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Société Publié le samedi 30 novembre 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Vincent Depaul (Président international de ‘’Maison des enfants) à cœur ouvert :‘‘C’est en travaillant en synergie qu’on pourra protéger les enfants’’

Président international de l’Ong ‘’Maison des enfants’’, l’ivoiro-italien Vincent Depaul, résidant en Italie étqit de passage à Abidjan dans le cadre de la redynamisation de l’antenne ivoirienne de son organisation s’est confié à l’Intelligent d’Abidjan. Dans cet entretien, le journaliste reconverti en humanitaire lève le voile sur les domaines d’intervention de son organisation en matière d’aide à l’enfance en difficulté et appelle à une action en synergie pour mener à bien la protection de l’enfant dans le monde.
Présentez-vous ainsi que l’organisation que vous présidez
Je suis Vincent Depaul, président international de l’Ong ‘’Maison des enfants’’ qui a son siège en Italie et une filiale en Côte d’Ivoire en ce qui concerne le siège ouest-africain. Et des sièges qui dépendront de la Côte d’Ivoire, au Burkin-Faso, au Mali, en Sierra-Léone et d’autres pays où nous sommes en train d’étudier les possibilités pour ouvrir des antennes. Nous sommes une Ong qui a déjà eu un prix de mérite de l’Union Européenne décerné par la région de Melia Romania où nous avons notre siège légal et aussi un prix du Ministère de la solidarité sous le régime du président Gbagbo.

Quand est-ce que l’organisation a été créée et qu’est-ce qui a motivé cette création ?
L’Ong a été créée en 2000 en Italie. Avec la crise ivoirienne, nous étions déjà présents en Côte d’Ivoire dès 2002. Notre objectif était de soutenir les enfants qui fuyaient la guerre. Mais avec le temps, l’Ong a su s’orienter dans le domaine de la santé des enfants, dans le domaine scolaire, dans la formation agricole et dans le domaine de la défense des droits des enfants. En ce qui concerne le domaine de la santé, nous avons équipé des dispensaires, des hôpitaux, des maternités. Nous avons offert des ambulances.

Qu’est-ce qui vous a poussé à avoir une antenne de votre organisation à Abidjan ?
En réalité, la « Maison des enfants » est une Ong internationale. Et nous faisons partie de la commission coopération internationale en Italie. Disons dans la région où nous sommes basés, notre Ong fait partie du comité qui fait la coopération internationale. C’est dans cette optique que nous ne sommes, pas seulement en Côte d’Ivoire, mais, nous sommes présents dans d’autres pays de l’Afrique, comme le Burkina-Faso où nous avons adopté à distance des enfants, au Mali où nous avons déjà posé quelques actions et pris des attaches, en Sierra-Léone où nous nous appuyons sur des religieux italiens qui sont présents et maintenant en Côte d’Ivoire. Comme je l’ai dit tantôt, c’était à partir de la Côte d’Ivoire qu’on devait piloter les autres sections ou sièges. Malheureusement, ça n’a pas fonctionné comme il se devait et c’est la raison pour laquelle je viens de mettre une nouvelle équipe. L’ancien bureau est forclos et ne peut plus agir au nom de l’organisation.

Pourquoi avoir choisi la dénomination ‘’Maison des enfants’’ et dans quelle intervalle d’âge définissez-vous l’enfance ?
‘’Maison des enfants’’ parce que comme toute Ong il faut choisir la branche dans laquelle il faut intervenir. Nous avons choisi de nous occuper des enfants parce que ce sont les plus touchés en cas de crise et étant moi-même de mère ivoirienne, j’ai vécu la crise en Côte d’Ivoire. Je sais combien les enfants ont souffert. C’est ce constat qui nous a poussé à créer cette Ong pour nous occuper à notre manière des problèmes de l’enfance. Nous nous occupons de la naissance jusqu’à 17 ans. Car à 17 ans en Europe, on considère que l’enfant est devenu majeur. Donc, tout ce qui part de 0 à 17 ans est dans notre domaine d’intervention. Et, notre Ong est non seulement apolitique, mais ne fait pas de distinction d’origine, ni de religion des enfants à qui nous venons en secours. Par ailleurs, nous ne nous occupons pas seulement des enfants scolarisés. Mais aussi de ceux qui sont déscolarisés. Dans les centres de formation que nous créons, nous accueillons les enfants qui ont abandonné l’école classique, comme on peut recevoir également ceux qui n’ont jamais fait l’école.

Quelles sont les grandes actions à l’actif de l’organisation depuis son extension en Côte d’Ivoire ?
L’Ong a équipé des dispensaires en ambulances, des écoles en matériels didactiques, fait l’équipement des centres sanitaires. Notamment, une ambulance à l’hôpital d’Agnibilekro, des dons de sucre, de riz et de vêtements à Duékoué, considéré comme une zone sensible. Nous avons actuellement en construction un centre de formation agricole dans la localité de Diabo près de Bouaké et avons en vue plusieurs autres projets. Nous comptons enregistrer bientôt l’arrivée de plusieurs conteneurs de divers matériels, et procéder à l’achèvement de l’école du campement de Kangakro, la construction d’un centre agricole et zootechnique dans le département d’Agnibilekro, l’équipement du centre de santé des communes d’Adjamé, de Koumassi, de Cocody et d’Agboville. Vu toutes ces actions, nous sommes convaincus que nous avons fait des dons sur l’ensemble du territoire national.

En tant que président d’organisation sociale, quel est votre regard sur la situation de l’enfance en Côte d’Ivoire?
Ecoutez, le problème de l’enfance ne se pose pas seulement en Afrique, ni seulement en Côte d’Ivoire. Même en Europe, il y a un problème de l’enfance. Mais, les problèmes sont un peu différents. Ici, la Côte d’Ivoire vient de sortir d’une crise, il y a beaucoup à faire et les besoins sont immenses. Il y a le phénomène des enfants de la rue. Ce qui n’existait pas avant en Côte d’Ivoire. Au niveau de l’Europe, l’organisation s’occupe de l’intégration des fils d’immigrés dans les écoles. En Italie particulièrement, nous menons des actions de sensibilisation. Nous accompagnons, à la découverte réciproque afin que l’enfant Italien, puisse connaître l’enfant Ivoirien ou Nigérien qui est dans la même classe que lui, par l’organisation des journées de la culture Africaine. En Côte d’Ivoire par contre, le besoin n’est pas le même. Si en Europe, nous faisons de la sensibilisation pour qu’il y ait plus d’intégration et la défense des droits des enfants. En Afrique, en Côte d’Ivoire, les besoins sont différents. Les enfants sont à scolariser, les parents en général n’ont pas les moyens donc, l’Ong fait du soutien à distance. Nous intercédons auprès des personnes en Europe pour leur dire par exemple que nous voulons scolariser cette année cinquante enfants pauvres dans tel pays Africain. Quelques fois, nous réussissons à trouver les cinquante personnes qui vont prendre en charge la scolarité d’une année ou de deux ans. Souvent nous faisons la campagne pour près de cent enfants pauvres. Mais, nous accueillons souvent vingt-cinq donateurs. Cette libéralité varie, car les années ne sont pas les mêmes. Chaque année, nous avons un nombre d’enfants à qui notre organisation la prise en charge de la scolarité en sensibilisant les familles les plus aisées en Europe.

Quels sont les critères de choix dans l’attribution des prises en charges à ces enfants démunis ?
Les critères de choix, bien entendu, concernent la pauvreté, parce qu’il s’agit de voir si la famille en question n’arrive pas à avoir un Euro par jour. Quand on nous présente un cas d’enfant issu de ces familles, la plupart du temps, ce sont des fils d’agriculteurs ou des fils d’ouvriers agricoles. Quand nous sommes saisis, parce que nous avons nos représentants dans ces zones, alors nous prenons le dossier de l’enfant en question et nous nous battons, de porte en porte pour que l’enfant puisse avoir la scolarité de l’année en cours. Souvent, les familles donatrices peuvent même assurer pour deux ou trois ans de scolarité aux enfants indigents. En général, les familles donatrices vont souvent jusqu’à payer 10 ans de scolarité de certains enfants.

Quels sont vos rapports avec les autorités ivoiriennes dans l’exercice de votre action humanitaire ?
Les pouvoirs publics, ivoiriens nous ont délégué de facto une partie de leur pouvoir. Si j’ai l’autorisation de travailler, c’est parce que les autorités italiennes ont compris qu’il y a certaines actions qu’elles ne peuvent pas toutes mener, donc ils nous ont fait délégation de certaines compétences. L’autorisation que nous avons en Italie et même en Côte d’Ivoire, est une manière de dire que moi Etat, je ne peux pas tout faire, je vous donne tel document qui vous donne droit d’agir en mon nom. Tout ce que nous faisons en Italie, nous rendons compte à ceux qui nous ont mandatés : les pouvoirs publics. Même en Côte d’Ivoire, chaque six mois, nous déposons un bilan d’activités au Ministère et c’est ce qui nous donne le droit d’exercer et d’être une mission diplomatique. Il n’existe aucun Etat au monde qui fait tout. Même les Etats-Unis qui sont les premières puissances au monde, il y a des enfants ou des hommes qui n’arrivent pas à manger à leur faim et qui clochardisent dans les rues.

Donc, la volonté politique en terme de défense des droits des enfants existe tant au niveau de la Côte d’Ivoire qu’au niveau de l’Italie. Alors comment vous expliquez, qu’en dépit de la multiplicité des journées dédiées aux enfants, ils sont encore dans une situation de précarité surtout sous nos tropiques ?
Quand on parle du problème de l’enfance, ça n’a pas de géographie. Que l’enfant soit en Chine, en Amérique Latine, en Côte d’Ivoire ou quelque part ailleurs, le problème de l’enfance est le même. Il appartient aux adultes de trouver les moyens pour aider les enfants qui sont en difficulté. Même en Italie, il y a des problèmes. Il y a des enfants qui sont battus à la maison, d’autres sont pauvres et d’autres vont dans des écoles où leurs camarades Italiens ne veulent pas les recevoir. C’est le problème du racisme. Les problèmes sont différents d’un pays à un autre. Mais, toujours est-il que tous les enfants, même ceux des pays riches, vivent les mêmes problèmes.

Dans l’immédiat, quelles sont vos priorités ?
Dans l’immédiat, nous nous attelons à la construction du centre de formation agricole de Diabo près de Bouaké dont la construction est en train d’être faite sur 15 hectares en collaboration avec la municipalité de cette localité. Il y a un bus de ramassage des enfants qui arrivera et procédera au ramassage des enfants d’ouvriers d’une société de la place dans le département de Grang-Béreby en relation avec le député de la région. Nous savons qu’il y a des organisations de protection de l’enfance qui existent ici en Côte d’Ivoire. Mais, chacun fait suit son chemin. Nous n’avons pas la prétention de faire comme d’autres Ong. Toutes ces actions des organisations sociales, aideront les enfants. Le jour où, ces organisations décideront de nous associer à des projets de synergie pour travailler ensemble, nous n’hésiteront pas à aller vers eux. Pour le moment, nous n’avons pas été invités ou sollicités. Notre objectif, c’est de voir l’Ong présidée par la Première dame Dominique Ouattara, ‘’Children Of Africa’’, nous associer à son travail. Parce que nous faisons quelque chose dans ce domaine aussi comme ‘’Save the children’’, comme d’autres organisations. C’est en travaillant en synergie qu’on pourra protéger les enfants. Parce qu’aucune organisation, même la plus puissante, ne peut tout faire à elle seule.

L.Barro
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