Abidjan (Côte d'Ivoire)- Une contribution du Camerounais Thierry Téné, Expert en environnement, co-fondateur de l’Institut Afrique RSE, transmise, mardi, à APA, qualifie l’accord de la Conférence des parties COP 21 de ‘’risques et d’opportunités du business du climat’’.
Selon Thierry Téné qui affirme avoir lu les ‘'39 pages de l'Accord de Paris adopté à l'issue de la vingt et unième Conférence des Parties sur le changement climatique'', force est de constater qu'au-delà des grandes déclarations médiatiques, le document n'a rien d'historique.
‘'Après 21 ans de négociations au plus haut niveau entre les Etats, comment s'auto-satisfaire de l'accord de principe sur une réduction de 2°C à 1,5°C des émissions de Gaz à Effet de Serre alors que les GES continuent de croître sauf en période de récession ?'', s'interroge-t-il.
M. Téné poursuit que lors de la COP 22, en 2016 à Marrakech, au Maroc, on pourra même acter un accord de réduction non pas de 1,5 °C mais de 1°C. ‘'Cela ne changera rien si les pays industrialisés ne prennent pas des mesures ambitieuses et drastiques pour réduire leurs émissions de carbone'', prévient l'expert camerounais.
Selon lui, l'accord de Paris présenté comme juridiquement « contraignant », ne fait mention ‘'nulle part de la juridiction compétente pour trancher les préjudices. On ne sait d'ailleurs pas de quels préjudices il s'agit, ni le périmètre des sanctions et encore moins les parties prenantes pouvant saisir une éventuelle justice climat'', fait-il observer.
Thierry Téné fait remarquer que ‘'le fait également de mentionner dans l'Accord de Paris que le financement de 100 milliards de dollars octroyés par les Pays Développés à ceux en Développement n'est plus un plafond mais un plancher n'est en rien historique''. (…)
Citant la Banque Africaine de Développement (BAD), M. Téné soutient que le coût économique du changement climatique en Afrique sera compris 45 et 50 milliards de dollars par an d'ici 2040 et jusqu'à 7 % de Produit Intérieur Brut (PIB) annuel en moyenne d'ici 2100.
‘'Dans la contribution de la BAD à la COP 21, on peut relever plusieurs opportunités de green business offertes par la transition vers une croissance verte'', avance-t-il, soulignant que
face aux pressions écologiques sur les énergies fossiles (surtout pétrole et charbon), il est ‘'opportun d'accroître progressivement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique''.
D'après la Banque mondiale, les seules coupures d'électricité coûteraient à l'Afrique subsaharienne 2,1 % de son PIB. Le potentiel ne manque pourtant pas dans le domaine du renouvelable.
La BAD estime que la capacité de production d'énergie solaire pourrait atteindre 10 000 GW, celle éolienne 109 GW, respectivement 350 et 15 GW pour l'hydraulique et la géothermie.
‘'Un positionnement sur le business du bas de la pyramide (BoP) permettrait également de saisir les opportunités du marché énergétique de 10 milliards de dollars par an auprès des millions d'africains qui gagnent moins de 2,50 dollars par jour d'après la BAD'', indique encore l'expert camerounais.
Grâce à une double révolution verte, soutient-il, l'Afrique qui possède 25 % des terres fertiles mondiales non utilisées pourrait passer d'une production agricole annuelle de 280 milliards de dollars à 880 milliards de dollars en 2030.
‘'Avec une population de plus de 1,2 milliard d'habitants qui passera au moins à 2 milliards en 2050, il s'agit d'autant de bouches à nourrir'', dit M. Téné, préconisant ‘'l'augmentation de la production de céréales, de têtes de bœufs et de cochons en réduisant non seulement les coûts mais aussi les émissions de GES du secteur de l'agriculture et de l'élevage'' .
‘'De 28 % de citadins en 1980, près de 40 % des africains vivent actuellement en ville avec un pouvoir d'achat supérieur aux résidents des zones rurales et des changements dans les modes de consommation. Plus de viande et dont plus d'émission de GES'', ajoute-t-il.
Selon Thierry Téné, avec ses 52 villes de plus d'un million d'habitants, l'urbanisation est également une grande opportunité du business du climat en Afrique.
‘'Comme le rappelle la BAD, avec leurs populations denses, leur concentration d'infrastructures et leurs vastes surfaces bitumées, les villes sont également particulièrement vulnérables aux inondations, aux tempêtes brutales et aux autres impacts climatiques, spécialement près des côtes et sur les rivières'', indique M. Téné.
Car, explique-t-il, les investissements en infrastructures qui seront réalisées dans les villes dans les prochaines années devront être à la fois à faible émission de carbone et résistantes au climat.
De son point de vue, les villes peuvent prendre la bonne route en adoptant un développement plus compact et efficient en ‘'augmentant la productivité économique, en améliorant la qualité de l'air et la santé publique, en réduisant la pauvreté et en relevant la sécurité''.
C'est pourquoi, conseille-t-il, ‘'construire des villes intelligentes, c'est construire plus sainement des lieux plus vivables et plus productifs'' qui réduisent également les émissions de GES.
HS/ls/APA
Selon Thierry Téné qui affirme avoir lu les ‘'39 pages de l'Accord de Paris adopté à l'issue de la vingt et unième Conférence des Parties sur le changement climatique'', force est de constater qu'au-delà des grandes déclarations médiatiques, le document n'a rien d'historique.
‘'Après 21 ans de négociations au plus haut niveau entre les Etats, comment s'auto-satisfaire de l'accord de principe sur une réduction de 2°C à 1,5°C des émissions de Gaz à Effet de Serre alors que les GES continuent de croître sauf en période de récession ?'', s'interroge-t-il.
M. Téné poursuit que lors de la COP 22, en 2016 à Marrakech, au Maroc, on pourra même acter un accord de réduction non pas de 1,5 °C mais de 1°C. ‘'Cela ne changera rien si les pays industrialisés ne prennent pas des mesures ambitieuses et drastiques pour réduire leurs émissions de carbone'', prévient l'expert camerounais.
Selon lui, l'accord de Paris présenté comme juridiquement « contraignant », ne fait mention ‘'nulle part de la juridiction compétente pour trancher les préjudices. On ne sait d'ailleurs pas de quels préjudices il s'agit, ni le périmètre des sanctions et encore moins les parties prenantes pouvant saisir une éventuelle justice climat'', fait-il observer.
Thierry Téné fait remarquer que ‘'le fait également de mentionner dans l'Accord de Paris que le financement de 100 milliards de dollars octroyés par les Pays Développés à ceux en Développement n'est plus un plafond mais un plancher n'est en rien historique''. (…)
Citant la Banque Africaine de Développement (BAD), M. Téné soutient que le coût économique du changement climatique en Afrique sera compris 45 et 50 milliards de dollars par an d'ici 2040 et jusqu'à 7 % de Produit Intérieur Brut (PIB) annuel en moyenne d'ici 2100.
‘'Dans la contribution de la BAD à la COP 21, on peut relever plusieurs opportunités de green business offertes par la transition vers une croissance verte'', avance-t-il, soulignant que
face aux pressions écologiques sur les énergies fossiles (surtout pétrole et charbon), il est ‘'opportun d'accroître progressivement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique''.
D'après la Banque mondiale, les seules coupures d'électricité coûteraient à l'Afrique subsaharienne 2,1 % de son PIB. Le potentiel ne manque pourtant pas dans le domaine du renouvelable.
La BAD estime que la capacité de production d'énergie solaire pourrait atteindre 10 000 GW, celle éolienne 109 GW, respectivement 350 et 15 GW pour l'hydraulique et la géothermie.
‘'Un positionnement sur le business du bas de la pyramide (BoP) permettrait également de saisir les opportunités du marché énergétique de 10 milliards de dollars par an auprès des millions d'africains qui gagnent moins de 2,50 dollars par jour d'après la BAD'', indique encore l'expert camerounais.
Grâce à une double révolution verte, soutient-il, l'Afrique qui possède 25 % des terres fertiles mondiales non utilisées pourrait passer d'une production agricole annuelle de 280 milliards de dollars à 880 milliards de dollars en 2030.
‘'Avec une population de plus de 1,2 milliard d'habitants qui passera au moins à 2 milliards en 2050, il s'agit d'autant de bouches à nourrir'', dit M. Téné, préconisant ‘'l'augmentation de la production de céréales, de têtes de bœufs et de cochons en réduisant non seulement les coûts mais aussi les émissions de GES du secteur de l'agriculture et de l'élevage'' .
‘'De 28 % de citadins en 1980, près de 40 % des africains vivent actuellement en ville avec un pouvoir d'achat supérieur aux résidents des zones rurales et des changements dans les modes de consommation. Plus de viande et dont plus d'émission de GES'', ajoute-t-il.
Selon Thierry Téné, avec ses 52 villes de plus d'un million d'habitants, l'urbanisation est également une grande opportunité du business du climat en Afrique.
‘'Comme le rappelle la BAD, avec leurs populations denses, leur concentration d'infrastructures et leurs vastes surfaces bitumées, les villes sont également particulièrement vulnérables aux inondations, aux tempêtes brutales et aux autres impacts climatiques, spécialement près des côtes et sur les rivières'', indique M. Téné.
Car, explique-t-il, les investissements en infrastructures qui seront réalisées dans les villes dans les prochaines années devront être à la fois à faible émission de carbone et résistantes au climat.
De son point de vue, les villes peuvent prendre la bonne route en adoptant un développement plus compact et efficient en ‘'augmentant la productivité économique, en améliorant la qualité de l'air et la santé publique, en réduisant la pauvreté et en relevant la sécurité''.
C'est pourquoi, conseille-t-il, ‘'construire des villes intelligentes, c'est construire plus sainement des lieux plus vivables et plus productifs'' qui réduisent également les émissions de GES.
HS/ls/APA