Au Sénégal, "Y’en a marre" est né en janvier 2011, suite aux délestages intempestifs d’électricité, à Dakar. Ce mouvement de la société civile a fortement contribué à l’affaiblissement politique du pouvoir d’Abdoulaye Wade. Si le contexte ivoirien de 2016 est différent de la réalité sénégalaise de 2011, il ne faut, pour autant pas, minimiser la grogne d’abord silencieuse, et de plus en plus bruyante de nombreux Ivoiriens (une marche de protestation a été organisée à Yamoussoukro, ce mardi), relativement au coût élevé de leurs factures d’électricité.
Certes, l’on peut estimer que le coût de l’électricité est moins cher en Côte d’Ivoire, comparé à d’autres pays africains (ce n’est pas moi qui le dis, je l’ai lu quelque part), mais les factures d’électricité ne sont sans doute pas les moins chères de la région. Il faut bien distinguer entre le coût de l’électricité et le coût d’une facture d’électricité. Nuance. Ce n’est pas tant le coût de l’électricité qui suscite la grogne, mais le coût de la facture d’électricité, il faut que les choses soient bien claires.
En effet, outre le prix normal payé pour la consommation de l’électricité, l’abonné se voit payer, lors du règlement de sa facture d’électricité, différents “faux frais” (façon de parler) qui viennent se greffer à celle-ci et la saler, au passage. Ce sont :
-Une redevance électrification rurale, payée par 1.3 million d’abonnés ;
-Une redevance RTI de 2 000 FCFA, payée par 900 000 abonnés, non classés sur le tarif domestique modéré -moins de 80kw sur deux mois) ;
-Une Prime dite fixe, d’entretien du réseau électrique, qui n’est pas aussi fixe que cela, puisqu’elle augmente selon le niveau de consommation, et qui est payée par tous les abonnés ;
-Une TVA qui s’applique aussi bien sur la consommation de l’électricité (ce qui est normal), que sur la "Prime fixe" (ce qui ne semble pas tout à fait normal) ;
-Enfin une taxe rémunératoire enlèvements ordures ménagères qui augmente aussi, selon le niveau de consommation électrique, ce qui n’est pas tout à fait logique, puisqu’on peut être un grand consommateur d’énergie électrique, sans être pour autant un grand producteur de déchets ménagers.
Toutes ces taxes, primes et redevances réussissent la prouesse de gonfler les factures d’électricité, au point où un individu qui s’accorde un minimum de luxe (split dans la chambre principale et au salon, chauffe-eau uniquement dans la chambre principale et celle des enfants, four et machine à laver électriques) se retrouve en train de régler une facture d’électricité dont le niveau est supérieur à son loyer mensuel.
Propositions
Bref. Voici mes propositions aussi naïves et simples soient-elles. L’Etat, à mon avis (et je peux me tromper), doit agir à deux niveaux. D’abord réformer la structure des prix de l’électricité. Ensuite supprimer certains "faux frais" sur les factures.
En ce qui concerne la structure des prix de l’électricité, je ne peux faire aucune proposition, parce que c’est un domaine technique et je ne suis pas expert en la matière. Je pense qu’un audit de la structure des prix de l’électricité, pourrait donner des réponses et ouvrir la voie à des propositions.
Quant aux "faux frais", je pense qu’il faut déjà supprimer la TVA sur la "Prime fixe". En effet, cela s’apparente à la taxation d’une taxe. Ensuite, en ce qui concerne la redevance RTI, il n’est pas juste de faire payer celle-ci à des consommateurs qui ont accès cette chaîne publique, à travers une chaine cryptée privée, puisqu’ils payent déjà une facture (élévée, à mon sens, mais ça c’est un autre débat sur lequel on pourrait revenir, une autre fois) au propriétaire de la chaîne cryptée privée, qui lui, a un contrat avec la RTI. Quant à ceux qui ont accès directement à la RTI, à travers une antenne analogique, les nouveaux décodeurs (numériques) TNT doivent régler le problème. Soit, on arrime la redevance au prix d’achat du décodeur, soit le consommateur paye celle-ci mensuellement ou annuellement, à la structure chargée de commercialiser les décodeurs TNT. En tout état de cause, il faut comprendre que toute personne qui ne dispose pas d’un téléviseur, sur son site et qui paye une redevance RTI (cas de nombreux artisans et commerçants) est tout naturellement encline à la frustration, chaque fois qu’elle reçoit sa facture.
Au demeurant, si cela ne tenait qu’à moi seul, cette redevance serait purement et simplement supprimée. Ne perdons pas de vue que la RTI remplit une mission de service public…
Quant à la redevance enlèvement ordures ménagères, sa présence sur les factures, est l’une des sources d’agacement des abonnés. C’est un problème de fond, je dirais de bon sens. En effet, comment expliquer l’amoncellement d’ordures ménagères dans des rues de nos grandes villes, à une personne qui paye régulièrement cette redevance, chaque deux mois, et qui en plus, paye une autre redevance officieuse, celle-là, chaque mois, aux pré-collecteurs d’ordures ménagères, dans son quartier ? Cette redevance doit être payée aux collectivités locales, par les aménageurs fonciers (qui construisent les cités) ou les syndics qui gèrent les cités et les immeubles, ou encore directement par les propriétaires de maisons individuelles, lors du payement de la taxe foncière.
Si tous ces frais ne figurent plus sur les factures d’électricité, on trouvera ces dernières moins salées. Je répète : ces propositions peuvent paraitre naïves. Le débat est ouvert et il faut espérer que des voix d’experts plus autorisées, se joindront à la mienne, dans l’unique objectif de faire retomber la colère compréhensible, de nombreux consommateurs d’électricité, en Côte d’Ivoire.
André Silver Konan
Certes, l’on peut estimer que le coût de l’électricité est moins cher en Côte d’Ivoire, comparé à d’autres pays africains (ce n’est pas moi qui le dis, je l’ai lu quelque part), mais les factures d’électricité ne sont sans doute pas les moins chères de la région. Il faut bien distinguer entre le coût de l’électricité et le coût d’une facture d’électricité. Nuance. Ce n’est pas tant le coût de l’électricité qui suscite la grogne, mais le coût de la facture d’électricité, il faut que les choses soient bien claires.
En effet, outre le prix normal payé pour la consommation de l’électricité, l’abonné se voit payer, lors du règlement de sa facture d’électricité, différents “faux frais” (façon de parler) qui viennent se greffer à celle-ci et la saler, au passage. Ce sont :
-Une redevance électrification rurale, payée par 1.3 million d’abonnés ;
-Une redevance RTI de 2 000 FCFA, payée par 900 000 abonnés, non classés sur le tarif domestique modéré -moins de 80kw sur deux mois) ;
-Une Prime dite fixe, d’entretien du réseau électrique, qui n’est pas aussi fixe que cela, puisqu’elle augmente selon le niveau de consommation, et qui est payée par tous les abonnés ;
-Une TVA qui s’applique aussi bien sur la consommation de l’électricité (ce qui est normal), que sur la "Prime fixe" (ce qui ne semble pas tout à fait normal) ;
-Enfin une taxe rémunératoire enlèvements ordures ménagères qui augmente aussi, selon le niveau de consommation électrique, ce qui n’est pas tout à fait logique, puisqu’on peut être un grand consommateur d’énergie électrique, sans être pour autant un grand producteur de déchets ménagers.
Toutes ces taxes, primes et redevances réussissent la prouesse de gonfler les factures d’électricité, au point où un individu qui s’accorde un minimum de luxe (split dans la chambre principale et au salon, chauffe-eau uniquement dans la chambre principale et celle des enfants, four et machine à laver électriques) se retrouve en train de régler une facture d’électricité dont le niveau est supérieur à son loyer mensuel.
Propositions
Bref. Voici mes propositions aussi naïves et simples soient-elles. L’Etat, à mon avis (et je peux me tromper), doit agir à deux niveaux. D’abord réformer la structure des prix de l’électricité. Ensuite supprimer certains "faux frais" sur les factures.
En ce qui concerne la structure des prix de l’électricité, je ne peux faire aucune proposition, parce que c’est un domaine technique et je ne suis pas expert en la matière. Je pense qu’un audit de la structure des prix de l’électricité, pourrait donner des réponses et ouvrir la voie à des propositions.
Quant aux "faux frais", je pense qu’il faut déjà supprimer la TVA sur la "Prime fixe". En effet, cela s’apparente à la taxation d’une taxe. Ensuite, en ce qui concerne la redevance RTI, il n’est pas juste de faire payer celle-ci à des consommateurs qui ont accès cette chaîne publique, à travers une chaine cryptée privée, puisqu’ils payent déjà une facture (élévée, à mon sens, mais ça c’est un autre débat sur lequel on pourrait revenir, une autre fois) au propriétaire de la chaîne cryptée privée, qui lui, a un contrat avec la RTI. Quant à ceux qui ont accès directement à la RTI, à travers une antenne analogique, les nouveaux décodeurs (numériques) TNT doivent régler le problème. Soit, on arrime la redevance au prix d’achat du décodeur, soit le consommateur paye celle-ci mensuellement ou annuellement, à la structure chargée de commercialiser les décodeurs TNT. En tout état de cause, il faut comprendre que toute personne qui ne dispose pas d’un téléviseur, sur son site et qui paye une redevance RTI (cas de nombreux artisans et commerçants) est tout naturellement encline à la frustration, chaque fois qu’elle reçoit sa facture.
Au demeurant, si cela ne tenait qu’à moi seul, cette redevance serait purement et simplement supprimée. Ne perdons pas de vue que la RTI remplit une mission de service public…
Quant à la redevance enlèvement ordures ménagères, sa présence sur les factures, est l’une des sources d’agacement des abonnés. C’est un problème de fond, je dirais de bon sens. En effet, comment expliquer l’amoncellement d’ordures ménagères dans des rues de nos grandes villes, à une personne qui paye régulièrement cette redevance, chaque deux mois, et qui en plus, paye une autre redevance officieuse, celle-là, chaque mois, aux pré-collecteurs d’ordures ménagères, dans son quartier ? Cette redevance doit être payée aux collectivités locales, par les aménageurs fonciers (qui construisent les cités) ou les syndics qui gèrent les cités et les immeubles, ou encore directement par les propriétaires de maisons individuelles, lors du payement de la taxe foncière.
Si tous ces frais ne figurent plus sur les factures d’électricité, on trouvera ces dernières moins salées. Je répète : ces propositions peuvent paraitre naïves. Le débat est ouvert et il faut espérer que des voix d’experts plus autorisées, se joindront à la mienne, dans l’unique objectif de faire retomber la colère compréhensible, de nombreux consommateurs d’électricité, en Côte d’Ivoire.
André Silver Konan