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Région Publié le lundi 30 juin 2014 | Nord-Sud

Daloa / Après l’élimination des éléphants au Mondial : ‘’La Sorbonne‘’ réclame d’autres Eléphants

Le Mondial se poursuit… Les supporters ivoiriens, eux, ne décolèrent pas au sujet de l’élimination précoce des Eléphants.


La débâcle des éléphants footballeurs au Mondial 2014, au Brésil, le mardi 24 juin, suscite encore la colère. Le sujet est au centre des conversations dans la cité de l’antilope. Quelle solution pour l’équipe nationale de football de Côte d’Ivoire ? C’est la question posée à des membres de ‘’La Sorbonne de Daloa‘’, une tribune de libre- échange, du mercredi 25 au samedi 28 juin. Ce ‘’grin’’ est situé au cœur du quartier Commerce à proximité de la Cour d’appel. ‘’La Sorbonne‘’ est en réalité un point de ralliement, sous le feuillage d’un imposant manguier. Cet abri ne désemplit pas. Chaque jour, des fonctionnaires, des transporteurs, des chauffeurs, des retraités, des chercheurs d’emplois et même des étudiants s’y retrouvent pour discuter de l’actualité nationale et internationale. Actualité oblige, la question de l’élimination des Eléphants n’a pas manqué d’intérêt. Quatre jours après l’élimination des pachydermes ivoiriens par la Grèce, la déception est encore vivace chez plusieurs personnes qui fréquentent ces lieux. Lassiné Coulibaly, dit Tchêkê, en a même perdu sa bonne humeur de tous les jours. Lui qui est présenté comme un indéfectible du Onze national, rumine encore sa colère. «Ces Eléphants ont coupé mon appétit. Ma femme avait raison de me demander de manger avant de suivre le match. Il n’y a pas deux mesures : C’est une génération maudite. Il faut radier tous ces joueurs. On ne peut plus rien espérer d’eux !», a-t-il chargé, amer. Il maintient: «Il faut remanier cette équipe en nous débarrassant de tous ces joueurs». Il indexe notamment ceux «qui refusent de jouer pour la nation». Pour lui, «ils trichent quand ils viennent ici, alors qu’ils donnent toutes les satisfactions à leurs clubs». Même son de cloche pour Soumahoro Bamory, dit Sam, un transporteur. Lui aussi est favorable au renouvellement de l’équipe nationale. Sa défaite, il ne l’impute pas à l’entraîneur mais aux joueurs. L’importance du sujet a attiré Mlle Bélaruce Koré, tresseuse à Zoukougbeu. Elle qui s’en allait faire des emplettes a marqué une halte au grin. Pour elle, un entraîneur national ferait l’affaire. Elle dit préférer François Zahui, lui qui a fait ses preuves sur le banc des pachydermes. Pour Méité Vaflahi, agent de l’Anader à la retraite, les responsabilités sont partagées. Il a culpabilisé les joueurs, principaux acteurs, pour avoir démissionné. Il leur a concédé cependant la qualification de la Côte d’Ivoire à cet important rendez-vous footballistique. Abou Koné, tenancier de kiosque à café, et Ibrahima Cissé, vendeur de billets à la gare routière d’Abidjan, sont du même avis. «C’est une génération qui fait honte mais il ne faut pas ‘’brûler‘’ toute l’équipe. Il faut faire confiance à d’autres jeunes Ivoiriens auxquels il faut inculquer l’amour pour le drapeau», a suggéré le dernier nommé. Il a proposé une solution pour les querelles autour du brassard de capitaine, proposant que l’étoffe jaune soit remise au gardien de but Kopa Barry. Moussa Sanogo, vendeur de journaux, lui ne décolère pas. Il opte pour la fin de la promotion des vieux joueurs. Il encourage les décideurs du football ivoirien à en faire autant.

Il faut reprendre à zéro

Sa proposition est catégorique : remercier Kolo Touré, Dider Drogba, Maestro, Kalou, Arthur Boka et Yaya Touré. Selon ce débatteur, ils pourrissent l’atmosphère et n’ont aucune considération pour le pays. Ibrahima Cissé, vendeur de billets, met en cause l’encadrement instable des Eléphants. Il dit ne pas comprendre pourquoi les entraîneurs sont, parfois, recrutés à la veille des compétitions. Kwao NKrumah, artisan, fabriquant de meubles en rotin et originaire du Ghana, partage l’idée de changement profond. Il en est de même pour les nommés Doumbia Bakary dit Pécos, chef de gare, Soumahoro Abdoulaye dit Joli, gérant de toilettes publiques à la gare. «C’est la fin d’un cycle ! Il y a plusieurs jeunes encore doués auxquels cette génération fait ombrage. Il faut les remercier pour services rendus à la nation et procéder à un rajeunissement de l’équipe. Même si cela doit prendre deux ou trois ans», a asséné le dernier cité. Il prend l’exemple du Nigeria qui a expérimenté le changement en profondeur. «Les jeunes nigérians sont champions d’Afrique des jeunes aujourd’hui et le résultat qu’ils ont produit fait déjà honneur à leur aînés à ce Mondial au Brésil», s’est-il félicité. Le vieux Mamadou Diabaté, opérateur économique, ne cache pas son amertume. Pour lui, les joueurs doivent suivre l’exemple de leur entraîneur qui a démissionné. La Fédération ivoirienne du football (Fif) doit, à son sens, s’expliquer aussi sur les raisons de l’élimination. Comme lui, l’agent municipal, Anselme Dédi, relève la responsabilité de l’entraîneur. «Il faut changer l’encadrement technique. La Fédération doit arrêter le copinage et recruter un entraîneur de caractère. Il y en a qu’on connaît tels que Philipe Bernard Troussier et Hervé Renard», a-t-il d’emblée orienté la Fif. Une équipe ne peut regorger de joueurs si talentueux et produire des résultats désobligeants, selon lui. Tous les intervenants ont souhaité que le gouvernement ne reste pas silencieux devant cet échec. Certains orateurs sont même allés jusqu’à souhaiter des sanctions exemplaires. L’idée de Sanogo Moussa de faire les états généraux du Sport en Côte d’Ivoire a gagné l’adhésion de nombreux débatteurs.


Bayo Fatim à Daloa
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