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Société Publié le vendredi 24 octobre 2014 | L’Inter

Interview / Habib N. Coulibaly (Dg du cabinet d’expertise Cecc Assur): « Le taux de pénétration de l’assurance est de 1,75 % en Côte d’Ivoire »

© L’Inter Par Atapointe
Habib N. Coulibaly, (Dg du cabinet d`expertise Cecc Assur

Le courtier en assurance n’est pas un sous-traitant de marché d’assurances, mais plutôt un conseiller, un avocat. C’est le relais des entreprises d’assurances en matière de conseils. C’est un commerçant qui est habilité à présenter des produits d’assurance. Mais, pour exercer cette activité, le courtier doit avoir un agrément. Habib N. Coulibaly, Directeur général du Cabinet d’expertise, de conseil et de courtage en assurance (Cecc Assur), présente les atouts de cette activité. Il annonce deux séminaires de formation internationaux sur le type d’assurance à prendre pour garantir et sécuriser le patrimoine humain et le matériel de l’entreprise.

L’activité de courtage en assurance en très méconnue de la population. Qu’est-ce qui explique cette situation ?
L’environnement des assurances est beaucoup jeune en Côte d’Ivoire. L’assurance a commencé son développement, il y a à peine 20 ans. Etant donné qu’on est dans un environnement nouveau, il n’y avait pas beaucoup de professionnel indépendant pour venir gérer le volet courtage, le volet conseil. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de courtiers qui s’installent parce qu’ils ont appris le métier. Donc, ils peuvent aussi conseiller.

Présentée comme tel, est-ce qu’il ne s’agit pas d’une activité qui est venue se greffer aux compagnies d’assurance ?
C’est une activité indépendante. Cette activité ne s’est pas greffée aux compagnies d’assurances. Nous sommes les relais des compagnies d’assurances. Une partie du travail des compagnies d’assurances nous est léguée. On est partenaires.

Quelle est l’avantage de passer par vous ?
Une compagnie d’assurances n’a pas l’obligation d’expliquer ses produits. Donc, quand vous venez souscrire directement, ça veut dire que vous connaissez le contrat, vous savez aussi déjà vos besoins et en fonction du besoin, vous venez à la compagnie d’assurances pour prendre un contrat précis. Alors que le rôle du courtier est d’expliquer, de présenter les produits d’assurance en fonction de vos besoins. Aussi, le sinistre étant la mise en jeu des garanties souscrites, le courtier d’assurances ne s’arrête pas seulement à la souscription, il continue jusqu’à la gestion et à l’indemnisation des sinistres. Il y a une centaine de courtiers. Mais, ce qui doit orienter toute personne vers une structure de courtage, c’est l’expertise dans le domaine.

Combien de types d’intermédiaires trouve-t-on dans le domaine de l’assurance ?
Il y a trois types d’intermédiaires. Les agents mandataires, c’est-à-dire des personnes physiques qui vendent les produits d’une seule compagnie d’assurances. Ensuite, il y a les agents généraux qui vendent les produits d’une seule compagnie. Mais, ce qui les différencie, c’est la personnalité juridique. L’autre est constituée en société et l’autre, ce sont des personnes individuelles. Et, les gros en intermédiation qui sont les courtiers en assurance, qui vendent les produits de plusieurs compagnies, donc qui représentent plusieurs compagnies.

En cas de conseil d’un client, si au bout du compte, ce dernier n’est pas satisfait, qui du courtier ou de l’assureur est mis en cause ?
Le courtage est une profession réglementée. On est obligé de prendre une assurance responsabilité civile. Ça veut dire que le conseil qu’on émet nous engage et donc, à partir de cela, nous prenons des assurances responsabilité civile. Si le client fait un mauvais choix et qu’il est prouvé que c’est notre conseil qui l’a guidé là, sa requête est prise en compte. Le client a un recours, s’il estime que son courtier ne travaille pas bien. Il a recours à la compagnie, pour demander si ce qu’on lui dit est vrai. Mais généralement, lorsque vous êtes un professionnel, vous conseillez et votre client est satisfait.

Un courtier a-t-il la possibilité d’encaisser une prime d’assurance ou de payer un sinistre ?
Par le passé, le courtier en assurance pouvait encaisser quelquefois le montant de la prime. Mais, on s’est rendu compte que la plupart de ceux qui étaient venus à ce métier ne faisaient qu’encaisser des primes et ils faisaient autre chose de ces sommes destinées aux compagnies d’assurances. La conséquence de cette situation est que la gestion des sinistres n’était pas aussi fluide. Depuis 2011, l’environnement du courtage est en train d’être régie. Le courtier, aujourd’hui, prend son rôle de conseiller. Le chèque est libellé directement au nom de l’assureur. Le courtier a aujourd’hui, un mandat général d’encaissement pour les primes (en espèces) inférieures à 01 million de Fcfa,
La compagnie peut donner mandat à un courtier de régler directement les sinistres. Mais, en fonction de l’importance du sinistre, celui-ci est réglé directement par la compagnie. La gestion du sinistre, c’est tout ce qu’il y a comme déclaration, comme élément qu’il faut pour indemniser, et ça, c’est le rôle du courtier. En fonction de la garantie, l’avocat défend son client auprès de la compagnie pour qu’il soit indemnisé rapidement.

Quel est le taux de pénétration de l’assurance en Côte d’Ivoire ?
Il faut savoir que le taux de pénétration de l’assurance est de 1,75% en Côte d’Ivoire. En Afrique du Sud, ils sont à 16%. Ça veut dire que, quand on met l’ensemble des primes sur le Produit intérieur brut (Pib), on est à moins de 2%. Malgré la méconnaissance de l’assurance, le chiffre d’affaires de ce secteur a augmenté, passant en 2012 était de 206 milliards de Fcfa à 236 milliards de Fcfa en 2013. Il y a une progression de 14%, mais les gens se plaignent. C’est en cela que j’organise deux séminaires de formation internationaux sur le thème : « Quels types d’assurances prendre pour garantir et sécuriser le patrimoine humain et matériel de l’entreprise ». Nous avons deux sessions. La première session, ce sont les jeudi 27 et vendredi 28 novembre et les jeudi 11 et vendredi 12 décembre prochains.

Comment cette session de formation peut-elle contribuer au développement de ce secteur ?
Il y a souvent un malentendu entre assureur et assuré. Il s’agira, au cours de cette session de formation, d’amener les personnes en charge de la gestion des assurances au sein des organisations à bien évaluer les différents risques au sein de leurs structures, et de savoir comment les couvrir à travers les contrats d’assurance précis. Il s’agira également, en ces périodes de renouvellement des primes d’assurance, d’expliquer le sens des différentes garanties déjà souscrites ou à souscrire, afin d’éviter les incompréhensions au moment de la mise en jeu de ces garanties, lors d’un sinistre, où généralement assureur et assuré se rejettent la faute. Pour l’assureur, c’est l’assuré qui n’a pas bien compris la garantie, donc sinistre non dû. Pour l’assuré, c’est l’assureur qui ne veut pas respecter ses engagements. Il s’agira enfin, au cours de ces sessions de formation pour les différents participants, d’avoir une connaissance précise sur les différentes garanties aussi bien en assurance dommage, qu’en assurance vie. On fera une lucarne aux mairies, districts, conseils régionaux, ministères et institutions de la République, pour leur montrer comment créer et piloter une centrale des assurances. Ce qu’il faut noter, c’est que l’Etat est son propre assureur. Et, qu’est-ce qu’on a constaté ? L’assurance avec l’État ne fonctionne pas bien. Et donc, l’idée c’est de dire, Etat aujourd’hui, il est temps de confier les risques au privé pour que l’assurance fonctionne normalement, pour que les sinistres soient très bien gérés. A travers la centrale des assurances, c’est d’abord la volonté politique de mettre en place au sein des ministères, une cellule pour gérer les sinistres. L’émergence passe par une gestion optimale de l’assurance de personnes et de l’assurance dommage.

Quelle est la qualité des participants attendus à ce séminaire ?
L’assurance est régie par le Code Cima, qui fait 16 pays. Donc, faire un séminaire à Abidjan, ça veut dire convier les personnes du Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Sénégal, etc. Ce séminaire est pour tous les pays de la zone Cima, pour les personnes véritablement en charge des assurances. Quand je discute avec des chefs d’entreprises, ils ne s’y connaissent pas en assurance. L’assurance ne doit pas être un plan B. L’assurance, c’est d’abord le plan A. Lorsque j’étais à Dakar, un chef d’entreprise a été viré en plein conseil d’administration tout simplement parce que son usine a brûlé et il n’avait pas pris une garantie qui compense les pertes dues après ce sinistre qui sont généralement des pertes d’exploitation. Lorsqu’on vous confie un bien, il faut savoir le gérer. S’assurer, c’est se préserver contre un risque. Le risque, c’est la probabilité qu’un événement vienne affecter la capacité de l’entreprise ou d’une personne à atteindre ses objectifs. Ce séminaire va enregistrer la participation de la tutelle, qui est la direction des assurances, qui va animer un thème est d’actualité sur le rôle de l’intermédiation dans le développement de l’assurance en Côte d’Ivoire et dans la zone Cima.

Pourquoi ce focus ?
C’est dans le but de faire connaître aux participants, l’environnement de l’intermédiation dans le domaine des assurances, les différents acteurs qui le composent : courtier, agent général, agent mandataire, considérés à tort ou à raison comme des sous-traitants de marchés d’assurances. Enfin, de mieux appréhender leurs rôles au moment de la signature des contrats et dans le règlement des sinistres. Nous attendons le maximum de personnes. Parce qu’aujourd’hui, c’est très important que les gens connaissent l’assurance. Lorsqu’il y a un sinistre, le Code dit qu’on a 05 jours ouvrés pour déclarer ce sinistre. En cas de vol, 02 jours ouvrés.

Les perspectives.
Les perspectives dans le domaine des assurances, sont bonnes. Il y a une progression du chiffre d’affaires. Ça veut dire que les gens, aujourd’hui, ont la culture de l’assurance. Je demande à tous ceux qui veulent prendre des assurances de passer par des courtiers professionnels. Les gens ont compris qu’ils doivent se faire conseiller. L’assurance est un domaine technique, il ne faut pas que les gens aient peur de venir demander des conseils. Le conseil est gratuit.

Réalisée par Irène BATH
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