Sébastien Dano Djédjé, cadre du Front populaire ivoirien (Fpi) et ancien ministre de la Réconciliation, dans cette entrevue qui a valeur de témoignage, parle des contraintes de la fonction ministérielle sous nos tropiques.
La qualité de vie des ministres se dégrade souvent deux ou trois ans après leur sortie du gouvernement. A quoi cela est-il dû?
C’est parce qu’on a des facilités quand on est au gouvernement, on a des véhicules de l’Etat, le carburant de l’Etat, on a les policiers, quand on est en fonction ; on peut dire que la vie est belle. Quand on n’est plus au gouvernement, on revient à sa vie normale. Quand on revient à la vie normale, on n’a plus les mêmes facilités. L’Etat assure le traitement d’un ministre sorti du gouvernement pendant six mois, sans les avantages ; on lui donne juste le salaire pendant six mois. Après ça, il faut bien qu’il se débrouille. Se débrouiller veut dire soit retourner faire des affaires ou retourner à la Fonction publique. Evidemment s’il s’agit de quelqu’un qui n’avait rien du tout à l’époque, aucun poste à la Fonction publique, ni dans le privé, ce sera beaucoup plus difficile, mais ce n’est pas une déchéance. Bien au contraire, quand on est ministre, on apprend beaucoup, notamment à servir. Donc on est moralement solide. A mon sens, c’est plutôt un avantage d’avoir été ministre.
Cette galère n’est-elle pas due au fait que les ministres ne dépensent pas bien leur argent ?
Quand on est ministre ou quand on est député, la population pense que l’argent tombe du ciel. Donc il est difficile pour un ministre ou un député de faire des économies. Même si les gens disent quelquefois de mauvaises choses sur les ministres, j’avoue que quand on est en poste, on a beaucoup de demandes, notamment pour aller aux funérailles. L’argent du ministre, c’est vraiment l’argent populaire.
Combien dépensiez-vous dans le cadre des sollicitations ?
Pour vous donner mon cas, j’avais environ quatre millions FCfa par mois. Mais je dépensais six millions FCfa. Donc les deux millions en plus, il fallait que je les trouve dans mes ressources anciennes, dans mon épargne. Voilà la situation ; donc les gens racontent n’importe quoi souvent. Il y a eu des ministères où il y a eu beaucoup d’argent, où il y a eu des détournements de fonds. Je ne peux rien dire là-dessus, ce n’est pas mon cas et je ne veux pas accuser qui que ce soit. Dans mon cas, je dépensais six millions de francs Cfa, alors que j’en gagnais quatre par mois, donc finalement je ne gagnais rien.
C’est donc dur d’être ministre alors ?
C’est vraiment dur. Ce qu’il y a dedans, ce sont les honneurs, les policiers qui sont à vos côtés, etc. Aujourd’hui, quand je passe, les gens me saluent pour tout ce que j’ai pu faire pour eux à un moment donné, ça fait vraiment plaisir.
Réalisé par Danielle Tagro
La qualité de vie des ministres se dégrade souvent deux ou trois ans après leur sortie du gouvernement. A quoi cela est-il dû?
C’est parce qu’on a des facilités quand on est au gouvernement, on a des véhicules de l’Etat, le carburant de l’Etat, on a les policiers, quand on est en fonction ; on peut dire que la vie est belle. Quand on n’est plus au gouvernement, on revient à sa vie normale. Quand on revient à la vie normale, on n’a plus les mêmes facilités. L’Etat assure le traitement d’un ministre sorti du gouvernement pendant six mois, sans les avantages ; on lui donne juste le salaire pendant six mois. Après ça, il faut bien qu’il se débrouille. Se débrouiller veut dire soit retourner faire des affaires ou retourner à la Fonction publique. Evidemment s’il s’agit de quelqu’un qui n’avait rien du tout à l’époque, aucun poste à la Fonction publique, ni dans le privé, ce sera beaucoup plus difficile, mais ce n’est pas une déchéance. Bien au contraire, quand on est ministre, on apprend beaucoup, notamment à servir. Donc on est moralement solide. A mon sens, c’est plutôt un avantage d’avoir été ministre.
Cette galère n’est-elle pas due au fait que les ministres ne dépensent pas bien leur argent ?
Quand on est ministre ou quand on est député, la population pense que l’argent tombe du ciel. Donc il est difficile pour un ministre ou un député de faire des économies. Même si les gens disent quelquefois de mauvaises choses sur les ministres, j’avoue que quand on est en poste, on a beaucoup de demandes, notamment pour aller aux funérailles. L’argent du ministre, c’est vraiment l’argent populaire.
Combien dépensiez-vous dans le cadre des sollicitations ?
Pour vous donner mon cas, j’avais environ quatre millions FCfa par mois. Mais je dépensais six millions FCfa. Donc les deux millions en plus, il fallait que je les trouve dans mes ressources anciennes, dans mon épargne. Voilà la situation ; donc les gens racontent n’importe quoi souvent. Il y a eu des ministères où il y a eu beaucoup d’argent, où il y a eu des détournements de fonds. Je ne peux rien dire là-dessus, ce n’est pas mon cas et je ne veux pas accuser qui que ce soit. Dans mon cas, je dépensais six millions de francs Cfa, alors que j’en gagnais quatre par mois, donc finalement je ne gagnais rien.
C’est donc dur d’être ministre alors ?
C’est vraiment dur. Ce qu’il y a dedans, ce sont les honneurs, les policiers qui sont à vos côtés, etc. Aujourd’hui, quand je passe, les gens me saluent pour tout ce que j’ai pu faire pour eux à un moment donné, ça fait vraiment plaisir.
Réalisé par Danielle Tagro