Lors du dernier conseil des ministres, il a été lu un décret portant sur l’interdiction du téléphone portable au volant de même que l’interdiction de l’utilisation de kits mains libres. Cette décision, oh combien louable, a été prise dans le cadre des mesures liées à la prévention et la sécurité routière. Eh bien bravo, ne sommes-nous pas sur le chemin de l’émergence ? Et tout pays sur cette voie se doit d’avoir des lois modernes et dans l’ère du temps, n’est ce pas ? (...) Loin de moi l’idée d’attaquer le bien fondé d’un tel décret et de son exécution, mais tout de même n’oublions pas qui nous sommes, d’où nous venons et ce que nous voulons. Serait-il possible aux ministères de tutelles de communiquer le nombre d’accident de la route sur 2012 et à date, en indiquant le nombre de blessés, le nombre de morts, le nombre d’invalides et surtout identifier les causes de ces accidents ? Serait-il possible aux ministères de tutelles de communiquer le nombre de procès verbaux dressés pour infractions au code de la route et les différents types d’infractions commises ? Autrement dit, nous communiquer les statistiques qui nous permettraient de comprendre que l’utilisation du portable au volant et autres kits mains libres serait l’une des causes réelles d’accidents d’où l’urgente nécessité d’un tel décret en lieu et place d’un autre. Et quid de son application ? Où en sommes-nous quant aux décrets pris sur la salubrité, le tabagisme dans les lieux publics et la répression de l’alcool au volant ? Ah je m’excuse ce dernier point n’a pas encore fait l’objet d’un décret. Et pourtant, il suffit juste de se promener samedi soir pour en voir l’urgence… On se rappelle encore de cette campagne non gouvernementale de sensibilisation sur le sujet. Il suffit à n’importe quel individu de conduire une dizaine de minute en Cote d’ Ivoire pour répertorier un nombre incalculable d’acte d’incivisme au volant et d’irresponsabilités de certains conducteurs, et surtout pour apprécier le triste ballet des automobiles, que dis-je des corbillards et autres cercueils ambulants. Ces mêmes conducteurs arpentent nos avenues et rues sans être inquiétés par la gendarmerie et la police. Ne me parlez surtout pas de contrôle technique. Au vu de certains comportements on se demande encore comment est attribué le permis de conduire en Côte d’Ivoire et s’il a vraiment fait l’objet d’une réforme. De nombreux conducteurs ignorent totalement la signification de la signalisation routière quand elle existe. En regardant certains poids lourds que je qualifierais d’arme de destruction massive, je me demande si on a encore un peu de sympathie pour les ivoiriens que nous sommes. Et je ne cite même pas les transporteurs routiers et autres chauffeurs d’autocars qui conduisent sans observer l’arrêt obligatoire journalier, afin de ne pas s’endormir au volant et endeuiller les Ivoiriens. Comment peut-on passer avec succès le code de la route dans cette Côte d’Ivoire en étant illettré et analphabète ? Quand aux taxis communaux (wôrôs-wôrôs) et mini bus (gbakas et badjans) il suffit de les apercevoir pour vraiment se demander s’il n’y avait pas urgence à prendre un autre décret en lieu et place de celui pris(...) Je suis d’accord pour le progrès sous toutes ses formes. Certaines décisions ne demandent aucun investissement, mais au vu de ce que nous voyons il fort aisé de penser que nous assistons une fois de plus à un effet de fumée. Ne devenons pas des champions de l’abstrait et de vue de l’esprit avec des décisions sans mesures ni suivi et pire encore sans indicateurs de performance. N’hésitons pas à revoir notre méthodologie et à user de pédagogie car si nous progressons sans nous atteler à avoir des bases solides je crains que nous restions des nains avec des pieds d’argiles.
Citoyennement vôtre
Ameyah KOFFI
Citoyennement vôtre
Ameyah KOFFI