L’ambiance était électrique dans la matinée du samedi 1er février 2014 dans la commune d’Adjamé. S’opposant à leur déguerpissement ordonné par le maire de la commune, les femmes du marché Gouro regroupées au sein de la Coopérative du marché Gouro d’Adjamé-Roxy ont envahi le boulevard Nangui Abrogoua, perturbant du coup la circulation sur cet axe pendant plusieurs heures. Informés de ce qui se passait, des agents du 3ème arrondissement de Police et ceux du District d’Adjamé appuyés par un détachement de la Gendarmerie ont fait une descente sur les lieux. Après quelques minutes de négociations, ils obtiennent la levée des barrières sur le boulevard Nangui Abrogoua et une délégation de commerçantes du marché Gouro s’est rendue au District de police d’Adjamé où elle a été reçue par le chef de ce service, le colonel Kramo. Selon les témoignages recueillis sur les lieux après le départ de la délégation, la colère des commerçantes du marché Gouro fait suite à la réception d’une mise en demeure délivrée par les services de la mairie d’Adjamé le vendredi 31 janvier 2014. «Le litige qui nous oppose à un opérateur économique Libanais a été mis en délibéré au Tribunal du Commerce d’Abidjan et nous avons rendez-vous le 21 février prochain. Nous ne comprenons donc pas pourquoi le maire nous envoie une mise en demeure, le vendredi et le lendemain, un bulldozer est dépêché pour nous déloger. Ce marché existe depuis 1972 et c’est sous le Président Houphouët-Boigny qu’il a été inauguré. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec tous les Présidents qui sont passés, pourquoi c’est sous Ouattara que nous devons quitter le marché Gouro ? Où allons-nous aller ? Comment ferons-nous pour scolariser nos enfantes et nous occuper de nos familles ?», s’interrogeait le DAAF de la COMAGOA, Emmanuel Tra Bi, dont la structure a eu le soutien de Mme Irié Lou Colette, présidente de la FENACOVICI. Ces propos ont également été corroborés par ceux de Mme Anne Boué surnommée «La jumelle du marché Gouro», mais cette dame d’une cinquantaine d’années ne voit que la main du maire d’Adjamé, Sylla Youssouf dans leurs déboires. «C’est nous qui avons voté le maire Sylla et c’est comme ça qu’il nous exprime sa reconnaissance ? En agissant ainsi, il n’arrange pas le Président Ouattara», s’est-elle indignée. Nos tentatives pour entrer en contact avec le maire d’Adjamé et avoir sa version des faits ont été vaines. Le chef du District de police d’Adjamé a assuré aux femmes du marché Gouro d’Adjamé-Roxy qu’aucun ordre de déguerpissement ne lui a encore été signifié et qu’elles peuvent vaquer à leurs occupations, en attendant que le Tribunal du Commerce se prononce.
O.Dion
O.Dion