Les populations de San-Pedro, à l’instar de tous les habitants de la Côte d’Ivoire, ont été informés de la prise d’un décret en conseil des ministres du vendredi 18 octobre 2013, portant interdiction de l’usage du téléphone portable et de kit mains-libres en situation de conduite automobile. Décret visant à lutter contre l’usage du téléphone au volant afin de préserver les populations d’une autre cause supplémentaire d’accident de la circulation. Bien qu’ayant bien accueilli cette loi, les populations de la seconde ville portuaire se prononcent sur les difficultés d’applicabilité de cette interdiction, pour deux raisons. La première est que des opérateurs économiques, directeurs de sociétés et autres ‘’grands types’’ roulent dans de grosses cylindrées aux vitres tintées. Autre pratique qui avait été interdite et qui a toujours cours. « Ici à San-Pedro, ‘‘les grands types’’, les directeurs de société et autres opérateurs économiques roulent tous dans des voitures à vitres tintées. Comment les policiers vont-ils les voir en train de téléphoner au volant pour les verbaliser ? », se demande K. Jean-Marie. « A moins que les policiers ne s’arrêtent au beau milieu de la voie, au risque de se faire ‘‘ramasser’’, afin de voir par la vitre avant, le conducteur, s’il téléphone ou pas », ajoute avec un brin d’ironie, D. Issa. Et Dabila S. d’ajouter : « Cette loi sera seulement appliquée et applicable aux petits citoyens qui n’ont pas de grosses cylindrées à vitres tintées et aux chauffeurs de taxis. Alors que la loi doit s’appliquer à tout le monde ». La seconde raison de leur scepticisme va vers les corps habillés. « Nos corps habillés, policiers et gendarmes ne sont pas encore sortis des sentiers battus des ‘’1000 F, 1000 F’’ qu’ils prennent aux chauffeurs. S’ils mettent la main sur un usager fautif qui doit payer 10 000 F, après avoir ‘’parlementé’’, ce dernier lui tend 5 000 F, cinq fois ce qu’il attendait, par habitude, je pense que cet usager ne sera pas verbalisé officiellement », analyse un cadre d’assurance. A son ami d’ajouter : « Vu sous cet angle et ce qui est proche de la réalité, ce sont les poches des agents qui vont se remplir en lieu et place des caisses de l’Etat. Et le téléphone au volant poursuivra son petit bonhomme de chemin », conclura-t-il. Pour les habitants de la ville balnéaire, il faut d’abord rendre effective, l’interdiction des vitres tintées avant de s’attaquer à ce qui se ferait à l’intérieur dans un premier temps. Dans un second temps, trouver les moyens et les agents appropriés pour mener à bien la mission. Sinon, ce serait une autre manière officielle d’aider les agents à s’en mettre plein les poches.
SORY BLINTIAKA (Correspondant)
SORY BLINTIAKA (Correspondant)