Le 21 mars dernier, le Conseil régional du Béré (Mankono) a procédé à la remise officielle du château d’eau de Tomono financé à hauteur de 100 millions de FCfa. La localité de Tomono, chef-lieu de canton est située à 30 km de Mankono sur l’axe Mankono-Dianra. A cette occasion, nous avons découvert une localité accueillante, en plein essor, attendant la résolution de quelques difficultés pour émerger.
En 1893, l’Almamy et conquérant Samory Touré en route pour Guélémou passe par Tomono. Mais le guerrier en lutte contre le colonisateur français ne bénéficie pas d’un accueil chaleureux comme nous l’ont confié plusieurs sources sur place. A notre arrivée, le vendredi 20 mars dernier, veille du marché hebdomadaire de Tomono, le chef de village, Brahima Bakayoko insiste pour nous loger. L’imam adjoint Bessiriki Bakayoko, notre tuteur désigné, tient également à ce que nous passions notre séjour dans sa demeure. A Tomono, le visiteur pacifique est toujours le bienvenu. Samory Touré, en 1893, n’a pas eu cette chance. Le guerrier a dû affronter les braves ‘’Koyaka’’ descendants de Fady Tioté et de Ali Ba avant de s’enfuir vers les montagnes rocheuses de Guélémou. Ce témoignage historique, le doyen des cadres, Lassinan Djan Bakayoko âgé de 83 ans ainsi que son promotionnaire, Mamadou Bakayoko, communément appelé Va Bêma, né vers 1935, le firent avec force détails à notre passage dans la localité. «Samory est arrivé ici avant les Blancs. Nos parents l’ont combattu jusqu’à épuisement de nos munitions. Nos ancêtres sont donc allés se réfugier à Marandallah. Les sofas de Samory ont incendié le village et la mosquée. Un pan de cette mosquée est encore visible dans le village. Après le départ des sofas de Samory, certains de nos parents sont revenus pour reconstruire le village quand d’autres sont allés ailleurs», relate Mamadou Bakayoko, assis dans sa chaise. Visiblement à l’aise, le vieil homme à la silhouette longiligne, au parler facile et au regard franc nous conduira sur le pan de la mosquée incendiée. Il profite pour nous montrer une case sacrée de 5 mètres de diamètre qui peut contenir, à l’entendre, une centaine de personnes. Plus d’un centenaire après le passage de Samory, la localité de Tomono connaît un plein essor. En provenance de Mankono, le 20 mars dernier pour Tomono, à peine avons nous franchi la localité voisine de Samoroso, et que nous entrons à Tomono, mon guide s’écrie : «Ah, il y a une station d’essence ici !» En fait, Tomono regorge d’infrastructures et des activités à faire pâlir bon nombre de sous-préfectures voisines. Alors que Tonomo demeure à ce jour encore rattachée à la sous-préfecture de Mankono.
Une vingtaine d’enseignants dont 7 dames
Outre la station d’essence qui vient de voir le jour, depuis 1971, Tomono est doté d’une école primaire publique moderne. Aujourd’hui, elle est passée à un groupe scolaire de 3 écoles comprenant un cycle maternel. A en croire Yéo Soungalo Issiaka, l’un des directeurs d’école, une vingtaine d’enseignants dont 7 dames dispensent les cours aux apprenants. Avec le surpeuplement de la localité dû à la culture du coton et de l’anacarde, plusieurs autres classes sont ouvertes dans les campements (Donissonguikaha, Camarakaha) rattachés à Tomono. L’on compte 60 élèves au CP, 60 au CE et 50 au CM par classe. Cette année, 100 gamins, au dire de M. Yéo, sont candidats au Cepe et à l’entrée en 6ème. Le groupe scolaire Tomono a été érigé en centre d’examen. Un centre de santé et une maternité dirigés par un personnel composé d’un infirmier, d’une sage-femme, d’aides-soignants et de filles de salle s’occupent de la santé de ces quelque 10.000 âmes qui exercent leurs activités dans la zone. A entendre la sage-femme, Koffi Sonia, la maternité de Tomono enregistre 25 à 40 naissances par mois. Beaucoup de villages sont rattachés à l’aire sanitaire, notamment Dawara, Dialassoro, Samorosso. «Notre avantage est que nous sommes sur une voie principale. Après Dianra, Sarhala et Boramla, en matière de santé, Tomono vient en 4ème position », se réjouit la sage-femme. On retrouve à Tomono, outre les autochtones Koyaka, une forte communauté de Sénoufo et de ressortissants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) venus y faire fortune. Si les Senoufo prospèrent dans l’agriculture, les autres habitants émergent dans le commerce. Le samedi, jour de marché hebdomadaire, les rues grouillent de monde. En réalité, Tomono est toujours en éveil. Il en est de même pour les étals. Cette cité-carrefour voit venir de Mankono, Séguéla, Dianra, Tiénigboué, Marandala, Sarhala, Kpesso ou encore de la vingtaine de villages et campements rattachés au chef-lieu de canton des populations pour faire des provisions ou vendre des produits. Tomono compte plusieurs villages rattachés, notamment Samorosso, Dawara, Tonzoa, Gona, Todolo, Kabako, Djinagodougou, Loléwo et Sounougoubakan. Comme produits agricoles, on y retrouve le coton, l’anacarde, l’igname, l’arachide, le riz, le manioc, le maïs, le haricot niébé. Selon l’imam-adjoint et opérateur économique Bessiriki Bakayoko, la localité de Tomono peut produire chaque an, environ 10.000 tonnes d’anacarde, 7 à 8000 tonnes de coton graines, 3000 tonnes d’arachides, 12.000 tonnes d’ignames, 6000 tonnes de riz paddy, 5000 tonnes de manioc et 2000 tonnes de haricot niébé. Le kilogramme de riz paddy coûte 100 francs CFa sur le marché local. Le kilo de viande est à 1000 francs. L’embellie du prix du coton et de l’anacarde fait que les paysans s’arrachent les motos, les panneaux d’énergies solaires et autres appareils électroménagers comme de petits pains. La localité ne bénéficie que d’une faible électrification (environ le tiers du village). Electrifié depuis 1987 avec un seul transformateur, Tomono est plongé dans l’obscurité. La nuit tombée, seuls quelques lampions sont visibles dans les domiciles. Il n’y a point d’éclairage public. «Nous venons juste d’avoir l’eau grâce au Conseil régional. Mais il nous faut d’autres transformateurs ainsi que des poteaux électriques», plaide le chef de village pour couvrir la totalité du village. Une maison d’assurance a ouvert ses portes dans la localité. Bakayoko Yongbo est comptable de la Coopérative du conseil d’administration du vivrier et du cajou (Coop-Ca-Vica) et exerce depuis 2 ans à Tomono. Sa coopérative, forte de plusieurs groupements (sections comme Binkadi, Baya) intervient dans le cajou et le vivrier. Le prix de cajou est de 275 F ou 300 F le kilo, l’arachide 400 F à 500 FCfa le kilo. La location des magasins varie entre 12.500 F et 25.000 FCfa. D’autres coopératives comme celle de Pagnaniga Soro exercent aussi dans la localité. On peut citer les sections ou groupements Wobéwognon, Ivoire coton, Coici, Tchékadji, Yébowognon… Plusieurs commerces, boutiques et compagnies de transports œuvrent dans la localité. Des ‘’badjan’’ et des cars de transport en commun relient Tomono à Bouaké, Abidjan via Mankono ou Bouaflé et Yamoussoukro. Pour se rendre à Bouaké, il faut 4500 F et à Abidjan 8000 FCfa. Les réseaux de téléphonie mobile Mtn, Orange et Moov fonctionnent à merveille à Tomono. La localité compte plusieurs moulins, un dépôt pharmaceutique, des ateliers de coutures, des sites de transfert d’argent, des garages de mécanique-motos. Actuellement, un lotissement de 350 lots est en cours pour renforcer l’existant d’environ 800 lots. L’iman-adjoint Bessiriki Bakayoko révèle que cette action coûtera 9 millions FCfa aux populations. Selon Kourouma Zana, chef de l’équipe de lotissement d’extension du Cabinet de géomètre Soro Nanga (Cgsn), l’opération en cours pour trois mois vise à donner un plan d’urbanisme à la localité. L’adduction en eau potable sera étendue à ce nouveau plan de lotissement. Le 21 mars dernier, le Conseil régional du Béré a procédé à la remise officielle du château d’eau d’un coût de 100 millions FCfa aux populations. Un recensement est ouvert à l’effet de bénéficier de l’adduction en eau potable. Mais des attentes demeurent pour l’émergence de Tomono.
D’autres attentes
«Nous voulons que Tomono soit érigé en sous-préfecture. Depuis 1974, nous avons demandé la sous-préfecture en même temps que Kongasso, Sarhala, Marandalla. Aujourd’hui, toutes ces localités sont érigées en sous-préfectures sauf Tomono», dénonce le chef Brahima Bakayoko. Cet ancien enseignant du droit islamique est visiblement en colère. Pour lui, «la décentralisation est une question politique. Sinon, comment comprendre que Bobo, Diarabama soient érigés en circonscriptions autonomes et pas Tomono ?», interroge-t-il. Argumentant, le chef de village indique qu’avec l’accroissement des activités et de la population, il n’est plus en mesure de gérer efficacement la localité. L’érection de Tomono en sous-préfecture va favoriser l’arrivée d’un sous-préfet. Ce dernier, pense-t-il, sera plus outillé pour faire profiter à la localité diverses infrastructures économiques. «Plusieurs taxes, faute d’administration, échappent à l’Etat. Il y a des coopératives ici. Le cajou, le coton, l’arachide se cultivent dans la région», indique-t-il. Le vieux Mamadou Bakayoko alias Va Bêma, évoque des raisons historiques pour réclamer la circonscription administrative. «Le village de Tomono est plus ancien que Mankono, Séguéla, Sarhala… toutes ces localités sont érigées en sous-préfectures. Et pas nous ! Ce n’est pas normal. Or on sait tous que la sous-préfecture appelle le développement», renchérit l’octogénaire. Le directeur d’école, Yéo Soungalo Issiaka, demande la réhabilitation, l’électrification et la clôture du groupe scolaire fort de 700 élèves. En plus, il sollicite la construction de nouvelles salles de classes et de logements pour maîtres. Sur 20 enseignants exerçant sur place, 9 ont des logements. Les autres sont logés dans le village. «Le manque de salles de classes fait que nous sommes obligés de squatter deux salles de l’école coranique pour nos élèves», regrette-t-il. Avec l’érection de Tomono en centre d’examen, Yéo estime, comme le président du Coges, que le moment est venu de doter Tomono d’un collège de proximité. Côté santé, la maternité ainsi que le logement de la sage-femme ont besoin également d’être réhabilités.
Parcourir 30 km sur une piste poussiéreuse.
C’est le vœu exprimé par El Hadj Bakayoko Badogoma dit Sanfou, président du Comité de gestion de la maternité. Il plaide aussi pour la construction de la clôture du centre ainsi que de la mise à disposition d’une ambulance. «Quand nous avons des cas sérieux, nous faisons appel à une ambulance à Mankono ou à Sarhala», se désole la sage-femme, Sonia Koffi, en poste depuis 2010 à Tomono. Et cette ambulance est obligée de parcourir 30 km en double, en aller et retour sur une piste poussiéreuse. C’est pourquoi, tous à Tomono souhaitent le bitumage de l’axe Mankono-Tomono-Sarhala-Dianra. Les populations manquent de structures bancaires. L’insécurité avec les coupeurs de route fait rage. «Les coopératives installées dans la région ont besoin de banques ou de micro-finances», lâche Bakayoko Yongbo, comptable à la Coop-Ca-Vica. Les jeunes souhaitent avoir un centre culturel. L’actuel centre de réjouissances en construction reste inachevé. Le marché n’est pas véritablement construit. L’extension actuelle du lotissement prévoit des espaces verts ainsi que des espaces administratifs. Des opérateurs économiques pourront construire des hôtels ainsi que des lieux de restauration adéquats.
Réalisé par Allah Kouamé, envoyé spécial à Tomono
En 1893, l’Almamy et conquérant Samory Touré en route pour Guélémou passe par Tomono. Mais le guerrier en lutte contre le colonisateur français ne bénéficie pas d’un accueil chaleureux comme nous l’ont confié plusieurs sources sur place. A notre arrivée, le vendredi 20 mars dernier, veille du marché hebdomadaire de Tomono, le chef de village, Brahima Bakayoko insiste pour nous loger. L’imam adjoint Bessiriki Bakayoko, notre tuteur désigné, tient également à ce que nous passions notre séjour dans sa demeure. A Tomono, le visiteur pacifique est toujours le bienvenu. Samory Touré, en 1893, n’a pas eu cette chance. Le guerrier a dû affronter les braves ‘’Koyaka’’ descendants de Fady Tioté et de Ali Ba avant de s’enfuir vers les montagnes rocheuses de Guélémou. Ce témoignage historique, le doyen des cadres, Lassinan Djan Bakayoko âgé de 83 ans ainsi que son promotionnaire, Mamadou Bakayoko, communément appelé Va Bêma, né vers 1935, le firent avec force détails à notre passage dans la localité. «Samory est arrivé ici avant les Blancs. Nos parents l’ont combattu jusqu’à épuisement de nos munitions. Nos ancêtres sont donc allés se réfugier à Marandallah. Les sofas de Samory ont incendié le village et la mosquée. Un pan de cette mosquée est encore visible dans le village. Après le départ des sofas de Samory, certains de nos parents sont revenus pour reconstruire le village quand d’autres sont allés ailleurs», relate Mamadou Bakayoko, assis dans sa chaise. Visiblement à l’aise, le vieil homme à la silhouette longiligne, au parler facile et au regard franc nous conduira sur le pan de la mosquée incendiée. Il profite pour nous montrer une case sacrée de 5 mètres de diamètre qui peut contenir, à l’entendre, une centaine de personnes. Plus d’un centenaire après le passage de Samory, la localité de Tomono connaît un plein essor. En provenance de Mankono, le 20 mars dernier pour Tomono, à peine avons nous franchi la localité voisine de Samoroso, et que nous entrons à Tomono, mon guide s’écrie : «Ah, il y a une station d’essence ici !» En fait, Tomono regorge d’infrastructures et des activités à faire pâlir bon nombre de sous-préfectures voisines. Alors que Tonomo demeure à ce jour encore rattachée à la sous-préfecture de Mankono.
Une vingtaine d’enseignants dont 7 dames
Outre la station d’essence qui vient de voir le jour, depuis 1971, Tomono est doté d’une école primaire publique moderne. Aujourd’hui, elle est passée à un groupe scolaire de 3 écoles comprenant un cycle maternel. A en croire Yéo Soungalo Issiaka, l’un des directeurs d’école, une vingtaine d’enseignants dont 7 dames dispensent les cours aux apprenants. Avec le surpeuplement de la localité dû à la culture du coton et de l’anacarde, plusieurs autres classes sont ouvertes dans les campements (Donissonguikaha, Camarakaha) rattachés à Tomono. L’on compte 60 élèves au CP, 60 au CE et 50 au CM par classe. Cette année, 100 gamins, au dire de M. Yéo, sont candidats au Cepe et à l’entrée en 6ème. Le groupe scolaire Tomono a été érigé en centre d’examen. Un centre de santé et une maternité dirigés par un personnel composé d’un infirmier, d’une sage-femme, d’aides-soignants et de filles de salle s’occupent de la santé de ces quelque 10.000 âmes qui exercent leurs activités dans la zone. A entendre la sage-femme, Koffi Sonia, la maternité de Tomono enregistre 25 à 40 naissances par mois. Beaucoup de villages sont rattachés à l’aire sanitaire, notamment Dawara, Dialassoro, Samorosso. «Notre avantage est que nous sommes sur une voie principale. Après Dianra, Sarhala et Boramla, en matière de santé, Tomono vient en 4ème position », se réjouit la sage-femme. On retrouve à Tomono, outre les autochtones Koyaka, une forte communauté de Sénoufo et de ressortissants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) venus y faire fortune. Si les Senoufo prospèrent dans l’agriculture, les autres habitants émergent dans le commerce. Le samedi, jour de marché hebdomadaire, les rues grouillent de monde. En réalité, Tomono est toujours en éveil. Il en est de même pour les étals. Cette cité-carrefour voit venir de Mankono, Séguéla, Dianra, Tiénigboué, Marandala, Sarhala, Kpesso ou encore de la vingtaine de villages et campements rattachés au chef-lieu de canton des populations pour faire des provisions ou vendre des produits. Tomono compte plusieurs villages rattachés, notamment Samorosso, Dawara, Tonzoa, Gona, Todolo, Kabako, Djinagodougou, Loléwo et Sounougoubakan. Comme produits agricoles, on y retrouve le coton, l’anacarde, l’igname, l’arachide, le riz, le manioc, le maïs, le haricot niébé. Selon l’imam-adjoint et opérateur économique Bessiriki Bakayoko, la localité de Tomono peut produire chaque an, environ 10.000 tonnes d’anacarde, 7 à 8000 tonnes de coton graines, 3000 tonnes d’arachides, 12.000 tonnes d’ignames, 6000 tonnes de riz paddy, 5000 tonnes de manioc et 2000 tonnes de haricot niébé. Le kilogramme de riz paddy coûte 100 francs CFa sur le marché local. Le kilo de viande est à 1000 francs. L’embellie du prix du coton et de l’anacarde fait que les paysans s’arrachent les motos, les panneaux d’énergies solaires et autres appareils électroménagers comme de petits pains. La localité ne bénéficie que d’une faible électrification (environ le tiers du village). Electrifié depuis 1987 avec un seul transformateur, Tomono est plongé dans l’obscurité. La nuit tombée, seuls quelques lampions sont visibles dans les domiciles. Il n’y a point d’éclairage public. «Nous venons juste d’avoir l’eau grâce au Conseil régional. Mais il nous faut d’autres transformateurs ainsi que des poteaux électriques», plaide le chef de village pour couvrir la totalité du village. Une maison d’assurance a ouvert ses portes dans la localité. Bakayoko Yongbo est comptable de la Coopérative du conseil d’administration du vivrier et du cajou (Coop-Ca-Vica) et exerce depuis 2 ans à Tomono. Sa coopérative, forte de plusieurs groupements (sections comme Binkadi, Baya) intervient dans le cajou et le vivrier. Le prix de cajou est de 275 F ou 300 F le kilo, l’arachide 400 F à 500 FCfa le kilo. La location des magasins varie entre 12.500 F et 25.000 FCfa. D’autres coopératives comme celle de Pagnaniga Soro exercent aussi dans la localité. On peut citer les sections ou groupements Wobéwognon, Ivoire coton, Coici, Tchékadji, Yébowognon… Plusieurs commerces, boutiques et compagnies de transports œuvrent dans la localité. Des ‘’badjan’’ et des cars de transport en commun relient Tomono à Bouaké, Abidjan via Mankono ou Bouaflé et Yamoussoukro. Pour se rendre à Bouaké, il faut 4500 F et à Abidjan 8000 FCfa. Les réseaux de téléphonie mobile Mtn, Orange et Moov fonctionnent à merveille à Tomono. La localité compte plusieurs moulins, un dépôt pharmaceutique, des ateliers de coutures, des sites de transfert d’argent, des garages de mécanique-motos. Actuellement, un lotissement de 350 lots est en cours pour renforcer l’existant d’environ 800 lots. L’iman-adjoint Bessiriki Bakayoko révèle que cette action coûtera 9 millions FCfa aux populations. Selon Kourouma Zana, chef de l’équipe de lotissement d’extension du Cabinet de géomètre Soro Nanga (Cgsn), l’opération en cours pour trois mois vise à donner un plan d’urbanisme à la localité. L’adduction en eau potable sera étendue à ce nouveau plan de lotissement. Le 21 mars dernier, le Conseil régional du Béré a procédé à la remise officielle du château d’eau d’un coût de 100 millions FCfa aux populations. Un recensement est ouvert à l’effet de bénéficier de l’adduction en eau potable. Mais des attentes demeurent pour l’émergence de Tomono.
D’autres attentes
«Nous voulons que Tomono soit érigé en sous-préfecture. Depuis 1974, nous avons demandé la sous-préfecture en même temps que Kongasso, Sarhala, Marandalla. Aujourd’hui, toutes ces localités sont érigées en sous-préfectures sauf Tomono», dénonce le chef Brahima Bakayoko. Cet ancien enseignant du droit islamique est visiblement en colère. Pour lui, «la décentralisation est une question politique. Sinon, comment comprendre que Bobo, Diarabama soient érigés en circonscriptions autonomes et pas Tomono ?», interroge-t-il. Argumentant, le chef de village indique qu’avec l’accroissement des activités et de la population, il n’est plus en mesure de gérer efficacement la localité. L’érection de Tomono en sous-préfecture va favoriser l’arrivée d’un sous-préfet. Ce dernier, pense-t-il, sera plus outillé pour faire profiter à la localité diverses infrastructures économiques. «Plusieurs taxes, faute d’administration, échappent à l’Etat. Il y a des coopératives ici. Le cajou, le coton, l’arachide se cultivent dans la région», indique-t-il. Le vieux Mamadou Bakayoko alias Va Bêma, évoque des raisons historiques pour réclamer la circonscription administrative. «Le village de Tomono est plus ancien que Mankono, Séguéla, Sarhala… toutes ces localités sont érigées en sous-préfectures. Et pas nous ! Ce n’est pas normal. Or on sait tous que la sous-préfecture appelle le développement», renchérit l’octogénaire. Le directeur d’école, Yéo Soungalo Issiaka, demande la réhabilitation, l’électrification et la clôture du groupe scolaire fort de 700 élèves. En plus, il sollicite la construction de nouvelles salles de classes et de logements pour maîtres. Sur 20 enseignants exerçant sur place, 9 ont des logements. Les autres sont logés dans le village. «Le manque de salles de classes fait que nous sommes obligés de squatter deux salles de l’école coranique pour nos élèves», regrette-t-il. Avec l’érection de Tomono en centre d’examen, Yéo estime, comme le président du Coges, que le moment est venu de doter Tomono d’un collège de proximité. Côté santé, la maternité ainsi que le logement de la sage-femme ont besoin également d’être réhabilités.
Parcourir 30 km sur une piste poussiéreuse.
C’est le vœu exprimé par El Hadj Bakayoko Badogoma dit Sanfou, président du Comité de gestion de la maternité. Il plaide aussi pour la construction de la clôture du centre ainsi que de la mise à disposition d’une ambulance. «Quand nous avons des cas sérieux, nous faisons appel à une ambulance à Mankono ou à Sarhala», se désole la sage-femme, Sonia Koffi, en poste depuis 2010 à Tomono. Et cette ambulance est obligée de parcourir 30 km en double, en aller et retour sur une piste poussiéreuse. C’est pourquoi, tous à Tomono souhaitent le bitumage de l’axe Mankono-Tomono-Sarhala-Dianra. Les populations manquent de structures bancaires. L’insécurité avec les coupeurs de route fait rage. «Les coopératives installées dans la région ont besoin de banques ou de micro-finances», lâche Bakayoko Yongbo, comptable à la Coop-Ca-Vica. Les jeunes souhaitent avoir un centre culturel. L’actuel centre de réjouissances en construction reste inachevé. Le marché n’est pas véritablement construit. L’extension actuelle du lotissement prévoit des espaces verts ainsi que des espaces administratifs. Des opérateurs économiques pourront construire des hôtels ainsi que des lieux de restauration adéquats.
Réalisé par Allah Kouamé, envoyé spécial à Tomono