Ahondo (Côte d’Ivoire) - "Mes quatre hectares de cacao sont partis. Mangés par les chenilles !", se lamente Maxime Brou, agriculteur à Ahondo, un village du centre de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de la fève, où une chenille vorace a détruit plusieurs milliers d’hectares.
La chenille Achaea catocaloides Guenée, de son nom scientifique, est la "nouvelle menace pour la cacaoculture", selon des chercheurs du Centre
national de recherche agronomique (CNRA) de Côte d’Ivoire.
En quelques semaines, 20.000 hectares de plantations ont été dévorés par la chenille, dans les villages et campements des départements de Tiassalé, Taabo et Djékanou (sud-est).
"Tout est parti du village de Léléblé", explique à l’AFP Kra Kouamé, directeur départemental de l’agriculture à Taabo où quelque 6.000 hectares de cacao sont touchés, un mois après l’apparition des premiers cas.
Les chenilles se propagent très rapidement, elles mangent les feuilles, les fleurs et les cherelles (jeunes pousses) de cacao de jour comme de nuit tout en déféquant, produisant un bruit angoissant qui peut perdurer des jours, traduisant la marche inexorable de ces chenilles.
A Ahondo, un village de 5.000 âmes situé à une centaine de kilomètres au nord d’Abidjan, dans le département de Taabo, au bout d’une piste poussiéreuse, toutes les plantations ont été attaquées. Les cacaoyers ont perdu leur feuillage touffu et verdoyant. Désormais, il ne reste plus que des arbustes sans feuilles, desséchés par le soleil, qui s’étendent à perte de vue.
"Un lundi, je suis allé dans mon champ, tout était normal. A mon passage quatre jours après, il n’y avait plus rien. C’était comme dans un mauvais rêve", raconte d’une voix enrouée Maxime Brou, le planteur de 48 ans.
"On connaît cette chenille mais c’est la première fois qu’elle s’en prend ainsi aux cultures", confie de son côté Nanan Kouamé Kan Kouamé, le chef de village d’Ahondo, assis sous un hangar, un pagne noué sur l’épaule.
Selon Nanga Coulibaly, conseiller au Conseil du café-cacao, l’organe de régulation de la filière, le réchauffement climatique a écarté les prédateurs naturels de la chenille qui s’est multipliée sans frein.
La situation est désormais "totalement sous contrôle" après le déploiement d’équipes qui ont répandu des pesticides, promet-il.
"Il n’y a pas de risque de propagation hors de cette zone", mais "il n’y aura pas d’incidence" sur la production de cacao au plan national, a assuré M. Coulibaly.
Au total, le verger national ivoirien est évalué à 2 millions d’hectares, a-t-il précisé.
- Des agriculteurs inconsolables -
Le cacao est vital pour l’économie ivoirienne. Ce secteur représente 15% du PIB, plus de 50% des recettes d’exportation et surtout, les deux tiers des emplois et des revenus de la population, selon la Banque mondiale.
M. Coulibaly reconnaît que les paysans touchés vont subir des baisses de revenus importantes.
A Ahondo, les chenilles dévorent toutes les cultures, comme les feuilles des bananiers et des ignames, faisant craindre pour les récoltes vivrières déjà durement touchées par la sécheresse.
Entre 2014 et 2016, la pluviométrie a fortement baissé dans la région, a expliqué un responsable du ministère de l’Agriculture, passant de 1.100 mm de pluies à 900 mm en 2015. De janvier à juin 2016, il y a eu seulement 13 jours de pluie contre 28 jours à la même période en 2015.
"En juin, on a eu seulement quatre jours de pluie puis plus rien, alors nous avons peur qu’il y ait une véritable famine", a confirmé le chef d’Ahondo. Les paysans craignent que les cacaoyers ne refleurissent plus en raison de l’absence de pluie.
A Djahakro, petit campement de Hiré, François Kouakou Konan, 41 ans, est inconsolable. En une semaine il a regardé, impuissant, huit hectares de sa plantation dévorés par les chenilles.
"Comment vais-je faire pour envoyer mes petits frères et mes enfants à l’école ?", s’écrie-t-il les larmes aux yeux.
La mine défaite, les bras levés au ciel, il erre dans sa plantation dévastée, où volent des milliers de papillons à la couleur brun foncé, nés de la mutation des oeufs de chenilles.
eak/pgf/lp/dom/jhd
La chenille Achaea catocaloides Guenée, de son nom scientifique, est la "nouvelle menace pour la cacaoculture", selon des chercheurs du Centre
national de recherche agronomique (CNRA) de Côte d’Ivoire.
En quelques semaines, 20.000 hectares de plantations ont été dévorés par la chenille, dans les villages et campements des départements de Tiassalé, Taabo et Djékanou (sud-est).
"Tout est parti du village de Léléblé", explique à l’AFP Kra Kouamé, directeur départemental de l’agriculture à Taabo où quelque 6.000 hectares de cacao sont touchés, un mois après l’apparition des premiers cas.
Les chenilles se propagent très rapidement, elles mangent les feuilles, les fleurs et les cherelles (jeunes pousses) de cacao de jour comme de nuit tout en déféquant, produisant un bruit angoissant qui peut perdurer des jours, traduisant la marche inexorable de ces chenilles.
A Ahondo, un village de 5.000 âmes situé à une centaine de kilomètres au nord d’Abidjan, dans le département de Taabo, au bout d’une piste poussiéreuse, toutes les plantations ont été attaquées. Les cacaoyers ont perdu leur feuillage touffu et verdoyant. Désormais, il ne reste plus que des arbustes sans feuilles, desséchés par le soleil, qui s’étendent à perte de vue.
"Un lundi, je suis allé dans mon champ, tout était normal. A mon passage quatre jours après, il n’y avait plus rien. C’était comme dans un mauvais rêve", raconte d’une voix enrouée Maxime Brou, le planteur de 48 ans.
"On connaît cette chenille mais c’est la première fois qu’elle s’en prend ainsi aux cultures", confie de son côté Nanan Kouamé Kan Kouamé, le chef de village d’Ahondo, assis sous un hangar, un pagne noué sur l’épaule.
Selon Nanga Coulibaly, conseiller au Conseil du café-cacao, l’organe de régulation de la filière, le réchauffement climatique a écarté les prédateurs naturels de la chenille qui s’est multipliée sans frein.
La situation est désormais "totalement sous contrôle" après le déploiement d’équipes qui ont répandu des pesticides, promet-il.
"Il n’y a pas de risque de propagation hors de cette zone", mais "il n’y aura pas d’incidence" sur la production de cacao au plan national, a assuré M. Coulibaly.
Au total, le verger national ivoirien est évalué à 2 millions d’hectares, a-t-il précisé.
- Des agriculteurs inconsolables -
Le cacao est vital pour l’économie ivoirienne. Ce secteur représente 15% du PIB, plus de 50% des recettes d’exportation et surtout, les deux tiers des emplois et des revenus de la population, selon la Banque mondiale.
M. Coulibaly reconnaît que les paysans touchés vont subir des baisses de revenus importantes.
A Ahondo, les chenilles dévorent toutes les cultures, comme les feuilles des bananiers et des ignames, faisant craindre pour les récoltes vivrières déjà durement touchées par la sécheresse.
Entre 2014 et 2016, la pluviométrie a fortement baissé dans la région, a expliqué un responsable du ministère de l’Agriculture, passant de 1.100 mm de pluies à 900 mm en 2015. De janvier à juin 2016, il y a eu seulement 13 jours de pluie contre 28 jours à la même période en 2015.
"En juin, on a eu seulement quatre jours de pluie puis plus rien, alors nous avons peur qu’il y ait une véritable famine", a confirmé le chef d’Ahondo. Les paysans craignent que les cacaoyers ne refleurissent plus en raison de l’absence de pluie.
A Djahakro, petit campement de Hiré, François Kouakou Konan, 41 ans, est inconsolable. En une semaine il a regardé, impuissant, huit hectares de sa plantation dévorés par les chenilles.
"Comment vais-je faire pour envoyer mes petits frères et mes enfants à l’école ?", s’écrie-t-il les larmes aux yeux.
La mine défaite, les bras levés au ciel, il erre dans sa plantation dévastée, où volent des milliers de papillons à la couleur brun foncé, nés de la mutation des oeufs de chenilles.
eak/pgf/lp/dom/jhd