou.
Quelles en étaient les raisons?
La fonction de président du patronat qui est totalement bénévole, est extrêmement prenante et, par conséquent, requiert une forte disponibilité de la part de celui qui l’occupe. Patron d’un groupe d’entreprises composé de 25 sociétés implantées dans douze pays en Afrique, cela devenait très difficile pour lui de concilier les deux fonctions. Mais plus que cette raison, sa forte réticence était basée sur le fait que la prorogation du mandat pourrait être en porte-à-faux avec nos textes.

Et si l’Assemblée générale n’adhère pas à la proposition
du Conseil d’administration?
Le président Diagou se pliera à cette décision. Il l’a déjà annoncé. Et je trouverai cela dommage. Il a apporté plus à notre organisation que celle-ci ne lui a apporté. Jean Kacou
Diagou a rendu notre organisation crédible, à la fois auprès des institutions de notre pays que des bailleurs de fonds et des partenaires au développement.
Il a fait de notre organisation une institution qui compte. De par sa notoriété d’homme d’affaires sérieux et crédible, il a su convaincre nos gouvernants de l’importance
de s’appuyer sur un patronat fort pour un développement inclusif de notre pays. Aujourd’hui, aucune décision touchant au développement
économique et même social de notre pays n’est prise sans l’avis de notre organisation.
Bien que j’aspire à sa succession, j’ai l’intime conviction que ça serait dans l’intérêt de notre communauté qu’il reste encore une année à cette fonction.
L’enjeu, pour notre communauté des affaires, n’est pas la fonction de président, mais plutôt d’avoir une équipe forte et crédible capable de défendre nos intérêts économiques.

PROPOS RECUEILLIS PAR
D. YA
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