A la suite de notre débat sur les violences universitaires, Nord-Sud Quotidien a invité les organisations estudiantines, vendredi, à son siège afin d’échanger sur d’éventuelles solutions pour le retour définitif de la paix au campus.
Ce sont eux, les premiers concernés. Et ce sont eux qui décident en fin de compte. Conscients de cela, les leaders des organisations estudiantines de Côte d’Ivoire se sont retrouvés, vendredi, dans la salle de conférence de votre quotidien préféré pour débattre de la violence universitaire. Qui en est la cause ? Comment circonscrire ce mal pernicieux ? Les points de vue sont divergents, mais ne manquent pas de pertinence. « Si je suis membre d’une organisation estudiantine et que je constate qu’un camarade d’une autre organisation pose problème, au lieu d’écrire à la presse ou de riposter, je l’interpelle simplement. S’il y a des reproches à faire, faisons-les de façon civilisée, dans la concertation», préconise Konaté Moussa, président de la Renaissance estudiantine et scolaire (Rets). Pour lui, c’est parce que cette démarche n’est pas suivie qu’on assiste à ces violences au campus. Mais comment veut-il que l’on discute avec des responsables d’organisations qui n’ont que la violence à l’esprit ?, s’interroge Yéo Abdoulaye, secrétaire à l’organisation de l’Association générale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ageeci). « Moi, je n’aime pas la violence. Quand je constate que je ne peux pas discuter avec quelqu’un qui prospère dans ce chemin, je vais immédiatement à la police », explique l’étudiant. C’est vrai, reconnaît le premier, la police est une solution. Elle finit en général par trouver un règlement à l’amiable. Malheureusement, les étudiants fautifs qui y sont envoyés ne tirent pas de leçon de leurs erreurs. La faute incombe très souvent aux leaders des organisations estudiantines. « Ils sont ensemble dans les maquis. Mais cette camaraderie n’existe pas entre leurs différentes bases. Il faut donc que ces leaders aient le courage d’interpeller leurs membres», propose Konaté. L’on doit voir au-delà de ces aspects, à entendre Cissé Vamara, président de l’Union nationale estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Unesci). « Quand il y a un problème et qu’on va voir les responsables, ils nous ramènent vers le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Cela signifie que quelque part Cissé Bacongo tire les ficelles, s’offusque-t-il. Cette façon de fonctionner rouille la machine ». Mais le plus décevant, selon Cissé, c’est que les étudiants ne sont pas associés aux prises de décisions, même lorsqu’il s’agit de problèmes les concernant. Que peut-on faire quand on n’est ni écouté, ni considéré ? La réponse, pour le leader syndical, c’est ce climat de chaos qui règne présentement à l’université. « La violence que nous avons constatée est le fruit d’un ras-le-bol, renchérit Mominé Roland, le Sg de l’Ageeci. Si les étudiants étaient convaincus que les autorités pouvaient régler leurs problèmes, il n’y aurait pas tout ceci. C’est parce qu’ils constatent l’impunité qu’ils sont obligés de se faire justice eux-mêmes». La solution ? C’est la responsabilité, note Paterne Gbocho, secrétaire de la Fédération des élèves et étudiants de l’enseignement technique et professionnel de Côte d’Ivoire (Fetep-ci). «Au technique, nous sommes nombreux et nous avons plus de problèmes. Mais c’est une question de responsabilité. Nous allons toujours à la concertation. Nous ne faisons jamais d’interruption de cours. Il faut toujours discuter au lieu d’arrêter les cours et déloger les camarades », fait-il savoir. «Toutes les organisations d’étudiants ont leur approche face à une situation donnée. Pour nous, c’est la négociation. Quand ça ne marche pas, on peut alors manifester. Il ne faut pas sauter d’étape », ajoute Konaté. La négociation, d’accord, selon Mominé Roland, mais la formation d’abord. « Il faut donner une certaine culture aux syndicats. A l’université, l’étudiant qui est le cadre de demain doit apprendre des principes démocratiques. Quand il est en faute, il faut le punir afin d’éviter que l’impunité reste dans sa tête comme une option. Parce qu’il risque de l’appliquer demain quand il sera aux commandes », insiste-t-il. Au dire de Coulibaly Metan, membre du bureau de l’Ageeci, il faut que les responsables des organisations estudiantines apprennent à contrôler leurs éléments. « Très souvent, quand vous appelez un responsable, il vous dit qu’il n’est pas au courant des actes posés par ses membres. C’est difficile de communiquer dans ce sens » regrette-t-il. Ils ont tous raisons sur ces différents points, renchérit Cissé Vamara, mais il faut que le ministre Cissé Bacongo écoute les syndicats et prenne en compte leurs points de vue. La question de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) doit être revue, poursuit l’invité de la rédaction. «Mian Augustin a confessé après la crise que c’est la politique qui les a induits en erreur. Mais ce qu’on a dénoncé se poursuit toujours. Les politiciens continuent de manipuler la Fesci. Et c’est elle qui est à la base de la violence universitaire », dénonce-t-il. A l’entendre, tant que cela n’est pas réglé, le chaos règnera toujours. « Nous posons les problèmes justes qui concernent l’ensemble des étudiants, lui répond le Sg de la Fesci. Nous œuvrons pour que la paix et la quiétude demeurent à l’université ; pas pour un moment, mais pour toujours ». Selon Mian Augustin, c’est parce que leurs préoccupations sont légitimes qu’on a l’impression qu’ils drainent plus de monde et par conséquent, qu’ils sont manipulés. Mais il n’en est rien de tout cela. La clef de leur force, c’est la légitimité. En rapprochant ces différents points de vue, il apparaît que le remède à la violence universitaire est une décoction qui résultera de l’apport de chaque acteur du système universitaire. Depuis la tutelle jusqu’aux apprenants eux-mêmes. Les ingrédients ? La négociation, la responsabilité, le respect et surtout la justice.
Raphaël Tanoh
Ce sont eux, les premiers concernés. Et ce sont eux qui décident en fin de compte. Conscients de cela, les leaders des organisations estudiantines de Côte d’Ivoire se sont retrouvés, vendredi, dans la salle de conférence de votre quotidien préféré pour débattre de la violence universitaire. Qui en est la cause ? Comment circonscrire ce mal pernicieux ? Les points de vue sont divergents, mais ne manquent pas de pertinence. « Si je suis membre d’une organisation estudiantine et que je constate qu’un camarade d’une autre organisation pose problème, au lieu d’écrire à la presse ou de riposter, je l’interpelle simplement. S’il y a des reproches à faire, faisons-les de façon civilisée, dans la concertation», préconise Konaté Moussa, président de la Renaissance estudiantine et scolaire (Rets). Pour lui, c’est parce que cette démarche n’est pas suivie qu’on assiste à ces violences au campus. Mais comment veut-il que l’on discute avec des responsables d’organisations qui n’ont que la violence à l’esprit ?, s’interroge Yéo Abdoulaye, secrétaire à l’organisation de l’Association générale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ageeci). « Moi, je n’aime pas la violence. Quand je constate que je ne peux pas discuter avec quelqu’un qui prospère dans ce chemin, je vais immédiatement à la police », explique l’étudiant. C’est vrai, reconnaît le premier, la police est une solution. Elle finit en général par trouver un règlement à l’amiable. Malheureusement, les étudiants fautifs qui y sont envoyés ne tirent pas de leçon de leurs erreurs. La faute incombe très souvent aux leaders des organisations estudiantines. « Ils sont ensemble dans les maquis. Mais cette camaraderie n’existe pas entre leurs différentes bases. Il faut donc que ces leaders aient le courage d’interpeller leurs membres», propose Konaté. L’on doit voir au-delà de ces aspects, à entendre Cissé Vamara, président de l’Union nationale estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Unesci). « Quand il y a un problème et qu’on va voir les responsables, ils nous ramènent vers le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Cela signifie que quelque part Cissé Bacongo tire les ficelles, s’offusque-t-il. Cette façon de fonctionner rouille la machine ». Mais le plus décevant, selon Cissé, c’est que les étudiants ne sont pas associés aux prises de décisions, même lorsqu’il s’agit de problèmes les concernant. Que peut-on faire quand on n’est ni écouté, ni considéré ? La réponse, pour le leader syndical, c’est ce climat de chaos qui règne présentement à l’université. « La violence que nous avons constatée est le fruit d’un ras-le-bol, renchérit Mominé Roland, le Sg de l’Ageeci. Si les étudiants étaient convaincus que les autorités pouvaient régler leurs problèmes, il n’y aurait pas tout ceci. C’est parce qu’ils constatent l’impunité qu’ils sont obligés de se faire justice eux-mêmes». La solution ? C’est la responsabilité, note Paterne Gbocho, secrétaire de la Fédération des élèves et étudiants de l’enseignement technique et professionnel de Côte d’Ivoire (Fetep-ci). «Au technique, nous sommes nombreux et nous avons plus de problèmes. Mais c’est une question de responsabilité. Nous allons toujours à la concertation. Nous ne faisons jamais d’interruption de cours. Il faut toujours discuter au lieu d’arrêter les cours et déloger les camarades », fait-il savoir. «Toutes les organisations d’étudiants ont leur approche face à une situation donnée. Pour nous, c’est la négociation. Quand ça ne marche pas, on peut alors manifester. Il ne faut pas sauter d’étape », ajoute Konaté. La négociation, d’accord, selon Mominé Roland, mais la formation d’abord. « Il faut donner une certaine culture aux syndicats. A l’université, l’étudiant qui est le cadre de demain doit apprendre des principes démocratiques. Quand il est en faute, il faut le punir afin d’éviter que l’impunité reste dans sa tête comme une option. Parce qu’il risque de l’appliquer demain quand il sera aux commandes », insiste-t-il. Au dire de Coulibaly Metan, membre du bureau de l’Ageeci, il faut que les responsables des organisations estudiantines apprennent à contrôler leurs éléments. « Très souvent, quand vous appelez un responsable, il vous dit qu’il n’est pas au courant des actes posés par ses membres. C’est difficile de communiquer dans ce sens » regrette-t-il. Ils ont tous raisons sur ces différents points, renchérit Cissé Vamara, mais il faut que le ministre Cissé Bacongo écoute les syndicats et prenne en compte leurs points de vue. La question de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) doit être revue, poursuit l’invité de la rédaction. «Mian Augustin a confessé après la crise que c’est la politique qui les a induits en erreur. Mais ce qu’on a dénoncé se poursuit toujours. Les politiciens continuent de manipuler la Fesci. Et c’est elle qui est à la base de la violence universitaire », dénonce-t-il. A l’entendre, tant que cela n’est pas réglé, le chaos règnera toujours. « Nous posons les problèmes justes qui concernent l’ensemble des étudiants, lui répond le Sg de la Fesci. Nous œuvrons pour que la paix et la quiétude demeurent à l’université ; pas pour un moment, mais pour toujours ». Selon Mian Augustin, c’est parce que leurs préoccupations sont légitimes qu’on a l’impression qu’ils drainent plus de monde et par conséquent, qu’ils sont manipulés. Mais il n’en est rien de tout cela. La clef de leur force, c’est la légitimité. En rapprochant ces différents points de vue, il apparaît que le remède à la violence universitaire est une décoction qui résultera de l’apport de chaque acteur du système universitaire. Depuis la tutelle jusqu’aux apprenants eux-mêmes. Les ingrédients ? La négociation, la responsabilité, le respect et surtout la justice.
Raphaël Tanoh