Abidjan – Moins de cinq ans après son érection en chef-lieu de la région du Béré (du nom de la rivière Béré), la ville de Mankono change progressivement de visage mais attend un coup d’accélérateur par la réalisation d’un vaste programme de développement pour sortir de la léthargie après la décennie de crise.
Le voyageur qui débarque dans la capitale du Béré après 80 km de route non-bitumée depuis Manfla en passant par Gohitafla et Kounahiri met descend du car couvert de la tête au pied de poussière rouge de la latérite locale.
Il offrirait le même spectacle s’il avait rallié la ville natale du ministre d’Etat, député et maire, Dosso Moussa, et de son homologue Cissé Ibrahim Bacongo par Zuénoula, Séguela, Korhogo, Boundiali ou Bouaké.
C’est que si les principales rues de la ville sont bitumées, il n’en va pas de même pour les axes menant aux villes environnantes et aux deux autres sous-préfectures de sa circonscription, Kounahiri et Dianra.
En attendant leur bitumage, ces voies sont en train d’être reprofilées dans la perspective de la visite d’Etat du président Alassane Ouattara.
"Partout dans la région, des travaux d’une ampleur jamais égalée depuis 2002 sont en cours", informe le directeur des Infrastructures économiques, Soro Zana.
Il s’agit du reprofilage de 1.700 km de pistes interurbaines villageoises, du rechargement de 10 km de routes dans chaque département, de l’ouverture de 10 km de routes dan les quartiers nouvellement lotis de chaque département, le chef-lieu, Mankono, bénéficiant d’une rallonge de six km de bitume de ses artères.
Ces travaux faciliteront le déplacement des populations, mais surtout, auront un effet bénéfique sur l’économie en permettant l’écoulement des productions agricoles, dont le coton et surtout l’anacarde. Mankono est en effet 2ème producteur d’anacarde après Bondoukou avec 89.655 tonnes, soit 16% des 500.000 tonnes de la production nationale.
De l’avis du chef de zone de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), Gneba Paul Constant, la construction d’une ou de plusieurs unités de traitement apporterait une valeur ajoutée à cette spéculation tout en créant des emplois.
Il explique par ailleurs, que, pour le monde agricole, Mankono est une "mine d’or" où peut se cultiver tout ce qui se fait au sud du pays. Il propose un vaste programme de délimitation de zones non cultivables pour y installer des éleveurs en solution aux conflits agriculteurs-éleveurs.
Pour sa part, le conseiller régional et municipal, Pr Fofana Lassana, estime que l’aménagement du fleuve Béré contribuerait beaucoup plus efficacement au développement de la région. Il propose l’acquisition d’un bulldozer, d’une chargeuse, de deux tracteurs de 70 à 80 chevaux équipés de charrues, de pulvérisateurs, de herses, de billonneuses et de semoirs.
"Avec ce matériel, on pourra agrandir le lit du fleuve pendant la saison sèche, creuser des sillons pour arroser les cultures, pratiquer l’aquaculture, la pisciculture. Avec un budget de fonctionnement de 100 millions, on pourra récolter un milliard par an. Ces outils de développement vont véritablement changer le monde paysan en mécanisant les techniques culturales, créer de la richesse et alors tout suivra", explique-t-il.
L’adduction en eau potable et la connexion au réseau électrique sont les parents pauvres qui demandent une solution dans les plus brefs délais. Selon le directeur territorial de l’hydraulique, Dingui Lin Denise, la capacité du château d’eau de Mankono doit être renforcée pour en doubler la production à travers la réalisation de cinq nouveaux forages et la construction d’une nouvelle station de traitement, hors du lit du fleuve de la Marahoué.
Le réseau d’alimentation de Mankono sera augmenté de 30 kilomètres, 112 nouveaux forages seront construits dans le département et 105 forages réparés.
"Tous ces travaux n’ont pas encore atteint la période de croisière", précise-t-il, pour indiquer qu’ils n’ont pas encore débuté à l’instar de l’électrification dont le préfet par intérim de la région, Koffi Amani Ignace de Loyola, fait savoir que la commission technique dédiée n’a pas encore arrêté la liste définitive des localités qui en bénéficieront.
Pour ce qui est de l’éducation, la direction régionale n’a pas voulu communiquer sur la situation de l’école toutefois, les performances de lycée moderne poussent à l’espoir.
Sur les trois dernières années, les pourcentages de réussite au BEPC sont passés de 3,8% en 2012 à 24,3% en 2013 puis à 65,73% en 2014. Au Bac A, ils ont évolué de 25,28% (2012) à 41,93% (2013) et à 53,19% (2014). Au Bac D, ils ont progressé de 24% (2012) à 33,33% (2013) et à 51,79% (2014). Ces résultats auraient pu être meilleurs si l’établissement n’utilisait pas le système de la double vacation jusqu’en 4ème parce que le bâtiment des terminales n’est pas encore réhabilité, indique le proviseur, Simon Epouant Atté.
Pour 1906 élèves dont 566 filles, le lycée manque de professeurs de lycée en mathématiques, sciences physiques et lettres modernes et d’inspecteurs d’orientation.
Il dispose d’un censeur sur deux, de deux conseillers d’orientation sur sept.
"Si en plus de la bibliothèque et de la cantine offertes par Mme la ministre (Kandia Camara) et la salle multimédia promise par la première Dame (Dominique Ouattara), le cahier de nos doléances est satisfait, nous pourrons prétendre à des résultats aussi excellents que ceux de Sainte Marie à Cocody", lance-t-il, comme un défi.
La région compte trois autres collèges et deux établissements privés.
La construction de salles de classe dans les localités où de simples paillotes servent de salles de classe devrait promouvoir la scolarisation des enfants et surtout des jeunes filles. Mais avant tout, la construction de cantines scolaires reste incontournable pour le déjeuner de midi afin de maintenir les enfants pour qu’ils ne choisissent pas d’accompagner les parents aux champs, où ils ne manqueraient pas de nourriture.
Un Centre d’enseignement technique forme au BEP dans les filières tertiaires (comptabilité, secrétariat bureautique) au CAP dans les filières industrielles (mécanique auto, agro mécanique, construction métallique) et au Certificat de qualification professionnelle.
Ses responsables souhaitent un relèvement du niveau de formation au BT et au BTS pour répondre aux besoins de personnels des entreprises. Ils espèrent surtout une action concertée entre les secteurs de l’agro industrie et de l’agroalimentaire pour apporter une première transformation aux matières premières agricoles.
Mais en attendant, le sous-directeur, Sarré Oumar, et le responsable des relations extérieures, Atta Kounlé César, disent espérer l’installation des jeunes stagiaires en fin de formation en leur offrant trois tracteurs, dont l’un dans chaque département qu’ils utiliseront pour la mécanisation des techniques culturales des paysans.
D’importants efforts sont consentis pour préserver et améliorer la santé des populations. Depuis 2012, le nombre de centres de santé est passé de 24 à 33. Mais très faible, le plateau technique de l’hôpital de Mankono doit être changé et renforcé avec un chirurgien généraliste, un gynécologue et un anesthésiste.
La dispersion et l’éloignement des centres de santé constituent un véritable handicap. S’ils sont séparés de cinq à 10 km dans le sud, à Kounahiri, ils le sont en moyenne de 30 km dans le nord, comme à Dianra qui ne dispose que de trois centres pour 10.000 habitants.
Il ne resterait alors qu’à gérer le problème des pesanteurs sociologiques et psychologiques liées à un islamisme moulé dans les traditions ancestrales qui a toujours combattu le changement, l’évolution et le développement depuis les temps de la pénétration de la colonisation pour répondre au souhait affiché par le président du conseil régional, Abdelkader Karamoko et le député-maire, Dosso Moussa, de voir la ville prendre le chemin de l’émergence.
André Ahua
(Envoyé spécial à Mankono)
aaa/akn/tm
Le voyageur qui débarque dans la capitale du Béré après 80 km de route non-bitumée depuis Manfla en passant par Gohitafla et Kounahiri met descend du car couvert de la tête au pied de poussière rouge de la latérite locale.
Il offrirait le même spectacle s’il avait rallié la ville natale du ministre d’Etat, député et maire, Dosso Moussa, et de son homologue Cissé Ibrahim Bacongo par Zuénoula, Séguela, Korhogo, Boundiali ou Bouaké.
C’est que si les principales rues de la ville sont bitumées, il n’en va pas de même pour les axes menant aux villes environnantes et aux deux autres sous-préfectures de sa circonscription, Kounahiri et Dianra.
En attendant leur bitumage, ces voies sont en train d’être reprofilées dans la perspective de la visite d’Etat du président Alassane Ouattara.
"Partout dans la région, des travaux d’une ampleur jamais égalée depuis 2002 sont en cours", informe le directeur des Infrastructures économiques, Soro Zana.
Il s’agit du reprofilage de 1.700 km de pistes interurbaines villageoises, du rechargement de 10 km de routes dans chaque département, de l’ouverture de 10 km de routes dan les quartiers nouvellement lotis de chaque département, le chef-lieu, Mankono, bénéficiant d’une rallonge de six km de bitume de ses artères.
Ces travaux faciliteront le déplacement des populations, mais surtout, auront un effet bénéfique sur l’économie en permettant l’écoulement des productions agricoles, dont le coton et surtout l’anacarde. Mankono est en effet 2ème producteur d’anacarde après Bondoukou avec 89.655 tonnes, soit 16% des 500.000 tonnes de la production nationale.
De l’avis du chef de zone de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), Gneba Paul Constant, la construction d’une ou de plusieurs unités de traitement apporterait une valeur ajoutée à cette spéculation tout en créant des emplois.
Il explique par ailleurs, que, pour le monde agricole, Mankono est une "mine d’or" où peut se cultiver tout ce qui se fait au sud du pays. Il propose un vaste programme de délimitation de zones non cultivables pour y installer des éleveurs en solution aux conflits agriculteurs-éleveurs.
Pour sa part, le conseiller régional et municipal, Pr Fofana Lassana, estime que l’aménagement du fleuve Béré contribuerait beaucoup plus efficacement au développement de la région. Il propose l’acquisition d’un bulldozer, d’une chargeuse, de deux tracteurs de 70 à 80 chevaux équipés de charrues, de pulvérisateurs, de herses, de billonneuses et de semoirs.
"Avec ce matériel, on pourra agrandir le lit du fleuve pendant la saison sèche, creuser des sillons pour arroser les cultures, pratiquer l’aquaculture, la pisciculture. Avec un budget de fonctionnement de 100 millions, on pourra récolter un milliard par an. Ces outils de développement vont véritablement changer le monde paysan en mécanisant les techniques culturales, créer de la richesse et alors tout suivra", explique-t-il.
L’adduction en eau potable et la connexion au réseau électrique sont les parents pauvres qui demandent une solution dans les plus brefs délais. Selon le directeur territorial de l’hydraulique, Dingui Lin Denise, la capacité du château d’eau de Mankono doit être renforcée pour en doubler la production à travers la réalisation de cinq nouveaux forages et la construction d’une nouvelle station de traitement, hors du lit du fleuve de la Marahoué.
Le réseau d’alimentation de Mankono sera augmenté de 30 kilomètres, 112 nouveaux forages seront construits dans le département et 105 forages réparés.
"Tous ces travaux n’ont pas encore atteint la période de croisière", précise-t-il, pour indiquer qu’ils n’ont pas encore débuté à l’instar de l’électrification dont le préfet par intérim de la région, Koffi Amani Ignace de Loyola, fait savoir que la commission technique dédiée n’a pas encore arrêté la liste définitive des localités qui en bénéficieront.
Pour ce qui est de l’éducation, la direction régionale n’a pas voulu communiquer sur la situation de l’école toutefois, les performances de lycée moderne poussent à l’espoir.
Sur les trois dernières années, les pourcentages de réussite au BEPC sont passés de 3,8% en 2012 à 24,3% en 2013 puis à 65,73% en 2014. Au Bac A, ils ont évolué de 25,28% (2012) à 41,93% (2013) et à 53,19% (2014). Au Bac D, ils ont progressé de 24% (2012) à 33,33% (2013) et à 51,79% (2014). Ces résultats auraient pu être meilleurs si l’établissement n’utilisait pas le système de la double vacation jusqu’en 4ème parce que le bâtiment des terminales n’est pas encore réhabilité, indique le proviseur, Simon Epouant Atté.
Pour 1906 élèves dont 566 filles, le lycée manque de professeurs de lycée en mathématiques, sciences physiques et lettres modernes et d’inspecteurs d’orientation.
Il dispose d’un censeur sur deux, de deux conseillers d’orientation sur sept.
"Si en plus de la bibliothèque et de la cantine offertes par Mme la ministre (Kandia Camara) et la salle multimédia promise par la première Dame (Dominique Ouattara), le cahier de nos doléances est satisfait, nous pourrons prétendre à des résultats aussi excellents que ceux de Sainte Marie à Cocody", lance-t-il, comme un défi.
La région compte trois autres collèges et deux établissements privés.
La construction de salles de classe dans les localités où de simples paillotes servent de salles de classe devrait promouvoir la scolarisation des enfants et surtout des jeunes filles. Mais avant tout, la construction de cantines scolaires reste incontournable pour le déjeuner de midi afin de maintenir les enfants pour qu’ils ne choisissent pas d’accompagner les parents aux champs, où ils ne manqueraient pas de nourriture.
Un Centre d’enseignement technique forme au BEP dans les filières tertiaires (comptabilité, secrétariat bureautique) au CAP dans les filières industrielles (mécanique auto, agro mécanique, construction métallique) et au Certificat de qualification professionnelle.
Ses responsables souhaitent un relèvement du niveau de formation au BT et au BTS pour répondre aux besoins de personnels des entreprises. Ils espèrent surtout une action concertée entre les secteurs de l’agro industrie et de l’agroalimentaire pour apporter une première transformation aux matières premières agricoles.
Mais en attendant, le sous-directeur, Sarré Oumar, et le responsable des relations extérieures, Atta Kounlé César, disent espérer l’installation des jeunes stagiaires en fin de formation en leur offrant trois tracteurs, dont l’un dans chaque département qu’ils utiliseront pour la mécanisation des techniques culturales des paysans.
D’importants efforts sont consentis pour préserver et améliorer la santé des populations. Depuis 2012, le nombre de centres de santé est passé de 24 à 33. Mais très faible, le plateau technique de l’hôpital de Mankono doit être changé et renforcé avec un chirurgien généraliste, un gynécologue et un anesthésiste.
La dispersion et l’éloignement des centres de santé constituent un véritable handicap. S’ils sont séparés de cinq à 10 km dans le sud, à Kounahiri, ils le sont en moyenne de 30 km dans le nord, comme à Dianra qui ne dispose que de trois centres pour 10.000 habitants.
Il ne resterait alors qu’à gérer le problème des pesanteurs sociologiques et psychologiques liées à un islamisme moulé dans les traditions ancestrales qui a toujours combattu le changement, l’évolution et le développement depuis les temps de la pénétration de la colonisation pour répondre au souhait affiché par le président du conseil régional, Abdelkader Karamoko et le député-maire, Dosso Moussa, de voir la ville prendre le chemin de l’émergence.
André Ahua
(Envoyé spécial à Mankono)
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