Abidjan - Le procès de l’ex-Première dame Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés, prévu mercredi à Abidjan, a été reporté sine die, un nouveau couac pour la justice ivoirienne, dont la capacité à gérer ce dossier sensible est mise en question.
Le procès de Simone Gbagbo "aura bel et bien lieu" même s’il connaît un "report", a déclaré Affoussiata Bamba-Lamine, porte-parole adjointe du gouvernement, sans s’avancer sur une date.
"Il ne faut pas avoir d’inquiétudes. Je veux vous rassurer", a-t-elle
insisté lors d’une conférence de presse.
Après trois années d’instruction, Simone Gbagbo et les autres prévenus
avaient été convoqués mercredi devant la Cour d’assises d’Abidjan pour le
procès le plus important en Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise
postélectorale de 2010-2011.
En refusant de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2010 face à Alassane Ouattara, l’ex-président Laurent Gbagbo, actuellement détenu par la Cour pénale internationale (CPI), avait plongé le pays dans une crise ayant fait plus de 3.000 morts en cinq mois de violences.
Surnommée la "Dame de fer", Simone Gbagbo, 65 ans, a été autant respectée pour son parcours dans l’opposition que crainte en tant que "présidente" à poigne, accusée d’être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans de M. Ouattara, qu’elle a toujours honni.
Ses photos le jour de son arrestation le 11 avril 2011, cheveux arrachés, traits tirés et regard apeuré, aux côtés de son mari hagard, ont fait le tour du monde.
Comme son mari, Simone Gbagbo est poursuivie pour "crimes contre
l’humanité" par la CPI, qui demande son transfèrement à La Haye. Mais Abidjan s’y refuse, estimant être en mesure de lui organiser un procès équitable en Côte d’Ivoire.
A l’aube d’un procès si fondamental pour la Côte d’Ivoire, impossible
d’obtenir une quelconque information du ministère de la Justice, qui invoque l’indépendance des juges et la protection des accusés pour garder le silence.
- Justice ’pas prête’ -
Mercredi matin, des dizaines de journalistes ont arpenté en vain le hall du palais de justice d’Abidjan-Plateau, en l’attente d’une cérémonie d’ouverture qui n’a jamais eu lieu.
Les identités des 24 accusés bénéficiant de la liberté provisoire avaient
pourtant été vérifiées mardi, ouvrant techniquement la porte à de premières procédures techniques.
Les débats en tant que tels ne devraient pas débuter avant deux semaines, avait estimé lundi Mathurin Dirabou, doyen des avocats d’Abidjan, qui défend Gilbert Aké N’Gbo, ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo.
"La justice n’est pas prête, sa désorganisation patente", observent
plusieurs experts internationaux.
Sur la forme, "des quantités de nullités" vont être opposées au parquet par les avocats de la défense, notamment sur les délais de convocation, explique l’un d’entre eux.
Sur le fond, l’appareil judiciaire ivoirien, dont les premiers procès
d’assises ont repris en juin dernier après douze ans de vide, ne paraît pas en mesure d’affronter un procès fleuve, remarque un autre.
Les procès d’assises de juin ont ainsi été "une catastrophe", selon tous
les experts interrogés.
La crainte est également grande que la personnalité de Simone Gbagbo fasse de l’ombre à ses co-accusés, qui doivent pourtant bénéficier d’un traitement judiciaire égal.
Mercredi, le retard pris a été imputé à une recomposition nécessaire du
jury, dont l’origine ethnique des membres, proche de celle du président
Ouattara, pourrait causer des suspicions à l’heure du verdict.
"Il faut tenir compte de l’environnement politique", "il s’agit d’un procès
politique", a fait valoir la porte-parole adjointe du gouvernement, par
ailleurs ministre de la Communication.
Lui-même au nombre des accusés, Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par Laurent Gbagbo, avait dénoncé lundi un procès "politique" visant à "museler l’opposition" avant la présidentielle de 2015, à laquelle M. Ouattara est candidat.
Les 83 accusés seront jugés notamment pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
Un autre procès pour crimes de sang doit se tenir ultérieurement.
Mais la société civile ivoirienne critique sans relâche une "justice des
vainqueurs".
Aucun partisan important du président Ouattara n’a en effet pour l’instant été inquiété par la justice, en dépit des crimes commis par son camp durant la dernière crise.
ck-jf/thm/tmo
Le procès de Simone Gbagbo "aura bel et bien lieu" même s’il connaît un "report", a déclaré Affoussiata Bamba-Lamine, porte-parole adjointe du gouvernement, sans s’avancer sur une date.
"Il ne faut pas avoir d’inquiétudes. Je veux vous rassurer", a-t-elle
insisté lors d’une conférence de presse.
Après trois années d’instruction, Simone Gbagbo et les autres prévenus
avaient été convoqués mercredi devant la Cour d’assises d’Abidjan pour le
procès le plus important en Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise
postélectorale de 2010-2011.
En refusant de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2010 face à Alassane Ouattara, l’ex-président Laurent Gbagbo, actuellement détenu par la Cour pénale internationale (CPI), avait plongé le pays dans une crise ayant fait plus de 3.000 morts en cinq mois de violences.
Surnommée la "Dame de fer", Simone Gbagbo, 65 ans, a été autant respectée pour son parcours dans l’opposition que crainte en tant que "présidente" à poigne, accusée d’être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans de M. Ouattara, qu’elle a toujours honni.
Ses photos le jour de son arrestation le 11 avril 2011, cheveux arrachés, traits tirés et regard apeuré, aux côtés de son mari hagard, ont fait le tour du monde.
Comme son mari, Simone Gbagbo est poursuivie pour "crimes contre
l’humanité" par la CPI, qui demande son transfèrement à La Haye. Mais Abidjan s’y refuse, estimant être en mesure de lui organiser un procès équitable en Côte d’Ivoire.
A l’aube d’un procès si fondamental pour la Côte d’Ivoire, impossible
d’obtenir une quelconque information du ministère de la Justice, qui invoque l’indépendance des juges et la protection des accusés pour garder le silence.
- Justice ’pas prête’ -
Mercredi matin, des dizaines de journalistes ont arpenté en vain le hall du palais de justice d’Abidjan-Plateau, en l’attente d’une cérémonie d’ouverture qui n’a jamais eu lieu.
Les identités des 24 accusés bénéficiant de la liberté provisoire avaient
pourtant été vérifiées mardi, ouvrant techniquement la porte à de premières procédures techniques.
Les débats en tant que tels ne devraient pas débuter avant deux semaines, avait estimé lundi Mathurin Dirabou, doyen des avocats d’Abidjan, qui défend Gilbert Aké N’Gbo, ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo.
"La justice n’est pas prête, sa désorganisation patente", observent
plusieurs experts internationaux.
Sur la forme, "des quantités de nullités" vont être opposées au parquet par les avocats de la défense, notamment sur les délais de convocation, explique l’un d’entre eux.
Sur le fond, l’appareil judiciaire ivoirien, dont les premiers procès
d’assises ont repris en juin dernier après douze ans de vide, ne paraît pas en mesure d’affronter un procès fleuve, remarque un autre.
Les procès d’assises de juin ont ainsi été "une catastrophe", selon tous
les experts interrogés.
La crainte est également grande que la personnalité de Simone Gbagbo fasse de l’ombre à ses co-accusés, qui doivent pourtant bénéficier d’un traitement judiciaire égal.
Mercredi, le retard pris a été imputé à une recomposition nécessaire du
jury, dont l’origine ethnique des membres, proche de celle du président
Ouattara, pourrait causer des suspicions à l’heure du verdict.
"Il faut tenir compte de l’environnement politique", "il s’agit d’un procès
politique", a fait valoir la porte-parole adjointe du gouvernement, par
ailleurs ministre de la Communication.
Lui-même au nombre des accusés, Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par Laurent Gbagbo, avait dénoncé lundi un procès "politique" visant à "museler l’opposition" avant la présidentielle de 2015, à laquelle M. Ouattara est candidat.
Les 83 accusés seront jugés notamment pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
Un autre procès pour crimes de sang doit se tenir ultérieurement.
Mais la société civile ivoirienne critique sans relâche une "justice des
vainqueurs".
Aucun partisan important du président Ouattara n’a en effet pour l’instant été inquiété par la justice, en dépit des crimes commis par son camp durant la dernière crise.
ck-jf/thm/tmo