Depuis quelques mois, de grands travaux sont entrepris sur la voie reliant Abidjan-Bassam à partir de la place Akwaba. Des travaux relatifs au bitumage de cette voie et à l’approvisionnement de la capitale économique Abidjan, en eau potable à partir de la ville de Bonoua. Si cette initiative du ministère des Infrastructures économiques va permettre de soulager considérablement les usagers de cette route et les populations d’Abidjan, il n’en demeure pas que Adjouffou et Gonzagueville, qui jouxtent cette voie express, sont exposées à la menace des milliers de véhicules qui y circulent quotidiennement. Le mardi 10 juin 2014, nous nous sommes rendus sur les différents sites de ces quartiers pour constater les dangers qui les guettent.
L’élargissement de la voie express Abidjan-Bassam, dans le cadre de la mise en œuvre de l’autoroute reliant lesdites villes, a occasionné, durant des mois, des embouteillages chroniques, parfois suffocants pour les automobilistes et passagers contraints d’attendre de longues heures avant d’espérer regagner leurs lieux de travail le matin et leurs domiciles les soirs.
Une situation insupportable qui a dû mobiliser les membres de l’Union Fédérale des Consommateurs de Côte d’Ivoire (UFC-CI). Ils ont, à travers une pétition, attiré l’attention du ministère des Infrastructures économiques sur les risques auxquels ils sont exposés. L’action a porté ses fruits puisque, quelques jours seulement après cette initiative, le ministre Patrick Achi a dû prendre un arrêté pour que les travaux se déroulent la nuit à partir de 22 heures (voir Le Nouveau Consommateur Hebdo N° 65 du 17 au 23 février 2014 : l’arrêté de Patrick Achi violé)
Un arrêté pour rien
Une mesure qui ne met toutefois pas, à l’abri d’éventuels accidents de la circulation, les habitants des sous-quartiers de Port-Bouët : derrière Wharf, Adjouffou et Gonzagueville. Deux d’entre eux ont déjà perdu la vie à Gonzagueville. Le dernier drame remonte au 05 février lorsque, Balkissa Ibrahim, une nourrice âgée de 35 ans a été écrasée par un bulldozer commis pour les travaux. Une mort horrible qui a plongé tout le quartier dans une grande consternation. Elle a également suscité le courroux des leaders de groupes associatifs. Augustin K., président de l’Union fédérale des consommateurs section Port-Bouët, avait accusé : « Ces drames auraient pu être évités si les autorités compétentes nous avaient écoutés. Nous les avons interpellées à maintes reprises, mais en vain. Je crois que le gouvernement doit véritablement veiller au respect scrupuleux de la mesure qu’il a prise concernant le déroulement des travaux la nuit ».
Alors que les travaux tirent à leur fin, les accidents restent fréquents. Des piétons, des motocyclistes, sont quasiment fauchés tous les jours par des véhicules fous roulant à vive allure.
La traversée de la route, un casse-tête
Il n’a pas été prévu, pendant les travaux d’extension de la voie, un passage piéton dans cette zone qui a connu une forte poussée démographique de 2002 à 2011, en raison des crises militaro-politiques qu’a connues la Côte d’Ivoire à cette période. « Aujourd’hui, il y a un problème qui tracasse tout le monde ici, c’est la traversée de l’autoroute en construction. Il n’y a pas de trottoir; vieillards, femmes, enfants, tout le monde est exposé. Pourtant, nous avons des parents de l’autre côté de la voie et nous sommes tous les jours soumis à la traversée de cette voie à risque », lance Mouroufié D., un habitant de Belleville à Gonzagueville. De la place Akwaba où des travaux ont lieu actuellement, au corridor à Gonzagueville, il n’y a pas de trottoir pour les piétons sur cette autoroute qui traverse une cité-dortoir. Réussir à rallier un site d’habitation de l’autre côté de la voie express relève, pour les riverains, d’un véritable parcours du combattant. « Les automobilistes n’ont pas pitié de nous. Il roule à vive allure comme s’ils étaient en rase campagne. D’ailleurs, lorsque les chauffeurs de minicar nous voient en train de traverser, c’est en ce moment-là qu’ils accélèrent, comme s’ils cherchaient à nous écraser. C’est révoltant !», se plaint M. Oulaï G., instituteur à la retraite, qui habite à Adjouffou 1er arrêt.
« Ce sont des quartiers appelés à disparaître »
Sous le sceau de l’anonymat, un ouvrier qui a bien voulu se prononcer sur l’absence de passage piéton explique qu’ils (les ouvriers sur le chantier) ne font que suivre les plans tracés par leur supérieur. Approché un peu plus tard, ce dernier s’est refusé à tout commentaire. De sources proches du ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, l’on confie que « ce sont des quartiers appelés à disparaître ».
Samuel Guelah
L’élargissement de la voie express Abidjan-Bassam, dans le cadre de la mise en œuvre de l’autoroute reliant lesdites villes, a occasionné, durant des mois, des embouteillages chroniques, parfois suffocants pour les automobilistes et passagers contraints d’attendre de longues heures avant d’espérer regagner leurs lieux de travail le matin et leurs domiciles les soirs.
Une situation insupportable qui a dû mobiliser les membres de l’Union Fédérale des Consommateurs de Côte d’Ivoire (UFC-CI). Ils ont, à travers une pétition, attiré l’attention du ministère des Infrastructures économiques sur les risques auxquels ils sont exposés. L’action a porté ses fruits puisque, quelques jours seulement après cette initiative, le ministre Patrick Achi a dû prendre un arrêté pour que les travaux se déroulent la nuit à partir de 22 heures (voir Le Nouveau Consommateur Hebdo N° 65 du 17 au 23 février 2014 : l’arrêté de Patrick Achi violé)
Un arrêté pour rien
Une mesure qui ne met toutefois pas, à l’abri d’éventuels accidents de la circulation, les habitants des sous-quartiers de Port-Bouët : derrière Wharf, Adjouffou et Gonzagueville. Deux d’entre eux ont déjà perdu la vie à Gonzagueville. Le dernier drame remonte au 05 février lorsque, Balkissa Ibrahim, une nourrice âgée de 35 ans a été écrasée par un bulldozer commis pour les travaux. Une mort horrible qui a plongé tout le quartier dans une grande consternation. Elle a également suscité le courroux des leaders de groupes associatifs. Augustin K., président de l’Union fédérale des consommateurs section Port-Bouët, avait accusé : « Ces drames auraient pu être évités si les autorités compétentes nous avaient écoutés. Nous les avons interpellées à maintes reprises, mais en vain. Je crois que le gouvernement doit véritablement veiller au respect scrupuleux de la mesure qu’il a prise concernant le déroulement des travaux la nuit ».
Alors que les travaux tirent à leur fin, les accidents restent fréquents. Des piétons, des motocyclistes, sont quasiment fauchés tous les jours par des véhicules fous roulant à vive allure.
La traversée de la route, un casse-tête
Il n’a pas été prévu, pendant les travaux d’extension de la voie, un passage piéton dans cette zone qui a connu une forte poussée démographique de 2002 à 2011, en raison des crises militaro-politiques qu’a connues la Côte d’Ivoire à cette période. « Aujourd’hui, il y a un problème qui tracasse tout le monde ici, c’est la traversée de l’autoroute en construction. Il n’y a pas de trottoir; vieillards, femmes, enfants, tout le monde est exposé. Pourtant, nous avons des parents de l’autre côté de la voie et nous sommes tous les jours soumis à la traversée de cette voie à risque », lance Mouroufié D., un habitant de Belleville à Gonzagueville. De la place Akwaba où des travaux ont lieu actuellement, au corridor à Gonzagueville, il n’y a pas de trottoir pour les piétons sur cette autoroute qui traverse une cité-dortoir. Réussir à rallier un site d’habitation de l’autre côté de la voie express relève, pour les riverains, d’un véritable parcours du combattant. « Les automobilistes n’ont pas pitié de nous. Il roule à vive allure comme s’ils étaient en rase campagne. D’ailleurs, lorsque les chauffeurs de minicar nous voient en train de traverser, c’est en ce moment-là qu’ils accélèrent, comme s’ils cherchaient à nous écraser. C’est révoltant !», se plaint M. Oulaï G., instituteur à la retraite, qui habite à Adjouffou 1er arrêt.
« Ce sont des quartiers appelés à disparaître »
Sous le sceau de l’anonymat, un ouvrier qui a bien voulu se prononcer sur l’absence de passage piéton explique qu’ils (les ouvriers sur le chantier) ne font que suivre les plans tracés par leur supérieur. Approché un peu plus tard, ce dernier s’est refusé à tout commentaire. De sources proches du ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, l’on confie que « ce sont des quartiers appelés à disparaître ».
Samuel Guelah