Hier, Alassane Ouattara était l’invité de Radio France internationale. Dans cet entretien, le président de la République est revenu sur plusieurs sujets d’actualité, notamment le fameux rapport du groupe d’experts de l’Onu sur le Liberia qui accuse les autorités ivoiriennes de vouloir attenter à la vie de pro-Gbagbo réfugiés au Ghana.
Pourquoi la France perd-elle des parts de marché en Afrique ?
La compétition a été rude ces temps-ci. La mondialisation a fait en sorte que les marchés émergents se sont intéressés de manière très forte au continent africain et, peut-être, les entreprises françaises ont mis du temps à le réaliser. C’est en cela que ce colloque est une bonne chose pour amener les entreprises françaises à s’insérer beaucoup plus dans la mondialisation et dans la compétition parce que ce sont des entreprises de qualité. Il est possible de prendre des risques et d’avoir des résultats positifs.
Au sommet de l’Elysée demain (aujourd’hui, ndlr) et après-demain (demain, ndlr), vous allez essayer de faire avancer le projet d’une Force africaine de réaction rapide. Cela fait quinze ans qu’on en parle mais rien ne bouge. Pourquoi ça marcherait mieux demain qu’hier ?
Vous parlez effectivement de la Force de réaction rapide. Les crises récentes, notamment au Mali nous ont démontré l’utilité d’accélérer les choses. Et nous, de notre point de vue, cette réaction doit être plutôt régionalisée. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait au Mali.
C’est-à-dire au niveau de la Cedeao…
Oui, au niveau de la Cedeao, vous avez vu que nous avons bien réagi. La France est venue à temps, mais nous avions déjà programmé notre intervention. Tout cela bien entendu sous le chapeau de l’Union africaine, et je suis confiant que cette conférence de Paris nous permettra d’avancer très rapidement vers la mise en place de cette structure.
N’est-ce pas une manière de dire que vous êtes résigné à l’idée que la France dans dix, quinze ans, va encore continuer de jouer le gendarme en Afrique ?
Point du tout ! Le fait que nous sommes, nous-mêmes, en train de mettre en place cette Force de réaction rapide, veut dire que nous voulons prendre les choses en main nous-mêmes. Voyez-vous, il faut faire en sorte que quand il y a un problème, dans les 24, 48 heures, la Cedeao puisse réagir. Cela est plus efficace au niveau régional. Au plan continental, je suis d’accord avec vous que cela pourrait être plus compliqué. Mais, il faut y arriver, à terme, au plan continental.
Vendredi dernier à Bouaké, vous avez rejeté l’idée des états généraux de la République que propose le Fpi de Laurent Gbagbo. Ne craignez-vous pas que ce parti boycotte du coup la présidentielle d’octobre 2015 ?
Oui, mais voyez-vous, les partis politiques ne sont pas obligés de participer aux élections en Côte d’Ivoire. Je souhaite que tous les Ivoiriens y participent. Mon propre parti avait boycotté les élections législatives en 2000. C’était une mauvaise idée ; nous sommes restés onze ans en dehors du Parlement. Je souhaite que le Fpi participe aux prochaines élections. C’est dans leur intérêt. Ils n’ont pas participé aux élections législatives, ils n’ont également pas participé aux élections locales. S’ils ne participent pas à l’élection présidentielle, je doute fort qu’il resterait grand-chose dans ce parti.
Et si vous ne voulez pas de leurs états généraux, ne risquent-ils pas de dire que vous ne voulez pas dialoguer ?
Voyez-vous, le dialogue se fait dans un cadre bien précis. En Côte d’Ivoire, nous avons eu l’expérience de plusieurs rencontres pour la réconciliation.... Il y en a tellement eu que je ne me souviens même pas des différents thèmes. Et ça n’a rien donné. Malheureusement, il y a eu ce conflit. Nous sommes allés à Marcoussis. Nous sommes allés ensuite à Pretoria ; il y a eu par la suite l’Accord de Ouagadougou. Et tout ce qui divisait les Ivoiriens a été réglé avec ces différentes rencontres, Marcoussis, Pretoria, Accord de Ouaga. Il n’y a donc plus d’utilité d’organiser d’autres rencontres. Il faut tout simplement mettre en œuvre ce que nous avons décidé y compris avec le Fpi, pendant cette période où leur leader était président de la Côte d’Ivoire.
Dans un rapport de l’Onu, le Ghana signale que des commandos venus de Côte d’Ivoire ont tenté de kidnapper voire tuer des opposants ivoiriens réfugiés sur son territoire. Comment réagissez-vous ?
C’est abject, c’est irresponsable, c’est mensonger.
De la part de l’Onu ou de la part du Ghana ?
De la part des experts de l’Onu qui ont pu écrire de telles choses. A ma connaissance, les autorités ghanéennes n’ont jamais fait de déclarations officielles. Et donc, je condamne de tels propos. Nous avons saisi Ban Ki-moon (Secrétaire général de l’Onu, ndlr) parce que nous considérons que de tels propos peuvent discréditer l’Onu, tout le moins son comité des sanctions et peuvent créer des difficultés dans nos relations avec ce comité aussi pour la Côte d’Ivoire, pour le Ghana et le Liberia. Je trouve cela d’une légèreté indescriptible.
Le Ghana est-il de votre avis ?
Bien évidemment, puisque ce qu’ils avancent n’a jamais existé.
Il y a deux mois en congrès, le Pdci d’Henri Konan Bédié a posé le principe d’une candidature de ce parti à la présidentielle de 2015. C’est une bonne idée ou pas, à votre avis ?
Il appartient au Pdci de prendre sa décision. Je ne me mêle pas des questions relatives aux décisions des partis politiques, y compris le Rassemblement des républicains dont je suis issu.
Malgré votre attachement au Rhdp, c’est-à-dire au rassemblement Rdr-Pdci ?
Tout à fait ! Je suis très attaché au Rhdp ; je suis un ancien du Pdci, j’ai été président du Rdr, j’ai d’excellentes relations avec l’Udpci du président Robert Guéï. C’est donc un rassemblement de personnes qui ont la même philosophie et qui travaillent ensemble dans le cadre d’un gouvernement qui donne des résultats pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens. Je considère donc que c’est une chance que nous puissions continuer ce travail tous ensemble.
Vous préférez donc une candidature unique du Rhdp…
Si le Rhdp prend une telle décision, j’en serais très heureux.
Vous semblez préférer cette solution à celle d’un candidat du Pdci…
Je n’ai pas à me prononcer sur les avis des uns et des autres. Mais, je serais très heureux d’une candidature du Rhdp pour soutenir les actions du gouvernement Rhdp qui travaille actuellement sous mon autorité.
Propos recueillis sur Rfi par Marc Dossa
Pourquoi la France perd-elle des parts de marché en Afrique ?
La compétition a été rude ces temps-ci. La mondialisation a fait en sorte que les marchés émergents se sont intéressés de manière très forte au continent africain et, peut-être, les entreprises françaises ont mis du temps à le réaliser. C’est en cela que ce colloque est une bonne chose pour amener les entreprises françaises à s’insérer beaucoup plus dans la mondialisation et dans la compétition parce que ce sont des entreprises de qualité. Il est possible de prendre des risques et d’avoir des résultats positifs.
Au sommet de l’Elysée demain (aujourd’hui, ndlr) et après-demain (demain, ndlr), vous allez essayer de faire avancer le projet d’une Force africaine de réaction rapide. Cela fait quinze ans qu’on en parle mais rien ne bouge. Pourquoi ça marcherait mieux demain qu’hier ?
Vous parlez effectivement de la Force de réaction rapide. Les crises récentes, notamment au Mali nous ont démontré l’utilité d’accélérer les choses. Et nous, de notre point de vue, cette réaction doit être plutôt régionalisée. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait au Mali.
C’est-à-dire au niveau de la Cedeao…
Oui, au niveau de la Cedeao, vous avez vu que nous avons bien réagi. La France est venue à temps, mais nous avions déjà programmé notre intervention. Tout cela bien entendu sous le chapeau de l’Union africaine, et je suis confiant que cette conférence de Paris nous permettra d’avancer très rapidement vers la mise en place de cette structure.
N’est-ce pas une manière de dire que vous êtes résigné à l’idée que la France dans dix, quinze ans, va encore continuer de jouer le gendarme en Afrique ?
Point du tout ! Le fait que nous sommes, nous-mêmes, en train de mettre en place cette Force de réaction rapide, veut dire que nous voulons prendre les choses en main nous-mêmes. Voyez-vous, il faut faire en sorte que quand il y a un problème, dans les 24, 48 heures, la Cedeao puisse réagir. Cela est plus efficace au niveau régional. Au plan continental, je suis d’accord avec vous que cela pourrait être plus compliqué. Mais, il faut y arriver, à terme, au plan continental.
Vendredi dernier à Bouaké, vous avez rejeté l’idée des états généraux de la République que propose le Fpi de Laurent Gbagbo. Ne craignez-vous pas que ce parti boycotte du coup la présidentielle d’octobre 2015 ?
Oui, mais voyez-vous, les partis politiques ne sont pas obligés de participer aux élections en Côte d’Ivoire. Je souhaite que tous les Ivoiriens y participent. Mon propre parti avait boycotté les élections législatives en 2000. C’était une mauvaise idée ; nous sommes restés onze ans en dehors du Parlement. Je souhaite que le Fpi participe aux prochaines élections. C’est dans leur intérêt. Ils n’ont pas participé aux élections législatives, ils n’ont également pas participé aux élections locales. S’ils ne participent pas à l’élection présidentielle, je doute fort qu’il resterait grand-chose dans ce parti.
Et si vous ne voulez pas de leurs états généraux, ne risquent-ils pas de dire que vous ne voulez pas dialoguer ?
Voyez-vous, le dialogue se fait dans un cadre bien précis. En Côte d’Ivoire, nous avons eu l’expérience de plusieurs rencontres pour la réconciliation.... Il y en a tellement eu que je ne me souviens même pas des différents thèmes. Et ça n’a rien donné. Malheureusement, il y a eu ce conflit. Nous sommes allés à Marcoussis. Nous sommes allés ensuite à Pretoria ; il y a eu par la suite l’Accord de Ouagadougou. Et tout ce qui divisait les Ivoiriens a été réglé avec ces différentes rencontres, Marcoussis, Pretoria, Accord de Ouaga. Il n’y a donc plus d’utilité d’organiser d’autres rencontres. Il faut tout simplement mettre en œuvre ce que nous avons décidé y compris avec le Fpi, pendant cette période où leur leader était président de la Côte d’Ivoire.
Dans un rapport de l’Onu, le Ghana signale que des commandos venus de Côte d’Ivoire ont tenté de kidnapper voire tuer des opposants ivoiriens réfugiés sur son territoire. Comment réagissez-vous ?
C’est abject, c’est irresponsable, c’est mensonger.
De la part de l’Onu ou de la part du Ghana ?
De la part des experts de l’Onu qui ont pu écrire de telles choses. A ma connaissance, les autorités ghanéennes n’ont jamais fait de déclarations officielles. Et donc, je condamne de tels propos. Nous avons saisi Ban Ki-moon (Secrétaire général de l’Onu, ndlr) parce que nous considérons que de tels propos peuvent discréditer l’Onu, tout le moins son comité des sanctions et peuvent créer des difficultés dans nos relations avec ce comité aussi pour la Côte d’Ivoire, pour le Ghana et le Liberia. Je trouve cela d’une légèreté indescriptible.
Le Ghana est-il de votre avis ?
Bien évidemment, puisque ce qu’ils avancent n’a jamais existé.
Il y a deux mois en congrès, le Pdci d’Henri Konan Bédié a posé le principe d’une candidature de ce parti à la présidentielle de 2015. C’est une bonne idée ou pas, à votre avis ?
Il appartient au Pdci de prendre sa décision. Je ne me mêle pas des questions relatives aux décisions des partis politiques, y compris le Rassemblement des républicains dont je suis issu.
Malgré votre attachement au Rhdp, c’est-à-dire au rassemblement Rdr-Pdci ?
Tout à fait ! Je suis très attaché au Rhdp ; je suis un ancien du Pdci, j’ai été président du Rdr, j’ai d’excellentes relations avec l’Udpci du président Robert Guéï. C’est donc un rassemblement de personnes qui ont la même philosophie et qui travaillent ensemble dans le cadre d’un gouvernement qui donne des résultats pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens. Je considère donc que c’est une chance que nous puissions continuer ce travail tous ensemble.
Vous préférez donc une candidature unique du Rhdp…
Si le Rhdp prend une telle décision, j’en serais très heureux.
Vous semblez préférer cette solution à celle d’un candidat du Pdci…
Je n’ai pas à me prononcer sur les avis des uns et des autres. Mais, je serais très heureux d’une candidature du Rhdp pour soutenir les actions du gouvernement Rhdp qui travaille actuellement sous mon autorité.
Propos recueillis sur Rfi par Marc Dossa