Depuis quelques années, des crises à répétition troublent la quiétude des habitants de la cité sainte, Koro. Le foncier et la politique se taillent la part du lion dans ce qui arrive à cette commune située à 38 km au nord de Touba dans la région du Bafing. Pour comprendre ce qui s’y passe véritablement, nous y avons fait un séjour, couronné par le recueil d’informations précieuses. Notre reportage.
Le lundi 10 mars, Soumahoro Mamoudou alias Maman Jolie venait de rendre l’âme au centre hospitalier régional de Touba (chr) vers 18h45. Le crane fracturé, 3 cotes brisées et la mâchoire cassée, Mamoudou n’a pas survécu aux coups et blessures à lui portés la veille (dimanche 9 mars) par des jeunes du club de soutien dénommé « Consulat » de Koro. La nouvelle du décès de Maman Jolie entraîna une poussée de vengeance de la part des jeunes du « Golf », du nom du groupe adverse de « Consulat ». Résultat : 3 domiciles et 2 hangars incendiés, une course poursuite contre des jeunes « consulaires » ; le meurtrier en cavale, mais la ville a été quadrillée pendant quelques heures par les forces de l’ordre.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres
Tout serait parti d’une affaire banale d’escroquerie et d’insoumission. En effet, dans la matinée du dimanche 9 mars, quelques jeunes du groupe Consulat, proches du maire Dr Soumahoro et dirigés par Traoré Youssouf dit Dieu se sont déportés en brousse sur le site abritant des éleveurs peulhs transhumants. « Sous la menace, ils ont exigé de nous la somme de 150 000 FCFA comme droit d’installation sur la terre de Koro. A défaut de cette somme que nous n’avions pas, nous leur avons remis un bœuf et 30 000 f », témoigne l’un des éleveurs transhumants. A la suite de cette extorsion de biens, les éleveurs sont allés porter plainte chez le chef de village de Koro, Bakayoko Kassoum. Rencontré le mercredi 19 mars dernier, Kassoum donne sa version des faits. « Mon adjoint a envoyé des jeunes pour faire venir les accusés de ces faits d’escroquerie commis sur nos étrangers peulhs. Devant leur refus de venir écouter le chef que je suis, une bagarre a éclaté entre eux et mes envoyés », soutient le chef de village. Il est supporté dans les déclarations par le vice-président des jeunes, Bakayoko Amara alias Cow Boy. « C’est Diomandé Moussa dit Kim, ambulancier de la mairie, qui a porté plusieurs coups de gourdin à l’infortuné Maman Jolie alors que j’étais immobilisé sous l’effet d’un fusil », explique Cow Boy, président du groupe « Golf » et du rassemblement des jeunes républicains (Rjr) de Koro. Pour sa part, Traoré Youssouf dit dieu, leader des jeunes accusés, se défend en ces termes : « Les membres de mon club de soutien étaient juste allés écouter les Peulhs en brousse pour avoir le cœur net par rapport aux destructions de cultures régulièrement occasionnées par leurs troupeaux. Nous avons agit ainsi parce que nous nous sentons marginalisés dans ce village par le chef qui privilégie d’autres jeunes. Il ne nous associe pas aux prises de décision, c’est pourquoi nous agissons à notre guise. Quand au meurtre de Mamoudou, il a été assommé pendant la bagarre généralisée entre mes éléments et les envoyés du chef de village », avoue celui qui se fait appeler également Général, par ailleurs gardien de la résidence du sous-préfet. Pour Mme Bamba née Bayoko Némissata, maire résident de la commune : « Les jeunes de Golf sont à la base de ce conflit car c’est eux qui sont allés provoquer Youssouf », fait remarquer Némissata. A notre passage le 19 mars, la tension était toujours perceptible dans la ville. Le préfet n’a pas voulu se prononcer pour obligation d’astreinte.
Golf et Consulat : l’histoire de deux clubs de soutien devenu ennemis
Golf, du nom d’un célèbre hôtel à Abidjan où s’étaient refugiés durant la crise postélectorale en 2011 le président actuel Alassane Ouattara et plusieurs membres du rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et pour la paix (Rhdp). Golf à Koro est donc un lieu de rassemblement des jeunes proches du groupement de partis politiques ivoiriens. Dirigés par Bakayoko Amara, ils se reconnaissent en Bakayoko Ibrahima, député Rdr de la circonscription et Pca de la Sicogi. L’ancien maire Soumahoro Namory est également l’un de leurs modèles. A l’opposé, se dresse le club de soutien Consulat, dont les chouchous sont Dr Soumahoro Youssouf (maire actuel issu d’une liste indépendante) et le président du Conseil régional du Bafing, Diomandé Lassina, député de Booko. Même si la question du foncier et l’installation anarchique des cacaoculteurs burkinabé et des éleveurs peulhs n’est pas à négliger dans la crise qui secoue régulièrement Koro, il faut cependant noter l’influence négative des joutes électorales sur ces jeunes de la même tribu qui ne veulent plus se parler.
L’esprit de dépassement des élus et cadres
Pour parer au plus pressé, les cadres et élus locaux ont pris les taureaux par les cornes depuis Abidjan. Le Pca Bakayoko Ibrahima, sans considération politique, a fait le tour des fils et filles de Koro. En fin de compte, ils se sont mis au-dessus de la division et ont convergés vers le village. Le vendredi 21 mars, une grande rencontre a eu lieu entre les partisans du maire Soumahoro Youssouf et ceux du chef de village. « Koro bénéficiera encore de beaucoup de chantiers et de biens. A condition que nous nous approprions le vivre ensemble. Donnez des conseils à vos enfants. Il faut que l’autorité du chef de village soit respectée. Les élections sont terminées. Et étant musulmans nous devons pardonner le tort qu’autrui nous a fait », a dit Ibrahima à ses parents. Pour sa part, le maire a demandé pardon avant de saluer le sens de leadership du Pca de la Sicogi. Jusque tard dans la nuit, d’autres séances de négociation se poursuivaient entre le Pca et la partie victime de ce conflit qui avait contaminé la cohésion entre frères, cousins et alliés de la cité sainte.
Bayo Lynx, correspondant régional
Le lundi 10 mars, Soumahoro Mamoudou alias Maman Jolie venait de rendre l’âme au centre hospitalier régional de Touba (chr) vers 18h45. Le crane fracturé, 3 cotes brisées et la mâchoire cassée, Mamoudou n’a pas survécu aux coups et blessures à lui portés la veille (dimanche 9 mars) par des jeunes du club de soutien dénommé « Consulat » de Koro. La nouvelle du décès de Maman Jolie entraîna une poussée de vengeance de la part des jeunes du « Golf », du nom du groupe adverse de « Consulat ». Résultat : 3 domiciles et 2 hangars incendiés, une course poursuite contre des jeunes « consulaires » ; le meurtrier en cavale, mais la ville a été quadrillée pendant quelques heures par les forces de l’ordre.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres
Tout serait parti d’une affaire banale d’escroquerie et d’insoumission. En effet, dans la matinée du dimanche 9 mars, quelques jeunes du groupe Consulat, proches du maire Dr Soumahoro et dirigés par Traoré Youssouf dit Dieu se sont déportés en brousse sur le site abritant des éleveurs peulhs transhumants. « Sous la menace, ils ont exigé de nous la somme de 150 000 FCFA comme droit d’installation sur la terre de Koro. A défaut de cette somme que nous n’avions pas, nous leur avons remis un bœuf et 30 000 f », témoigne l’un des éleveurs transhumants. A la suite de cette extorsion de biens, les éleveurs sont allés porter plainte chez le chef de village de Koro, Bakayoko Kassoum. Rencontré le mercredi 19 mars dernier, Kassoum donne sa version des faits. « Mon adjoint a envoyé des jeunes pour faire venir les accusés de ces faits d’escroquerie commis sur nos étrangers peulhs. Devant leur refus de venir écouter le chef que je suis, une bagarre a éclaté entre eux et mes envoyés », soutient le chef de village. Il est supporté dans les déclarations par le vice-président des jeunes, Bakayoko Amara alias Cow Boy. « C’est Diomandé Moussa dit Kim, ambulancier de la mairie, qui a porté plusieurs coups de gourdin à l’infortuné Maman Jolie alors que j’étais immobilisé sous l’effet d’un fusil », explique Cow Boy, président du groupe « Golf » et du rassemblement des jeunes républicains (Rjr) de Koro. Pour sa part, Traoré Youssouf dit dieu, leader des jeunes accusés, se défend en ces termes : « Les membres de mon club de soutien étaient juste allés écouter les Peulhs en brousse pour avoir le cœur net par rapport aux destructions de cultures régulièrement occasionnées par leurs troupeaux. Nous avons agit ainsi parce que nous nous sentons marginalisés dans ce village par le chef qui privilégie d’autres jeunes. Il ne nous associe pas aux prises de décision, c’est pourquoi nous agissons à notre guise. Quand au meurtre de Mamoudou, il a été assommé pendant la bagarre généralisée entre mes éléments et les envoyés du chef de village », avoue celui qui se fait appeler également Général, par ailleurs gardien de la résidence du sous-préfet. Pour Mme Bamba née Bayoko Némissata, maire résident de la commune : « Les jeunes de Golf sont à la base de ce conflit car c’est eux qui sont allés provoquer Youssouf », fait remarquer Némissata. A notre passage le 19 mars, la tension était toujours perceptible dans la ville. Le préfet n’a pas voulu se prononcer pour obligation d’astreinte.
Golf et Consulat : l’histoire de deux clubs de soutien devenu ennemis
Golf, du nom d’un célèbre hôtel à Abidjan où s’étaient refugiés durant la crise postélectorale en 2011 le président actuel Alassane Ouattara et plusieurs membres du rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et pour la paix (Rhdp). Golf à Koro est donc un lieu de rassemblement des jeunes proches du groupement de partis politiques ivoiriens. Dirigés par Bakayoko Amara, ils se reconnaissent en Bakayoko Ibrahima, député Rdr de la circonscription et Pca de la Sicogi. L’ancien maire Soumahoro Namory est également l’un de leurs modèles. A l’opposé, se dresse le club de soutien Consulat, dont les chouchous sont Dr Soumahoro Youssouf (maire actuel issu d’une liste indépendante) et le président du Conseil régional du Bafing, Diomandé Lassina, député de Booko. Même si la question du foncier et l’installation anarchique des cacaoculteurs burkinabé et des éleveurs peulhs n’est pas à négliger dans la crise qui secoue régulièrement Koro, il faut cependant noter l’influence négative des joutes électorales sur ces jeunes de la même tribu qui ne veulent plus se parler.
L’esprit de dépassement des élus et cadres
Pour parer au plus pressé, les cadres et élus locaux ont pris les taureaux par les cornes depuis Abidjan. Le Pca Bakayoko Ibrahima, sans considération politique, a fait le tour des fils et filles de Koro. En fin de compte, ils se sont mis au-dessus de la division et ont convergés vers le village. Le vendredi 21 mars, une grande rencontre a eu lieu entre les partisans du maire Soumahoro Youssouf et ceux du chef de village. « Koro bénéficiera encore de beaucoup de chantiers et de biens. A condition que nous nous approprions le vivre ensemble. Donnez des conseils à vos enfants. Il faut que l’autorité du chef de village soit respectée. Les élections sont terminées. Et étant musulmans nous devons pardonner le tort qu’autrui nous a fait », a dit Ibrahima à ses parents. Pour sa part, le maire a demandé pardon avant de saluer le sens de leadership du Pca de la Sicogi. Jusque tard dans la nuit, d’autres séances de négociation se poursuivaient entre le Pca et la partie victime de ce conflit qui avait contaminé la cohésion entre frères, cousins et alliés de la cité sainte.
Bayo Lynx, correspondant régional