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Art et Culture Publié le lundi 5 janvier 2015 |

Débat / Les intellectuels ivoiriens et la présidentielle de 2015

© Par DR
Tic - Dr. Guibessongui N`Datien Séverin, Docteur en Droit des Télécoms
Le débat d’intellectuels est intéressant à faire, même si l’histoire politique ivoirienne de ces deux décennies a permis de constater que les intellectuels ivoiriens n’ont pas toujours éclairé le politique. Ils l’ont même constamment désorienté et poussé dans un gouffre infernal ou au suicide politique. Je m’évertuerai à relever quelques idées véhiculées dans l’ouvrage politique de Tiburce KOFFI intitulé « Présidentielle d’octobre 2015. Non à l’appel de Daoukro», en les déconstruisant.

De la candidature d’Alassane OUATTARA

Si on peut émettre des réserves et des inquiétudes légitimes sur la pratique politique consistant à sauter les verrous de limitation de mandats présidentiels ou à opter pour des mandats illimités, il serait incohérent, antidémocratique et anticonstitutionnel de vouloir qu’un Président en exercice s’abstienne de briguer un second et dernier mandat. Incohérent car la logique qui sous-entend cette idée manque de fondement rationnel. Antidémocratique car le peuple serait injustement privé de son choix à accorder une prime au mérite ou une sanction négative au Président sortant. Enfin, anticonstitutionnel, car aux termes de l’article 35 de la Constitution ivoirienne, « le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois ». Or, Alassane OUATTARA
n’est Président de la République que depuis novembre 2010, donc bientôt un mandat de cinq ans.
Tiburce Koffi, en s’écriant « Oh ! Comme j’aurais voulu, président Ouattara, que vous ne vous présentassiez pas à ce scrutin » (page 107), semble mu de considérations personnelles ("j’aurais voulu"). Comment aurait-il raisonnablement voulu qu’Alassane OUATTARA ne brigue pas un second mandat s’il « reste convaincu que, ce que le Président Ouattara a réalisé en moins de trois années d’exercice du pouvoir exécutif, relève du prodige, quand on réalise combien nous avons été sevrés de défis de construction nationale de grande envergure pendant près de deux décennies » (page
108). Aussi, comment aurait-il logiquement voulu qu’Alassane OUATTARA se limite à un seul mandat alors qu’il reconnaît que "si Ouattara avait été là seize années plus tôt, Abidjan en serait peut-être aujourd’hui à son septième pont, son dixième échangeur ; Abidjan aurait été doté d’un gigantesque aéroport international …. Et tout le pays aurait été équipé d’infrastructures respectables ! » (page 103). Tout en me questionnant pour comprendre la structuration mentale et la logique qui sous-entendent ces ou ses idées, je m’interroge sur leur pertinence.

De la cogestion du pouvoir politique en Côte d’Ivoire

Depuis l’élection d’Alassane OUATTARA à la Présidence de la République, le
pouvoir fait l’objet d’une cogestion par le RHDP. Cette coalition politique gère
conjointement le gouvernement (Primature et ministères), les régies financières (Trésor, douane et impôts), les sociétés d’Etat (Directeurs généraux et Présidents de conseils d’administration), les Établissements publics Nationaux, etc.
Les partis formant cette coalition politique du RHDP sont ainsi co-gestionnaires du pouvoir politique et administratif. Il pèse ou doit peser sur chacun des partis du RHDP, une obligation in solidum, ou chaque parti est tenu responsable pour toute la gestion du pouvoir avec son actif et son passif. Gérer ensemble et refuser d’être co-responsables du bilan commun me semble incohérent.

Du postulat du cycle maléfique

La théorie du "cycle maléfique" est portée et véhiculée par Tiburce KOFFI. Selon lui et s’adressant à Alassane OUATTARA, il s’émeut en ces termes « Laurent Gbagbo en prison, Henri Konan Bédié mis hors course par les textes, vous restez le dernier du trio infernal qui a conduit la Côte d’Ivoire dans la fournaise. Votre départ à la "retraite politique" aurait sans doute sonné la fin du cycle maléfique-les temps de tornade, de feu et de plomb qui ont sérieusement abîmé ce pays » (page 107).
Je ne perçois point de cohérence dans ces lignes et je constate que Tiburce KOFFI a accompagné de par ses écrits, d’abord M. Henri Konan BEDIE, ensuite M. Laurent Gbagbo et enfin, M. Alassane OUATTARA dans l’exercice du pouvoir avant de les abandonner un a un. Il serait donc une des plumes qui a alimenté ce "trio infernal".
L’incohérence réside également en ce que ce trio aurait "abîmé ce pays". Pourtant, Alassane OUATTARA est en train de réparer et de soigner les blessures physiques et morales de la Côte d’Ivoire. Tiburce KOFFI le reconnaît sous sa plume en ces mots « ce que le Président Ouattara a réalisé en moins de trois années d’exercice du pouvoir exécutif, relève du prodige, … » (page 108).

Du postulat du cycle nouveau

Parmi les postulants déclarés à l’élection présidentielle de 2015, je ne vois pas d’hommes nouveaux. Or, Tiburce Koffi pense que si Alassane OUATTARA ne se présente pas pour un second mandat, « la Côte d’Ivoire entamerait ainsi un cycle nouveau, avec des hommes nouveaux et de nouvelles espérances, pour une nouvelle histoire nationale sans cette culture de la violence qui nous a tant divisés…».
Je navigue à contre-courant de ce postulat pour deux raisons. D’abord, la Côte d’Ivoire a déjà entamé un cycle nouveau sous Alassane OUATTARA à travers les nombreuses réalisations d’infrastructures de base. Est-il besoin de rappeler que depuis 1960, date de l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance, le pont HKB inauguré le 16 décembre 2014 est la deuxième infrastructure de ce genre dans notre pays (le pont De Gaulle date de 1967 et le pont Houphouët-Boigny date de 1957).
Ensuite, la reconstruction et le développement de notre pays ont besoin d’idées nouvelles et non d’hommes nouveaux. Si les idées triomphent, les successeurs d’Alassane OUATTARA continueront à construire la Côte d’Ivoire et à penser ou à planifier son développement.

Du postulat de l’anti-démocratie

De ce que j’ai compris de "l’appel de Daoukro", M. Henri Konan BEDIE a déclaré que le PDCI soutiendra la candidature d’Alassane OUATTARA dans le cadre de la coalition politique qui cogère le pouvoir d’Etat : le RHDP. Cela n’est nullement antidémocratique. Aussi, a t-il ajouté que ceux des cadres du PDCI qui veulent être candidats, peuvent l’être sans l’onction du PDCI, parti membre de la coalition politique du RHDP. Cela ne me semble pas antidémocratique non plus puisque les cadres du PDCI qui ne se reconnaissent pas dans cet appel, peuvent être candidats indépendants. Lors des élections législatives, municipales et régionales, plusieurs candidats indépendants ont été élus. Précisons que toute personne dont le Conseil Constitutionnel n’a pas rejeté la candidature peut être candidat à l’élection
présidentielle.

Du postulat de l’immutabilité des partis politiques

Les partis ou groupements politiques ne sont pas créés pour être gravés dans le marbre et ne sont donc pas immuables. Ils peuvent évoluer en changeant,
disparaître, se scinder ou fusionner. La réalité politique étant mouvante, les partis politiques concourent à la formation de la volonté du peuple et à l’expression du suffrage à un moment donné de l’histoire politique d’une nation. Le postulat qu’un parti qui disparaît ou qui change de nom serait du sacrilège est une erreur politique et historique.

Dr. GUIBESSONGUI N’Datien Séverin
Docteur en Droit des Télécoms
www.guibess.net
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