Yopougon, espace ficgayo, mardi 13 mai 2014. Plusieurs candidats au permis de conduire sont à l’exercice de la conduite sous les bannières des auto-écoles Mafaud, Yann et Bel Air. Ils espèrent tous après le passage avec succès aux examens du code et de la conduite, pouvoir jouir du document d’aptitude à conduire un véhicule en Côte d’Ivoire. Seulement, ces candidats ignorent presque tous qu’après ces étapes, déjà fastidieuses, l’acquisition du permis relève d’un autre parcours du combattant. Et pour cause, depuis deux mois, pas un seul jour ne passe en Côte d’Ivoire, précisément dans le district d’Abidjan, sans qu’un responsable d’auto-école ou son collaborateur le plus proche ne soit convoqué dans un commissariat pour permis de conduire non délivré dans les délais. « Nous sommes le lien avec les clients et le permis. Quand ils viennent s’inscrire c’est avec le nom de nos auto-écoles qu’ils vont faire tous les enregistrements. A terme quand le permis ne sort pas, ils se replient sur nous et nous convoquent au commissariat », explique Cissé Lamine, Secrétaire Général du Syndicat national des moniteurs d’autos école de Côte d’Ivoire
En effet, les requérants du permis de conduire en Côte d’Ivoire sont de plus en plus nombreux à avoir fini le code et la pratique, sans disposer du permis devant sanctionner les enseignements appris avec succès. Excédés d’être accusés, à tort selon eux, d’être à l’origine de cette situation préjudiciable à plus d’un titre, ceux-ci sont montés au créneau, le samedi 10 mai dernier, pour décliner leur responsabilité dans la délivrance de ce sésame. « Les auto-écoles sont au début de la chaine. Après le code et la pratique, le travail des auto-écoles est terminé. C’est en ce moment qu’interviennent d’autres structures comme la Dgttc, Interflex, Starten et autres. (…)Nous faisons un travail d’enseignement», a précisé à l’occasion M. Koko Guillaume, le président de la fédération nationale des auto-écoles de Côte d’Ivoire. En réalité, le rôle des auto-écoles s’arrêtent à l’enseignement. Ses responsables sont donc en droit de le dire tout haut et de dénoncer le raccourci que prennent les demandeurs du permis de conduire en les traînant dans les commissariats. En principe, la délivrance du permis de conduire est du ressort de l’entreprise concessionnaire Interflex dont la concession est arrivée à terme en 2013, en même temps que Starten (qui a en charge le pré-enrôlement des candidats). Nous y avons fait un tour, le mardi 13 mai 2014 pour toucher du doigt les réalités de ces structures. Mais le premier constat que nous avons fait est que tout comme les auto-écoles continuent de former les candidats, à Starten, à biomédical et à interflex, le travail aussi se poursuit. Officiellement, ces trois structures avaient obtenu de l’Etat de Côte d’Ivoire une série de prorogation qui a pris fin le 31 mars 2014. Une note d’information du ministère des transports en date du 28 février atteste de la fin des prestations. On pourrait donc dire que la continuité de ces activités est à la limite de la légalité. Mais pour les acteurs que nous avons rencontrés, la convention signée entre l’Etat de Côte d’Ivoire et leurs entreprises a été entérinée par un décret présidentiel. Il s’agit, en fait, du décret N° 2007-679 du 28 décembre 2007, portant sur les concessions sur le permis de conduire. Ce décret fixait, d’ailleurs, les tarifs administratifs à 26.500 FCFA pour les nouveaux candidats, le renouvellement d’ancien permis à 15.824 FCFA et le duplicata à 12.824 FCFA. « Nous estimons que c’est un décret qui doit mettre fin à nos activités et non un courrier ministériel », déclare Me Amon Richard, PCA de Starten. Son avis est totalement partagé par tous les autres prestataires. Mais dans le lot, la pression semble le plus s’exercer sur Interflex, à qui l’on impute les retards dans la production du permis. En temps normal, avant même l’échéance de la concession en août 2013, la capacité de production des permis tournait autour de dix mille spécimens par mois. Rencontré, le PCA de cette structure a évoqué une rupture de fourniture des supports de production du permis. « Le ministère des transports a écrit à l’imprimerie Nationale de France de ne plus nous livrer les supports en précisant que les commandes devraient être désormais passées par la Société nationale des transports terrestres », se défend t-il. Cette situation est à la base de l’acuité des retards dans la délivrance. Faut-il le préciser, le flou qui entoure la reforme du permis et l’absence de visibilité sur le long terme des prorogations ou d’un éventuel renouvellement des concessions ont une incidence sur la fluidité avec laquelle les entreprises concessionnaires ont fonctionné en temps normal. « Aujourd’hui nous nous battons pour satisfaire les clients. Nous gérons de manière parcimonieuse le stock des supports de productions de permis dont nous disposons», a précisé M. Niamoutié Kouao. Ce dernier dénonce, par ailleurs, l’immixtion du ministre des transports dans le contrat qui lie son entreprise à l’imprimerie de France. A la Sonatt, l’on indique que par anticipation l’on avait pris les dispositions pour assurer la continuité de la production du permis de conduire lorsque le contrat de concession serait arrivé à expiration. « Mais avec l’avènement de Quipux, les choses se sont passées autrement. Tous les désagréments auxquels l’on assiste sont imputables à la reforme », accuse Ano Kouadio, Chargé de communication à la Sonatt. Faut-il préciser que la Sonatt, structure d’Etat, est aujourd’hui elle-même menacée de dissolution par le ministère des transports. Les 8 et 16 avril dernier, le projet de dissolution de cette entreprise et l’Agetu était au menu du conseil du gouvernement. Sans succès pour l’heure. Comment dans un tel contexte d’anxiété lié à la survie de plusieurs entreprises, peut-on produire un volume satisfaisant de permis aux requérants ? Là, semble se situer tout le fond du problème avec le permis de conduire actuellement en Côte d’Ivoire. Car, tant que de auto-école à Interflex, la chaîne de production sera toujours opérationnelle et que l’imprimerie nationale de France ne livre pas les supports, la délivrance des permis accusera toujours du retard. Cette situation place, malgré elles, les entreprises dans une situation d’incapacité. Mais à qui la faute ? Il est temps que le gouvernement prenne une position claire sur ces questions. Demain, la réaction du ministère des transports.
Alexandre Lebel Ilboudo
En effet, les requérants du permis de conduire en Côte d’Ivoire sont de plus en plus nombreux à avoir fini le code et la pratique, sans disposer du permis devant sanctionner les enseignements appris avec succès. Excédés d’être accusés, à tort selon eux, d’être à l’origine de cette situation préjudiciable à plus d’un titre, ceux-ci sont montés au créneau, le samedi 10 mai dernier, pour décliner leur responsabilité dans la délivrance de ce sésame. « Les auto-écoles sont au début de la chaine. Après le code et la pratique, le travail des auto-écoles est terminé. C’est en ce moment qu’interviennent d’autres structures comme la Dgttc, Interflex, Starten et autres. (…)Nous faisons un travail d’enseignement», a précisé à l’occasion M. Koko Guillaume, le président de la fédération nationale des auto-écoles de Côte d’Ivoire. En réalité, le rôle des auto-écoles s’arrêtent à l’enseignement. Ses responsables sont donc en droit de le dire tout haut et de dénoncer le raccourci que prennent les demandeurs du permis de conduire en les traînant dans les commissariats. En principe, la délivrance du permis de conduire est du ressort de l’entreprise concessionnaire Interflex dont la concession est arrivée à terme en 2013, en même temps que Starten (qui a en charge le pré-enrôlement des candidats). Nous y avons fait un tour, le mardi 13 mai 2014 pour toucher du doigt les réalités de ces structures. Mais le premier constat que nous avons fait est que tout comme les auto-écoles continuent de former les candidats, à Starten, à biomédical et à interflex, le travail aussi se poursuit. Officiellement, ces trois structures avaient obtenu de l’Etat de Côte d’Ivoire une série de prorogation qui a pris fin le 31 mars 2014. Une note d’information du ministère des transports en date du 28 février atteste de la fin des prestations. On pourrait donc dire que la continuité de ces activités est à la limite de la légalité. Mais pour les acteurs que nous avons rencontrés, la convention signée entre l’Etat de Côte d’Ivoire et leurs entreprises a été entérinée par un décret présidentiel. Il s’agit, en fait, du décret N° 2007-679 du 28 décembre 2007, portant sur les concessions sur le permis de conduire. Ce décret fixait, d’ailleurs, les tarifs administratifs à 26.500 FCFA pour les nouveaux candidats, le renouvellement d’ancien permis à 15.824 FCFA et le duplicata à 12.824 FCFA. « Nous estimons que c’est un décret qui doit mettre fin à nos activités et non un courrier ministériel », déclare Me Amon Richard, PCA de Starten. Son avis est totalement partagé par tous les autres prestataires. Mais dans le lot, la pression semble le plus s’exercer sur Interflex, à qui l’on impute les retards dans la production du permis. En temps normal, avant même l’échéance de la concession en août 2013, la capacité de production des permis tournait autour de dix mille spécimens par mois. Rencontré, le PCA de cette structure a évoqué une rupture de fourniture des supports de production du permis. « Le ministère des transports a écrit à l’imprimerie Nationale de France de ne plus nous livrer les supports en précisant que les commandes devraient être désormais passées par la Société nationale des transports terrestres », se défend t-il. Cette situation est à la base de l’acuité des retards dans la délivrance. Faut-il le préciser, le flou qui entoure la reforme du permis et l’absence de visibilité sur le long terme des prorogations ou d’un éventuel renouvellement des concessions ont une incidence sur la fluidité avec laquelle les entreprises concessionnaires ont fonctionné en temps normal. « Aujourd’hui nous nous battons pour satisfaire les clients. Nous gérons de manière parcimonieuse le stock des supports de productions de permis dont nous disposons», a précisé M. Niamoutié Kouao. Ce dernier dénonce, par ailleurs, l’immixtion du ministre des transports dans le contrat qui lie son entreprise à l’imprimerie de France. A la Sonatt, l’on indique que par anticipation l’on avait pris les dispositions pour assurer la continuité de la production du permis de conduire lorsque le contrat de concession serait arrivé à expiration. « Mais avec l’avènement de Quipux, les choses se sont passées autrement. Tous les désagréments auxquels l’on assiste sont imputables à la reforme », accuse Ano Kouadio, Chargé de communication à la Sonatt. Faut-il préciser que la Sonatt, structure d’Etat, est aujourd’hui elle-même menacée de dissolution par le ministère des transports. Les 8 et 16 avril dernier, le projet de dissolution de cette entreprise et l’Agetu était au menu du conseil du gouvernement. Sans succès pour l’heure. Comment dans un tel contexte d’anxiété lié à la survie de plusieurs entreprises, peut-on produire un volume satisfaisant de permis aux requérants ? Là, semble se situer tout le fond du problème avec le permis de conduire actuellement en Côte d’Ivoire. Car, tant que de auto-école à Interflex, la chaîne de production sera toujours opérationnelle et que l’imprimerie nationale de France ne livre pas les supports, la délivrance des permis accusera toujours du retard. Cette situation place, malgré elles, les entreprises dans une situation d’incapacité. Mais à qui la faute ? Il est temps que le gouvernement prenne une position claire sur ces questions. Demain, la réaction du ministère des transports.
Alexandre Lebel Ilboudo