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Politique Publié le mercredi 3 juin 2015 | AFP

Côte d’Ivoire: ouverture jeudi du procès de deux chefs militaires pro-Gbagbo

© AFP
Le commandant Jean-Noël Abéhi
Abidjan - Le procès de neuf officiers ivoiriens dont deux piliers de l’appareil sécuritaire de l’ex-président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, accusés de nombreuses exactions, s’ouvre jeudi à Abidjan, a annoncé mercredi la justice militaire.
Les commandants Jean-Noël Abéhi et Anselme Séka Yapo, dit "Séka Séka" et sept autres officiers seront "jugés demain" a déclaré à l’AFP le commissaire du gouvernement (procureur militaire) Ange Kessi.
Le procès "tant attendu et ouvert au public" se tiendra au sein de l’état-major de l’armée ivoirienne à Abidjan-Plateau pour des "raisons de sécurité", a poursuivi M. Kessi.

Sept des officiers sont accusés de "violation de consignes" tandis que le commandant Abéhi est poursuivi pour "désertion à l’étranger" et "complot", selon le parquet militaire.

Ancien chef de l’escadron blindé d’Agban, le plus grand camp de gendarmerie du pays, basé à Abidjan, Jean-Noël Abéhi avait pris la fuite après la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait plus de 3.000 morts et s’est conclue par la chute de Laurent Gbagbo.

L’officier a été arrêté le 5 février 2013 au Ghana voisin et extradé en Côte d’Ivoire. Il est considéré par ses détracteurs et des ONG internationales comme l’un des principaux responsables d’exactions sous le régime Gbagbo, notamment durant la dernière crise.

Il est aussi soupçonné par le régime du président Alassane Ouattara d’être impliqué dans des tentatives de déstabilisation et des attaques contre les forces de sécurité ivoiriennes survenues au second semestre 2012.

Le commandant Anselme Séka Yapo, ex-chef de la sécurité rapprochée de Simone Gbagbo, l’épouse du président, est accusé d’"assassinat, meurtre, blanchiment d’argent au fin d’achat d’armes, recrutement de mercenaires, entretien de milices".

Cet officier fut un des hommes les plus craints de Côte d’Ivoire, décrit par ses détracteurs comme l’un des chefs des "escadrons de la mort" accusés d’avoir sévi sous l’ancien président.

Les accusés risquent entre "trois ans et la prison à vie", selon le parquet militaire.
Les assises militaires post-crise ont permis le jugement depuis 2012 de 135 militaires ayant abouti à six condamnations, une relaxe et des recours devant la cour suprême.

Le général pro-Gbagbo, Brunot Dogbo Blé, qui commandait la garde républicaine, a déjà été condamné à 15 ans de prison en 2012 pour complicité dans l’assassinat d’un officier à la retraite. La cour d’assises d’Abidjan lui a également infligé , à la mi-mars, 20 ans de réclusion pour "atteinte à la sûreté de l’Etat".

La justice ivoirienne est qualifiée de "justice des vainqueurs" par l’opposition et la société civile pour sa capacité à ne poursuivre que des membres du camp Gbagbo. Seul un pro-Ouattara est mis en examen dans le camp de l’actuel chef de l’Etat, alors que les exactions ont également été massives de son côté.
ck/jhd
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