A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse célébré tous les 3 mai, l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire a initié une marche dans les rues de la capitale ivoirienne. Au terme de cette marche les journaliste ont échangé avec leur ministre de tutelle au siège de la Radio Télévision Ivoirienne. Nous vous proposons l’allocution de Guillaume Gbato, representant les organisations professionnelles des médias à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.
Madame le Ministre de la Communication,
Monsieur le Représentant Résidant de l’Unesco,
Mesdames et Messieurs les présidents de conseils d’administration, directeurs de publication, directeurs généraux, chefs de service des médias,
Mesdames et Messieurs les responsables des organisations professionnelles de médias,
Mesdames et Messieurs, honorables invités,
Camarades travailleurs du secteur des médias de Côte d’Ivoire,
Mesdames et messieurs,
La célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse ce jour, m’offre l’agréable occasion, au nom de l’ensemble des travailleurs des médias de Côte d’Ivoire de saluer l’engagement de chacun d’entre nous en faveur des médias, libres, indépendants et socialement responsables dans notre pays.
Permettez-moi donc, en votre nom à tous, de féliciter chaleureusement notre ministre de tutelle, Me Affoussiata Bamba Lamine, Porte-parole adjoint du gouvernement, pour son engagement de tous les instants à nos côtés dans notre volonté de donner leur dignité à tous les professionnels de médias de notre pays. J’en veux pour preuve ses instructions fermes pour l’application effective de la convention collective annexe des journalistes et des professionnels de la communication dans le sous secteur de la presse écrite, son implication dans l’adoption du décret portant nouveau statut de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) instituant des primes aux travailleurs et plus récemment la diligence avec laquelle elle a donné suite aux instructions du président de la République, SEM. Alassane Ouattara, en faveur des personnels des radios privées non commerciales, communément appelé radios de proximité. Je voudrais rappeler, à ce sujet, que les instructions du chef de l’Etat visent à payer nos camarades au moins au SMIG.
Avec Madame le Ministre, je voudrais aussi saluer le représentant résidant de L’UN ESCO, notre frère Yao Ido, dont le soutien personnel et celui de son institution ne nous ont jamais fait défaut dans notre quête pour un mieux être des professionnels des médias de notre pays.
Madame le Ministre de la Communication,
Mesdames et Messieurs,
La célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse est généralement l’occasion pour tous les acteurs du secteur des médias, de faire le point de la situation de la liberté de la presse dans chaque pays. En Côte d’Ivoire, le moins que l’on puisse dire c’est que la situation n’a pas beaucoup évolué depuis l’année dernière.
Plus grave, par moment, nous avons craint de voir être remis en cause, tous nos acquis des dix dernières années.
En effet, Madame le Ministre de la Communication, si nous pouvons nous réjouir de certaines avancées que j’ai évoquées en amont, force est de reconnaître que notre pays a encore du chemin à faire pour avoir une presse libre, indépendante et autonome.
Je voudrais pour illustrer mes propos, citer quelques exemples.
L’arrestation et l’emprisonnement, en juillet 2015, du directeur de publication du quotidien « Aujourd’hui », Joseph Gnahoua Titi, l’arrestation et la détention, plusieurs heures durant, en février dernier, de notre confrère Marcel Dezogno, du quotidien « LG Infos » par le président du tribunal militaire d’Abidjan. L’affaire Koné Lanciné, du nom du directeur de l’information de la Radio Diffusion Télévision Ivoirienne(RTI), suspendu dans des conditions non encore élucidées, suite aux attaques tragiques de Grand-Bassam du 13 Mars 2016. A ce sujet, les organisations du secteur des médias de Côte d’Ivoire, voudraient par ma voix exprimer toute leur solidarité au camarade Koné Lanciné et exiger de la direction générale de la RTI qu’elle fasse toute la lumière sur cette affaire afin de situer toutes les responsabilités dans ce dossier.
Je voudrais évoquer aussi, la suspension de plusieurs responsables du quotidien L’Expression, suite à la publication d’un dossier sur la situation sociale du pays. Comme dans le cas de la RTI, la clameur publique a vu la main des pouvoirs publics derrière ces sanctions à caractère liberticides et visiblement attentatoires à la liberté de la presse.
Madame le Ministre de la Communication, je ne peux pas ne pas évoquer le cas de notre camarade, T. Gbalin, caricaturiste au quotidien le Patriote, qui a observé une grève de la faim ces derniers jours suite à la suspension de son salaire, depuis plusieurs mois par son employeur. Sur ce dossier particulier, Nous voudrions vous prier, Madame le Ministre de vous impliquer dans les discussions actuellement en cours en vue de la réintégration du concerné et du paiement de ses arriérés de salaire.
Je voudrais aussi évoquer le cas plus récent de notre confrère, Jean Marie Attébi, photographe au quotidien « Le Temps » dont le matériel de travail a été confisqué par les organisateurs du FEMUA.
Madame le Ministre de la Communication,
Monsieur le Représentant Résidant de l’UNESCO,
Ces quelques exemples sont une parfaite illustration de la réalité de la presse ivoirienne caractérisée par des maux qui ont pour noms :
Manque d’ambition des promoteurs de médias, passivité, voire impuissance des pouvoirs publics face aux nombreuses dérives et autres manquements qui ont cours dans le secteur, incurie d’une classe politique sans vision qui donne le sentiment de se satisfaire d’une presse sans colonne vertébrale.
Oui, Madame le Ministre,
Les quelques succès que nous avons évoqués et dont nous sommes tous fiers ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. La réalité c’est que notre presse a mal. Et elle va mal.
Le président Félix Houphouet-Boigny, disait et je cite : « Un homme qui a faim n’est pas un homme libre ». Comment donc pouvons nous sérieusement parler de liberté de la presse dans notre pays, quand on sait que la quasi majorité des travailleurs et professionnels du secteur sont des mendiants de luxe. Qui vivent plus, de la générosité de leurs relations que des salaires décents payés par leurs employeurs.
En effet, Madame le Ministre, aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est au moment où l’Etat fait des efforts appréciables pour soutenir financièrement les entreprises de presse écrite, que l’on assiste dans la plupart de nos journaux à des licenciements abusifs, à des arriérés et retards de salaires.
C’est donc le lieu d’en appeler à votre vigilance pour la mise en place d’un mécanisme de suivi et de contrôle de l’aide de l’Etat aux entreprises de presse, afin que cette aide profite à tous les acteurs et non à quelques individus.
Madame le Ministre tout en vous félicitant pour tous les efforts faits pour un repositionnement de l’AIP, force est de constater que les travailleurs sont inquiets pour l’avenir de leur entreprise. Le fait est que le gouvernement a informé la direction de l’Agence de sa décision d’octroyer le site actuel de l’AIP à un opérateur économique pour y construire un hôtel. Sans dire où il compte reloger l’Agence. Plus inquiets sont les correspondants pigistes de la même structure dont le dossier est en ce moment sur votre bureau.
A la RTI, la prochaine libéralisation de l’espace télévisuel et le projet de scission de l’entreprise en deux entités, une pour la diffusion et l’autre pour la production fait perdre le sommeil aux travailleurs. D’autant plus qu’ils ne sont pas associés aux débats autour de ces deux questions qui se font dans une opacité incompréhensible.
Pour nos amis des radios de proximité, nous comptons sur vous, Madame le Ministre, pour mettre fin à l’exploitation honteuse dont ils sont l’objet. Nous voulons ici saluer les premières initiatives que vous avez déjà prises et sommes engagés à vos côtés pour que les instructions du président de la république soient appliquées effectivement dans toutes les radios de proximité. Qu’elles appartiennent à des collectivités locales, à des promoteurs privés ou à des confessions religieuses. Tout le monde doit appliquer la loi.
Madame le Ministre, nos confrères de la presse en ligne attendent avec impatience l’adoption de la nouvelle loi sur la presse, pour les sortir de l’informel.
Madame le Ministre de la Communication,
Monsieur le Représentant Résidant de l’UNESCO,
La journée que nous célébrons aujourd’hui a pour thème : « L’accès à l’information, c’est votre droit ». Mais comment les ivoiriens peuvent-ils jouir de ce droit si les premières personnes qui doivent les y aider, c’est-à-dire les professionnels des médias, vivent chaque jour, dans la peur de perdre leur emploi et dans la précarité généralisée ?
Quatre ans après les états généraux de la presse et à la veille de la libéralisation de l’espace télévisuel, il nous semble que le temps est venu de nous retrouver tous, gouvernement, acteurs des médias et partenaires au développement pour faire un état des lieux sans complaisance. Et prendre les meilleures décisions pour l’avenir. Faute de quoi, la liberté de la presse en Côte d’Ivoire restera encore pour longtemps un vœu pieu.
Je vous remercie
N.B: la titraille est de la rédaction
Madame le Ministre de la Communication,
Monsieur le Représentant Résidant de l’Unesco,
Mesdames et Messieurs les présidents de conseils d’administration, directeurs de publication, directeurs généraux, chefs de service des médias,
Mesdames et Messieurs les responsables des organisations professionnelles de médias,
Mesdames et Messieurs, honorables invités,
Camarades travailleurs du secteur des médias de Côte d’Ivoire,
Mesdames et messieurs,
La célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse ce jour, m’offre l’agréable occasion, au nom de l’ensemble des travailleurs des médias de Côte d’Ivoire de saluer l’engagement de chacun d’entre nous en faveur des médias, libres, indépendants et socialement responsables dans notre pays.
Permettez-moi donc, en votre nom à tous, de féliciter chaleureusement notre ministre de tutelle, Me Affoussiata Bamba Lamine, Porte-parole adjoint du gouvernement, pour son engagement de tous les instants à nos côtés dans notre volonté de donner leur dignité à tous les professionnels de médias de notre pays. J’en veux pour preuve ses instructions fermes pour l’application effective de la convention collective annexe des journalistes et des professionnels de la communication dans le sous secteur de la presse écrite, son implication dans l’adoption du décret portant nouveau statut de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) instituant des primes aux travailleurs et plus récemment la diligence avec laquelle elle a donné suite aux instructions du président de la République, SEM. Alassane Ouattara, en faveur des personnels des radios privées non commerciales, communément appelé radios de proximité. Je voudrais rappeler, à ce sujet, que les instructions du chef de l’Etat visent à payer nos camarades au moins au SMIG.
Avec Madame le Ministre, je voudrais aussi saluer le représentant résidant de L’UN ESCO, notre frère Yao Ido, dont le soutien personnel et celui de son institution ne nous ont jamais fait défaut dans notre quête pour un mieux être des professionnels des médias de notre pays.
Madame le Ministre de la Communication,
Mesdames et Messieurs,
La célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse est généralement l’occasion pour tous les acteurs du secteur des médias, de faire le point de la situation de la liberté de la presse dans chaque pays. En Côte d’Ivoire, le moins que l’on puisse dire c’est que la situation n’a pas beaucoup évolué depuis l’année dernière.
Plus grave, par moment, nous avons craint de voir être remis en cause, tous nos acquis des dix dernières années.
En effet, Madame le Ministre de la Communication, si nous pouvons nous réjouir de certaines avancées que j’ai évoquées en amont, force est de reconnaître que notre pays a encore du chemin à faire pour avoir une presse libre, indépendante et autonome.
Je voudrais pour illustrer mes propos, citer quelques exemples.
L’arrestation et l’emprisonnement, en juillet 2015, du directeur de publication du quotidien « Aujourd’hui », Joseph Gnahoua Titi, l’arrestation et la détention, plusieurs heures durant, en février dernier, de notre confrère Marcel Dezogno, du quotidien « LG Infos » par le président du tribunal militaire d’Abidjan. L’affaire Koné Lanciné, du nom du directeur de l’information de la Radio Diffusion Télévision Ivoirienne(RTI), suspendu dans des conditions non encore élucidées, suite aux attaques tragiques de Grand-Bassam du 13 Mars 2016. A ce sujet, les organisations du secteur des médias de Côte d’Ivoire, voudraient par ma voix exprimer toute leur solidarité au camarade Koné Lanciné et exiger de la direction générale de la RTI qu’elle fasse toute la lumière sur cette affaire afin de situer toutes les responsabilités dans ce dossier.
Je voudrais évoquer aussi, la suspension de plusieurs responsables du quotidien L’Expression, suite à la publication d’un dossier sur la situation sociale du pays. Comme dans le cas de la RTI, la clameur publique a vu la main des pouvoirs publics derrière ces sanctions à caractère liberticides et visiblement attentatoires à la liberté de la presse.
Madame le Ministre de la Communication, je ne peux pas ne pas évoquer le cas de notre camarade, T. Gbalin, caricaturiste au quotidien le Patriote, qui a observé une grève de la faim ces derniers jours suite à la suspension de son salaire, depuis plusieurs mois par son employeur. Sur ce dossier particulier, Nous voudrions vous prier, Madame le Ministre de vous impliquer dans les discussions actuellement en cours en vue de la réintégration du concerné et du paiement de ses arriérés de salaire.
Je voudrais aussi évoquer le cas plus récent de notre confrère, Jean Marie Attébi, photographe au quotidien « Le Temps » dont le matériel de travail a été confisqué par les organisateurs du FEMUA.
Madame le Ministre de la Communication,
Monsieur le Représentant Résidant de l’UNESCO,
Ces quelques exemples sont une parfaite illustration de la réalité de la presse ivoirienne caractérisée par des maux qui ont pour noms :
Manque d’ambition des promoteurs de médias, passivité, voire impuissance des pouvoirs publics face aux nombreuses dérives et autres manquements qui ont cours dans le secteur, incurie d’une classe politique sans vision qui donne le sentiment de se satisfaire d’une presse sans colonne vertébrale.
Oui, Madame le Ministre,
Les quelques succès que nous avons évoqués et dont nous sommes tous fiers ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. La réalité c’est que notre presse a mal. Et elle va mal.
Le président Félix Houphouet-Boigny, disait et je cite : « Un homme qui a faim n’est pas un homme libre ». Comment donc pouvons nous sérieusement parler de liberté de la presse dans notre pays, quand on sait que la quasi majorité des travailleurs et professionnels du secteur sont des mendiants de luxe. Qui vivent plus, de la générosité de leurs relations que des salaires décents payés par leurs employeurs.
En effet, Madame le Ministre, aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est au moment où l’Etat fait des efforts appréciables pour soutenir financièrement les entreprises de presse écrite, que l’on assiste dans la plupart de nos journaux à des licenciements abusifs, à des arriérés et retards de salaires.
C’est donc le lieu d’en appeler à votre vigilance pour la mise en place d’un mécanisme de suivi et de contrôle de l’aide de l’Etat aux entreprises de presse, afin que cette aide profite à tous les acteurs et non à quelques individus.
Madame le Ministre tout en vous félicitant pour tous les efforts faits pour un repositionnement de l’AIP, force est de constater que les travailleurs sont inquiets pour l’avenir de leur entreprise. Le fait est que le gouvernement a informé la direction de l’Agence de sa décision d’octroyer le site actuel de l’AIP à un opérateur économique pour y construire un hôtel. Sans dire où il compte reloger l’Agence. Plus inquiets sont les correspondants pigistes de la même structure dont le dossier est en ce moment sur votre bureau.
A la RTI, la prochaine libéralisation de l’espace télévisuel et le projet de scission de l’entreprise en deux entités, une pour la diffusion et l’autre pour la production fait perdre le sommeil aux travailleurs. D’autant plus qu’ils ne sont pas associés aux débats autour de ces deux questions qui se font dans une opacité incompréhensible.
Pour nos amis des radios de proximité, nous comptons sur vous, Madame le Ministre, pour mettre fin à l’exploitation honteuse dont ils sont l’objet. Nous voulons ici saluer les premières initiatives que vous avez déjà prises et sommes engagés à vos côtés pour que les instructions du président de la république soient appliquées effectivement dans toutes les radios de proximité. Qu’elles appartiennent à des collectivités locales, à des promoteurs privés ou à des confessions religieuses. Tout le monde doit appliquer la loi.
Madame le Ministre, nos confrères de la presse en ligne attendent avec impatience l’adoption de la nouvelle loi sur la presse, pour les sortir de l’informel.
Madame le Ministre de la Communication,
Monsieur le Représentant Résidant de l’UNESCO,
La journée que nous célébrons aujourd’hui a pour thème : « L’accès à l’information, c’est votre droit ». Mais comment les ivoiriens peuvent-ils jouir de ce droit si les premières personnes qui doivent les y aider, c’est-à-dire les professionnels des médias, vivent chaque jour, dans la peur de perdre leur emploi et dans la précarité généralisée ?
Quatre ans après les états généraux de la presse et à la veille de la libéralisation de l’espace télévisuel, il nous semble que le temps est venu de nous retrouver tous, gouvernement, acteurs des médias et partenaires au développement pour faire un état des lieux sans complaisance. Et prendre les meilleures décisions pour l’avenir. Faute de quoi, la liberté de la presse en Côte d’Ivoire restera encore pour longtemps un vœu pieu.
Je vous remercie
N.B: la titraille est de la rédaction