Pour financer certains projets, le peu de succès des solutions traditionnelles de financement (investissements directs à l’étranger, dette concessionnelle provenant d’institutions internationales), le gouvernement s’est tourné vers les marchés financiers en émettant des obligations souveraines dont les montants sont parfois très importants.
Depuis 5 ans, les appels publics à l’épargne sur les marchés financiers nationaux et ouest-africains pour la réalisation des ‘’grands’’ projets sont récurrents. L’on enregistre plus d’une vingtaine d’emprunts obligataires. Du 22 avril au 23 mai 2012, l’emprunt obligataire lancé par le trésor public (Tpci (2012-2015)) avait permis à l’Etat de récolter 72 milliards Fcfa. Adama Koné, directeur général du trésor à cette époque avait soutenu au cours d’une conférence de presse que les 72 milliards de Fcfa constituaient une tranche du montant dont le gouvernement avait besoin pour réaliser de grands travaux d`investissement, notamment le prolongement de l`autoroute du nord, la construction du pont de Jacqueville, l`échangeur du pont Henri Konan Bédié, etc. « Le budget 2012 prévoit un niveau d`investissement de 620,3 milliards de Fcfa dont le financement doit se faire à hauteur de 575 milliards de Fcfa par des ressources levées sur le marché monétaire et financier », avait-t-il indiqué. 6 pays avaient participé à cette souscription, la Côte d`Ivoire (83,72%), le Bénin (12,60%), le Togo (1,36%), le Sénégal (1,16%), le Burkina Faso (0,80%) et le Mali (0,35%). En mai 2013, l’Etat de Côte d’Ivoire avait lancé un nouvel emprunt obligataire de 93 milliards de Fcfa sur le marché de l’Union économique monétaire Ouest-africaine (Uemoa), dénommé « Tpci 6,00% 2013-2016 ». Cette même année, du 13 au 28 novembre un autre emprunt obligataire à l’épargne « Tpci 6,30% 2013 – 2018 » d’un montant indicatif de 91 milliards Fcfa dont le prix d’émission était de 10 000 Fcfa avait été admis. Les emprunts obligataires se sont suivis au fil des mois. En avril 2014, le 15ème emprunt obligataire du régime Ouattara en 3 ans de règne était admis à la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm). Cette admission avait été au centre d'une cérémonie organisée par la Direction générale du Trésor et de la comptabilité publique, en collaboration avec la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm). Un mois plus tard, le gouvernement se lançait à l’assaut du marché financier de la zone euro dans le but de mobiliser 250 milliards de Fcfa (500 millions de dollars). Le démarrage officiel des travaux pour l'émission inaugurale de l'Eurobond (euro-obligation) s'était déroulé en présence du Premier ministre Daniel Kablan Duncan, du ministre de l’Economie et des Finances madame Nialé Kaba et du ministre du Budget Abdourahmane Cissé. « L'émission de l'Eurobond, devrait nous permettre de régler les contraintes de financement de nos projets d'infrastructures », avait expliqué Daniel Kablan Duncan. Un Eurobond qui s’était soldé par un cuisant échec. Le marché financier avait trouvé que le prix demandé par le gouvernement ivoirien était trop élevé. Pour mobiliser 120 milliards de Fcfa, l’Etat de Côte d’Ivoire vient de lancer sur le marché monétaire et financier de l’Uemoa, un emprunt obligataire" dénommé « Tpci 6,00% 2016-2028 ». Les intérêts de cet emprunt seront versés le 08 avril de chaque année à partir de 2017.
Attention au syndrome argentin
Toutefois les risques associés à cette stratégie sont néanmoins réels. Le service de la dette pèse lourd dans les budgets nationaux et le risque d’entrer dans un cercle vicieux d’endettement conduisant quasi-inévitablement au défaut est énorme. Le cas de l’Argentine (pays d'Amérique du Sud) est édifiant. En effet, l’Etat argentin avait émis en 2005-2010, des titres de dette sous la forme d’obligations. Suite à des difficultés, l’Argentine a entamé une renégociation de sa dette avec ses créanciers qui a abouti à une diminution du montant dû et à la mise en place d’un nouvel échéancier. Le jeudi 31 mars 2016, le Parlement argentin a donné son feu vert pour verser 5000 milliards de Fcfa aux créanciers qui ont refusé de participer à la restructuration de la dette argentine en 2005 et 2010. Parmi ces créanciers qui ne détenaient que 7 % de cette dette, on trouve plusieurs « fonds vautours », ces fonds d’investissements qui rachètent à prix bradés des créances sur les États puis les poursuivent en justice dans le seul but de réaliser des profits colossaux. Aucun pays n’est à l’abri. En Europe, la Grèce a été attaquée en 2012. Aujourd’hui deux « fonds vautours » dont Nml Capital s’en prennent à la Belgique. Il est donc évidemment voir crucial de réaliser les meilleurs investissements possibles avec les fonds collectés. Les projets à haut rendement qu’ils s’agissent d’infrastructures vraiment nécessaires au développement de l’économie, l’amélioration de l’environnement des affaires sont à privilégier. Outre des stratégies d’investissement bien mûries, il faut aussi réduire la voilure quant aux montants de ces émissions, afin d’éviter de créer les conditions de difficultés insurmontables dès le moindre revirement de la conjoncture.
Arnaud HOUSSOU
Depuis 5 ans, les appels publics à l’épargne sur les marchés financiers nationaux et ouest-africains pour la réalisation des ‘’grands’’ projets sont récurrents. L’on enregistre plus d’une vingtaine d’emprunts obligataires. Du 22 avril au 23 mai 2012, l’emprunt obligataire lancé par le trésor public (Tpci (2012-2015)) avait permis à l’Etat de récolter 72 milliards Fcfa. Adama Koné, directeur général du trésor à cette époque avait soutenu au cours d’une conférence de presse que les 72 milliards de Fcfa constituaient une tranche du montant dont le gouvernement avait besoin pour réaliser de grands travaux d`investissement, notamment le prolongement de l`autoroute du nord, la construction du pont de Jacqueville, l`échangeur du pont Henri Konan Bédié, etc. « Le budget 2012 prévoit un niveau d`investissement de 620,3 milliards de Fcfa dont le financement doit se faire à hauteur de 575 milliards de Fcfa par des ressources levées sur le marché monétaire et financier », avait-t-il indiqué. 6 pays avaient participé à cette souscription, la Côte d`Ivoire (83,72%), le Bénin (12,60%), le Togo (1,36%), le Sénégal (1,16%), le Burkina Faso (0,80%) et le Mali (0,35%). En mai 2013, l’Etat de Côte d’Ivoire avait lancé un nouvel emprunt obligataire de 93 milliards de Fcfa sur le marché de l’Union économique monétaire Ouest-africaine (Uemoa), dénommé « Tpci 6,00% 2013-2016 ». Cette même année, du 13 au 28 novembre un autre emprunt obligataire à l’épargne « Tpci 6,30% 2013 – 2018 » d’un montant indicatif de 91 milliards Fcfa dont le prix d’émission était de 10 000 Fcfa avait été admis. Les emprunts obligataires se sont suivis au fil des mois. En avril 2014, le 15ème emprunt obligataire du régime Ouattara en 3 ans de règne était admis à la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm). Cette admission avait été au centre d'une cérémonie organisée par la Direction générale du Trésor et de la comptabilité publique, en collaboration avec la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm). Un mois plus tard, le gouvernement se lançait à l’assaut du marché financier de la zone euro dans le but de mobiliser 250 milliards de Fcfa (500 millions de dollars). Le démarrage officiel des travaux pour l'émission inaugurale de l'Eurobond (euro-obligation) s'était déroulé en présence du Premier ministre Daniel Kablan Duncan, du ministre de l’Economie et des Finances madame Nialé Kaba et du ministre du Budget Abdourahmane Cissé. « L'émission de l'Eurobond, devrait nous permettre de régler les contraintes de financement de nos projets d'infrastructures », avait expliqué Daniel Kablan Duncan. Un Eurobond qui s’était soldé par un cuisant échec. Le marché financier avait trouvé que le prix demandé par le gouvernement ivoirien était trop élevé. Pour mobiliser 120 milliards de Fcfa, l’Etat de Côte d’Ivoire vient de lancer sur le marché monétaire et financier de l’Uemoa, un emprunt obligataire" dénommé « Tpci 6,00% 2016-2028 ». Les intérêts de cet emprunt seront versés le 08 avril de chaque année à partir de 2017.
Attention au syndrome argentin
Toutefois les risques associés à cette stratégie sont néanmoins réels. Le service de la dette pèse lourd dans les budgets nationaux et le risque d’entrer dans un cercle vicieux d’endettement conduisant quasi-inévitablement au défaut est énorme. Le cas de l’Argentine (pays d'Amérique du Sud) est édifiant. En effet, l’Etat argentin avait émis en 2005-2010, des titres de dette sous la forme d’obligations. Suite à des difficultés, l’Argentine a entamé une renégociation de sa dette avec ses créanciers qui a abouti à une diminution du montant dû et à la mise en place d’un nouvel échéancier. Le jeudi 31 mars 2016, le Parlement argentin a donné son feu vert pour verser 5000 milliards de Fcfa aux créanciers qui ont refusé de participer à la restructuration de la dette argentine en 2005 et 2010. Parmi ces créanciers qui ne détenaient que 7 % de cette dette, on trouve plusieurs « fonds vautours », ces fonds d’investissements qui rachètent à prix bradés des créances sur les États puis les poursuivent en justice dans le seul but de réaliser des profits colossaux. Aucun pays n’est à l’abri. En Europe, la Grèce a été attaquée en 2012. Aujourd’hui deux « fonds vautours » dont Nml Capital s’en prennent à la Belgique. Il est donc évidemment voir crucial de réaliser les meilleurs investissements possibles avec les fonds collectés. Les projets à haut rendement qu’ils s’agissent d’infrastructures vraiment nécessaires au développement de l’économie, l’amélioration de l’environnement des affaires sont à privilégier. Outre des stratégies d’investissement bien mûries, il faut aussi réduire la voilure quant aux montants de ces émissions, afin d’éviter de créer les conditions de difficultés insurmontables dès le moindre revirement de la conjoncture.
Arnaud HOUSSOU