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Politique Publié le samedi 5 octobre 2013 | Nord-Sud

Dr Maurice Fahé, économiste, politologue : “Sans alliance, il sera difficile de gagner”

Le docteur Maurice Fahé, économiste et analyste politique, explique, dans la configuration actuelle, l’intérêt pour chacun des trois grands partis de nouer des alliances, dans l’optique de la future présidentielle en Côte d’Ivoire.

Que pensez-vous de l’agitation à laquelle l’on a assisté avant l’ouverture du douzième congrès du Pdci ?
Moi, je ne dirai pas qu’il s’agit d’agitation. Ce sont des phénomènes tout à fait normaux, dans le cadre d’une organisation politique de la nature du Pdci, qui est un vieux parti, avec beaucoup de cadres et des militants de toutes sortes. Donc il est normal qu’à l’approche du congrès d’un tel parti, chacun cherche à faire la loi.

Un des enjeux du congrès, c’est la présidentielle de 2015, le Pdci en alliance avec le Rdr. N’y a-t-il pas de risque d’avoir quelques tensions entre le Pdci et le Rdr en 2015 ?
Au vu de la dernière élection présidentielle, les membres du Rhdp ont présenté chacun un candidat au premier tour et se sont rangés derrière le candidat qui était le mieux placé, au second tour. Donc de ce point de vue, on ne peut pas préjuger qu’il y aura des remous, à la suite de la présentation d’un candidat par le Pdci, si cette disposition ne change pas.

Au Rdr aussi, il y a quelques agitations. Pensez-vous que le Rdr va pouvoir se remettre en ordre de bataille pour la présidentielle de 2015 ?

De toutes les façons, les instances des partis politiques sont comme des corps vivants. Il y a des courants qui se forment sur la base des idées qui sont défendues, des programmes qui sont présentés et puis, le congrès vient en fin de compte décider de la ligne d’orientation qu’il faut adopter. Mais, à dire vrai, les débats auxquels on assiste sont des débats d’idées. Il fut une époque ou les courants se formalisaient et, si vous vous rappelez d’ailleurs, au sein du Pdci, il y avait qu’on appelait la rénovation qui, finalement est devenue un parti, c’est-à-dire le Rdr. Voyez-vous, le Pdci et le Rdr sont deux partis de cadres. En matière de science politique, on distingue les partis de masses et les partis de cadres. Dans le cas du Pdci et du Rdr, nous avons affaire à des partis notables, dans lesquels chacun croit en sa force, à un moment donné, et regroupe autour de lui des gens, des personnes. Mais, la majorité, c’est le congrès qui l’accorde.

Face justement à la base qui grogne, la direction du Rdr, composée de cadres, parviendra-t-elle à ramener tout le monde autour de la candidature de M. Ouattara ?
Pour l’instant, nous n’avons pas un parti de masse, puissant, qui pourrait rallier tous les mécontents, mais, c’est à voir.

Voyez-vous, nous sommes dans un pays ou les gens sont moins attachés à l’orientation politique, aux objectifs à atteindre, qu’à la satisfaction personnelle qu’ils peuvent tirer d’une situation donnée. Les difficultés qui sont à la base de la grogne à laquelle vous faite référence, ne sont pas propres à la Côte d’Ivoire. La seule particularité de la Côte d’Ivoire, c’est qu’elle est un pays qui sort d’une crise longue et difficile. Ce qui fait qu’il y a des difficultés supplémentaires à affronter. Mais, je reste persuadé que le gouvernement, avec à sa tête le président de la République, a cons­cience des moyens qu’il entend mettre en œuvre, pour donner satisfaction au plus grand nombre de gens possible.

Le gouvernement demande dans ce sens un peu de patience et que d’ici 2014, les Ivoiriens devraient commencer à sentir la croissance. L’économiste que vous êtes, êtes-vous d’avis avec lui ?

Si on ne regarde que les indicateurs macro-économiques, ils sont bons. Disons que les voyants sont plutôt au vert. Mais aujourd’hui, l’emploi constitue un enjeu politique. La plus grande partie de la population est jeune et parmi ces jeunes, il y en a beaucoup qui sont sans emploi. Il y a un chômage très élevé.

Le régime va donc être jugé sur sa capacité à trouver des solutions à la question des emplois. Et, le président de la République l’a dit lors de son retour de New York. Il a fait savoir qu’il y aurait encore 55.000 ex-combattants à démobiliser et à réinsérer. Cela fait du monde.

Dans ces conditions, pensez-vous que sans alliance, Alassane Ouattara est en mesure de se faire réélire en 2015 ?

Si je regarde la structuration politique en Côte d’Ivoire, aucun parti, tout seul ne peut, aujourd’hui, gagner une élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Mais ça, ce sont des hypothèses, les voix des gens ne sont pas dans un bocal qu’on peut déposer automatiquement de tel côté ou tel autre. Les gens sont libres de choisir qui ils veulent, mais, de façon globale, nous avons trois grands partis : le Pdci, le Rdr et le Fpi. Sans alliance entre deux au moins de ces partis, il sera absolument difficile, pratiquement impossible, d’obtenir la majorité absolue, de gagner l’élection présidentielle.


Réalisé par Marc Dossa
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