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Économie Publié le mercredi 22 janvier 2014 | Le Patriote

Dossier : Retour du Marché des arts du spectacle africain / Ce que la Côte d’Ivoire va gagner

© Le Patriote Par M. Y.
Cinéma: avant-première du film ivoirien ``Aya de Yopougon``,un véritable succès
Mardi 21 aout 2013. Abidjan. Cérémonie de présentation de l`adaptation au cinéma de la bande dessinée ``Aya de Yopougon``, bandes dessinées écrite par Marguerite Abouet, illustrée par Clément Oubrerie . Photo: Maurice Bandaman, ministre de la culture et de la francophonie.
Du rêve… à la réalité ! En décembre 2012, lorsque le ministre Maurice Bandaman annonçait, au cours de la clôture de la saison culturelle à la salle Christian Lattier du Palais de la culture d’Abidjan-Treichville, le retour du Marché des arts du spectacle africain (MASA) pour la fin de l’année 2013 ou le premier trimestre de 2014, l’assistance a sans doute applaudi par courtoisie. Et surtout respect pour la personnalité qu’il est.
Dans le fond, il faut l’avouer, beaucoup était sceptique. Pour ne pas dire qu’ils n’y croyaient pas du tout, en assimilant cette déclaration à un simple effet d’annonce, comme les hommes politiques savent si bien le faire.
Puis, c’était le silence total, du moins en apparence. Parce qu’après cette cérémonie, on n’a pas non plus trop entendu parler du MASA. En réalité, l’idée faisait son chemin, dans les couloirs du 22ème étage de la Tour E, Cité Administrative, qui abrite le Cabinet du ministre Bandaman. Bien plus, lui et ses collaborateurs ont travaillé discrètement sur le projet, histoire de faire en sorte qu’il prenne véritablement forme.
Et en juin 2014, alors qu’on s’y attendait le moins, le Secrétaire général de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), au sortir d’une audience avec le Chef de l’Etat, au Palais présidentiel du Plateau, révèle le retour effectif du MASA. Le lendemain, le ministre Maurice Kouakou Bandaman et Mme Youma Fall de l’OIF confirment cette information et portent ainsi officiellement à la connaissance des acteurs culturels et du grand public la résurrection du MASA.
Pour un événement, c’en était vraiment, car l’événement, tombé dans le coma, après une édition ratée en 2007, était donné, depuis des années, pour mort par plusieurs observateurs du monde culturel. Pour certains, les chances de faire revivre le MASA étaient inexistantes. Ce retour sonne donc comme une grande victoire pour les autorités ivoiriennes, parce qu’elle s’inscrit dans la droite ligne du renouveau de la Côte d’Ivoire, marqué entre autres par ces nombreux chantiers qui fleurissent à Abidjan et dans certaines villes du pays. Depuis deux ans donc, presque tous les secteurs bougent et montrent fièrement les signes d’une renaissance. Le pays a renoué avec la croissance économique et, sur le plan politique et diplomatique, il a repris sa place dans le concert des Nations. Il manquait plus que son grand retour sur la scène culturelle africaine. Avec le MASA, c’est désormais chose faite. Et, surtout la culture s’offre enfin un siège dans le train de l’émergence, qui avait visiblement quitté la gare, sans elle.
De toute évidence, la résurrection de ce marché est une grande victoire pour les autorités ivoiriennes et, à travers elles, le ministre Bandaman, qui s’est battu pour que cet événement reprenne ses droits. Et au-delà de ces personnalités, c’est toute la Côte d’Ivoire qui va gagner avec le MASA. D’abord, au plan médiatique, le MASA donnera à la Côte d’Ivoire durant sa huitaine, peut-être même avant et après, une incroyable visibilité dans le monde. Tous les feux des projecteurs seront braqués sur le pays, qui sera, durant le temps de l’animation, la capitale de la création africaine, en matière d’arts vivants et de spectacle africain. Les grandes chaînes de télé du monde francophone, voire anglophone s’intéresseront à la Côte d’Ivoire, parce qu’attirées par le MASA. Ce n’est pas tout, la Côte d’Ivoire accueillera aussi, non seulement, les meilleurs spectacles du continent, mais également de grandes stars de la musique qui se produiront lors des concerts d’ouverture et de clôture. En termes d’images, comme le dirait l’autre, c’est tout « bénef » pour le pays.
Sur le plan économique, il est clair que les retombées seront énormes. Avec 1500 acheteurs attendus officiellement, alors que ce nombre pourrait bien augmenter, c’est évident que les hôtels afficheront complet, les restaurateurs feront d’excellentes d’affaires, le transport va aussi accroître ses gains, parce qu’il y aura du mouvement dans tous les sens, pour voir les spectacles… Pas besoin donc de développer de grandes théoriques pour faire comprendre que la Côte d’Ivoire va tirer un grand profit du MASA.
Pour sûr, les enjeux de ce MASA 2014 sont énormes pour la Côte d’Ivoire. Et pour justement relever le défi de l’organisation et répondre à l’attente que ce retour suscite chez les uns et les autres, le ministre Bandaman a choisi de confier les rênes du MASA au Pr Yacouba Konaté, Directeur général par intérim. Un brillant universitaire doublé d’un homme de culture rompu aux arcanes des grands événements culturels, puisqu’il a piloté le Commissariat général de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, appelée communément Dak’Art, en 2006, et organisé, avec brio, plusieurs expositions d’arts visuels.
Et depuis son intronisation à la tête du MASA, à la mi-2013, c’est une véritable course contre la montre que ce critique d’art mène, avec toute son équipe. Aujourd’hui, ils ont parcouru une bonne partie du chemin, puisque la liste des 63 groupes retenus, dont 12 représentants ivoiriens, est connue. Ces heureux élus présenteront leurs différentes créations en danse (20), musique (23), théâtre (14), et aussi, c’est une innovation, en conte (3), en humour (2) et en art de la rue(1), selon la discipline dans laquelle ils ont été choisis, dans trois villes : Abidjan, Bassam et Bouaké. Au total, c’est 483 artistes, dont 114 résidant en Côte d’Ivoire, qui sont inscrits dans le MASA IN, sans oublier ceux qui prendront part au MASA OFF, c’est-à-dire la partie non officielle, mais importante de la manifestation.
On ne dit peut-être pas assez. Pour la première fois de son histoire, le MASA, qui est à sa 8ème édition, revêt une dimension festival. Ainsi, en plus de ceux retenus, il y aura des spectacles éclatés à Abidjan, Bassam et Bouaké. Derrière cette nouveauté, les organisateurs poursuivent un objectif précis : faire de la manifestation, une fête populaire. Un aspect, il est vrai, qui avait par le passé manqué au MASA, qui n’avait essentiellement pour public que les tourneurs et autres professionnels du secteur.
Cette année, il aura un caractère populaire, et toute la Côte d’Ivoire vivra et respirera au rythme de cet événement culturel majeur du continent. Les préparatifs avancent à grands pas, et bientôt le compte à rebours va commencer, si ce n’est déjà le cas…
Manifestement, le MASA 2014, dit de relance, est d’une importance capitale pour la Côte d’Ivoire voire l’Afrique culturelle. Pour un retour après 7 années de silence, il n’a pas le droit de se rater. Alors-là, pas du tout…
Y. Sangaré
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