Abidjan, le 04-09-15
Chers amis de la presse nationale et internationale,
Permettez-moi tout d’abord de vous adresser des mots de cordiale bienvenue. Dans une démocratie les médias participent à la vitalité de l’expression de l’opinion, ils contribuent à promouvoir son pluralisme, ils concourent à sa formation.
La presse est par conséquent un maillon essentiel de l’évènement majeur que constitue l’élection présidentielle dans la vie de la nation.
Chers amis de la presse écrite, des médias électroniques et audiovisuels, votre rôle de témoins, d’observateurs et de relais est considérable. Il vous confère au même titre que les acteurs politiques et les arbitres de la compétition, une responsabilité historique.
Depuis 1995, tous les scrutins présidentiels en Côte d’Ivoire ont malheureusement débouché sur des crises. Le dernier en date a provoqué la mort de plusieurs milliers d’habitants de ce pays, dont la terre a pourtant vocation à la fraternité, à l’espérance et à l’hospitalité.
L’élection présidentielle est un moment de respiration démocratique. Je la considère comme le temps privilégié de la rencontre entre des citoyens animés d’une vision et porteurs d’un projet d’avenir pour notre pays et le peuple souverain. Je ne reviendrais pas ici sur les motifs de ma candidature, ils sont maintenant connus. Mais les conditions d’une élection préfigurent toujours les problèmes qu’il y aura à résoudre.
La paix et la concorde ont longtemps distingué la Côte d’Ivoire sur la scène africaine et le président Houphouët-Boigny disait de la paix, de la vraie paix, qu’elle n’est pas un vain mot mais un comportement.
Chers amis, nous devons faire en sorte que cette élection soit pour la Côte d’Ivoire un tremplin pour affermir le socle social et redynamiser le développement économique et non un autre plongeoir dans les abymes de la division et du déclin.
J’aimerais attirer l’attention des responsables ivoiriens sur une réalité d’évidence : l’Afrique et le monde nous regardent.
Nos partenaires internationaux, se représentent ces élections comme des élections de consolidation. Pour nous autres Ivoiriens, il s’agit d’élection de régénération.
Organisées dans la transparence et l’égalité pour tous les candidats, elles devraient redonner à notre pays sa place de phare dans la région, participer à reconstruire notre crédibilité diplomatique, nous assurer de nouveau la confiance nécessaire à l’investissement financier.
Chers amis, j’ai pris l’initiative de cette rencontre pour nouer entre vous et moi un dialogue que j’espère fécond et soutenu pendant cette campagne. Je viens d’achever la procédure de candidature telle que prescrite par la loi. J’ai déposé mon dossier à la Commission Électorale le 21 août 2015. Je me suis soumis ensuite aux examens médicaux le 2 septembre 2015. J’ai rempli ma part de contrat, en dépit des obstacles artificiels et des obstructions délibérées de la première étape de ce parcours. Il est déjà temps de faire un état des lieux sur le contexte et les conditions de l’élection.
Chers amis, le processus électoral tel qu’il est engagé m’amène à constater plusieurs anomalies qui sont porteuses de risques pour notre pays. L’un des enjeux de l’élection est d’enfin faire coïncider la légalité avec la légitimité pour pouvoir réformer notre pays et accompagner sa transformation démographique.
Nous constatons tous, cinq ans après, que le solde du contentieux électoral de l’élection présidentielle de 2010 n’est toujours pas apuré. Une moitié de Côte d’Ivoire continue à avoir des doutes sur le véritable résultat de l’élection. Le président du PDCI-RDA lui-même a alimenté la suspicion, en estimant que près de 600 000 voix lui auraient été volées par une Commission Électorale déjà présidée par l’actuel président de la CEI. Le président de la Commission a de surcroit été maintenu à sa tête en dépit du code électoral qui le lui interdit puisque son mandat n’est pas reconductible.
Pour cette partie de l’opinion, le président-sortant demeure « leur président », sous-entendu celui d’une partie du pays et surtout de la communauté internationale. Cet état de fait est préoccupant. Il explique la campagne permanente menée, avec les moyens de l’État, par le sortant qui a annoncé sa volonté de se voir accorder cinq années supplémentaires, à peine deux ans après son accession au pouvoir.
Mes amis, la Côte d’Ivoire politique reste à réunifier.
La période ouverte pour l’enrôlement des nouveaux électeurs sur la liste s’est achevée sans susciter l’engouement que nous aurions pu espérer. C’est un indicateur de tendance de l’opinion de nos compatriotes sur la fiabilité des échéances à venir. La nouvelle liste compte environ 367 000 nouveaux inscrits, soit moins de la population électorale de la circonscription de Yopougon en 2010. Si l’on tient compte du fait que la guerre post-électorale a officiellement causé plus de 3000 morts, le fichier électoral ne devrait pas être supérieur au corps électoral de 2010 d’autant que la période ouverte aux réclamations n’a pas enregistré d’affluence, loin s’en faut. La liste n’a pas fait l’objet de toilettage et la participation s’annonce en net recul.
Avec treize voix délibératives sur dix-sept du côté du pouvoir, au sein de la Commission centrale, la composition de la Commission Électorale est totalement déséquilibrée. Ses critères de composition sont établis sur une base partisane et la variable religieuse introduite pour tenir compte de nos spécificités sociologiques ne reflète pas la diversité des sensibilités. Les nouveaux mouvements religieux en sont par exemple exclus.
Chers amis, lorsque j’étais secrétaire général de l’OUA, j’ai participé à l’avènement des Commissions Électorales créées dans le but d’éviter les situations de conflits post-électoraux en Afrique.
Il est un comble que dans le cas ivoirien, l’instrument de régulation que devrait être la Commission Électorale, entraîne le contentieux puis la contestation. Il en va de même pour le Conseil Constitutionnel dont l’impartialité des juges est a priori contestable. Les liens familiaux, sociaux ou politiques entre le président-sortant par ailleurs candidat et la quasi-totalité des juges constitutionnels, déjà relevés par vos confrères du quotidien Le Temps se passent de commentaires (Cf. Le Temps, n°3567, du 25 août 2015).
Ces juges ont tous agit, dans un passé récent, comme représentants du président sortant ou de ses alliés. Ils sont donc inaptes à statuer avec neutralité sur le contentieux électoral du 25 Octobre 2015.
J’ai sur ces questions, une identité de vues avec la plupart des animateurs de l’opposition à la politique menée par le système en place. J’ai eu des échanges fructueux avec les différentes formations et regroupements, mais candidat à la présidence de la République sur un programme fédérateur et en mon nom propre, je m’inscris dans un schéma électoral même si dans les conditions actuelles cela peut apparaître comme un chemin de paradoxes.
Un des sujets qui nous préoccupe tous dans l’attente des décisions du Conseil Constitutionnel sur l’éligibilité des postulants, est de savoir s’il va dire ou non le droit et en fonction de quel texte.
Chers amis, pour finir et avant de répondre à vos questions sur l’actualité électorale, je vais être sans ambiguïté sur une question de principe.
Il n’existe pas d’autre voie que le respect de la constitution et l’affirmation de son primat sur les lois et les règlements. Il nous faut tirer les leçons d’une actualité brulante sur notre continent. Notre proche voisin du Burkina Faso a connu l’incertitude d’un changement brutal de régime du fait du non-respect de la loi fondamentale, de même le Burundi a replongé dans la violence pour des raisons identiques.
Chers amis, nous devons tous travailler à protéger la Côte d’Ivoire. Je sais que les Ivoiriens veulent voir consolider l’État de droit et je considère cette aspiration comme louable.
Chers amis, tant qu’une loi n’est pas amendée ou abrogée, elle doit s’appliquer à tous et pour tous. Les dispositions de l’article 35 de notre constitution restent valables puisque tous s’étaient engagés à l’amender mais pour une raison inexplicable, il est resté en souffrance pendant toute cette mandature. Si la loi s’applique et si le processus est inclusif et transparent, plus personne ne sera fondé à s’inscrire dans un schéma d’exception.
Je vous remercie pour votre attention et me tient prêt à répondre à vos questions.
Chers amis de la presse nationale et internationale,
Permettez-moi tout d’abord de vous adresser des mots de cordiale bienvenue. Dans une démocratie les médias participent à la vitalité de l’expression de l’opinion, ils contribuent à promouvoir son pluralisme, ils concourent à sa formation.
La presse est par conséquent un maillon essentiel de l’évènement majeur que constitue l’élection présidentielle dans la vie de la nation.
Chers amis de la presse écrite, des médias électroniques et audiovisuels, votre rôle de témoins, d’observateurs et de relais est considérable. Il vous confère au même titre que les acteurs politiques et les arbitres de la compétition, une responsabilité historique.
Depuis 1995, tous les scrutins présidentiels en Côte d’Ivoire ont malheureusement débouché sur des crises. Le dernier en date a provoqué la mort de plusieurs milliers d’habitants de ce pays, dont la terre a pourtant vocation à la fraternité, à l’espérance et à l’hospitalité.
L’élection présidentielle est un moment de respiration démocratique. Je la considère comme le temps privilégié de la rencontre entre des citoyens animés d’une vision et porteurs d’un projet d’avenir pour notre pays et le peuple souverain. Je ne reviendrais pas ici sur les motifs de ma candidature, ils sont maintenant connus. Mais les conditions d’une élection préfigurent toujours les problèmes qu’il y aura à résoudre.
La paix et la concorde ont longtemps distingué la Côte d’Ivoire sur la scène africaine et le président Houphouët-Boigny disait de la paix, de la vraie paix, qu’elle n’est pas un vain mot mais un comportement.
Chers amis, nous devons faire en sorte que cette élection soit pour la Côte d’Ivoire un tremplin pour affermir le socle social et redynamiser le développement économique et non un autre plongeoir dans les abymes de la division et du déclin.
J’aimerais attirer l’attention des responsables ivoiriens sur une réalité d’évidence : l’Afrique et le monde nous regardent.
Nos partenaires internationaux, se représentent ces élections comme des élections de consolidation. Pour nous autres Ivoiriens, il s’agit d’élection de régénération.
Organisées dans la transparence et l’égalité pour tous les candidats, elles devraient redonner à notre pays sa place de phare dans la région, participer à reconstruire notre crédibilité diplomatique, nous assurer de nouveau la confiance nécessaire à l’investissement financier.
Chers amis, j’ai pris l’initiative de cette rencontre pour nouer entre vous et moi un dialogue que j’espère fécond et soutenu pendant cette campagne. Je viens d’achever la procédure de candidature telle que prescrite par la loi. J’ai déposé mon dossier à la Commission Électorale le 21 août 2015. Je me suis soumis ensuite aux examens médicaux le 2 septembre 2015. J’ai rempli ma part de contrat, en dépit des obstacles artificiels et des obstructions délibérées de la première étape de ce parcours. Il est déjà temps de faire un état des lieux sur le contexte et les conditions de l’élection.
Chers amis, le processus électoral tel qu’il est engagé m’amène à constater plusieurs anomalies qui sont porteuses de risques pour notre pays. L’un des enjeux de l’élection est d’enfin faire coïncider la légalité avec la légitimité pour pouvoir réformer notre pays et accompagner sa transformation démographique.
Nous constatons tous, cinq ans après, que le solde du contentieux électoral de l’élection présidentielle de 2010 n’est toujours pas apuré. Une moitié de Côte d’Ivoire continue à avoir des doutes sur le véritable résultat de l’élection. Le président du PDCI-RDA lui-même a alimenté la suspicion, en estimant que près de 600 000 voix lui auraient été volées par une Commission Électorale déjà présidée par l’actuel président de la CEI. Le président de la Commission a de surcroit été maintenu à sa tête en dépit du code électoral qui le lui interdit puisque son mandat n’est pas reconductible.
Pour cette partie de l’opinion, le président-sortant demeure « leur président », sous-entendu celui d’une partie du pays et surtout de la communauté internationale. Cet état de fait est préoccupant. Il explique la campagne permanente menée, avec les moyens de l’État, par le sortant qui a annoncé sa volonté de se voir accorder cinq années supplémentaires, à peine deux ans après son accession au pouvoir.
Mes amis, la Côte d’Ivoire politique reste à réunifier.
La période ouverte pour l’enrôlement des nouveaux électeurs sur la liste s’est achevée sans susciter l’engouement que nous aurions pu espérer. C’est un indicateur de tendance de l’opinion de nos compatriotes sur la fiabilité des échéances à venir. La nouvelle liste compte environ 367 000 nouveaux inscrits, soit moins de la population électorale de la circonscription de Yopougon en 2010. Si l’on tient compte du fait que la guerre post-électorale a officiellement causé plus de 3000 morts, le fichier électoral ne devrait pas être supérieur au corps électoral de 2010 d’autant que la période ouverte aux réclamations n’a pas enregistré d’affluence, loin s’en faut. La liste n’a pas fait l’objet de toilettage et la participation s’annonce en net recul.
Avec treize voix délibératives sur dix-sept du côté du pouvoir, au sein de la Commission centrale, la composition de la Commission Électorale est totalement déséquilibrée. Ses critères de composition sont établis sur une base partisane et la variable religieuse introduite pour tenir compte de nos spécificités sociologiques ne reflète pas la diversité des sensibilités. Les nouveaux mouvements religieux en sont par exemple exclus.
Chers amis, lorsque j’étais secrétaire général de l’OUA, j’ai participé à l’avènement des Commissions Électorales créées dans le but d’éviter les situations de conflits post-électoraux en Afrique.
Il est un comble que dans le cas ivoirien, l’instrument de régulation que devrait être la Commission Électorale, entraîne le contentieux puis la contestation. Il en va de même pour le Conseil Constitutionnel dont l’impartialité des juges est a priori contestable. Les liens familiaux, sociaux ou politiques entre le président-sortant par ailleurs candidat et la quasi-totalité des juges constitutionnels, déjà relevés par vos confrères du quotidien Le Temps se passent de commentaires (Cf. Le Temps, n°3567, du 25 août 2015).
Ces juges ont tous agit, dans un passé récent, comme représentants du président sortant ou de ses alliés. Ils sont donc inaptes à statuer avec neutralité sur le contentieux électoral du 25 Octobre 2015.
J’ai sur ces questions, une identité de vues avec la plupart des animateurs de l’opposition à la politique menée par le système en place. J’ai eu des échanges fructueux avec les différentes formations et regroupements, mais candidat à la présidence de la République sur un programme fédérateur et en mon nom propre, je m’inscris dans un schéma électoral même si dans les conditions actuelles cela peut apparaître comme un chemin de paradoxes.
Un des sujets qui nous préoccupe tous dans l’attente des décisions du Conseil Constitutionnel sur l’éligibilité des postulants, est de savoir s’il va dire ou non le droit et en fonction de quel texte.
Chers amis, pour finir et avant de répondre à vos questions sur l’actualité électorale, je vais être sans ambiguïté sur une question de principe.
Il n’existe pas d’autre voie que le respect de la constitution et l’affirmation de son primat sur les lois et les règlements. Il nous faut tirer les leçons d’une actualité brulante sur notre continent. Notre proche voisin du Burkina Faso a connu l’incertitude d’un changement brutal de régime du fait du non-respect de la loi fondamentale, de même le Burundi a replongé dans la violence pour des raisons identiques.
Chers amis, nous devons tous travailler à protéger la Côte d’Ivoire. Je sais que les Ivoiriens veulent voir consolider l’État de droit et je considère cette aspiration comme louable.
Chers amis, tant qu’une loi n’est pas amendée ou abrogée, elle doit s’appliquer à tous et pour tous. Les dispositions de l’article 35 de notre constitution restent valables puisque tous s’étaient engagés à l’amender mais pour une raison inexplicable, il est resté en souffrance pendant toute cette mandature. Si la loi s’applique et si le processus est inclusif et transparent, plus personne ne sera fondé à s’inscrire dans un schéma d’exception.
Je vous remercie pour votre attention et me tient prêt à répondre à vos questions.