Fin de procès, hier, pour la trentaine d’ex-dirigeants des 5 anciennes structures de gestion (Bcc, Fdpcc, Fgccc, Arc, Frc) de la filière café-cacao. Qui étaient, jusque-là, entendus au tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, comme prévenus dans l’ «affaire café-cacao». Et qui ont entendu le verdict tomber, comme un couperet, de la bouche du juge Ahmed Souleymane Coulibaly, après 18 mois de comparution devant lui. Verdict qui fait état de 20 ans de privation de liberté, assorti d’une amende individuelle de 3 millions F Cfa, en plus de la confiscation de leurs biens mobiliers et immobiliers, corporels et incorporels et de 5 ans d’interdiction de leurs droits civils et civiques tels que prévus, a précisé le juge, à l’article 166 du code pénal. Des condamnations pénales qui ont jeté un grand coup d’émoi dans la salle d’audience et qui visent, en effet, une quinzaine parmi ces prévenus, dont d’illustres noms (Henri Amouzou, Théophile Kouassi, Lucien Tapé Do, Firmin Kouakou, Zoungrana Placide, Angéline Kili, Jean-Claude Bayou, Joëlle Adou, Gbogou Didier, etc.) reconnus coupables des 5 chefs-d’accusation (abus de biens sociaux, abus de confiance, détournements de deniers publics, faux et usage de faux, escroquerie) pour lesquels ils étaient poursuivis par le parquet soutenu, en cela, par la partie civile. En condamnant aussi «in solidum» certains prévenus que sont Henri Amouzou, Théophile Kouassi, Firmin Kouakou, Jean-Claude Bayou, Angéline Kili, à payer 67 milliards F Cfa, à titre de dommages et intérêts, au tribunal et en donnant 20 jours aux 15 condamnés pour interjeter appel, le juge Ahmed Souleymane Coulibaly a expliqué les raisons du verdict : «L’activité du café-cacao est, depuis longtemps, la principale ressource financière de la Côte d’Ivoire. Tout ce qui touche à cette filière est donc sensible. Le tribunal considère que les fonds de la filière café-cacao sont des ressources publiques, alors qu’ils n’ont pas été utilisés comme tels par ces ex-dirigeants», a-t-il fait savoir. Invoquant, entre autres, l’article 110 du code pénal qui fait l’énoncé des circonstances aggravantes pour la quantité des fonds détournés, et qui interdit aussi, selon lui, l’application des circonstances atténuantes aux coupables. «Le tribunal rejette les exceptions soulevées par la défense et ne retient pas toutes les infractions civiles qui n’ont pas de lien avec le pénal», a-t-il argumenté. Avant de marteler, à l’attention des inculpés : «Vous êtes coupables des faits et infractions qu’on vous reproche, parce que vous avez confondu les patrimoines des sociétés de gestion de la filière café-cacao aux vôtres», a-t-il signifié. En prononçant la relaxe pure et simple pour près d’une quinzaine d’autres prévenus.
SYLVAIN TAKOUE
SYLVAIN TAKOUE