“L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange, fait la bête ». Cette vérité universelle, Blaise Pascal l’explique dans ses « Pensées ». Il appartient à l’Homme de comprendre qu’il y a quelque chose de grand en lui qui doit nécessairement le conduire à faire le bien. En même temps, il doit avoir à l’esprit qu’en voulant trop bien faire, il risque de se faire prêter de mauvaises intentions ou encore d’être mépris de bonnes intentions qui sous-tendent son souci de procurer le bien autour de lui. C’est la relation ambigüe qu’entretient en ce moment le Président de la République avec son opposition. Le président Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir dans les conditions que tout le monde en Côte d’Ivoire connait. Il avait toutes les raisons de se venger. Car, de mémoire d’Ivoiriens, jamais un homme n’a été autant vilipendé et humilié. Alassane Ouattara a tout subi, même l’inimaginable. « Monè des monè », le corps de sa mère enterré au cimetière de Williamsville, a été déterré et profané par des partisans de ceux-là même qui sont aujourd’hui dans l’opposition. Mais le fils de Hadja Nabintou Cissé n’a pas bronché. Au contraire, il a tout pardonné. Il l’a maintes fois répété. Et depuis qu’il est le premier magistrat de ce pays, tous les actes qu’il pose, le démontrent. Ouattara a remporté l’élection présidentielle. Le monde entier a reconnu cette victoire. Même l’Union africaine que le FPI a appelée au secours, dans son communiqué final du 10 mars 2011, a tranché en faveur de l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny. En guise de réponse, le FPI et Laurent Gbagbo lui ont opposé une guerre sans merci. Le conflit a causé la mort de plus de 3000 personnes. Pour la plupart les partisans du candidat du RHDP. Mais, arrivé au pouvoir, le chef de l’Etat a toujours multiplié des gestes forts à l’endroit de son opposition. Libération des auteurs de la grande tuerie orchestrée au cours de la période électorale, dégel des avoirs, restitution des biens confisqués, retour des réfugiés pro-Gbagbo et bien d’autres actes posés dans le sens de la réconciliation nationale. Dans ces prises de parole, jamais Alassane Ouattara a appelé à la haine contre ses adversaires et ses ennemis. Mieux, il a toujours recherché la concorde et la paix. Car, son premier souci est de trouver les voies et les moyens pour faire avancer la Côte d’Ivoire et servir son peuple. Ouattara sait qu’il ne peut le faire que dans un environnement apaisé et dans une Côte d’Ivoire unie et rassemblée. Pour la réalisation de cette vision, il est prêt à tous les sacrifices. La libération de Pascal Affi N’Guessan, Michel Gbagbo, Abou Drahamane Sangaré, Sokouri Bohui, Bro Grébé, Lida Kouassi, Kuyo Téa et les autres s’inscrit dans cette obsession de Ouattara de faire de la Côte d’Ivoire un havre de paix et surtout un modèle de développement jamais égalé dans la sous-région. Le refus d’accéder à la demande de la Cour pénale internationale qui réclame Simone Gbagbo pour la juger abonde dans la ferme volonté du Président de la République de ramener la sérénité et la quiétude dans son pays. Le président Ouattara ne le fait pas sous une quelconque pression. Contrairement à ce que veut faire croire la presse proche du FPI. Mais pour sa passion pour la Côte d’Ivoire. Le chef de l’Etat n’a pas libéré les pro-Gbagbo sous la contrainte. Il n’a pas non plus accepté de rejeter la requête de la CPI en ce qui concerne Simone Gbagbo pour faire plaisir à quelqu’un. Mais, c’est pour enlever tout argument à tous les illuminés qui rêvent encore d’un « match retour » à Abidjan. Le président Ouattara et son gouvernement veulent prendre à son propre piège l’aile dure de l’opposition. Parce que, en dépit des gages de bonne foi donnés par le pouvoir, certains barons du FPI, en exil comme à l’intérieur, multiplient les manœuvres pour déstabiliser le régime. Des réunions sont nuitamment organisées, en ce moment, pour mettre en ?uvre des projets funestes pour la Côte d’Ivoire. Des troubles et des mouvements sociaux sont prévus dans les jours à venir. Les auteurs et leurs commanditaires veulent s’appuyer sur le prétexte des prisonniers politiques pour s’attaquer militairement au pouvoir actuel. Les cellules dormantes, à Abidjan comme à l’intérieur du pays, sont déjà prêtes à reprendre du service. De nombreux militaires qui étaient en exil, selon nos sources, sont rentrés. Ils n’attendent qu’un signal pour perpétrer des actes de terrorisme contre les positions des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire. L’attaque du corridor de Gbanguié II, par des individus en armes, samedi dernier, dans la sous-préfecture de Rubino, selon nos sources, est une sorte de répétition avant la lettre. L’agression armée, qui a fait un mort dans les rangs des FRCI, a été menée par des miliciens et anciens militaires tapis dans la région de l’Agnéby. Nos sources sont formelles. De telles opérations militaires se multiplieront ces jours-ci à travers le pays. Le Gouvernement, malgré tout, continue de se réunir avec l’opposition dans le cadre du dialogue et républicain et du dialogue direct avec le FPI. Car, en homme politique avisé, il s’est que la rupture du consensus républicain fait le lit des extrémistes. D’où la multiplication des gestes d’apaisement et de décrispation pour leur couper l’herbe sous les pieds. Le président Ouattara n’est pas un ange, encore moins une bête. Mais, il sait décrypter les signes et être à l’écoute de son peuple. Aujourd’hui, le Président de la République, à force de faire l’ange, est perçu dans son propre camp comme un naïf. Beaucoup de ses partisans qui vivent encore les séquelles de la crise postélectorale, se demandent s’il n’a pas perdu la tête. Mais Ouattara pour la Côte d’Ivoire est prêt à tous les sacrifices. L’aile dure du FPI et de sa branche armée qui tient forcément à son « match retour », déroulera certainement le logiciel jusqu’au bout. Au moins, l’histoire retiendra que ce n’est pas par lui que le scandale est arrivé. Or que dit la Bible à ce sujet : « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! ».
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly