On n’est jamais mieux que chez soi. Après deux ans d’exil, parfois volontaire pour certains, les partisans de Laurent Gbagbo retrouveront certainement la Côte d’Ivoire. L’annonce a été faite il y a une semaine par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko. A l’issue d’une rencontre entre le FPI et le patron de la sécurité en Côte d’Ivoire, il a été convenu de préparer le retour des exilés pro-Gbagbo au Ghana, au Togo, au Bénin et dans les autres pays de la sous-région. La rencontre a décidé que le retour de toutes les personnes concernées soit facilité. Le FPI a demandé des garanties pour leurs camarades qui ont quitté le pays lors de la crise postélectorale. Apparemment, elles ont été obtenues. Le ministre d’Etat, Hamed Bakayoko, à la sortie de cette visite, a même fait cette déclaration pleine d’engagements et d’espoir : « Personne ne sera arrêté à sa venue à l’aéroport ». Voilà qui est clair. Personne ne sera inquiété dès son retour à l’aéroport. Par la voix du ministre d’Etat, Hamed Bakayoko, le Gouvernement s’est engagé à assurer la sécurité des uns et des autres et à faciliter leur réinsertion dans la société. Le dernier obstacle d’un retour apaisé des pro-Gbagbo a été levé. Plus rien en principe ne justifie donc les hésitations observées ces derniers temps suite aux appels répétés du chef de l’Etat à rentrer au pays. En outre, le contexte sociopolitique actuel invite à faire ce choix. L’environnement politique et la paix sociale, qui prévalent en ce moment, n’ont rien à voir avec la situation délétère de l’après-élection qui a incité à tous les excès que l’on a pu constater entre novembre 2010 et mai 2011. Les sentiments et autres ressentiments qui ont amené certains Ivoiriens à s’entretuer et pousser d’autres à l’exil sont aujourd’hui loin derrière nous. En près de trois ans, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. La société ivoirienne divisée, après l’élection présidentielle de 2010, commence à se ressouder. Les uns et les autres ont compris qu’il est temps de mettre de l’eau dans leur vin pour donner une chance à la Côte d’Ivoire d’exister en tant que nation. Lentement mais sûrement, les Ivoiriens réapprennent à se parler. L’on est passé, en l’espace de deux ans, d’une situation de non droit à un Etat moderne avec des institutions solides. Les hommes en armes, qui trainaient dans les rues avec toutes sortes d’armes, ont disparu des points de contrôle et des corridors. Grâce au travail formidable abattu par le ministre d’Etat, Hamed Bakayoko, la sécurité est revenue. L’indice de sécurité qui était au-dessus de trois est retombé à presque zéro. Dans les rues d’Abidjan et à l’intérieur du pays, il y a de moins en moins de braquages. L’insécurité, qui régnait en Côte d’Ivoire au moment où des Ivoiriens s’exilaient, a complètement disparu. Cet aspect des choses ne peut donc pas être brandi comme prétexte pour prolonger un exil qui n’a plus sa raison d’être. A côté de l’aspect sécuritaire, il y a la volonté politique des autorités d’aller à la paix et à la réconciliation. Dans le camp du pouvoir, l’heure n’est plus à la guerre il y a bien longtemps. Le président Alassane Ouattara est dans de bonnes dispositions d’esprit. Depuis le début, sa volonté a été toujours de faire revenir les fils et les filles de ce pays qui ont dû partir pour une raison ou pour une autre. L’article 12 de la Constitution ivoirienne est clair : « Aucun Ivoirien ne peut être contraint à l’exil ». Conscient de son rôle de garant de la Constitution, le chef de l’Etat n’a aucunement l’intention de se rendre coupable d’un parjure en favorisant le maintien en exil de certains de ses compatriotes. Son discours à ce niveau n’a pas changé. La place de tous les fils de ce pays est en Côte d’Ivoire. De plus, les conditions d’un retour tranquille et digne sont en train d’être mises en place, si ce n’est déjà fait. Les maisons, qui ont été confisquées à l’occasion de la crise postélectorale, ont été rétrocédées, pour la plupart, à leurs propriétaires. Le problème de domicile ne se pose plus donc avec acuité. Chacun peut donc regagner son domicile sans crainte. Pour ce qui est des commodités, comme le dit souvent le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, c’est dans le cadre du dialogue républicain que les solutions peuvent être trouvées. Le retour au bercail des pro-Gbagbo, pour toutes ces raisons, ne peut qu’en principe s’effectuer dans l’ordre normal des choses. Car, rien ne justifie encore que des Ivoiriens choisissent de rester hors de leur pays. A moins que, pour des calculs politiciens, on veuille se mettre volontairement en marge de la société ivoirienne. Dans ce cas, l’on comprendra aisément qu’il s’agit de l’exil d’Alboury. Et rien d’autre.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly