La Couverture maladie universelle annoncée pour janvier prochain pourra-t-elle combler la prise en charge médicale dans les hôpitaux publics ? Nord-Sud Quotidien ouvre le débat.
“La Couverture maladie universelle (Cmu) va démarrer ses activités de façon effective le 1er janvier 2015, le temps de mettre tous ses organes en place », annonçait le ministre Bruno Koné, porte-parole du gouvernement, le 19 décembre dernier. Ce système est censé assurer l’accès aux soins, le remboursement des soins, les prestations et les médicaments à toute personne résidant en Côte d’Ivoire et qui n’est pas déjà couverte par un autre régime obligatoire d’assurance maladie. C’est en prélude à la Cmu que la gratuité ciblée a été instaurée en 2012. Cependant, cette étape transitoire annoncée comme une panacée, connaît des failles dans sa mise en œuvre. Des structures spécialisées comme l’Ong Médecins du monde continuent de dénoncer le faible financement de la santé. La Côte d’Ivoire a ratifié des accords pour que la santé occupe 15% du budget. Aujourd’hui, elle avoisine les 5%. Ainsi, la dette due aux prestataires des Centres de santé à base communautaire, depuis 2012, n’est pas épongée, à ce jour. Ce qui suscite des grincements de dents dans le milieu. La gratuité totale déjà constituait un manque à gagner de 7 milliards FCfa pour les structures sanitaires. Conséquence: les pharmacies d’hôpitaux étaient à 80% vides, selon un médecin syndicaliste. Et, on y trouvait des médicaments de moindre importance tels que les comprimés à base de paracétamol, tandis que les médicaments coûteux manquaient. Une réalité qui n’a pas totalement disparu avec la gratuité ciblée. Pour régler la question, une série de réformes ont été faites au ministère de tutelle. Dans cette dynamique, la Nouvelle pharmacie de la santé publique prévoit une disponibilité des médicaments, dès juin prochain. Ce d’autant plus que la Cmu suppose la disponibilité des médicaments. Elle implique aussi des infrastructures d’accueil et un personnel en nombre suffisant. L’année 2013 consacrée à la santé n’a pas vu la construction de plusieurs hôpitaux. Elle a simplement enregistré l’acquisition d’équipements médicaux et la rénovation de quelques structures comme le service néonatal du Centre hospitalier universitaire de Yopougon. C’est dans ce contexte de construction d’infrastructures et d’insatisfaction des patients que les autorités décident de passer à la vitesse supérieure, alors qu’elles n’ont pu respecter le rendez-vous de janvier 2014. En réalité, c’est la première date qui avait été évoquée pour l’effectivité de la Cmu. Un autre défi reste celui du recouvrement des cotisations des travailleurs du secteur informel. En Belgique, par exemple, la majorité de la population est salariée ; ce qui facilite les recouvrements des cotisations. En Côte d’Ivoire, les travailleurs du secteur informel sont-ils prêts à cotiser? Il est vrai que Goudou Coffie, ministre de la Santé, a rassuré, lors de sa récente interview télévisée, sur la prise en compte des cibles de la gratuité par la Cmu. Cependant, le panier de soins sera-t-il défini courant 2014 ? Le pays doit-il pour autant adopter une attitude défaitiste face à la Cmu et retourner à l’initiative de Bamako (il s’agit de l’ancien système où le malade paye pour ses soins)? Sinon, quels sont les aspects saillants à ne pas négliger, dans la finition de la mise en œuvre des organes de la Cmu ? Le débat est ouvert pour une meilleure prise en charge dans les hôpitaux publics.
Nesmon De Laure
“La Couverture maladie universelle (Cmu) va démarrer ses activités de façon effective le 1er janvier 2015, le temps de mettre tous ses organes en place », annonçait le ministre Bruno Koné, porte-parole du gouvernement, le 19 décembre dernier. Ce système est censé assurer l’accès aux soins, le remboursement des soins, les prestations et les médicaments à toute personne résidant en Côte d’Ivoire et qui n’est pas déjà couverte par un autre régime obligatoire d’assurance maladie. C’est en prélude à la Cmu que la gratuité ciblée a été instaurée en 2012. Cependant, cette étape transitoire annoncée comme une panacée, connaît des failles dans sa mise en œuvre. Des structures spécialisées comme l’Ong Médecins du monde continuent de dénoncer le faible financement de la santé. La Côte d’Ivoire a ratifié des accords pour que la santé occupe 15% du budget. Aujourd’hui, elle avoisine les 5%. Ainsi, la dette due aux prestataires des Centres de santé à base communautaire, depuis 2012, n’est pas épongée, à ce jour. Ce qui suscite des grincements de dents dans le milieu. La gratuité totale déjà constituait un manque à gagner de 7 milliards FCfa pour les structures sanitaires. Conséquence: les pharmacies d’hôpitaux étaient à 80% vides, selon un médecin syndicaliste. Et, on y trouvait des médicaments de moindre importance tels que les comprimés à base de paracétamol, tandis que les médicaments coûteux manquaient. Une réalité qui n’a pas totalement disparu avec la gratuité ciblée. Pour régler la question, une série de réformes ont été faites au ministère de tutelle. Dans cette dynamique, la Nouvelle pharmacie de la santé publique prévoit une disponibilité des médicaments, dès juin prochain. Ce d’autant plus que la Cmu suppose la disponibilité des médicaments. Elle implique aussi des infrastructures d’accueil et un personnel en nombre suffisant. L’année 2013 consacrée à la santé n’a pas vu la construction de plusieurs hôpitaux. Elle a simplement enregistré l’acquisition d’équipements médicaux et la rénovation de quelques structures comme le service néonatal du Centre hospitalier universitaire de Yopougon. C’est dans ce contexte de construction d’infrastructures et d’insatisfaction des patients que les autorités décident de passer à la vitesse supérieure, alors qu’elles n’ont pu respecter le rendez-vous de janvier 2014. En réalité, c’est la première date qui avait été évoquée pour l’effectivité de la Cmu. Un autre défi reste celui du recouvrement des cotisations des travailleurs du secteur informel. En Belgique, par exemple, la majorité de la population est salariée ; ce qui facilite les recouvrements des cotisations. En Côte d’Ivoire, les travailleurs du secteur informel sont-ils prêts à cotiser? Il est vrai que Goudou Coffie, ministre de la Santé, a rassuré, lors de sa récente interview télévisée, sur la prise en compte des cibles de la gratuité par la Cmu. Cependant, le panier de soins sera-t-il défini courant 2014 ? Le pays doit-il pour autant adopter une attitude défaitiste face à la Cmu et retourner à l’initiative de Bamako (il s’agit de l’ancien système où le malade paye pour ses soins)? Sinon, quels sont les aspects saillants à ne pas négliger, dans la finition de la mise en œuvre des organes de la Cmu ? Le débat est ouvert pour une meilleure prise en charge dans les hôpitaux publics.
Nesmon De Laure