Abidjan - "Simone Gbagbo, tu dois répondre de tes crimes": le procès de l’ex-Première dame ivoirienne, accusée d’"atteinte à la sûreté de l’Etat", a repris lundi, sous les cris de proches de victimes de la meurtrière crise de 2010-2011, qui réclament justice.
Plusieurs dizaines de parents de victimes avaient rejoint le tribunal d’Abidjan, dans le quartier central du Plateau, pour ce procès qui est un rendez-vous majeur pour le pays à moins d’un an de la présidentielle d’octobre 2015.
"Nous, les victimes de Simone Gbagbo, réclamons justice", "Simone Gbagbo, marraine des escadrons de la mort en Côte d’Ivoire", pouvait on lire sur des pancartes brandies notamment par des femmes.
Longtemps surnommée "la dame de fer", Simone Gbagbo, 65 ans, épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo, est jugée aux assises aux côtés de 82 personnalités de l’ancien régime.
Le procès s’était ouvert vendredi dernier, le gouvernement du président Alassane Ouattara ayant refusé de transférer Mme Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de "crimes contre l’humanité", comme son mari détenu à La Haye (Pays-Bas, siège de la CPI) depuis trois ans.
La journée de lundi a été marquée par les protestations des avocats de la défense, qui ont utilisé un point de procédure pour contester la légitimité de la cour d’assises. Ils ont en effet soulevé une "exception" sur "l’irrégularité" de la cour, arguant que l’ordonnance de désignation des juges du procès est arrivée à expiration il y a trois mois.
Après une interruption de l’audience de près d’une heure, le président de la cour a rejeté cette requête.
L’examen des faits incriminés débutera mardi, a indiqué l’un des avocats de la défense. "Cinq personnes ont été désignées pour être interrogées", a déclaré Me Toussaint Dako Zahui, sans préciser leur statut (accusé ou témoin).
’Aller à la réconciliation’
Vêtue d’un ensemble de couleur jaune, lunettes sur le nez, Simone Gbagbo était assise dans le box des accusés aux côtés de Pascal Affi N’Guessan, le président du parti de M. Gbagbo, et de Gilbert Aké N’Gbo, son dernier Premier ministre, entres autres ex-dignitaires. De nombreux prévenus - mais pas l’ex-Première dame - comparaissent libres, ayant déjà obtenu la liberté provisoire, comme M. Affi N’Guessan.
Mme Gbagbo, 65 ans, est jugée pour son rôle dans la crise postélectorale de 2010-2011, provoquée par le refus de son mari de reconnaître sa défaite à la dernière présidentielle face à Alassane Ouattara. La crise, qui s’est conclue par deux semaines de guerre et l’arrestation du couple présidentiel, a fait quelque 3.000 morts.
Mais le procès qui débute à Abidjan ne couvre pas les "crimes de sang" commis durant la crise, qui font l’objet d’une procédure distincte, au grand dam de proches des victimes.
Les familles de victimes "réclament justice immédiate et ne veulent pas que le procès de Simone soit différé", elles exigent "qu’elle soit jugée pour crimes contre l’humanité et non pour atteinte à la sûreté de l’Etat", a expliqué à l’AFP Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire.
Après avoir livré à la CPI l’ancien président et Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, Abidjan refuse le transfèrement à La Haye de Simone Gbagbo, assurant que la justice ivoirienne est désormais en mesure d’organiser un procès équitable. Mais le pouvoir juge aussi qu’un tel transfèrement affecterait le processus de réconciliation nationale.
La justice ivoirienne est régulièrement accusée d’être une "justice des vainqueurs" par des organisations de la société civile et par l’opposition, car l’immense majorité des personnes poursuivies en lien avec la crise de 2010-2011 appartiennent au camp Gbagbo.
"Tout le pays attend qu’on puisse tourner la page et solder les comptes de la grave crise de 2011 (...) pour aller à la réconciliation. Si ce procès peut y contribuer, tant mieux", déclarait vendredi l’un des co-accusés en liberté provisoire, Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo.
L’enjeu est d’autant plus important que, selon la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), la Commission dialogue, vérité et réconciliation ivoirienne, qui a remis récemment son rapport final, n’a "pas tenu ses promesses".
Le président de la Commission, l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, a lui-même reconnu que les résultats des travaux étaient décevants.
ck-eak/tmo/hba/amd/mba
Plusieurs dizaines de parents de victimes avaient rejoint le tribunal d’Abidjan, dans le quartier central du Plateau, pour ce procès qui est un rendez-vous majeur pour le pays à moins d’un an de la présidentielle d’octobre 2015.
"Nous, les victimes de Simone Gbagbo, réclamons justice", "Simone Gbagbo, marraine des escadrons de la mort en Côte d’Ivoire", pouvait on lire sur des pancartes brandies notamment par des femmes.
Longtemps surnommée "la dame de fer", Simone Gbagbo, 65 ans, épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo, est jugée aux assises aux côtés de 82 personnalités de l’ancien régime.
Le procès s’était ouvert vendredi dernier, le gouvernement du président Alassane Ouattara ayant refusé de transférer Mme Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de "crimes contre l’humanité", comme son mari détenu à La Haye (Pays-Bas, siège de la CPI) depuis trois ans.
La journée de lundi a été marquée par les protestations des avocats de la défense, qui ont utilisé un point de procédure pour contester la légitimité de la cour d’assises. Ils ont en effet soulevé une "exception" sur "l’irrégularité" de la cour, arguant que l’ordonnance de désignation des juges du procès est arrivée à expiration il y a trois mois.
Après une interruption de l’audience de près d’une heure, le président de la cour a rejeté cette requête.
L’examen des faits incriminés débutera mardi, a indiqué l’un des avocats de la défense. "Cinq personnes ont été désignées pour être interrogées", a déclaré Me Toussaint Dako Zahui, sans préciser leur statut (accusé ou témoin).
’Aller à la réconciliation’
Vêtue d’un ensemble de couleur jaune, lunettes sur le nez, Simone Gbagbo était assise dans le box des accusés aux côtés de Pascal Affi N’Guessan, le président du parti de M. Gbagbo, et de Gilbert Aké N’Gbo, son dernier Premier ministre, entres autres ex-dignitaires. De nombreux prévenus - mais pas l’ex-Première dame - comparaissent libres, ayant déjà obtenu la liberté provisoire, comme M. Affi N’Guessan.
Mme Gbagbo, 65 ans, est jugée pour son rôle dans la crise postélectorale de 2010-2011, provoquée par le refus de son mari de reconnaître sa défaite à la dernière présidentielle face à Alassane Ouattara. La crise, qui s’est conclue par deux semaines de guerre et l’arrestation du couple présidentiel, a fait quelque 3.000 morts.
Mais le procès qui débute à Abidjan ne couvre pas les "crimes de sang" commis durant la crise, qui font l’objet d’une procédure distincte, au grand dam de proches des victimes.
Les familles de victimes "réclament justice immédiate et ne veulent pas que le procès de Simone soit différé", elles exigent "qu’elle soit jugée pour crimes contre l’humanité et non pour atteinte à la sûreté de l’Etat", a expliqué à l’AFP Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire.
Après avoir livré à la CPI l’ancien président et Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, Abidjan refuse le transfèrement à La Haye de Simone Gbagbo, assurant que la justice ivoirienne est désormais en mesure d’organiser un procès équitable. Mais le pouvoir juge aussi qu’un tel transfèrement affecterait le processus de réconciliation nationale.
La justice ivoirienne est régulièrement accusée d’être une "justice des vainqueurs" par des organisations de la société civile et par l’opposition, car l’immense majorité des personnes poursuivies en lien avec la crise de 2010-2011 appartiennent au camp Gbagbo.
"Tout le pays attend qu’on puisse tourner la page et solder les comptes de la grave crise de 2011 (...) pour aller à la réconciliation. Si ce procès peut y contribuer, tant mieux", déclarait vendredi l’un des co-accusés en liberté provisoire, Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo.
L’enjeu est d’autant plus important que, selon la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), la Commission dialogue, vérité et réconciliation ivoirienne, qui a remis récemment son rapport final, n’a "pas tenu ses promesses".
Le président de la Commission, l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, a lui-même reconnu que les résultats des travaux étaient décevants.
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