Les commandants Jean Noël Abéhi et Séka Séka, deux piliers militaires du défunt régime des refondateurs, se pré- sentent ce matin devant le juge Tahirou Dembélé pour la poursuite de leur procès. Reporté, à la demande des avocats de la défense qui voulaient plus de preuves de la part de l’accusation, le procès de ces officiers soupçonnés de crimes lors de la douloureuse et meurtrière crise postélectorale reprend, en effet, aujourd’hui. Selon une source proche du dossier, tout est fin prêt pour la manifestation de la vérité sur l’implication de l’ancien commandant du groupement de l’escadron blindé (GEB) du camp de gendarmerie d’Agban et de l’ex-aide de camp de l’ancienne Première dame, Simone Gbagbo, dans les tueries massives qui ont émaillé la crise postélectorale. «Les avocats ont demandé à ce que l’accusation envoie plus de preuves pour démontrer l’implication des prévenus. C’est ce qui a été fait. Aujourd’hui, je peux vous dire que toutes les preuves sont réunies. Je ne dirai pas ce qui a été fait exactement sur le terrain. Mais des éléments de preuves convaincantes seront présentés à la cour. Et il reviendra au juge de décider », confie notre source. De toute évidence, le dossier corsé de l’accusation donnera du fil à retordre aux défenseurs des prévenus. Eux, qui pensaient tenir le bon bout avec leur requête de preuves supplé- mentaires attestant la culpabilité de leurs clients. De retour sur le terrain, selon notre source, les fins limiers ont pu glaner des preuves et des témoignages édifiants sur l’implication surtout de l’ancien garde du corps l’ex-Première dame dans la commission de crimes pendant la période postélectorale. Poursuivi par le tribunal militaire pour coups et blessures volontaires, détournement de matériels militaires et l’assassinat du chauffeur et des gardes du corps de l’ancien ministre des Droits de l’homme, Joël N’guessan, et accablé par l’actuel porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR) ainsi par un autre accusé, l’officier de gendarmerie Yao Kouakou Kan, le tristement célèbre Anselme Séka Yapo dit Séka Séka a eu les ressources pour nier en bloc toutes les accusations lors de son audition par le juge. Aura-t-il encore cette occasion devant le dossier en béton de l’équipe du procureur militaire? Selon notre interlocuteur, les investigations ont été minutieusement menées afin qu’il n’y ait plus de doute à la pré- sentation des preuves contre Séka Séka. La vérité éclatera donc. Comme cela a été le cas à l’audition de l’ancien commandant du GEB qui a avoué la tuerie des femmes à Abobo le 3 mars 2011. Chose que les partisans de l’ancien régime niaient depuis des années. «Je n’ai rien à voir avec l’assassinat des femmes d’Abobo. Regardez bien le film de cet assassinat, aucun char sous mon commandement n’y figure. Dans ce film, on voit bien un char de la BAE et de la Garde républicaine. D’où vient le fait qu’on m’accuse d’avoir tué les femmes d’Abobo ? », avait-il accusé ouvertement la garde républicaine et la BAE. Avant d’être voué aux gémonies par les farouches défenseurs de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. Après le procès dont le verdict est attendu dans les jours à venir, s’ouvrira celui sur l’assassinat du géné- ral Robert Guei où Séka Séka sera encore dans le box des accusés. «Le dossier Guei avance bien. Il est quasiment bouclé », indique notre source.
LACINA OUATTARA
LACINA OUATTARA
