Alassane Ouattara demande le soutien de ses alliés à sa candidature unique à la présidentielle, à la tête du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) répond ‘’oui‘’ et ‘’non‘’ à la fois. De quoi se demander s’il peut porter son choix sur un autre candidat ?
Le projet de la candidature unique du Rhdp à l’élection présidentielle de 2015 fait l’objet de polémiques. Les houphouétistes en perdent même leur latin. Le Rassemblent des républicains (Rdr), qui en est l’initiateur, l’acclame. Son champion, Alassane Ouattara, président de la République, l’encourage ; lui qui veut en être le bénéficiaire. Le Mouvement des forces d’avenir (Mfa) est encore réservé. Son président Innocent Anaky Kobenan dit ne pas «rejeter le principe», mais dément le soutien total de son parti. Seul le congrès doit en décider, a-t-il affirmé, avertissant d’emblée que la vocation des partis politiques est d’aller aux élections. Si le Mfa est en mode attente, ce n’est pas le cas pour l’Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci). La formation arc-en-ciel «a décidé», fin décembre, après un congrès ordinaire conjoint à Yamoussoukro, «de soutenir» Alassane Ouattara. Mieux, prenant fait et cause pour l’idée, Albert Toikeusse Mabri, le leader de l’Udpci, s’est engagé à «rencontrer dès le début du mois de janvier» Henri Konan Bédié. Avec son aîné houphouétiste, il compte «préparer» la relance du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et pour la paix (Rhdp). Mais alors, qu’elle est la position du ‘’parti doyen‘’ au plan national, et au sein de l’alliance du Rhdp, sur cette question de candidature unique ?
Candidature Pdci obligée
Pour y répondre, le Pdci a consulté sa base en organisant son 12è congrès les 3, 4, 5 et 6 octobre 2013, au palais des Sports de Treichville. «Pour le choix du futur candidat du Pdci à la présidentielle de 2015, les congressistes ont souhaité que cette personnalité soit un militant actif du parti», avait déclaré Pr Niamkey Koffi.
De ce point de vue général, le parti aura un candidat. A priori, ce ne peut être qu’Henri Konan Bédié, 79 ans. Enfin, sauf changement de dernière minute. Sait-on jamais. Bédié est frappé par la limite d’âge marquée dans la Constitution ivoirienne. Celle de juillet 2000 stipule en son article 35 que «le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de quarante ans au moins, et de soixante quinze ans au plus». Cette disposition exclut de fait celui qui a porté les couleurs (vert et banc) du Pdci à la présidentielle de 2010, et ouvre la porte à des supputations. La divergence de vues qu’elle occasionne oppose les militants attachés à la résolution du congrès à ceux de leurs camarades favorables au chef de l’Etat. Du coup, l’antagonisme altère sérieusement la cohésion, déjà précaire pour la même cause avant les retrouvailles d’octobre 2013. Des partisans d’une candidature Pdci avancent leurs arguments. «Je souhaite une bonne continuation au Rhdp, mais je voudrais que le Pdci, mon parti, ait un candidat à la présidentielle de 2015. Cela dénote de la vitalité de la démocratie», soutient par exemple Emile Séri Kossougro, membre du Bureau politique. L’ex-secrétaire général du parti, Alphonse Djédjé Mady, a fait campagne pour la même cause. «Le Congrès est une occasion de retrouvailles fraternelles et de rêve à des lendemains meilleurs pour tous et pour chacun. Ce rêve doit absolument se nourrir de vérité sans jamais mettre en péril la fraternité, la solidarité et la volonté de gagner ensemble l’élection présidentielle de 2015, avec bien entendu un candidat issu des rangs du Pdci-Rda», a-t-il dit le 4 octobre. Même son de cloche du côté de l’actuel secrétaire général du Pdci. «Le Congrès qui est l’organe suprême du parti a décidé que le Pdci ait un candidat. Nous avons à charge la gestion quotidienne du parti, nous aidons le président à préserver les intérêts du parti. Nous privilégions surtout les intérêts du parti. Et partout où les intérêts du parti seront préservés, ce sera le choix du parti», a-t-il répondu au confrère Le Nouveau Réveil, fin décembre.
Si on s’en tient aux convictions de cette tendance, leur famille politique doit être présente au rendez-vous des urnes dans un an. Selon ces derniers, leur formation ne saurait oublier sa vocation d’entité dont l’essence se résume à sa participation traditionnelle aux élections. Sinon, si elle ne devait pas briguer la magistrature suprême, pourquoi s’est-elle «redynamisée et rajeunie » ?
Quand la carte Ouattara l’emporte
Revenu mi-juin de Paris pour la remise du Prix Félix Houphouet-Boigny, M. Bédié avait donné un mot d’ordre on ne peut plus clair. «C’est ce que nous verrons après la tenue du congrès pour ce qui concerne le Pdci. C’est le congrès qui décidera s’il faut, soit présenter un candidat contre Alassane Ouattara soit le soutenir encore comme nous l’avons fait en 2010. Comme on le dit, on ne change pas une équipe qui gagne», avait-il affirmé à la télévision française TV5. Il répondait à la question: «Si le Pdci et le Rdr sont allés en rangs dispersés aux législatives, aux municipales et aux régionales, qu’en sera-t-il en 2015 pour la présidentielle?» Depuis lors, il exhorte le Rhdp à fédérer davantage ses forces. «Le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix, le Rhdp, notre alliance, doit devenir une réalité définitive. Elle doit être entretenue, dépoussiérée, nettoyée et appliquée, conformément à sa conception initiale», les a-t-il sensibilisés, le 30 décembre dernier. «La restructuration du parti va permettre de nous donner un instrument de combat pour les batailles futures, la plus immédiate étant l’élection présidentielle de 2015 qui alimente déjà les rédactions!», a-t-il annoncé dans la même adresse. Toutefois, s’adressant à l’Udpci, à l’ouverture du congrès de celle-ci, il a à nouveau appelé à l’union. «Notre chère patrie, la Côte d’Ivoire, doit encore faire face à de nombreux défis. Nous devons mettre fin aux crises à répétition qui ont menacé partout la nation et retardé notre développement. Nous devons trouver dans notre union consolidée les ressources nécessaires pour y répondre efficacement. Nous avons donc la responsabilité de gagner les batailles électorales futures et surtout de gouverner ensemble dans le cadre du Rhdp, afin de garantir la paix et bâtir dans la fraternité et la concorde la Côte d’Ivoire…», a-t-il souhaité. La suite, on la connaît, l’Udpci en répondant favorablement à sa requête, a dévoilé comment Alassane Ouattara sera investi. «Le Congrès est l’organe suprême du parti et la convention investit les candidats que le congrès a retenus. C’est ce que nous allons faire, puisque c’est le cas dans les autres partis du Rhdp, nous allons organiser une convention d’investiture ensemble pour investir notre candidat. Et peut-être que, le plus tôt serait le mieux, au cours de l’année 2015», a révélé Albert Toikeusse Mabri. Depuis qu’il l’a dit, la fièvre militante est montée d’un cran chez des parlementaires de la coalition. Le Groupe des 25 députés (G25), avec pour porte-parole Louis Abonouan du Pdci-Rda, prône ici et là la carte Ouattara. Depuis, l’effectif des membres de cette ‘’équipe de campagne’’ est passé à une centaine, selon M. Abonouan. Mais attention, «ce n’est pas le groupe parlementaire. Les députés sont libres au sein du groupe parlementaire de se retrouver par affinité pour dire certaines choses…», relativise Ouassenan Koné, président du groupe parlementaire Pdci. Qu’à cela ne tienne, ils sont nombreux ses camarades qui disent que la piste Ouattara est la meilleure.
Bidi Ignace
Le projet de la candidature unique du Rhdp à l’élection présidentielle de 2015 fait l’objet de polémiques. Les houphouétistes en perdent même leur latin. Le Rassemblent des républicains (Rdr), qui en est l’initiateur, l’acclame. Son champion, Alassane Ouattara, président de la République, l’encourage ; lui qui veut en être le bénéficiaire. Le Mouvement des forces d’avenir (Mfa) est encore réservé. Son président Innocent Anaky Kobenan dit ne pas «rejeter le principe», mais dément le soutien total de son parti. Seul le congrès doit en décider, a-t-il affirmé, avertissant d’emblée que la vocation des partis politiques est d’aller aux élections. Si le Mfa est en mode attente, ce n’est pas le cas pour l’Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci). La formation arc-en-ciel «a décidé», fin décembre, après un congrès ordinaire conjoint à Yamoussoukro, «de soutenir» Alassane Ouattara. Mieux, prenant fait et cause pour l’idée, Albert Toikeusse Mabri, le leader de l’Udpci, s’est engagé à «rencontrer dès le début du mois de janvier» Henri Konan Bédié. Avec son aîné houphouétiste, il compte «préparer» la relance du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et pour la paix (Rhdp). Mais alors, qu’elle est la position du ‘’parti doyen‘’ au plan national, et au sein de l’alliance du Rhdp, sur cette question de candidature unique ?
Candidature Pdci obligée
Pour y répondre, le Pdci a consulté sa base en organisant son 12è congrès les 3, 4, 5 et 6 octobre 2013, au palais des Sports de Treichville. «Pour le choix du futur candidat du Pdci à la présidentielle de 2015, les congressistes ont souhaité que cette personnalité soit un militant actif du parti», avait déclaré Pr Niamkey Koffi.
De ce point de vue général, le parti aura un candidat. A priori, ce ne peut être qu’Henri Konan Bédié, 79 ans. Enfin, sauf changement de dernière minute. Sait-on jamais. Bédié est frappé par la limite d’âge marquée dans la Constitution ivoirienne. Celle de juillet 2000 stipule en son article 35 que «le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de quarante ans au moins, et de soixante quinze ans au plus». Cette disposition exclut de fait celui qui a porté les couleurs (vert et banc) du Pdci à la présidentielle de 2010, et ouvre la porte à des supputations. La divergence de vues qu’elle occasionne oppose les militants attachés à la résolution du congrès à ceux de leurs camarades favorables au chef de l’Etat. Du coup, l’antagonisme altère sérieusement la cohésion, déjà précaire pour la même cause avant les retrouvailles d’octobre 2013. Des partisans d’une candidature Pdci avancent leurs arguments. «Je souhaite une bonne continuation au Rhdp, mais je voudrais que le Pdci, mon parti, ait un candidat à la présidentielle de 2015. Cela dénote de la vitalité de la démocratie», soutient par exemple Emile Séri Kossougro, membre du Bureau politique. L’ex-secrétaire général du parti, Alphonse Djédjé Mady, a fait campagne pour la même cause. «Le Congrès est une occasion de retrouvailles fraternelles et de rêve à des lendemains meilleurs pour tous et pour chacun. Ce rêve doit absolument se nourrir de vérité sans jamais mettre en péril la fraternité, la solidarité et la volonté de gagner ensemble l’élection présidentielle de 2015, avec bien entendu un candidat issu des rangs du Pdci-Rda», a-t-il dit le 4 octobre. Même son de cloche du côté de l’actuel secrétaire général du Pdci. «Le Congrès qui est l’organe suprême du parti a décidé que le Pdci ait un candidat. Nous avons à charge la gestion quotidienne du parti, nous aidons le président à préserver les intérêts du parti. Nous privilégions surtout les intérêts du parti. Et partout où les intérêts du parti seront préservés, ce sera le choix du parti», a-t-il répondu au confrère Le Nouveau Réveil, fin décembre.
Si on s’en tient aux convictions de cette tendance, leur famille politique doit être présente au rendez-vous des urnes dans un an. Selon ces derniers, leur formation ne saurait oublier sa vocation d’entité dont l’essence se résume à sa participation traditionnelle aux élections. Sinon, si elle ne devait pas briguer la magistrature suprême, pourquoi s’est-elle «redynamisée et rajeunie » ?
Quand la carte Ouattara l’emporte
Revenu mi-juin de Paris pour la remise du Prix Félix Houphouet-Boigny, M. Bédié avait donné un mot d’ordre on ne peut plus clair. «C’est ce que nous verrons après la tenue du congrès pour ce qui concerne le Pdci. C’est le congrès qui décidera s’il faut, soit présenter un candidat contre Alassane Ouattara soit le soutenir encore comme nous l’avons fait en 2010. Comme on le dit, on ne change pas une équipe qui gagne», avait-il affirmé à la télévision française TV5. Il répondait à la question: «Si le Pdci et le Rdr sont allés en rangs dispersés aux législatives, aux municipales et aux régionales, qu’en sera-t-il en 2015 pour la présidentielle?» Depuis lors, il exhorte le Rhdp à fédérer davantage ses forces. «Le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix, le Rhdp, notre alliance, doit devenir une réalité définitive. Elle doit être entretenue, dépoussiérée, nettoyée et appliquée, conformément à sa conception initiale», les a-t-il sensibilisés, le 30 décembre dernier. «La restructuration du parti va permettre de nous donner un instrument de combat pour les batailles futures, la plus immédiate étant l’élection présidentielle de 2015 qui alimente déjà les rédactions!», a-t-il annoncé dans la même adresse. Toutefois, s’adressant à l’Udpci, à l’ouverture du congrès de celle-ci, il a à nouveau appelé à l’union. «Notre chère patrie, la Côte d’Ivoire, doit encore faire face à de nombreux défis. Nous devons mettre fin aux crises à répétition qui ont menacé partout la nation et retardé notre développement. Nous devons trouver dans notre union consolidée les ressources nécessaires pour y répondre efficacement. Nous avons donc la responsabilité de gagner les batailles électorales futures et surtout de gouverner ensemble dans le cadre du Rhdp, afin de garantir la paix et bâtir dans la fraternité et la concorde la Côte d’Ivoire…», a-t-il souhaité. La suite, on la connaît, l’Udpci en répondant favorablement à sa requête, a dévoilé comment Alassane Ouattara sera investi. «Le Congrès est l’organe suprême du parti et la convention investit les candidats que le congrès a retenus. C’est ce que nous allons faire, puisque c’est le cas dans les autres partis du Rhdp, nous allons organiser une convention d’investiture ensemble pour investir notre candidat. Et peut-être que, le plus tôt serait le mieux, au cours de l’année 2015», a révélé Albert Toikeusse Mabri. Depuis qu’il l’a dit, la fièvre militante est montée d’un cran chez des parlementaires de la coalition. Le Groupe des 25 députés (G25), avec pour porte-parole Louis Abonouan du Pdci-Rda, prône ici et là la carte Ouattara. Depuis, l’effectif des membres de cette ‘’équipe de campagne’’ est passé à une centaine, selon M. Abonouan. Mais attention, «ce n’est pas le groupe parlementaire. Les députés sont libres au sein du groupe parlementaire de se retrouver par affinité pour dire certaines choses…», relativise Ouassenan Koné, président du groupe parlementaire Pdci. Qu’à cela ne tienne, ils sont nombreux ses camarades qui disent que la piste Ouattara est la meilleure.
Bidi Ignace