Le ministre de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly a officiellement ouvert le vendredi 6 septembre 2013 à Yamoussoukro l’atelier de validation du document d’opérationnalité de la réforme des filières coton et anacarde. Pour la presse, le patron du monde agricole a décidé de revenir sur les enjeux de cette réforme.
La loi est votée, mais une autre chose est de l’appliquer. Y a-t-il des dispositions particulières à ce niveau ?
La loi en elle-même ne s’applique pas. Elle doit s’appliquer par des décrets. Et ces décrets, pour être pertinents, ont besoin discussions qui vont dire comment l’appliquer, pour qu’au mieux l’objectif fixé par la loi soit appliqué. C’est ce qu’on appelle le document d’opérationnalisation de la réforme. C’est ce document qui fait l’objet de discussion ici (Yamoussoukro) entre les acteurs qui sont directement impliqués dans cette filière.
Et le point culminant dans le zoning ?
Dans la loi, il est dit que c’est une exception. La loi n’a pas fermé la porte. Ce qui importe, et vous le savez on a déjà expérimenté les deux systèmes. Avant la libéralisation, c’étaient des zoning qui étaient en cours. Et on s’est bien rendu compte que cela avait des avantages. Au moment de la libéralisation de la filière coton, il y a eu beaucoup de soucis, parce que cette libéralisation a fait que les égreneurs ou des producteurs pouvaient contractualiser avec certains égreneurs et aller vendre leur coton à d’autres égreneurs. Ce qui a fait qu’on a parlé de beaucoup de dettes croisées. C’était à peu près trente milliards de francs CFA que l’Etat a dû éponger. C’est pour éviter ces situations que la réforme a recommandé que chaque égreneur soit fixé dans une zone de manière à ce qu’on puisse contrôler son travail. Et nous assurer aussi qu’il fait l’encadrement parce que cela doit se juger par les rendements qui vont sortir de sa zone de compétence.
Coton et anacarde, deux spéculations qui n’ont rien de commun et vous voulez les mettre ensemble ?
En apparence, mais si vous regardez de très près elles sont très liées parce que les producteurs de coton sont les producteurs d’anacarde et cela se passe dans le même espace.
L’un est culture pérenne et l’autre culture annuelle. On peut avoir le sentiment qu’ils n’ont rien à avoir l’une avec l’autre, mais je vous dis que les producteurs de coton sont à la fois des producteurs d’anacarde et que ces spéculations ont lieu dans le même espace géographique. Mieux, lesdites spéculations ont toujours été gérées par la même structure. Il ne faudrait pas aussi multiplier les structures. Il faut faire des économies. Ce sont des filières qui ont aussi besoin d’être solidaires donc de mutualiser un certain nombre de charges. Et il suffit seulement de regarder la loi, vous verrez qu’elle prévoit qu’il y ait deux directeurs généraux adjoints, et dans le cas d’espèce, on pourrait avoir un directeur général adjoint en charge spécifiquement de l’anacarde et un autre en charge spécifiquement du coton.
Vous avez affirmé que cette réforme ne vient pas pour couper la tête à certains acteurs de la filière, mais on sait aussi qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Comment expliquez-vous ce phénomène?
Vous savez que toute réforme suscite des préoccupations et des opportunismes aussi. Il y a des gens qui ont une position et qui veulent saisir les réformes pour avoir les meilleures positions. C’est légitime, mais le gouvernement est regardant. Nous faisons une réforme où personne ne perdra tout, où personne ne gagnera tout.
A quand la date exacte de la mise en œuvre de ces réformes ?
Nous sommes en plein dans la mise en œuvre. Dès le moment où la loi a été votée, et après l’atelier de Yamoussoukro, nous aurons les décrets d’application et nous allons mettre en place la structure de cette gestion. Avant la fin de l’année, la structure doit être opérationnelle. Pour ce qui concerne l’atteinte des objectifs de la réforme, il faut être patient. Nous allons commencer par l’anacarde. Il faut qu’on atteigne un meilleur taux de transformation pour qu’on puisse avoir une maîtrise du prix qui sera servi au producteur. D’ici l’horizon 2015, nous espérons que les fruits de cette réforme seront perceptibles.
Un mot à l’endroit des producteurs qui sont sceptiques?
Quel est l’objet de leur scepticisme ? Cette réforme est faite justement pour les planteurs et donc je suis surpris qu’ils soient sceptiques. En réalité, le producteur de coton n’a pas une maîtrise de son compte d’exploitation. C'est-à-dire quand il doit avoir des intrants ce n’est pas lui qui décide à quel prix il prend les intrants. On lui facture les intrants. On lui prélève souvent l’encadrement alors qu’il n’est pas rendu. Ce sont des erreurs que nous voulons corriger à la faveur de cette réforme. En ce qui concerne la filière anacarde, quand les prix sont indiqués, vous voyez qu’il y a un désordre et chacun fait ce qu’il veut. Et certaines personnes tirent les prix vers le bas. La qualité est dégradée et l’origine Côte d’Ivoire ne permet pas de tirer le meilleur avantage de cette situation. Je pense que ce sont des filières qui sont en cours d’organisation avec pour objectif final de faire en sorte que les producteurs puissent gagner décemment leur vie en faisant la culture du coton et de l’anacarde.
Le dernier aspect est relatif à la transformation de l’anacarde. Elle pose beaucoup de problèmes. Au niveau financier, il y a des problèmes structurels. Est-ce que l’Etat peut faire quelque chose dans ce sens?
Oui si vous prenez cette réforme, l’état a prévu un fonds de développement des filières coton et anacarde. En ce qui concerne la filière coton, il s’agit de doubler pratiquement la production actuelle avec un vrai potentiel. Il s’agira de passer 350.000 tonnes à 600.000 tonnes d’ici 2015-2016. Pour l’anacarde, il sera question de faire passer la transformation de 5% à 35% à l’horizon 2015. Ce sont des orientations qui nécessitent des ressources. Il s’agit bien sûr de prendre des mesures incitatives qui feront en sorte que les investisseurs viennent investir dans les unités de transformation parce que nous allons leur offrir des avantages au niveau fiscal, mais aussi d’encourager l’initiative locale. Notamment les Ivoiriens qui veulent se mettre à l’industrialisation, à la transformation et qu’ils soient accompagnés avec la garantie de l’état.
Propos recueillis par Diallo Harry
La loi est votée, mais une autre chose est de l’appliquer. Y a-t-il des dispositions particulières à ce niveau ?
La loi en elle-même ne s’applique pas. Elle doit s’appliquer par des décrets. Et ces décrets, pour être pertinents, ont besoin discussions qui vont dire comment l’appliquer, pour qu’au mieux l’objectif fixé par la loi soit appliqué. C’est ce qu’on appelle le document d’opérationnalisation de la réforme. C’est ce document qui fait l’objet de discussion ici (Yamoussoukro) entre les acteurs qui sont directement impliqués dans cette filière.
Et le point culminant dans le zoning ?
Dans la loi, il est dit que c’est une exception. La loi n’a pas fermé la porte. Ce qui importe, et vous le savez on a déjà expérimenté les deux systèmes. Avant la libéralisation, c’étaient des zoning qui étaient en cours. Et on s’est bien rendu compte que cela avait des avantages. Au moment de la libéralisation de la filière coton, il y a eu beaucoup de soucis, parce que cette libéralisation a fait que les égreneurs ou des producteurs pouvaient contractualiser avec certains égreneurs et aller vendre leur coton à d’autres égreneurs. Ce qui a fait qu’on a parlé de beaucoup de dettes croisées. C’était à peu près trente milliards de francs CFA que l’Etat a dû éponger. C’est pour éviter ces situations que la réforme a recommandé que chaque égreneur soit fixé dans une zone de manière à ce qu’on puisse contrôler son travail. Et nous assurer aussi qu’il fait l’encadrement parce que cela doit se juger par les rendements qui vont sortir de sa zone de compétence.
Coton et anacarde, deux spéculations qui n’ont rien de commun et vous voulez les mettre ensemble ?
En apparence, mais si vous regardez de très près elles sont très liées parce que les producteurs de coton sont les producteurs d’anacarde et cela se passe dans le même espace.
L’un est culture pérenne et l’autre culture annuelle. On peut avoir le sentiment qu’ils n’ont rien à avoir l’une avec l’autre, mais je vous dis que les producteurs de coton sont à la fois des producteurs d’anacarde et que ces spéculations ont lieu dans le même espace géographique. Mieux, lesdites spéculations ont toujours été gérées par la même structure. Il ne faudrait pas aussi multiplier les structures. Il faut faire des économies. Ce sont des filières qui ont aussi besoin d’être solidaires donc de mutualiser un certain nombre de charges. Et il suffit seulement de regarder la loi, vous verrez qu’elle prévoit qu’il y ait deux directeurs généraux adjoints, et dans le cas d’espèce, on pourrait avoir un directeur général adjoint en charge spécifiquement de l’anacarde et un autre en charge spécifiquement du coton.
Vous avez affirmé que cette réforme ne vient pas pour couper la tête à certains acteurs de la filière, mais on sait aussi qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Comment expliquez-vous ce phénomène?
Vous savez que toute réforme suscite des préoccupations et des opportunismes aussi. Il y a des gens qui ont une position et qui veulent saisir les réformes pour avoir les meilleures positions. C’est légitime, mais le gouvernement est regardant. Nous faisons une réforme où personne ne perdra tout, où personne ne gagnera tout.
A quand la date exacte de la mise en œuvre de ces réformes ?
Nous sommes en plein dans la mise en œuvre. Dès le moment où la loi a été votée, et après l’atelier de Yamoussoukro, nous aurons les décrets d’application et nous allons mettre en place la structure de cette gestion. Avant la fin de l’année, la structure doit être opérationnelle. Pour ce qui concerne l’atteinte des objectifs de la réforme, il faut être patient. Nous allons commencer par l’anacarde. Il faut qu’on atteigne un meilleur taux de transformation pour qu’on puisse avoir une maîtrise du prix qui sera servi au producteur. D’ici l’horizon 2015, nous espérons que les fruits de cette réforme seront perceptibles.
Un mot à l’endroit des producteurs qui sont sceptiques?
Quel est l’objet de leur scepticisme ? Cette réforme est faite justement pour les planteurs et donc je suis surpris qu’ils soient sceptiques. En réalité, le producteur de coton n’a pas une maîtrise de son compte d’exploitation. C'est-à-dire quand il doit avoir des intrants ce n’est pas lui qui décide à quel prix il prend les intrants. On lui facture les intrants. On lui prélève souvent l’encadrement alors qu’il n’est pas rendu. Ce sont des erreurs que nous voulons corriger à la faveur de cette réforme. En ce qui concerne la filière anacarde, quand les prix sont indiqués, vous voyez qu’il y a un désordre et chacun fait ce qu’il veut. Et certaines personnes tirent les prix vers le bas. La qualité est dégradée et l’origine Côte d’Ivoire ne permet pas de tirer le meilleur avantage de cette situation. Je pense que ce sont des filières qui sont en cours d’organisation avec pour objectif final de faire en sorte que les producteurs puissent gagner décemment leur vie en faisant la culture du coton et de l’anacarde.
Le dernier aspect est relatif à la transformation de l’anacarde. Elle pose beaucoup de problèmes. Au niveau financier, il y a des problèmes structurels. Est-ce que l’Etat peut faire quelque chose dans ce sens?
Oui si vous prenez cette réforme, l’état a prévu un fonds de développement des filières coton et anacarde. En ce qui concerne la filière coton, il s’agit de doubler pratiquement la production actuelle avec un vrai potentiel. Il s’agira de passer 350.000 tonnes à 600.000 tonnes d’ici 2015-2016. Pour l’anacarde, il sera question de faire passer la transformation de 5% à 35% à l’horizon 2015. Ce sont des orientations qui nécessitent des ressources. Il s’agit bien sûr de prendre des mesures incitatives qui feront en sorte que les investisseurs viennent investir dans les unités de transformation parce que nous allons leur offrir des avantages au niveau fiscal, mais aussi d’encourager l’initiative locale. Notamment les Ivoiriens qui veulent se mettre à l’industrialisation, à la transformation et qu’ils soient accompagnés avec la garantie de l’état.
Propos recueillis par Diallo Harry