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Économie Publié le vendredi 13 décembre 2013 | Xinhua

La croissance retrouvée de la Côte d’Ivoire relance l’économie ouest-africain

© Xinhua Par Atapointe
Budget : Passation de charges entre Kaba Nialé et Abdourahmane Cissé
Lundi 2 décembre 2013. Abidjan. Immeuble SCIAM. Le premier ministre Daniel Kablan Duncan a présidé la cérémonie de passation de charges entre Kaba Nialé et Abdourahmane Cissé qui occupent respectivement les fonctions de ministre auprès du premier ministre chargée de l`économie et des finances et ministre auprès du premier ministre chargé du budget. Ph : Daniel Kablan Duncan
ABIDJAN - Après une décennie de tensions militaro-politiques ponctuées par les affrontements meurtriers post-électoraux de 2010-2011 ayant fragilisé son économie, la Côte d'Ivoire arbore une croissance "très remarquée" qui relance l' économie ouest-africaine et permet au pays de retrouver son leadership politique régional.

LA CROISSANCE RENAIT

A l'issue de la crise post-électorale, le pays présentait un visage délabré dans tous les secteurs d'activité et la croissance était négative, se situant à -4,7% en 2011.

En 2012, la croissance économique a repris avec un taux de 9,8%, grâce aux "intenses, rigoureuses et rapides réformes structurelles et sectorielles menées par le gouvernement", affirme le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, qui évalue le taux de croissance en 2013 à 8,7% et à "8 à 10%" en 2014.

"Cette performance a été réalisée grâce notamment au dynamisme des secteurs secondaire et tertiaire et par une amélioration nette des investissements", explique-t-il.

Ces résultats ont permis à la Côte d'Ivoire de retrouver la confiance des bailleurs de fonds.

"Les perspectives sont favorables, la Côte d'Ivoire est sur une bonne dynamique", estime le Fonds monétaire international (FMI) dont le total des décaissements pour le programme économique du pays se chiffre à 472,2 millions de dollars (environ 237,5 milliards de francs CFA).

Pour le premier semestre 2013, une mission du FMI a relevé en octobre des "performances macroéconomiques meilleures que prévues" avec "la poursuite de la forte croissance du produit intérieur brut et une inflation modérée".

Un mois plus tard, lors d'une visite à Abidjan, le commissaire européen en charge du Commerce, Karel De Gucht, a également salué une croissance "très remarquée" de l'économie ivoirienne signe de la "forte reprise économique" du pays.

"La Côte d'Ivoire a tout le potentiel pour passer à une croissance à deux chiffres en 2014", estime le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d'Ivoire, Madani Tall, dont l'institution a octroyé, sous forme de don, 1.000 milliards de francs CFA à la Côte d'Ivoire pour accompagner son processus de relance post-crise sur la période 2008-2013.

Dans son rapport "Doing business 2014", la Banque mondiale indique que la Côte d'Ivoire fait partie des pays qui ont le plus amélioré la réglementation des affaires.

Ces réformes assurent la compétitivité de l'économie ivoirienne dont la croissance retrouvée se traduit par la réalisation d' infrastructures économiques et sociales de grande envergure.

LE PAYS EN CHANTIER

La Côte d'Ivoire, depuis deux ans, se présente comme un vaste chantier sur lequel les entreprises chinoises bousculent les partenaires traditionnels européens du pays, la France notamment.

Grâce à la coopération chinoise, le président ivoirien Alassane Ouattara a lancé en août à Bonoua (sud), les travaux d'un ouvrage de 50 milliards de francs CFA pour assurer la disponibilité et l' accès à l'eau potable à Abidjan et sa banlieue d'ici 2014.

Une entreprise chinoise s'est offert le marché de réalisation d' un réseau à fibre optique de 6.700 km sur l'ensemble du territoire national en vue de favoriser l'accès à des services de télécommunications de qualité.

L'État qui accorde également une priorité à l'habitat a lancé la construction d'ici 2015 de 60.000 logements sociaux à Abidjan et à l'intérieur du pays.

Plus éloquent, est le programme routier visant à construire 2 500 km de routes bitumées, d'en renforcer plus de 840 km et de réhabiliter près de 13.700 km de pistes villageoises.

Le 3 août dernier, le président Ouattara a lancé les travaux de l'autoroute Abidjan-Grand Bassam (30 km) d'un coût de 62 milliards de francs CFA financés par Exim bank de Chine.

A Abidjan, les travaux qui vont changer le visage de la capitale économique sont les deux échangeurs qui sortent de terre dans les quartiers de la Riviera et de Marcory, partie prenante du projet de construction du troisième pont d'Abidjan dont les piliers se dressent sur la lagune Ebrié entre Cocody et Marcory.

"Le président ne veut pas seulement améliorer les conditions de vie des Ivoiriens mais restaurer l'image et le prestige de la Côte d'Ivoire qu'il veut repositionner comme un puissant moteur pour le développement intégré de la sous-région, il veut faire jouer à notre pays le rôle de porte d'entrée, une sorte de rampe de lancement pour les investisseurs désireux de conquérir le marché sous-régional", croit savoir un éditorialiste ivoirien.

Et pour cause, à l'inauguration de l'autoroute du Nord reliant Abidjan et Yamoussoukro (230 km) le 11 décembre, le président Alassane Ouattara a appelé les bailleurs de fonds à financer son prolongement jusqu'à Ouagadougou (Burkina Faso) pour faciliter le transport avec les pays de l'hinterland (Burkina Faso, Mali et Niger).

Une autoroute entre Abidjan et Lagos (Nigeria) traversant le Ghana, le Togo et le Bénin, est également en projet pour " accélérer" l'intégration sous-régionale.

En outre, la voie ferrée Abidjan-Ouagadougou sera réhabilitée et prolongée jusqu'à Niamey (Niger).

Une autre ligne de chemin de fer est en projet pour relier le deuxième port du pays, San Pedro (sud-ouest), à Man (ouest) et faciliter l'évacuation des minerais de nickel et de fer, ce qui devrait intensifier les échanges avec les pays frontaliers tels que le Liberia, la Guinée et le Mali.

La livraison début 2018 du barrage hydro-électrique de Soubré ( sud-ouest) de 275 MW d'un coût de 331 milliards de franc CFA financé à 85% par Exim bank de Chine et d'autres ouvrages en cours de réalisation devraient permettre à la Côte d'Ivoire de continuer de fournir l'électricité au Mali, au Ghana, au Burkina Faso, au Togo, au Bénin et de s'interconnecter avec la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.


L'ECONOMIE SOUS-REGIONALE SE RELANCE

"Quand la Côte d'Ivoire va, ­l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) va", fait remarquer un économiste.

Réunis à Dakar le 25 octobre, les chefs d'Etat de l'UEMOA ont relevé "la résilience de l'activité économique aux chocs internes et externes, malgré un contexte difficile".

"Les perspectives économiques apparaissent favorables" et ont affirmé leur volonté de renforcer les performances économiques de l'Union dans "une vision d'émergence des économies à l'horizon 2020", ont-ils noté.

Tirée par la Côte d'Ivoire, l'activité économique de l'espace UEMOA se raffermit en 2013, en raison des actions entreprises par les Etats membres pour relever le potentiel de croissance de leurs économies.

Selon le FMI, le taux de croissance de l'Union est prévu à 6,5%, contre 5,8% en 2012 alors que l'économie mondiale s'établirait à 3, 6% en 2013 avec une croissance "moins forte" dans les pays industrialisés et une "accélération" de l'activité économique dans les pays émergents, en Chine (8,2%) et en Inde (6,0%), qui s'affirment comme le "moteur de la croissance mondiale".

En Afrique subsaharienne, "l'accélération de la croissance résulte du redressement de la production agricole, de la forte reprise de l'activité économique en Côte d'Ivoire et du dynamisme de la production minière", explique le président de la Commission de l'UEMOA, Soumaïla Cissé.

Pour lui, la Côte d'Ivoire dispose d'un "potentiel extraordinaire" et reste le "principal fournisseur en produits manufacturés et alimentaires, mais aussi en électricité de plusieurs États".

Avec 35 % du PIB de l'ensemble des huit pays de l'Union, la Côte d'Ivoire reste la locomotive de la sous-région.


UN LEADERSHIP POLITIQUE RETROUVE

Depuis son accession au pouvoir en avril 2011, le président Ouattara n'arrête pas de sillonner le monde au point d'être surnommé par la presse de l'opposition "Magellan" du nom de Fernand de Magellan, navigateur et explorateur portugais (15ème - 16ème siècle).

En novembre 2012, il a parcouru le Bénin, le Togo, le Niger et le Burkina Faso pour ressusciter le Conseil de l'entente, un instrument politique de coopération sous-régionale créé le 29 mai 1959 à Abidjan et en pleine léthargie depuis des décennies.

"Quand la Côte d'Ivoire rayonne, l'Afrique de l'Ouest se porte mieux", avait déclaré à l'étape de Cotonou (Bénin), le président Thomas Yayi Boni, saluant l'engagement du président ivoirien à oeuvrer pour "un espace ouest-africain unifié, viable et paisible".

"Sous votre guide, nous sommes en train de bâtir un marché incontournable dans notre espace", avait-il dit à son hôte, non sans ajouter qu'"aujourd'hui, la Côte d'Ivoire est la clé de voûte de la relance économique de l'Afrique de l'Ouest".

"Elle a retrouvé sa place de pays essentiel et tout son leadership dans la sous-région", avait encore dit le président du Bénin.

Selon un analyste ivoirien, "le président ivoirien tient déjà son rôle de leader de la sous-région" et, sous sa gouvernance, "la Côte d'Ivoire a retrouvé sa place de locomotive de la sous-région ouest-africaine".

Elu président de la Communauté économique des Etats de l' Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en 2012 à Abuja au Nigeria, Alassane Ouattara, crédité d'un "bilan positif", a été reconduit pour un deuxième mandat d'un an lors d'un sommet des chefs d'Etat tenu à Yamoussoukro.

M. Ouattara avait alors été "félicité" pour "sa contribution positive dans la recherche de la paix".

Sa "détermination" dans le dossier malien avec la guerre dans le nord du pays contre les groupes islamistes armés et la transition politique en Guinée-Bissau avait été "fortement" et " unanimement" saluée. Lors des assemblées générales de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, un officiel malien n' avait pas manqué de souligner que "c'est par la CEDEAO que le reste du monde est venu au secours du Mali".

Il avait insisté sur "le leadership" du président ivoirien " depuis le déclenchement de la crise malienne, le 22 mars 2012 jusqu'à ce jour".

Pour M. Ouattara, avec une population de 300 millions d' habitants, l'Afrique de l'Ouest peut "réaliser des résultats économiques bien meilleurs et se hisser parmi les ensembles communautaires les plus performants".

A condition de relever, souligne-t-il, "les défis sécuritaires et de développement nécessaires à la construction d'un espace communautaire et sécurisé".
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