Pour sa première expérience en tant qu’entraîneur, Sabri Lamouchi n’a pas choisi la facilité. L’ancien international français (12 sélections) a pris les commandes d’une équipe de Côte d’Ivoire qui, malgré les nombreux joueurs de talent qui la composent, est abonnée aux échecs depuis 20 ans en compétition internationale. Lors de sa prise de fonction, Lamouchi avait deux missions : qualifier les Éléphants pour la Coupe d’Afrique des Nations 2013 et pour la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014. Contrats remplis.
Désormais, Lamouchi a un nouvel objectif : "essayer de faire mieux que lors des deux dernières éditions de la Coupe du Monde, c’est à dire de sortir des poules". C’est ce qu’il a confié au micro de FIFA.com, à Costa do Sauípe, en marge du Tirage au sort final de l’épreuve suprême. Entretien.
Sabri, voilà un an et demi que vous occupez les fonctions de sélectionneur de la Côte d’Ivoire. Pouvez-vous revenir sur votre prise de fonction ?
C’était inattendu pour beaucoup de monde, pour moi y compris. Évidemment, quand pour votre première expérience, vous prenez les rênes d’une équipe nationale, qui plus est celle de la plus grande équipe africaine, le challenge n’est pas facile. L’un des objectifs était de se qualifier pour la Coupe du Monde et je suis heureux d’ores et déjà d’avoir fait partie de cette aventure, d’avoir qualifié pour la troisième fois consécutive cette grande nation du football à une compétition aussi importante que celle-là.
Comment s’est passée votre adaptation ?
La règle est de s’adapter aux joueurs dont on dispose. Mon premier défi a été de faire en sorte que toutes les individualités se mettent au service du collectif, qu’il y ait davantage un esprit de groupe. Et je dois reconnaître que j’ai été agréablement surpris par les joueurs. Tout n’a pas été rose, malgré la qualification et le fait qu’on n’ait pas perdu le moindre match au cours de cette campagne. En tout cas, j’ai toujours veillé à trouver la solution la plus adaptée, la plus équilibrée, la plus compétitive, afin d’avoir une équipe toujours à la recherche de la performance. Le public ivoirien attend des Éléphants qu’ils gagnent 4:0 à chaque match. Malheureusement ce n’est plus le cas. C’est toujours très difficile de jouer ses matches en Afrique. Des grandes nations ont perdu en Gambie, ont été accrochées en Tanzanie : je pense au Maroc. Ces équipes-là vous attendent de pied ferme et jouent le match de l’année. Au final, on est passé. En barrages, on a retrouvé le Sénégal, contre qui nous avions déjà joué lors des barrages de la dernière CAN. Nous sommes restés invaincus, gagnant trois des quatre matches. C’est un plaisir de participer à la Coupe du Monde, un an après avoir joué la CAN. Il y a forcément un peu de chance, mais il y a surtout du travail qui commence à prendre forme. La chance de la Côte d’Ivoire est d’avoir un président de la Fédération qui prône la stabilité. Pour avoir des résultats, il faut avoir du temps. Or, en sélection, le temps manque beaucoup plus qu’en club.
Vous évoquez les barrages contre le Sénégal. Si le match aller a presque été une formalité (3:1), le match retour a été plus compliqué (1:1)...
On aborde le match retour avec un avantage de deux buts qui aurait dû être accentué au minimum de trois unités. Si on l’avait emporté par quatre ou cinq à zéro, il n’y aurait rien eu à redire. Quand on prend ce but sénégalais dans les derniers instants, ce n’est plus du tout la même chose. A la 90ème minute, il fallait que le Sénégal marque quatre buts pour se qualifier. Dans la seconde d’après, il n’en fallait plus que deux... Alors qu’ils étaient complètement passés au travers ! Cela leur a redonné confiance. Au match retour, nous savions que ce serait difficile, même avec cette avance. L’avantage est que de notre côté, nous avons fait 18 matches ensemble. Nous avons marqué à chacune de nos sorties. C’était une chance contre le Sénégal ce jour-là. Il faut reconnaître que notre adversaire a fait une grande prestation, pas nous. Malgré tout, notre défense et notre gardien ont été très performants. Il ne faut retenir que la qualification. Mais sur l’ensemble des deux matches, je pense honnêtement qu’elle est complètement méritée.
Qu’avez-vous ressenti lors du coup de sifflet final ?
Un soulagement avant tout. Je dois reconnaître que la deuxième mi-temps a été très pénible à vivre et à gérer. Nous étions très bousculés, et nous ne trouvions pas les solutions. Il y a cette occasion sénégalaise qui aurait pu être concrétisée sans un retour in extremis de Giovanni Sio... On ne sait pas ce que la suite aurait pu donner. Et sur la contre-attaque, on égalise et on finit cette phase qualificative sans défaite. C’est un grand soulagement et un grand plaisir d’emmener cette grande nation du football à une Coupe du Monde pour la troisième fois consécutive, au Brésil de surcroît, pays du ballon rond.
Brésil 2014 représente la dernière chance pour la génération dorée ivoirienne, emmenée par Didier Drogba et Kolo Touré notamment, de remporter quelque chose avec les Éléphants...
Mais la Côte d’Ivoire ne peut pas gagner la Coupe du Monde ! Certes, la Côte d’Ivoire a une génération de joueurs qui se termine. Pour certains ce sera effectivement la dernière Coupe du Monde. Mais la Côte d’Ivoire dispose d’éléments capables non pas de créer la surprise, mais de jouer au niveau qui lui est reconnu dans le monde entier. En Coupe d’Afrique, ils ont toujours été favoris mais ils n’ont jamais ramené le trophée. En Coupe du Monde, ils n’ont pas la faveur des pronostics, mais ils ont les talents pour embêter les grandes nations du football. Il faut pour cela que les individualités se mettent à 100% au service du collectif.
Jusqu’où peut aller la Côte d’ivoire dans cette compétition ?
Ne nous fixons pas de limite ! L’objectif numéro 1 est d’essayer de faire mieux que lors des deux dernières éditions, c’est-à-dire de sortir des poules. Nous savons que ce sera difficile car il y a beaucoup de qualité dans notre groupe. Il faut juste ne pas avoir de regret. Si on passe, tout est jouable. Mais concentrons-nous d’abord sur le premier match, sur notre préparation, et sur les forces qui sont les nôtres pour essayer de rendre fier un peuple ivoirien qui n’attend que ça.
Avec la Colombie, le Japon, et la Grèce, votre groupe semble tout de même plus abordable que lors des éditions précédentes...
Cette poule n’est pas si simple non plus. La Colombie peut être une des grandes surprises de la prochaine Coupe du Monde. J’ai pu assister à leur récente victoire face à la Belgique : cette équipe est rigoureuse, déterminée, et talentueuse. Le Japon est la meilleure équipe asiatique. La Grèce a remporté le championnat d’Europe il y a 10 ans, mais elle reste une équipe difficile à bouger, à jouer, à bousculer. C’est un groupe très équilibré. Le premier match aura son importance.
Désormais, Lamouchi a un nouvel objectif : "essayer de faire mieux que lors des deux dernières éditions de la Coupe du Monde, c’est à dire de sortir des poules". C’est ce qu’il a confié au micro de FIFA.com, à Costa do Sauípe, en marge du Tirage au sort final de l’épreuve suprême. Entretien.
Sabri, voilà un an et demi que vous occupez les fonctions de sélectionneur de la Côte d’Ivoire. Pouvez-vous revenir sur votre prise de fonction ?
C’était inattendu pour beaucoup de monde, pour moi y compris. Évidemment, quand pour votre première expérience, vous prenez les rênes d’une équipe nationale, qui plus est celle de la plus grande équipe africaine, le challenge n’est pas facile. L’un des objectifs était de se qualifier pour la Coupe du Monde et je suis heureux d’ores et déjà d’avoir fait partie de cette aventure, d’avoir qualifié pour la troisième fois consécutive cette grande nation du football à une compétition aussi importante que celle-là.
Comment s’est passée votre adaptation ?
La règle est de s’adapter aux joueurs dont on dispose. Mon premier défi a été de faire en sorte que toutes les individualités se mettent au service du collectif, qu’il y ait davantage un esprit de groupe. Et je dois reconnaître que j’ai été agréablement surpris par les joueurs. Tout n’a pas été rose, malgré la qualification et le fait qu’on n’ait pas perdu le moindre match au cours de cette campagne. En tout cas, j’ai toujours veillé à trouver la solution la plus adaptée, la plus équilibrée, la plus compétitive, afin d’avoir une équipe toujours à la recherche de la performance. Le public ivoirien attend des Éléphants qu’ils gagnent 4:0 à chaque match. Malheureusement ce n’est plus le cas. C’est toujours très difficile de jouer ses matches en Afrique. Des grandes nations ont perdu en Gambie, ont été accrochées en Tanzanie : je pense au Maroc. Ces équipes-là vous attendent de pied ferme et jouent le match de l’année. Au final, on est passé. En barrages, on a retrouvé le Sénégal, contre qui nous avions déjà joué lors des barrages de la dernière CAN. Nous sommes restés invaincus, gagnant trois des quatre matches. C’est un plaisir de participer à la Coupe du Monde, un an après avoir joué la CAN. Il y a forcément un peu de chance, mais il y a surtout du travail qui commence à prendre forme. La chance de la Côte d’Ivoire est d’avoir un président de la Fédération qui prône la stabilité. Pour avoir des résultats, il faut avoir du temps. Or, en sélection, le temps manque beaucoup plus qu’en club.
Vous évoquez les barrages contre le Sénégal. Si le match aller a presque été une formalité (3:1), le match retour a été plus compliqué (1:1)...
On aborde le match retour avec un avantage de deux buts qui aurait dû être accentué au minimum de trois unités. Si on l’avait emporté par quatre ou cinq à zéro, il n’y aurait rien eu à redire. Quand on prend ce but sénégalais dans les derniers instants, ce n’est plus du tout la même chose. A la 90ème minute, il fallait que le Sénégal marque quatre buts pour se qualifier. Dans la seconde d’après, il n’en fallait plus que deux... Alors qu’ils étaient complètement passés au travers ! Cela leur a redonné confiance. Au match retour, nous savions que ce serait difficile, même avec cette avance. L’avantage est que de notre côté, nous avons fait 18 matches ensemble. Nous avons marqué à chacune de nos sorties. C’était une chance contre le Sénégal ce jour-là. Il faut reconnaître que notre adversaire a fait une grande prestation, pas nous. Malgré tout, notre défense et notre gardien ont été très performants. Il ne faut retenir que la qualification. Mais sur l’ensemble des deux matches, je pense honnêtement qu’elle est complètement méritée.
Qu’avez-vous ressenti lors du coup de sifflet final ?
Un soulagement avant tout. Je dois reconnaître que la deuxième mi-temps a été très pénible à vivre et à gérer. Nous étions très bousculés, et nous ne trouvions pas les solutions. Il y a cette occasion sénégalaise qui aurait pu être concrétisée sans un retour in extremis de Giovanni Sio... On ne sait pas ce que la suite aurait pu donner. Et sur la contre-attaque, on égalise et on finit cette phase qualificative sans défaite. C’est un grand soulagement et un grand plaisir d’emmener cette grande nation du football à une Coupe du Monde pour la troisième fois consécutive, au Brésil de surcroît, pays du ballon rond.
Brésil 2014 représente la dernière chance pour la génération dorée ivoirienne, emmenée par Didier Drogba et Kolo Touré notamment, de remporter quelque chose avec les Éléphants...
Mais la Côte d’Ivoire ne peut pas gagner la Coupe du Monde ! Certes, la Côte d’Ivoire a une génération de joueurs qui se termine. Pour certains ce sera effectivement la dernière Coupe du Monde. Mais la Côte d’Ivoire dispose d’éléments capables non pas de créer la surprise, mais de jouer au niveau qui lui est reconnu dans le monde entier. En Coupe d’Afrique, ils ont toujours été favoris mais ils n’ont jamais ramené le trophée. En Coupe du Monde, ils n’ont pas la faveur des pronostics, mais ils ont les talents pour embêter les grandes nations du football. Il faut pour cela que les individualités se mettent à 100% au service du collectif.
Jusqu’où peut aller la Côte d’ivoire dans cette compétition ?
Ne nous fixons pas de limite ! L’objectif numéro 1 est d’essayer de faire mieux que lors des deux dernières éditions, c’est-à-dire de sortir des poules. Nous savons que ce sera difficile car il y a beaucoup de qualité dans notre groupe. Il faut juste ne pas avoir de regret. Si on passe, tout est jouable. Mais concentrons-nous d’abord sur le premier match, sur notre préparation, et sur les forces qui sont les nôtres pour essayer de rendre fier un peuple ivoirien qui n’attend que ça.
Avec la Colombie, le Japon, et la Grèce, votre groupe semble tout de même plus abordable que lors des éditions précédentes...
Cette poule n’est pas si simple non plus. La Colombie peut être une des grandes surprises de la prochaine Coupe du Monde. J’ai pu assister à leur récente victoire face à la Belgique : cette équipe est rigoureuse, déterminée, et talentueuse. Le Japon est la meilleure équipe asiatique. La Grèce a remporté le championnat d’Europe il y a 10 ans, mais elle reste une équipe difficile à bouger, à jouer, à bousculer. C’est un groupe très équilibré. Le premier match aura son importance.