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Afrique Publié le vendredi 23 mai 2014 | L’Inter

Mali/Combats de Kidal : Pourquoi l’armée malienne a mordu la poussière

L'offensive de l'armée régulière malienne sur Kidal jeudi dernier, a tourné court. Les soldats venus de Bamako pour ''corriger'' les rebelles du Mnla après les incidents du week-end à Kidal, ont eu en face d'eux, un adversaire plus coriace qui leur a fait perdre toute illusion.

Les Forces armées maliennes, (Fama), étaient gonflées à bloc, après l'humiliation infligée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) au premier
ministre Moussa Mara, en visite dans le fief de la rébellion. Les incidents qui ont éclaté le samedi 17 mai, ont coûté la vie à 8 soldats maliens. Bamako qui a vu dans cet acte, une véritable déclaration de guerre, a promis la riposte, qui n'a pas tardé. Le jeudi dernier, l'offensive sur ''Kidal la rebelle'' a été lancée. Mais l'impréparation, ajouté à la précipitation, ne pouvaient que conduire à l’échec de cette ''opération dignité''.

Quand l'armée malienne confond vitesse et précipitation

Les FAMA se sont-elles donné le temps nécessaire pour préparer sérieusement l'offensive sur Kidal, le fief de la rébellion touareg situé à 1500 kilomètres au Nord-Est de Bamako? Évidemment, l'opération a été décidée sur un coup de tête. Moussa Mara, le premier ministre, en avait gros sur le cœur contre le Mnla qui, trois jours avant, lui avait signifié, par une fusillade nourrie, qu'il était indésirable dans cette localité. «C'est une déclaration de guerre !», s'était révolté M. Mara, soutenu par le président Ibrahim Boubakar Kéita. Dans une adresse télévisée à la nation, IBK a clairement affiché son intention de régler ses comptes au mouvement touareg qu'il a accusé d'avoir froidement assassiné des agents et fonctionnaires pris en otage au gouvernorat: «Je vous fais le serment que ces crimes odieux ne resteront pas impunis», a tonné à son tour le chef de l'Etat. C'est juste après ces discours musclés que ''l'expédition punitive'' a été déclenchée. L'armée malienne dont l'aptitude au combat était sujette à caution, a été soumise à une véritable remise à niveau par les instructeurs de Serval et de la Minusma pendant la guerre pour la reconquête du Nord. Moins de deux ans après ce renforcement de capacité, est-elle devenue si aguerrie pour mener cette ''opération éclair'' sur Kidal? La déroute qui s'en est suivie est non seulement due à l'impréparation, mais aussi à l'incapacité de ces soldats de l'armée régulière à se mesurer aux combattants du Mnla et leurs alliés, parmi lesquels se trouvent certainement des jihadistes recyclés. Ces hommes sont de vrais seigneurs de guerre qui maîtrisent mieux le terrain.

L'appui espéré des forces étrangères a fait défaut

L'opération lancée par l'armée malienne sur Kidal n'a pas eu la caution des forces étrangères présentes sur le terrain, en l'occurrence la force française Serval et la mission onusienne, Minusma. Ces deux forces n'ont pas voulu prendre le risque de s'interposer entre les deux belligérants, encore moins de prendre partie pour l'armée régulière, comme l'aurait souhaité Bamako. D'ailleurs, à ce sujet, le patron de la Minusma a clairement signifié que la force qu'il commande n'a pas été mandatée pour protéger les Fama. Ce n'est qu'après l'échec de l'opération, que le gouvernement malien par la voix du ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a fait part des discussions en cours avec la force Serval pour un éventuel soutien. «Nous sommes en relation avec la force Serval qui est prête à considérer positivement notre demande d'appui», a affirmé le ministre. Mais, la nature de l'appui de la force française n'a pas encore été définie. Cependant, il serait étonnant que les soldats français partent en chasse contre le Mnla. Serval aurait selon Rfi commencé à stopper l'avancée des forces rebelles qui tentent de prendre d'autres localités sous contrôle gouvernemental, en dehors de Kidal, et Ménaka dont ils se sont rendus maîtres depuis le début des hostilités. Le gouvernement français par le truchement de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appelé hier à la reprise du dialogue pouvoir-rébellion. La force Serval pourrait, justement, créer les conditions de cette reprise du dialogue, en obtenant le retour des soldats maliens dans leur cantonnement de Kidal et celui des représentants du pouvoir central dans cette ville.

Charles d'Almeida
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