x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Art et Culture Publié le lundi 21 octobre 2013 | Ministères

cérémonie de décoration à titre posthume du journaliste Jean Hélène : le discours de madame le Ministre de la communication

© Ministères Par Atapointe
Hommage: Jean Helène fait officier de l`ordre national par la grande chancelière
Abidjan 21 Octobre 2013.Abidjan. Cocody. le journaliste français Christian Baldensperger dit Jean Hélène été élevé à titre posthume, au grade d’officier de l`ordre national ivoirien, par la Grande chancelière Henriette Dagri Diabaté. Photo : Le ministre de la Communication, porte-parole adjoint du gouvernement, Me Affoussiata Bamba-Lamine
- Madame la Grande Chancelière de l’Ordre National, Mme Henriette DAGRI-DIABATE ;
- Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ;
- Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères ;
- Monsieur le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, des Libertés Publiques et des Droits de l’Homme ;
- Monsieur l’Ambassadeur de la République Française près la République de Côte d’Ivoire ;
- Messieurs les Présidents des organes de régulation de la presse ivoirienne ;
- Madame la Présidente de France Médias Monde, Mme Marie-Christine Saragosse ;
- Madame et Messieurs les Directeurs Généraux et Directeur des médias d’Etat ivoiriens ;
- Monsieur le frère de feu Jean Hélène ;
- Mesdames et Messieurs les amis de feu Jean Hélène ;
- Honorables invités ;
- Mesdames et Messieurs.

Il est largement acquis de nos jours que la liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique, l’une des conditions primordiales de son progrès et de l’épanouissement de chacun.

Cependant, il faut se souvenir qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Que des gens ont payé cher, parfois de leur vie, leur attachement à la liberté, et leur détermination à mettre la liberté d’expression au service de la vérité.

Feu Jean Hélène, le journaliste émérite dont la décoration à titre posthume nous rassemble aujourd’hui, appartient à cette catégorie de combattants intrépides de la liberté, que nous ne devons jamais oublier.

De son vrai nom Christian BALDENSPERGER, Jean Hélène, aurait eu 60 ans en cette année 2013. Mais ce valeureux journaliste a été froidement assassiné le 21 octobre 2003 à Abidjan, par un policier fanatisé par une campagne de haine et d’intolérance orchestrée par des ennemis de la liberté. « Si la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie», écrivait Jacques Prévert.


Jean Hélène a été tué parce qu’il croyait en la liberté vraie, et tenait à dire la vérité sur ce qu’il voyait et entendait dans cette Côte d’ivoire, otage à l’époque des forces de la haine.

En effet, Jean Hélène ne faisait que son travail d’informer : il voulait recueillir les premiers mots d’opposants politiques jetés en prison pour leurs opinions, et qui venaient d’être libérés, après une forte mobilisation nationale et internationale qui avait réussi à faire plier un régime autiste, peu soucieux des libertés.

Mesdames et Messieurs, nous sommes donc réunis en ce 21 octobre 2013, date du 10ème anniversaire de la tragique disparition de Jean Hélène, pour rendre hommage à ce professionnel de l’information et à cet ami de l’Afrique, victime de la folie humaine et martyr de la liberté.
Ainsi, son attachement à l’Afrique et son courage ont conduit Jean Hélène en Côte d’Ivoire, après de longs séjours professionnels aux endroits les plus chauds de notre continent, notamment le Rwanda, la République Démocratique du Congo, le Soudan, la Somalie, la Sierra Leone, pour ne citer que ces pays jadis ravagés par la guerre.
Nous sommes également ici pour témoigner notre solidarité envers la famille biologique de Jean Hélène et celle, plus vaste, de sa famille de Radio France Internationale, et de l’ensemble des professionnels de l’information qui gardent un souvenir ému de ce jour tragique. Si l’objectif des coups de feu tirés à bout portant contre Jean Hélène était de tuer la liberté d’informer, notre présence massive dans cette salle de la Grande Chancellerie, à cette commémorative, atteste bien de l’échec de ce projet funeste. On a tué Jean Hélène, mais on n’a pas pu assassiner l’aspiration à la liberté si fermement chevillée au corps de tout démocrate.

En effet, Mesdames et Messieurs, la démocratie est toujours plus forte que le fanatisme, et nos valeurs ne doivent jamais plier devant le malheur, si grand soit-il. « Gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait », disait Clemenceau. Le courage et l’opiniâtreté de Jean Hélène n’ont pas été vains : la Côte d’Ivoire a vécu, en dépit du fait qu’à l’époque de son assassinat, les journalistes et les citoyens ordinaires dont les opinions étaient différentes des thèses officielles, se voyaient contraints au silence ou à la clandestinité.

Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire les choses ont changé positivement, car les journalistes de la presse nationale et internationale exercent leur profession sans aucune entrave et sans aucun souci pour leur intégrité physique.

C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs les membres de la famille biologique et professionnelle de feu Jean Hélène, au nom du gouvernement, je m’incline avec respect devant la douleur qui pèse dans vos cœurs.

Je voudrais également partager, avec vous au cours de cette cérémonie, empreinte de gravité, votre fierté légitime de savoir que Jean Hélène fut un modèle de professionnalisme et de courage avérés. Par son engagement pour la liberté d’informer, il a contribué à l’avènement d’une Côte d’Ivoire libre et démocratique.
Aussi, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, a-t-il autorisé que le valeureux défunt Jean Hélène soit élevé ce jour à titre posthume, au grade de Chevalier ou Officier dans l’Ordre National, par Madame la Grande Chancelière. Cette décoration est le témoignage de la gratitude et de la reconnaissance du gouvernement ivoirien pour tout ce que Jean Hélène a accompli dans le cadre de sa mission d’information de l’opinion ivoirienne et internationale sur la Côte d’Ivoire.

Madame la Grande Chancelière, je voudrais donc respectueusement vous demander de bien vouloir transmettre au Chef de l’Etat, mes remerciements déférents et ceux de toute la presse, pour avoir autorisé la présente remise de décoration. Ce faisant, le Président de la République honore non seulement le défunt Jean Hélène, mais également s’associe à la douleur de sa famille, et au-delà à celle de son pays, la France, unie à la Côte d’Ivoire par des liens historiques séculaires.

Bien évidemment, Madame la Grande Chancelière, je voudrais vous exprimer mon infinie gratitude, pour avoir accepté de reporter de vingt quatre heures, votre participation à la réunion des Grands Chanceliers d’Afrique, qui débute ce jour même à Cotonou au Bénin. La remise en mains propres de la médaille à la famille éplorée de feu Jean Hélène, à laquelle vous procéderez tout à l’heure, confère une plus grande dimension à la présente cérémonie.

A mes vous mes collègues, Messieurs les Ministres, je salue votre présence à cette cérémonie et vous en remercie par conséquent. J’y vois la double preuve de la solidarité des membres du gouvernement et du soutien moral de ceux-ci aux proches du disparu et à la France, représentée ici par son Ambassadeur, Son Excellence Monsieur Georges SERRE. Monsieur l’Ambassadeur, soyez remercié pour votre présence distinguée à nos côtés, en cette occasion solennelle.

Enfin, j’adresse mes remerciements aux proches de feu Jean Hélène notamment son épouse, son frère, ses amis et confrères, venus de la France et d’ici, pour que nous célébrons ensemble la mémoire de cet homme modeste et courtois doublé du journaliste courageux et pondéré, qu’il fut, malgré une grande notoriété internationale. Je mesure donc à quel point vous aviez dû souffrir de la séparation tragique d’avec cet être cher à vos cœurs.
Pour conclure, je voudrais souhaiter que la cérémonie d’hommage posthume à Jean Hélène de ce 21 octobre 2013 soit aussi pour tous les ivoiriens, une occasion de revisiter attentivement le passé récent de notre pays, d’en méditer les leçons, et d’honorer la mémoire de toutes les victimes de la haine et de l’intolérance.

Puissions-nous retirer de ces souvenirs émus, les ferments d’un engagement résolu pour que de pareilles atrocités ne soient plus jamais commises ni en Côte d’Ivoire ni partout ailleurs dans le monde.

C’est sur cette espérance que je clos mes propos non sans avoir réitéré ma reconnaissance à toutes et à tous, pour vos présences distinguées à la cérémonie de décoration de ce jour.

Je vous remercie !

Affoussy Bamba Lamine, Ministre de la communication
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Art et Culture

Toutes les vidéos Art et Culture à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ