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Politique Publié le jeudi 13 mars 2014 | Nord-Sud

Faut-il plaindre le chargé de com’?

A quoi sert vraiment un chargé de communication sous nos latitudes? La question peut d’emblée surprendre. Mais elle découle de la constatation de nombreux faits dans l’exercice de notre métier. Des chargés de communication se plaignent constamment du titre d’un article ou d’une interview accordée par leurs mentors. Ils ne comprennent pas toujours pourquoi le journaliste choisit tel ou tel angle. La rengaine est toujours la même: «Mon patron ne va pas bien prendre le fait que vous ayez mis ce titre choc aux propos qu’il a tenus». Et nous de lui expliquer que bien au contraire le patron ne trouvera rien à redire parce que nous n’avons fait que notre travail. On passe alors des complaintes aux menaces d’envoi de droit de réponse. S’il ne menace pas de joindre le chef du rédacteur pour le faire renvoyer (sic). Ces situations que nous vivons quotidiennement montrent que le chargé de communication n’a pas toujours lui-même une claire idée de ses missions. Pour le peu que nous en savons, c’est à lui d’expliquer à son patron comment fonctionnent les médias, et surtout lui faire comprendre que les journalistes ne cherchent pas forcément à le coincer. Par d’autres sources internes (en contournant le Monsieur communication), le journaliste arrive à recouper l’information. Il arrive alors qu’après ce genre de couacs, qu’il n'y ait plus d'intermédiaires entre le journaliste et un élu ou une grande institution. La loi n°2013-867 du 23 décembre 2013 relative à l'accès à l'information d'intérêt public vient contraindre les institutions et autres ministères…à jouer la carte de la transparence en ouvrant le robinet à infos. "Les organismes publics sont tenus de désigner en leur sein un responsable de l'information", stipule l'article 10 de ladite loi. Le seul regret est que le champ de communication ne soit pas vraiment balisé par le législateur. Le responsable de la communication dont on parle ici existe certes dans de nombreuses entreprises publiques. Mais nous constatons que ces communicants sont condamnés à n’être que des essuie-glaces. La gêne est d’autant plus grande que très souvent, les chargés de communication ne sont pas imprégnés des dossiers pour lesquels les journalistes ou les experts les contactent. N’étant pas eux-mêmes informés, ils ne peuvent par conséquent informer autrui. Ils ne sont réduits qu’à contacter les journalistes pour les conférences de presse, à distribuer les per diems, ou à envoyer les déclarations et autres communiqués de conseil des ministres, de presse… dans les boîtes à mail. Lorsque le rôle confine à pareille vacuité, il faut faire son auto-critique. Un journaliste peut-il forcément faire un bon communicant ? Le débat fera rage encore pour longtemps entre les deux camps. N’empêche qu’une flopée de talentueux journalistes a quitté les rédactions pour devenir conseillers ou chargés de communication de ministres, de présidents d’institution, de maires... Après cette expérience, est-ce possible pour eux de redevenir journalistes ? Rien n’est moins sûr. Et c’est cette peur de perdre son boulot par la faute d’un journaliste trop impertinent qui crée les tensions entre les deux parties.


Par Bakayoko Youssouf
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