Abidjan - Le procès de l'ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo, accusée d'"atteinte à la sûreté de l'Etat" après les meurtrières violences postélectorales de 2010-2011, va s'ouvrir vendredi à Abidjan, la Côte d'Ivoire refusant obstinément son transfèrement à la Cour
pénale internationale.
Annoncé mi-octobre à la stupéfaction générale, défense et société civile dénonçant alors un manque de préparation de la justice, il avait été repoussé sine die à peine une semaine plus tard, sans que de véritables explications ne
soient fournies.
Le procès de Simone Gbagbo, qui comparaîtra en compagnie de 82 co-accusés, tous des dignitaires de l'ancien régime, constitue le premier grand défi judiciaire de la Côte d'Ivoire d'après-crise.
Son annonce mercredi par la défense s'est pourtant à nouveau faite dans la cacophonie généralisée, aucune entité politique ou judiciaire n'ayant encore confirmé sa tenue à la veille de l'ouverture.
Simone Gbagbo, 65 ans, était un pilier inébranlable du régime de son mari Laurent, en attente de jugement à la CPI Pour "crimes contre l'humanité" .
Surnommée la "Dame de fer", elle était autant respectée pour son militantisme que crainte en tant que "présidente" à poigne, accusée d'être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans de l'opposant Alassane Ouattara, désormais au pouvoir, qu'elle a toujours honni.
Le couple a été arrêté le 11 avril 2011, au terme de cinq mois de violences nées du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2010 face à M. Ouattara, qui firent plus de 3.000 morts.
Les photos de Simone Gbagbo à son arrestation, les cheveux arrachés, les traits tirés et le regard apeuré, aux côtés de son mari hagard ont alors fait le tour du monde.
Tout comme son époux, Simone Gbagbo est accusée par la CPI de "crimes contre l'humanité" commis durant la crise postélectorale.
Mais à la différence de Laurent Gbagbo ou de Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, très virulent, Abidjan refuse son transfèrement à La Haye, arguant qu'il affecterait le processus de réconciliation nationale et que sa justice est désormais en mesure d'organiser un procès équitable.
- Procès 'politique' -
Le cas Simone Gbagbo a occasionné une passe d'armes entre Abidjan et la CPI en décembre. La Cour, estimant que les autorités ivoiriennes "ne prenaient pas les mesures tangibles" pour déterminer si elle était coupable de crimes de sang, les a sommées de lui livrer l'ex-Première dame.
La Côte d'Ivoire, soucieuse de voir ses "principes" "compris", a fait appel
de cette décision.
Le procès de Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés a ensuite été rapidement
préparé. Tous les avocats ont eu "une séance de travail avec l'avocat général", selon l'un d'entre eux.
Les accusés assisteront à l'audience vendredi, qui devrait servir à désigner "de nouveaux jurés", a déclaré à l'AFP l'avocat de deux prévenus. Mais le procès débutera "effectivement le 5 janvier" avec les premières
auditions, a-t-il poursuivi.
Il n'y sera pas question de meurtres, de viols ou de mutilations. "Ce n'est pas un procès de droits de l'Homme", affirme Yacouba Doumbia, le président du Mouvement ivoirien pour les droits de l'Homme.
Dans les débats à venir, "la seule victime (sera) l'Etat", explique-t-il, notant que les audiences interviennent dans le cadre d'"un agenda plus ou
moins politique".
"En Afrique, quand on accuse les gens d'+atteinte à la sécurité de l'Etat+, on plonge dans le débat politique mais on ne fait pas de justice", poursuit un expert africain, très bon connaisseur du dossier.
Simone Gbagbo a été transférée le 1er décembre d'Odienné (nord-ouest), où elle était en résidence surveillée depuis fin avril 2011, vers Abidjan. Elle est désormais détenue dans une école militaire de la capitale économique ivoirienne en attente de son procès.
Son mari Laurent Gbagbo est emprisonné depuis trois ans à La Haye en
attente de son procès pour crimes contre l'humanité, qui doit s'ouvrir en
juillet 2015 devant la CPI.
Charles Blé Goudé est lui aussi en attente de jugement à la CPI, pour crimes contre l'humanité. La procureure Fatou Bensouda souhaite tenir un seul et unique procés contre les deux hommes.
jf/jpc
pénale internationale.
Annoncé mi-octobre à la stupéfaction générale, défense et société civile dénonçant alors un manque de préparation de la justice, il avait été repoussé sine die à peine une semaine plus tard, sans que de véritables explications ne
soient fournies.
Le procès de Simone Gbagbo, qui comparaîtra en compagnie de 82 co-accusés, tous des dignitaires de l'ancien régime, constitue le premier grand défi judiciaire de la Côte d'Ivoire d'après-crise.
Son annonce mercredi par la défense s'est pourtant à nouveau faite dans la cacophonie généralisée, aucune entité politique ou judiciaire n'ayant encore confirmé sa tenue à la veille de l'ouverture.
Simone Gbagbo, 65 ans, était un pilier inébranlable du régime de son mari Laurent, en attente de jugement à la CPI Pour "crimes contre l'humanité" .
Surnommée la "Dame de fer", elle était autant respectée pour son militantisme que crainte en tant que "présidente" à poigne, accusée d'être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans de l'opposant Alassane Ouattara, désormais au pouvoir, qu'elle a toujours honni.
Le couple a été arrêté le 11 avril 2011, au terme de cinq mois de violences nées du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2010 face à M. Ouattara, qui firent plus de 3.000 morts.
Les photos de Simone Gbagbo à son arrestation, les cheveux arrachés, les traits tirés et le regard apeuré, aux côtés de son mari hagard ont alors fait le tour du monde.
Tout comme son époux, Simone Gbagbo est accusée par la CPI de "crimes contre l'humanité" commis durant la crise postélectorale.
Mais à la différence de Laurent Gbagbo ou de Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, très virulent, Abidjan refuse son transfèrement à La Haye, arguant qu'il affecterait le processus de réconciliation nationale et que sa justice est désormais en mesure d'organiser un procès équitable.
- Procès 'politique' -
Le cas Simone Gbagbo a occasionné une passe d'armes entre Abidjan et la CPI en décembre. La Cour, estimant que les autorités ivoiriennes "ne prenaient pas les mesures tangibles" pour déterminer si elle était coupable de crimes de sang, les a sommées de lui livrer l'ex-Première dame.
La Côte d'Ivoire, soucieuse de voir ses "principes" "compris", a fait appel
de cette décision.
Le procès de Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés a ensuite été rapidement
préparé. Tous les avocats ont eu "une séance de travail avec l'avocat général", selon l'un d'entre eux.
Les accusés assisteront à l'audience vendredi, qui devrait servir à désigner "de nouveaux jurés", a déclaré à l'AFP l'avocat de deux prévenus. Mais le procès débutera "effectivement le 5 janvier" avec les premières
auditions, a-t-il poursuivi.
Il n'y sera pas question de meurtres, de viols ou de mutilations. "Ce n'est pas un procès de droits de l'Homme", affirme Yacouba Doumbia, le président du Mouvement ivoirien pour les droits de l'Homme.
Dans les débats à venir, "la seule victime (sera) l'Etat", explique-t-il, notant que les audiences interviennent dans le cadre d'"un agenda plus ou
moins politique".
"En Afrique, quand on accuse les gens d'+atteinte à la sécurité de l'Etat+, on plonge dans le débat politique mais on ne fait pas de justice", poursuit un expert africain, très bon connaisseur du dossier.
Simone Gbagbo a été transférée le 1er décembre d'Odienné (nord-ouest), où elle était en résidence surveillée depuis fin avril 2011, vers Abidjan. Elle est désormais détenue dans une école militaire de la capitale économique ivoirienne en attente de son procès.
Son mari Laurent Gbagbo est emprisonné depuis trois ans à La Haye en
attente de son procès pour crimes contre l'humanité, qui doit s'ouvrir en
juillet 2015 devant la CPI.
Charles Blé Goudé est lui aussi en attente de jugement à la CPI, pour crimes contre l'humanité. La procureure Fatou Bensouda souhaite tenir un seul et unique procés contre les deux hommes.
jf/jpc