Le Forum économique mondial de Davos (FEMD) s'est tenu du 20 au 25 janvier 2014, dans la ville helvétique qui en est éponyme. Pour rappel, le FEMD est une fondation à but non lucratif créée en 1971 par le professeur d’économie suisse Klaus M. Schawb. Parti de son statut de simple réunion informelle, il s’est au fil des années transformé en un club planétaire de décideurs. En effet, il réunit plus de deux mille (2000) personnes, dont mille (1000) chefs d’entreprises parmi les plus puissantes du monde, les Présidents des banques centrales des puissances mondiales et cinq cents (500) journalistes. C’est aussi un passage obligé des dirigeants des pays dont le poids économique est appréciable, des responsables d’ONGs internationales, sans oublier les brillants intellectuels que compte la doxa libérale.
A l’origine, le FEMD vise à débattre des questions économiques et particulièrement les conditions d’une croissance économique continue. Aujourd’hui, vu l’évolution du monde, on y parle d’autres sujets importants tels que la santé, l’environnement et la sécurité. Il est aussi clair que le FEMD a une influence indéniable sur la marche du monde. D’ailleurs, il a des déclinaisons régionales dont par exemple, la «réunion annuelle des nouveaux champions » en Chine et le « Forum économique mondial pour l’Afrique.»
Ce qui est remarquable pour cette édition, c'est que le FEMD se tient dans un contexte marqué par deux faits majeurs. Premièrement, les attentats de Paris qui posent encore de façon aigüe la question de la sécurité dans le monde. D'ailleurs, cette thématique y a largement dominé les débats. Deuxièmement, la publication des chiffres effarants sur l’écart de plus en plus grand entre les riches et les pauvres. En effet, selon l’ONG Oxfam, 1% de la population mondiale (entendez les plus riches) détient 50% de la richesse mondiale.
Pendant que les 99% restants se contentent de l’autre moitié. Ou encore que 80 personnes détiennent l'équivalent de ce que possèdent trois (3) milliards de la population mondiale.
Ces faits, en apparence sans lien, devrait logiquement attirer l’attention des décideurs du monde. Car, à y voir de plus près, il y a un lien de causalité entre cette dichotomie socio-économique et l’augmentation des violences dans le monde. Par exemple, ici en Côte d’Ivoire, même si d’autres raisons l’expliquent, la crise qu’a connue ce pays est avant tout une conséquence de la paupérisation des masses, surtout juvéniles et majoritairement sans emploi.
C’est pourquoi, le FEMD ne devrait pas être, comme le dénoncent ses adversaires, « une simple réunion informelle qui incarne un impérialisme économique ». Mais, au contraire, il devrait impulser un nouvel ordre économique mondial « à visage plus humain.» Qui veille à faire en sorte que chaque être humain mange à sa faim, ait accès à des soins de base, dispose d’un toit et bénéficie d'une bonne formation qui puisse lui permettre d’espérer une insertion socio-professionnelle réussie. La paix sociale est à ce prix.
Il est vrai que sous le feu des critiques des groupes de pressions comme les altermondialistes, le FEMD est à la base d’initiatives telles que Global Health Initiative (GHI) en 2002 que dirige Kofi Annan, Global Education Initiative (GEI) en 2003 dont le projet e-learning est expérimenté avec succès au Rwanda, l’Environmental Intiative (EI) etc. Toutefois, ces initiatives ne touchent pas le fond du sujet.
En effet, ce qui est mis en cause, ce sont les principes qui régulent le modèle capitaliste dans sa forme actuelle, en particulier la finance internationale. Qui rend une infime minorité de plus en plus riche et puissante, au détriment de la majorité. Un modèle économique boulimique et individualiste qui épuise les ressources naturelles (une richesse commune dont nous a fait grâce Allah), qui pollue continuellement la planète et compromet durablement la vie des générations à venir. Un modèle dont les effets sur le long terme, pourraient être, selon des spécialistes, des sources de conflits locaux, régionaux ou mondiaux.
Il est donc d'une importance majeure d’exhorter les décideurs à avoir la sagesse de reformer le modèle économique en vigueur si on veut préserver la paix dans le monde. C’est en cela qu’on peut parler non pas de « choc pas de civilisations », mais plutôt de « rencontre de modèles sociétaux. » En effet, la position dominante des plus riches leur confère le pouvoir politique. De fait, partout la puissance de l’argent permet de « faire » et de « défaire » les dirigeants politiques ; offrant ainsi aux plus nantis la possibilité d’influencer le vote des lois en faveur de la préservation de leurs acquis. Principalement, en réduisant à une portion congrue la pression fiscale sur leurs revenus annuels. Ce qui prive les États de ressources substantielles et limite leurs actions en faveur des plus démunis.
Pourtant, d’autres modèles économiques offrant des choix plus viables existent. Par exemple, dans le modèle économique islamique, la finance ne tire pas ses bénéfices de taxations abusives. En plus, tous ceux qui ont une épargne sont soumis au paiement obligatoire de l’aumône purificatrice (2.5% d'une épargne annuelle qui s'élève à au moins 100.000 FCFA). Un des cinq (5) piliers de cette religion qui est un devoir fiscal spirituel. C'est avant tout, un acte libre de responsabilité vis-à-vis d’Allah Le Créateur. A Qui le croyant musulman sait qu'il rendra compte après la mort.
Les contributions ainsi générées (une mobilisation annuelle gratuite de fonds publics diamétralement différents des émissions de bons du Trésor ou des levées de fonds sur les marchés financiers) constituent une assiette significative. Dont peuvent user les États pour la réalisation d’infrastructures sociales bénéfiques pour tous et la mise en place de filets de sauvetage destinés aux plus faibles économiquement, à travers des aides directes.
Au total, tout est une question d'angle de perception du monde. Après les crises financières de 1998 et de 2008, on observe que le modèle capitaliste actuel montre ses limites. Le temps est arrivé que les décideurs s’inspirent d’autres archétypes existants et éprouvés. Qui créent la solidarité entre les couches sociales et vise fondamentalement à faire respecter le droit qu'ont tous les hommes à vivre dignement. C'est certainement là, le vrai rempart contre les conflits sociaux, le terrorisme et la voie sûre pour préserver la paix dans le monde. Car, il est indéniable que l'insécurité se nourrit de la misère des populations. Être classé parmi les milliardaires au monde est certes méritoire. Toutefois, quelle est l'utilité de ces moyens colossaux s'ils ne peuvent aider à rendre le monde meilleur et servir ainsi à préserver la paix ?
Allah ne dit-Il pas aux versets 4 à 6 : « Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite. Ensuite Nous l’avons ramené au niveau le plus bas, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres ; ceux-là auront une récompense jamais interrompue. »
Qu’Allah nous inspire et nous guide sur le droit chemin. Amine.
Nurudine OYEWOLE
onurudine@yahoo.fr
Président de l’AJMCI (2006-2012)
A l’origine, le FEMD vise à débattre des questions économiques et particulièrement les conditions d’une croissance économique continue. Aujourd’hui, vu l’évolution du monde, on y parle d’autres sujets importants tels que la santé, l’environnement et la sécurité. Il est aussi clair que le FEMD a une influence indéniable sur la marche du monde. D’ailleurs, il a des déclinaisons régionales dont par exemple, la «réunion annuelle des nouveaux champions » en Chine et le « Forum économique mondial pour l’Afrique.»
Ce qui est remarquable pour cette édition, c'est que le FEMD se tient dans un contexte marqué par deux faits majeurs. Premièrement, les attentats de Paris qui posent encore de façon aigüe la question de la sécurité dans le monde. D'ailleurs, cette thématique y a largement dominé les débats. Deuxièmement, la publication des chiffres effarants sur l’écart de plus en plus grand entre les riches et les pauvres. En effet, selon l’ONG Oxfam, 1% de la population mondiale (entendez les plus riches) détient 50% de la richesse mondiale.
Pendant que les 99% restants se contentent de l’autre moitié. Ou encore que 80 personnes détiennent l'équivalent de ce que possèdent trois (3) milliards de la population mondiale.
Ces faits, en apparence sans lien, devrait logiquement attirer l’attention des décideurs du monde. Car, à y voir de plus près, il y a un lien de causalité entre cette dichotomie socio-économique et l’augmentation des violences dans le monde. Par exemple, ici en Côte d’Ivoire, même si d’autres raisons l’expliquent, la crise qu’a connue ce pays est avant tout une conséquence de la paupérisation des masses, surtout juvéniles et majoritairement sans emploi.
C’est pourquoi, le FEMD ne devrait pas être, comme le dénoncent ses adversaires, « une simple réunion informelle qui incarne un impérialisme économique ». Mais, au contraire, il devrait impulser un nouvel ordre économique mondial « à visage plus humain.» Qui veille à faire en sorte que chaque être humain mange à sa faim, ait accès à des soins de base, dispose d’un toit et bénéficie d'une bonne formation qui puisse lui permettre d’espérer une insertion socio-professionnelle réussie. La paix sociale est à ce prix.
Il est vrai que sous le feu des critiques des groupes de pressions comme les altermondialistes, le FEMD est à la base d’initiatives telles que Global Health Initiative (GHI) en 2002 que dirige Kofi Annan, Global Education Initiative (GEI) en 2003 dont le projet e-learning est expérimenté avec succès au Rwanda, l’Environmental Intiative (EI) etc. Toutefois, ces initiatives ne touchent pas le fond du sujet.
En effet, ce qui est mis en cause, ce sont les principes qui régulent le modèle capitaliste dans sa forme actuelle, en particulier la finance internationale. Qui rend une infime minorité de plus en plus riche et puissante, au détriment de la majorité. Un modèle économique boulimique et individualiste qui épuise les ressources naturelles (une richesse commune dont nous a fait grâce Allah), qui pollue continuellement la planète et compromet durablement la vie des générations à venir. Un modèle dont les effets sur le long terme, pourraient être, selon des spécialistes, des sources de conflits locaux, régionaux ou mondiaux.
Il est donc d'une importance majeure d’exhorter les décideurs à avoir la sagesse de reformer le modèle économique en vigueur si on veut préserver la paix dans le monde. C’est en cela qu’on peut parler non pas de « choc pas de civilisations », mais plutôt de « rencontre de modèles sociétaux. » En effet, la position dominante des plus riches leur confère le pouvoir politique. De fait, partout la puissance de l’argent permet de « faire » et de « défaire » les dirigeants politiques ; offrant ainsi aux plus nantis la possibilité d’influencer le vote des lois en faveur de la préservation de leurs acquis. Principalement, en réduisant à une portion congrue la pression fiscale sur leurs revenus annuels. Ce qui prive les États de ressources substantielles et limite leurs actions en faveur des plus démunis.
Pourtant, d’autres modèles économiques offrant des choix plus viables existent. Par exemple, dans le modèle économique islamique, la finance ne tire pas ses bénéfices de taxations abusives. En plus, tous ceux qui ont une épargne sont soumis au paiement obligatoire de l’aumône purificatrice (2.5% d'une épargne annuelle qui s'élève à au moins 100.000 FCFA). Un des cinq (5) piliers de cette religion qui est un devoir fiscal spirituel. C'est avant tout, un acte libre de responsabilité vis-à-vis d’Allah Le Créateur. A Qui le croyant musulman sait qu'il rendra compte après la mort.
Les contributions ainsi générées (une mobilisation annuelle gratuite de fonds publics diamétralement différents des émissions de bons du Trésor ou des levées de fonds sur les marchés financiers) constituent une assiette significative. Dont peuvent user les États pour la réalisation d’infrastructures sociales bénéfiques pour tous et la mise en place de filets de sauvetage destinés aux plus faibles économiquement, à travers des aides directes.
Au total, tout est une question d'angle de perception du monde. Après les crises financières de 1998 et de 2008, on observe que le modèle capitaliste actuel montre ses limites. Le temps est arrivé que les décideurs s’inspirent d’autres archétypes existants et éprouvés. Qui créent la solidarité entre les couches sociales et vise fondamentalement à faire respecter le droit qu'ont tous les hommes à vivre dignement. C'est certainement là, le vrai rempart contre les conflits sociaux, le terrorisme et la voie sûre pour préserver la paix dans le monde. Car, il est indéniable que l'insécurité se nourrit de la misère des populations. Être classé parmi les milliardaires au monde est certes méritoire. Toutefois, quelle est l'utilité de ces moyens colossaux s'ils ne peuvent aider à rendre le monde meilleur et servir ainsi à préserver la paix ?
Allah ne dit-Il pas aux versets 4 à 6 : « Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite. Ensuite Nous l’avons ramené au niveau le plus bas, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres ; ceux-là auront une récompense jamais interrompue. »
Qu’Allah nous inspire et nous guide sur le droit chemin. Amine.
Nurudine OYEWOLE
onurudine@yahoo.fr
Président de l’AJMCI (2006-2012)